Retrait de Biden : quel impact pour la Suisse et le com­merce mon­dial ?

Une vague bleue en novembre pro­chain pour­rait-elle mettre au rebut les vel­léi­tés pro­tec­tion­nistes de Trump et les menaces de guerres com­mer­ciales ? Rien n’est moins sûr. Et, dans un monde hyper­con­necté, à quoi la Suisse doit-elle s’at­tendre?

Beau­coup espèrent que le retrait de Joe Biden au pro­fit de Kamala Har­ris redis­tri­bue les cartes dans la course à la Mai­son blanche. Une vague bleue en novembre pro­chain pour­rait-elle mettre au rebut les vel­léi­tés pro­tec­tion­nistes de Trump et les menaces de guerres com­mer­ciales ? Rien n’est moins sûr. Et, dans un monde hyper­con­necté, à quoi la Suisse doit-elle s’at­tendre?

Kamala Har­ris, la désor­mais can­di­date offi­cielle démo­crate est, comme son adver­saire, scep­tique à l’égard du libre-échange. En témoignent ses oppo­si­tions au Par­te­na­riat trans-Paci­fique sous Obama et à l’ac­cord de libre-échange nord-amé­ri­cain avec le Mexique et le Canada en 2020.

Ce qui est en revanche cer­tain, c’est que, des mesures telles que la hausse des droits de douane, les sub­ven­tions pro­tec­tion­nistes ou encore la frag­men­ta­tion des chaînes d’ap­pro­vi­sion­ne­ment viennent assom­brir les pers­pec­tives du com­merce mon­dial.

L’étran­ger si capi­tal

Petit pays au mar­ché inté­rieur étri­qué, la Suisse tire en grande par­tie sa richesse de son ouver­ture à l’étran­ger. Les faits parlent d’eux-mêmes. Les vingt der­nières années de crois­sance éco­no­mique ont été accom­pa­gnées d’une aug­men­ta­tion de la part des expor­ta­tions dans le PIB de 51% à 70%. En dédui­sant les impor­ta­tions des expor­ta­tions, le com­merce exté­rieur repré­sente à lui seul 40% du PIB. Autre­ment dit, nous gagnons plus de deux francs sur cinq à l’étran­ger. Pour assu­rer notre bienêtre, nous sommes condam­nés à com­mer­cer.

Et gare aux sta­tis­tiques de la balance com­mer­ciale ! Si celle-ci reste posi­tive, c’est notam­ment grâce à la per­for­mance de la pharma. Les der­niers chiffres dressent en effet un tableau plus dif­fi­cile pour d’autres sec­teurs. C’est le cas par exemple dans les indus­tries tech­no­lo­gique, hor­lo­gère, tex­tile et ali­men­taire.

Alors que l’OMC est blo­quée, et dans l’at­tente d’une mise à jour et d’une redy­na­mi­sa­tion des rela­tions Suisse-UE, les accords de libre-échange avec des mar­chés en crois­sance sont stra­té­gi­que­ment indis­pen­sables. Ils ouvrent de nou­veaux débou­chés pour nos entre­prises, créent des emplois et offrent des prix attrac­tifs aux consom­ma­teurs.

L’ac­cord signé en mars avec l’Inde en consti­tue une étape impor­tante. Des avan­cées pour­raient venir de la moder­ni­sa­tion ou conclu­sion de nou­veaux accords avec le Mer­co­sur, la Thaï­lande ou le Viet­nam. Dans un contexte d’in­cer­ti­tudes éco­no­miques et de ten­sions géo­po­li­tiques, la Suisse doit acti­ve­ment recher­cher des oppor­tu­ni­tés d’ac­cès aux mar­chés inter­na­tio­naux pour sou­te­nir sa crois­sance et sa com­pé­ti­ti­vité.

Article paru dans l'édi­tion du 13 août 2024 de La Région