2024: un excellent mil­lé­sime pour la poli­tique éco­no­mique exté­rieure

L'es­sen­tiel en bref:

  • L’an­née 2024 a été bonne pour le com­merce exté­rieur hel­vé­tique.
  • La Suisse a pu conclure trois nou­veaux accords de libre-échange et en moder­ni­ser deux. De plus, les négo­cia­tions avec l’Union euro­péenne sur les accords bila­té­raux III viennent d’abou­tir sur le plan tech­nique.
  • L’an­née 2025 sera tout de même exi­geante pour les entre­prises expor­ta­trices suisses. Face à des conflits com­mer­ciaux qui s’exa­cerbent, de bons accords avec les prin­ci­paux par­te­naires com­mer­ciaux sont un fac­teur de suc­cès essen­tiel pour la Suisse.

La poli­tique éco­no­mique exté­rieure de la Suisse a connu une bonne année. Dans le cadre de l’AELE, les négo­cia­tions sur cinq accords de libre-échange ont ainsi été conclues. Si la signa­ture en par­ti­cu­lier de l'accord de libre-échange avec l'Inde a été un jalon impor­tant pour le com­merce exté­rieur suisse, l’abou­tis­se­ment des négo­cia­tions avec la Thaï­lande et le Kosovo ainsi que la moder­ni­sa­tion des accords avec le Chili et l'Ukraine ont éga­le­ment été des évé­ne­ments posi­tifs pour la Suisse en tant que nation expor­ta­trice. De plus, le «Berne Finan­cial Ser­vices Agree­ment», accord de recon­nais­sance mutuelle dans le domaine des ser­vices finan­ciers avec le Royaume-Uni, est en cours d’ap­pro­ba­tion par le Par­le­ment.

Même la poli­tique euro­péenne, blo­quée depuis plus de dix ans, a enfin été remise sur les rails. Ainsi, les négo­cia­tions sur les accords bila­té­raux III avec l’UE ont été conclues sur le plan tech­nique en décembre – une étape clé pour la sta­bi­li­sa­tion et le déve­lop­pe­ment de la voie bila­té­rale. Les mois à venir et le débat de poli­tique interne seront désor­mais déci­sifs. Pour­quoi ces accords sont-ils encore plus impor­tants dans le contexte actuel de l’éco­no­mie mon­diale ?

L’éco­no­mie mon­diale se trouve au seuil d’une nou­velle esca­lade des conflits com­mer­ciaux. Le futur pré­sident amé­ri­cain a annoncé à plu­sieurs reprises vou­loir, dès son entrée en fonc­tion, accroître mas­si­ve­ment les droits de douane amé­ri­cains sur les mar­chan­dises impor­tées. La Chine et l’Eu­rope ne res­te­ront pas les bras croi­sés face à l’in­tro­duc­tion de droits de douane éle­vés sur leurs expor­ta­tions et relè­ve­ront à leur tour leurs droits de douane sur les impor­ta­tions en pro­ve­nance des États-Unis. On ignore les détails des mesures à venir, mais il est cer­tain que l’ad­mi­nis­tra­tion Trump uti­li­sera les sur­taxes doua­nières. Cela crée déjà des incer­ti­tudes.

En tant que nation expor­ta­trice ouverte, la Suisse risque de se retrou­ver entre deux feux en matière de poli­tique com­mer­ciale. Avec un grand nombre de PME et d’en­tre­prises tour­nées à l’ex­por­ta­tion, nous serions affec­tés de manière dis­pro­por­tion­née par un relè­ve­ment des droits de douane. Au bout du compte, ce sont géné­ra­le­ment les consom­ma­teurs qui doivent sup­por­ter les consé­quences néga­tives des droits de douane à l’im­por­ta­tion – sous la forme d’un ren­ché­ris­se­ment des biens. Si des conflits com­mer­ciaux de plus en plus exa­cer­bés conti­nuent de frei­ner la crois­sance de l’éco­no­mie mon­diale, cela nuira par ailleurs aussi aux entre­prises. Les accords de libre-échange servent au contraire à l’ou­ver­ture réci­proque des mar­chés. C’est pré­ci­sé­ment dans un contexte pro­tec­tion­niste qu’ils acquièrent une valeur sup­plé­men­taire. Ils réduisent les bar­rières entra­vant les tran­sac­tions trans­fron­ta­lières, et ce de manière contrai­gnante. Des aug­men­ta­tions ulté­rieures des droits de douane sont certes pos­sibles, mais requièrent une pro­cé­dure amiable entre les par­ties contrac­tantes.

Pour que 2024, un excellent mil­lé­sime de poli­tique éco­no­mique exté­rieure, puisse déployer ses effets, il faut à pré­sent que les Chambres fédé­rales approuvent rapi­de­ment les accords de libre-échange qui n’ont pas encore été rati­fiés. Mal­gré les récents suc­cès, 2025 risque en effet d’être dif­fi­cile pour notre éco­no­mie exté­rieure: si on devait assis­ter à une nou­velle mon­tée du pro­tec­tion­nisme, nos entre­prises expor­ta­trices devraient s’at­tendre à de sérieuses dif­fi­cul­tés d’ac­cès aux mar­chés pour leurs biens et ser­vices. Sans l’ombre d’un doute, de bons accords avec les prin­ci­paux par­te­naires com­mer­ciaux sont alors un fac­teur de réus­site clé.