# 5 / 2024
01.10.2024

Défendre l’indépendance de la BNS – pour le bien de la Suisse!

L’indépendance de la BNS en ligne de mire

La politique monétaire n’a jamais été une chose simple, mais ces dernières années, les situations exceptionnelles se sont succédé: crise des marchés financiers, crise de la dette au sein de l’UE, taux plancher, franc fort, taux d’intérêt au plus bas ou affaire Credit Suisse. Malgré ces nombreuses tempêtes, la Banque nationale suisse est parvenue à maintenir la stabilité des prix, une performance remarquable, aussi en comparaison internationale. L’ennui est que du fait de ses nombreuses interventions, elle s’est retrouvée plus souvent dans le débat public.

Le franc suisse était déjà recherché, comme valeur refuge, pendant la crise financière. La demande s’est d’autant plus renforcée lorsque la situation budgétaire des pays périphériques de l’UE a menacé l’existence de l’euro pendant la crise de la dette. Des interventions massives sur le marché des devises ont été nécessaires pour éviter une appréciation excessive du franc suisse. Cela a fait littéralement exploser le bilan de la BNS à partir de 2010; actuellement celui-ci est d’ailleurs près de huit fois plus important qu’avant la crise financière (cf. figure 1).

Les réserves de devises constituent la plus grande partie du bilan. Elles déterminent désormais les bénéfices de la Banque nationale: selon l’évolution des cours de change, les gains ou les pertes peuvent être massifs. Sans compter que la Banque nationale a dû introduire pour la première fois des taux d’intérêt négatifs, qui ont également impacté les emprunts de la Confédération à long terme (cf. figure 2).

La détermination dont la BNS a fait preuve montre également à quel point la politique monétaire peut être puissante. Dès lors, l’institution a tout d’abord attisé l’intérêt des médias. Ensuite, les politiques ont commencé à se demander comment ils pourraient utiliser la politique monétaire pour servir leurs propres intérêts, en se disant qu’avec un bilan aussi important, on pourrait bien piocher quelques milliards pour ceci ou cela, ou accroître les bénéfices distribués. Les politiques ont manifestement pris l’habitude de discuter les tâches de la BNS. On tente ainsi de modifier la taille et la composition de sa Direction générale. Certaines interventions visent à imposer à la BNS des tâches en matière de protection du climat et de l’environnement. Les revendications vont dans tous les sens. Instrumentaliser la politique monétaire au profit d’intérêts particuliers semble trop tentant.

Toutes ces interventions jouent imprudemment avec l’indépendance de la BNS. Il est récemment apparu, aux États-Unis ou dans la zone euro par exemple, que même des taux d’inflation inférieurs à 10% entraînent déjà des coûts considérables. Au niveau des ménages, l’inflation entraîne une perte de pouvoir d’achat et, au niveau de l’économie dans son ensemble, elle pèse sur la consommation. Pour les entreprises, les incertitudes se multiplient en période de hausse des prix et d’importants investissements sont reportés. Grâce à une inflation plus faible que dans d’autres pays, ces effets ont été nettement moins marqués en Suisse. Une banque centrale indépendante peut garantir la stabilité des prix, à l’instar de ce que fait la BNS en Suisse.