
Commerce extérieur suisse: un tableau mitigé malgré des exportations record
L'essentiel en bref:
- En 2024, le commerce extérieur suisse a mieux évolué qu’en 2023.
- Malgré des exportations record, les volumes ont reculé pour neuf des onze principaux groupes de marchandises.
- Il est décisif d’améliorer encore les conditions-cadre.
Pour commencer, en 2024, le commerce extérieur suisse a mieux évolué qu’en 2023. Les exportations ont enregistré une progression et atteint 282,9 milliards de francs (+3,2%), tandis que les importations ont reculé à 222,3 milliards de francs (-1,6%). La balance commerciale s’est soldée par un excédent 60,6 milliards de francs et a pulvérisé son précédent record.
Malgré des exportations record, seules deux branches exportatrices sur onze enregistrent une hausse
Ce nouveau record des exportations est certes réjouissant, mais il a été réalisé presque exclusivement grâce à la chimie et à la pharma. Il contraste fortement avec le recul d’autres branches exportatrices. Seuls deux des onze groupes de marchandises principaux ont enregistré une hausse des exportations par rapport à 2023. Outre les produits chimiques et pharmaceutiques (+10,0%), seul le groupe des denrées alimentaires, des boissons et du tabac (+2,3%) a progressé. Après des résultats records ces dernières années, les exportations de bijouterie et de joaillerie (-4,5%) ainsi que celles de montres (-2,8%) se sont repliées. Les machines et l’électronique (-2,6%) ainsi que les métaux (-6,2%) ont également reculé.
Les exportations vers l’UE et les États-Unis progressent
Parmi les trois principales zones économiques, l’Europe (+3,9%; UE: +4,6%) et l’Amérique du Nord (+6,7%; États-Unis: +7,9%) ont acheté davantage de biens en Suisse. La croissance des exportations vers l’Europe résulte principalement de la forte progression de celles destinées à la Slovénie (+68,3%; chimie-pharma). Les États-Unis restent ainsi, sans conteste, le premier pays exportateur et l’UE, de loin, le premier débouché de la Suisse.
Certaines évolutions sont néanmoins préoccupantes: ainsi, les exportations vers les pays voisins, à savoir l’Autriche (-16,2%), l'Allemagne (-2,1%), l’Italie (-3,8%) et la France (-5,3%), ont diminué. Les livraisons vers l’Asie ont également enregistré une baisse de 1,8%. Alors que les exportations vers la Chine et le Japon ont progressé (+5,9% et +6,2%), la baisse des exportations vers Singapour et Hong Kong a pesé sur les résultats.
Les importations en provenance d’Asie à leur plus bas niveau depuis 2020
Du côté des importations, à l’exception des produits chimiques et pharmaceutiques, tous les groupes de marchandises affichent une baisse, y compris les importations de sources d’énergie. Le recul de la demande a également été notable pour les machines et l’électronique, les véhicules et les métaux.
En 2024, les achats de la Suisse dans les trois grandes régions économiques ont diminué. Les importations en provenance d’Asie ont connu la plus forte baisse, et sont tombées à leur niveau le plus bas depuis 2020. Les importations en provenance d’Europe se sont légèrement repliées. En termes de valeur, les marchandises en provenance d’Amérique du Nord ont reculé de 1,9% (États-Unis: -2,9%).
Trois priorités pour le commerce extérieur suisse en 2025
Ces dernières années, les entreprises exportatrices suisses ont fait preuve d’une grande résilience, même pendant les périodes difficiles. Cela dit, on peut faire un parallèle entre notre économie d'exportation et le jeu d’adresse Jenga (celui où on empile des pièces de bois pour former une tour). Même si la tour est haute en ce moment, les fondations doivent inlassablement être renforcées. La tour doit pouvoir résister même si on retire une, deux ou trois pièces.
Nous devons donc améliorer en permanence les conditions-cadre offertes aux entreprises exportatrices. Pour ce faire, nous disposons actuellement de trois grands leviers:
- Premièrement, nos entreprises exportatrices sont tributaires de relations stables avec l’UE, notre principal partenaire commercial. Garantir et développer de la voie bilatérale est donc prioritaire.
- Deuxièmement, le réseau suisse d’accords de libre-échange devrait être élargi et modernisé.
- Troisièmement, il faut également prendre des mesures en Suisse. Il faut mettre le holà à une bureaucratie croissante et garantir un approvisionnement énergétique sûr et bon marché. La place économique suisse doit rester attractive.
La Suisse doit rester compétitive et poursuivre sa diversification économique pour être en mesure d’affronter les futures tempêtes de la politique commerciale.