AHV

L’im­pla­cable évo­lu­tion démo­gra­phique

Ces dix pro­chaines années, le nombre de retrai­tés aug­men­tera de 26%, contre 2% seule­ment pour les actifs. Dans l’AVS, où actuel­le­ment trois per­sonnes actives financent une per­sonne à la retraite, cette évo­lu­tion démo­gra­phique réduira cette pro­por­tion à deux actifs pour un ren­tier dans 30 ans. L’ex­ten­sion des pres­ta­tions est en totale contra­dic­tion avec l’évo­lu­tion démo­gra­phique et elle dété­rio­re­rait davan­tage la posi­tion des futurs actifs.

Le 3 mars pro­chain, le peuple se pro­non­cera sur deux pro­jets rela­tifs à la pré­voyance vieillesse. L’évo­lu­tion démo­gra­phique, pré­vue par l’Of­fice fédé­ral de la sta­tis­tique (OFS), est un fac­teur impor­tant pour éva­luer la situa­tion. Pour ces pro­chaines années, le scé­na­rio de réfé­rence indique les ten­dances sui­vantes:

Le nombre de retrai­tés (per­sonnes de plus de 65 ans) en Suisse aug­men­tera de 26% ces dix pro­chaines années, de 41% dans 20 ans et de 54% dans 30 ans.

Le nombre des actifs (per­sonnes âgées de 20 à 64 ans) en Suisse aug­men­tera de 2% dans les dix pro­chaines années, de 5% dans 20 ans et de 7% dans 30 ans.

En chiffres abso­lus et par rap­port à aujour­d’hui, cela repré­sente une hausse de 970 000 per­sonnes de plus de 65 ans et de près de 400 000 per­sonnes de 20 à 64 ans d’ici à 2054.

 

Figure 1: Évo­lu­tion de la popu­la­tion indi­gène (2024 = 100)

 

Cette évo­lu­tion défa­vo­rable a natu­rel­le­ment une influence sur le rap­port de répar­ti­tion. Lorsque l’as­su­rance vieillesse et sur­vi­vants (AVS) a été intro­duite en 1948, le rap­port entre les actifs (âgés de 20 à 64 ans) et les plus de 65 ans était de plus de 6 pour 1. Ce rap­port se situe désor­mais à un peu plus de 3 pour 1 et tom­bera à 2 pour 1 envi­ron d’ici à 30 ans. Autre­ment dit, d’ici à 2054, deux actifs finan­ce­ront donc une per­sonne à la retraite.

Il faut aussi prendre en consi­dé­ra­tion les Suisses de l’étran­ger

Ces chiffres sont impres­sion­nants, mais ne per­mettent pas de voir l’en­semble du tableau. De nom­breuses per­sonnes décident de pas­ser leur retraite à l’étran­ger. On observe ainsi une émi­gra­tion nette chez les plus de 65 ans. Dans le scé­na­rio de réfé­rence, l’émi­gra­tion nette des plus de 65 ans concer­nera 60 000 per­sonnes d’ici à 10 ans. D’ici à 20 ans, lorsque les émi­grés d’au­jour­d’hui auront atteint l’âge qui cor­res­pond à leur espé­rance de vie, ce chiffre concer­nera près de 135 000 per­sonnes. Les chiffres de la popu­la­tion indi­gène ne reflètent donc pas la tota­lité des per­sonnes pou­vant faire valoir un droit à la retraite. Aux besoins de finan­ce­ment exis­tants et en forte hausse s’ajoutent des ver­se­ments crois­sants hors de Suisse, qui doivent éga­le­ment être sup­por­tés par la popu­la­tion active en Suisse.

Les étran­gers ins­tal­lés en Suisse par­ti­cipent au finan­ce­ment

La situa­tion est dif­fé­rente pour les per­sonnes âgées de 20 à 64 ans. Dans cette tranche, le solde migra­toire est posi­tif et le res­tera selon le scé­na­rio de réfé­rence. D’ailleurs, sans cette immi­gra­tion, on ver­rait même la popu­la­tion active dimi­nuer en Suisse, comme l’a expli­qué eco­no­mie­suisse dans un dos­sier­po­li­tique. Le rap­port entre les 20 à 64 ans et les plus de 65 ans serait par consé­quent encore plus pré­oc­cu­pant qu’il ne l’est déjà. L’im­mi­gra­tion contri­bue ainsi à finan­cer les rentes des retrai­tés.

Dés­équi­li­brer davan­tage l’AVS?

L’évo­lu­tion démo­gra­phique est un fac­teur déter­mi­nant pour la sta­bi­lité d’une assu­rance sociale qui, comme l’AVS, est finan­cée par répar­ti­tion. Le dés­équi­libre qui se des­sine entre la popu­la­tion active et les retrai­tés appelle d’ores et déjà des réformes. Au vu de l’évo­lu­tion démo­gra­phique, une 13e rente dés­équi­li­bre­rait encore davan­tage l’AVS. Il est grand temps de tenir compte de l’évo­lu­tion démo­gra­phique dans le sys­tème de pré­voyance!