Suisse-UE : un ave­nir à pré­ser­ver, un repli à évi­ter

La Suisse doit moder­ni­ser les accords bila­té­raux avec l'UE pour pré­ser­ver sa pros­pé­rité et évi­ter l'iso­le­ment éco­no­mique.

Depuis 25 ans, les accords bila­té­raux entre la Suisse et l’Union euro­péenne ont été le moteur de notre pros­pé­rité. Ils nous ont donné accès au mar­ché unique, per­mis d’at­ti­rer des talents et ren­forcé des sec­teurs clés comme la recherche et l’in­no­va­tion. Mais aujour­d’hui, ces accords doivent être moder­ni­sés. Sans cette révi­sion, ils risquent de deve­nir obso­lètes et de nuire à notre com­pé­ti­ti­vité. Les Bila­té­rales III, en négo­cia­tion entre Berne et Bruxelles, ne sont pas un pas déguisé vers l’adhé­sion à l’UE, mais une mise à jour néces­saire. Si nous n’agis­sons pas, jus­qu’à 60% de nos entre­prises expor­ta­trices pour­raient perdre l’ac­cès au mar­ché euro­péen dès 2026, met­tant en péril des mil­liers d’em­plois. L’ex­clu­sion des med­techs du mar­ché euro­péen depuis 2021 est un aver­tis­se­ment clair. D’autres sec­teurs essen­tiels, comme la sécu­rité ali­men­taire ou l’éner­gie, néces­sitent quant à eux de nou­veaux par­te­na­riats. Pro­té­ger la voie bila­té­rale, c’est garan­tir sta­bi­lité et crois­sance.

Trom­peur

Paral­lè­le­ment, l’ini­tia­tive sur la « dura­bi­lité » de l’UDC, qui pro­pose de limi­ter l’im­mi­gra­tion si la popu­la­tion atteint 10 mil­lions d’ici 2050, offre une réponse trom­peuse à des pro­blèmes réels. En ciblant la libre cir­cu­la­tion des per­sonnes, elle met en dan­ger l’en­semble des accords bila­té­raux sans résoudre les défis : la pénu­rie de loge­ments, la pres­sion sur les infra­struc­tures et une meilleure uti­li­sa­tion du poten­tiel de main-d’œuvre locale. Outre-Manche, le Brexit, loin de frei­ner l’im­mi­gra­tion, l’a aggra­vée, tout en pré­ci­pi­tant un effondrement de la crois­sance. Les Suisses veulent-ils vrai­ment se ris­quer à un tel scé­na­rio?

Plu­tôt que de cou­per nos liens vitaux avec l’Eu­rope, il est temps d’adop­ter des solu­tions concrètes et prag­ma­tiques. Nous devons inves­tir dans nos infra­struc­tures, construire plus de loge­ments et mieux uti­li­ser le poten­tiel de main-d’œuvre indi­gène. Rési­lier la libre cir­cu­la­tion met­trait en péril nos hôpi­taux, nos indus­tries et nos entre­prises, qui man­que­raient de per­son­nel qua­li­fié, avec des réper­cus­sions directes sur notre quo­ti­dien.

Les Bila­té­rales III sont un com­pro­mis intel­li­gent : elles pré­servent notre accès au mar­ché unique tout en pro­té­geant notre sou­ve­rai­neté. Le statu quo n’est plus tenable ; moder­ni­ser ces accords est indis­pen­sable pour assu­rer notre ave­nir. Sou­te­nir la voie bila­té­rale, c’est faire le choix de la sta­bi­lité pour la Suisse. Refu­ser l’iso­le­ment et entre­te­nir de bonnes rela­tions avec nos voi­sins, c’est garan­tir notre pros­pé­rité future.

Article paru dans l'édi­tion du 24 sep­tembre 2024 de La Région