L’initiative de résiliation II ne résout aucun problème, mais en crée toute une série
- Introduction L’essentiel en bref | Position d’economiesuisse
- Chapter 1 L’initiative de résiliation II de l’UDC est trompeuse
- Chapter 2 L’acceptation de l’initiative II de l’UDC entraînerait la fin à la voie bilatérale
- Chapter 3 Les accords bilatéraux avec l'UE constituent un pilier essentiel de la prospérité de la Suisse
- Chapter 4 Aujourd’hui comme demain nous serons tributaires de la main d’œuvre étrangère
- Chapter 5 Assurer la prospérité et résoudre durablement les vrais problèmes
- Chapter 6 Conclusion, l’initiative de résiliation II ne résout aucun problème, mais en crée toute une série
Aujourd’hui comme demain nous serons tributaires de la main d’œuvre étrangère
Un plafonnement strict du nombre d’habitants serait très dommageable pour la Suisse
Un plafonnement strict de la population à 10 millions de personnes serait une catastrophe sous les angles économique et social. Si, en raison du dépassement du seuil, l’immigration devait tout à coup devenir impossible ou presque à brève échéance, cela entraînerait des conséquences négatives tangibles pour tous les habitants de la Suisse:
- De nombreuses entreprises ne trouveraient plus de main-d’œuvre en Suisse et partiraient à l’étranger;
- les recettes fiscales baisseraient, il y aurait moins d’emplois de qualité et l’innovation se déplacerait ailleurs;
- la prévoyance vieillesse serait en proie à des difficultés encore plus vite et plus fortement;
- le système de santé atteindrait plus rapidement ses limites en raison d’une pénurie de médecins et de personnel infirmier, ce qui entraînerait une détérioration des soins;
- les transports publics devraient réduire la voilure en raison d’une pénurie de personnel;
- il serait difficile de trouver des artisans pour effectuer des réparations;
- de nombreux restaurants, hôtels et magasins devraient réduire leurs heures d’ouverture ou fermer complètement selon la saison;
- le secteur agricole peinerait à trouver suffisamment de main-d'œuvre, ce qui pourrait affecter l'approvisionnement alimentaire;
- et la construction d’infrastructures et de logements deviendrait plus difficile, ce qui aggraverait encore la pénurie de logements dans les centres urbains.
En somme, outre la disparition des Bilatérales, la population suisse paierait un prix élevé pour avoir renoncé à l’immigration de main-d’œuvre. L’initiative de résiliation II est irresponsable, car elle ignore complètement l’évolution démographique et l’importance de l’immigration de de travailleurs en provenance de l’UE, mettant ainsi en péril, de manière imprudente, la prospérité des générations futures.
Un système de contingents coûteux et inefficace ne permettrait pas de réduire l’immigration
- L'initiative de résiliation II ne précise pas comment l'immigration serait gérée une fois le seuil dépassé. Parmi les propositions récurrentes figure la réintroduction d'un système de contingents.
- Cependant, un regard sur le passé révèle que ce système a entraîné une forte immigration de travailleurs majoritairement peu qualifiés en Suisse. Par exemple, entre 1961 et 1964, environ 200 000 personnes par an ont immigré dans le pays lors des années records.
- Un tel changement de système ne garantit donc pas une réduction de l'immigration, comme le montre également l'exemple du Brexit évoqué précédemment. Ce sont la conjoncture économique et la situation du marché du travail qui déterminent la demande de main-d'œuvre étrangère.
- La mise en place d’un système de contingents engendrerait une lourde bureaucratie pour la Confédération et les cantons, tout en rendant le recrutement de personnel beaucoup plus coûteux pour les entreprises. Celles-ci n’auraient probablement pas d’autre choix que de répercuter ces coûts sur leurs clients.
Raphael Tobler, président de la Swiss Startup Association
«L’initiative de résiliation II de l’UDC est une idée absurde. Non seulement elle entraînerait la résiliation des accords bilatéraux, mais elle aggraverait massivement la pénurie de main-d’œuvre en Suisse. Nous, les start-up, avons besoin de personnel qualifié. L’immigration via la libre circulation des personnes est essentielle, sachant que près de 70% des personnes concernées entrent directement sur le marché du travail. Je n’ose pas imaginer les luttes pour la répartition des travailleurs une fois que le plafond fixé par l’initiative serait atteint. Une chose est déjà sûre malheureusement: nous, les start-up, ne seront pas les premières servies.»
On ignore qui devra se passer de la main-d’œuvre étrangère dans le futur
- L’initiative de résiliation II ne précise pas quelles branches devraient renoncer à la main-d’œuvre étrangère ni comment les impacts négatifs qui en résulteraient seraient compensés.
- D’âpres luttes de répartition menacent du côté des employeurs. Les PME, les start-up ainsi que le secteur de la restauration et de l’hôtellerie en particulier, risquent d'être lésés dans l'accès à la main-d'œuvre dont ils ont urgemment besoin.
- Si la reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles dans le cadre de la libre circulation des personnes venait à disparaître, il deviendrait plus difficile pour des médecins, dentistes, vétérinaires, pharmaciens, infirmiers, sages-femmes et architectes en provenance de l’UE de venir travailler en Suisse.
Un excédent de natalité ne suffira pas à compenser le besoin d’immigration de main-d’œuvre
- L’initiative de résiliation II prévoit qu’à partir de 2050, le Conseil fédéral puisse adapter le seuil fixé chaque année par voie d’ordonnance, en fonction des naissances excédentaires.
- Cependant, il est totalement irréaliste de penser qu'à l'avenir, un excédent de naissances suffisant nous permettrait de nous passer de l'immigration de main-d'œuvre.
- En 2023, le taux de natalité en Suisse a ainsi chuté à un nouveau niveau plancher historique de 1,33 enfant par femme. Au total, la Suisse a en effet enregistré 71 666 décès pour 79 823 naissances vivantes, ce qui représente un excédent de naissances de seulement 8157 personnes.
- Compte tenu de la baisse probable des naissances et de l'augmentation des décès, il ne faut pas s'attendre à un excédent de naissances plus élevé à moyen terme.
Évolution démographique: la vague de départs à la retraite crée des lacunes profondes
- Le nombre de travailleurs partant à la retraite dépasse déjà celui des jeunes entrant sur le marché du travail. Dans les années à venir, la génération des baby-boomers quittera progressivement la vie active, tandis que le faible taux de natalité limitera le renouvellement de cette main-d’œuvre.
- La pénurie de main-d'œuvre va donc continuer à s'aggraver. Seule l'immigration nette permet de maintenir la stabilité de la population active, bien que sa croissance soit moins rapide que celle de la population non active.
- economiesuisse s’est penchée sur l’évolution démographique et ses conséquences pour la Suisse dans un dossierpolitique de juin 2023.
L’immigration de main-d’œuvre via la libre circulation des personnes fait partie de la solution
- Dans de nombreux domaines professionnels, l'offre de main-d'œuvre locale ne suffit déjà plus à répondre à la demande des entreprises.
- L’évolution du nombre de postes vacants montre qu’il est devenu plus difficile de trouver le personnel adéquat ces dernières années.
- L'Union patronale suisse et economiesuisse estiment dans un dossierpolitique de novembre 2024, qu'il manquera quelque 460 000 travailleurs en équivalents temps plein (EPT) dans dix ans.
- La libre circulation des personnes avec l’UE fait partie de la solution: elle contribue à atténuer les conséquences négatives de l’évolution démographique.
Les travailleurs représentent le gros de l’immigration en provenance de l’UE
- L’immigration via la libre circulation des personnes cible avant tout le marché du travail. Sept personnes sur dix qui arrivent en Suisse en provenance de l’UE grâce à la libre circulation des personnes entrent directement sur le marché du travail cf. le dernier rapport de l'observatoire du Seco).
- De plus, les rapports d'observatoire montrent que ces personnes complètent la main-d'œuvre locale. Elles comblent des besoins dans des professions à faibles qualifications (la construction, le tourisme, l’hôtellerie et la restauration, l’agriculture, le nettoyage, par exemple). Mais surtout, elles contribuent à atténuer la pénurie de main-d’œuvre dans des domaines professionnels spécialisés (la santé, l’informatique, l'ingénierie, l'industrie, par exemple).
- Quelque 56% de tous les ressortissants de l’UE qui sont venus en Suisse via la libre circulation des personnes sont titulaires d’un diplôme universitaire.
Sans l’immigration de travailleurs, l’AVS se retrouverait en difficulté encore plus rapidement
- Sachant que le nombre de bénéficiaires de rentes croît beaucoup plus vite que le nombre de cotisants actifs, l’évolution démographique posera également de plus en plus problème pour le financement de l’AVS.
- Selon les chiffres les plus récents les ressortissants de l’UE contribuent à hauteur de 26,3% au financement du 1er pilier (AVS, AI et APG) et ne touchent que 13,4% des prestations versées.
- Si les contributions des travailleurs issus de l’UE venaient à disparaître, la population suisse devrait combler ce manque par une augmentation des impôts ou des taxes.
L’immigration de main-d’œuvre soutient nos assurances sociales à long terme
- Un nouveau rapport (en allemand) élaboré à la demande de l’Office fédéral des assurances sociales montre en outre que l’immigration a également des effets positifs à long terme pour l’AVS, l’AI et les APG, même en tenant compte des prestations que percevront les cotisants immigrés.
- La raison principale est que l’immigration rajeunit la structure de la population et compense la hausse des prestations par le versement de cotisations.
- Le rapport prestations/cotisations est nettement meilleur pour les ressortissants de l’UE/AELE, car ils ont des revenus supérieurs aux autres groupes d’immigrés, que leur participation au marché du travail est plus importante et qu’ils séjournent moins longtemps en Suisse (cf. article du 30 mai 2024).
Les étrangers apportent une contribution à l’innovation suisse supérieure à la moyenne
Une nouvelle publication d'Avenir Suisse montre clairement qu’en proportion de leur part dans la population totale (26%), les étrangers jouent un rôle majeur dans l'innovation suisse. Dans les dix secteurs les plus créateurs de valeur en Suisse, 37% des actifs possèdent un passeport étranger – un chiffre qui atteint même 56% dans l'industrie pharmaceutique. Une réduction drastique de l'immigration nette risquerait donc de porter un coup significatif à l'innovation suisse.
Les nations dont la population diminue, à l’instar du Japon, sont face à de grands défis
La population du Japon diminue depuis des années, ce qui se traduit par le dépeuplement de régions entières. De nombreux logements sont vides et de nombreuses lignes de transport sont fermées, car elles ne sont plus rentables. Le pays étant tributaire de l’innovation et d’une main-d'œuvre jeune, l’évolution démographique représente un énorme fardeau pour son économie. Selon les prévisions, la population passera de 126 millions aujourd’hui à quelque 90 millions d’ici à 2060, ce qui accélérera encore le vieillissement de la population et réduira fortement la taille de la génération en âge de procréer. Le système de retraite pâtit de la diminution du nombre de cotisants et les personnes âgées doivent souvent accepter des emplois mal payés. Le Japon connaît une croissance économique plus lente que les autres pays industrialisés, car il dispose de moins de main-d’œuvre.