Studie, die schreibt

Ne nous pri­vons pas des étu­diants étran­gers for­més en Suisse

Chaque année, quelque 3000 étu­diants pro­ve­nant de l'ex­té­rieur de l'UE/AELE suivent une for­ma­tion uni­ver­si­taire en Suisse. Bien qu'ils dis­posent d'un savoir-faire dont la Suisse a un besoin urgent, en rai­son de la pénu­rie de main-d'œuvre qua­li­fiée, il leur est pra­ti­que­ment impos­sible de res­ter tra­vailler. Le récent dos­sier­po­li­tique d’eco­no­mie­suisse ana­lyse la situa­tion et pro­pose quelques pistes pour l’amé­lio­rer rapi­de­ment.

Avec ses excel­lentes uni­ver­si­tés, la Suisse est un lieu d'études très prisé, y com­pris par les étu­diants de pays tiers c’est-à-dire en dehors de l'UE et de l'AELE. À l’heure actuelle, les étu­diants d’États tiers imma­tri­cu­lés dans une haute école suisse sont au nombre de 13 000 envi­ron. En 2017, 3000 de ces étu­diants ont obtenu un bache­lor, un mas­ter ou un doc­to­rat, la majo­rité dans les filières MINT (mathé­ma­tiques, infor­ma­tique, sciences natu­relles, tech­niques). Les contri­buables suisses paient envi­ron 180 mil­lions de francs par an pour leur for­ma­tion.

LA POLI­TIQUE TRES RES­TRIC­TIVE DE LA SUISSE

Nous aurions bien besoin de ces per­sonnes sur le mar­ché du tra­vail suisse, mais on les empêche de cher­cher un emploi. Comme l’ex­plique le dos­sier­po­li­tique d’eco­no­mie­suisse, il y a plu­sieurs rai­sons à cela. Dès la demande de visa pour la Suisse, les per­sonnes inté­res­sées doivent signer un for­mu­laire dans lequel elles s’en­gagent à quit­ter le pays après leurs études. Un autre point pro­blé­ma­tique est le fait que, une fois leur diplôme en poche, elles sont sou­mises aux contin­gents, tout comme les immi­grés qui ne sont jamais venus en Suisse. Dans d’autres pays, les diplô­més étran­gers d’une haute école ont par­fois jus­qu’à trois ans pour trou­ver un emploi. En Suisse, ils doivent dépo­ser une demande pour béné­fi­cier d’une unique période de recherche de six mois. À cela s’ajoute que les étu­diants et diplô­més étran­gers n’ont pas la pos­si­bi­lité d’ef­fec­tuer un stage et ainsi de faire un pre­mier pas vers le mar­ché du tra­vail suisse.

En com­pa­rai­son inter­na­tio­nale, les pres­crip­tions suisses sont extrê­me­ment res­tric­tives. Face à une concur­rence inter­na­tio­nale tou­jours plus vive pour atti­rer les meilleurs talents, la Suisse n’a pas les bonnes cartes en main. Pour une place éco­no­mique dont le suc­cès dépend en grande par­tie de sa capa­cité à inno­ver et de ses talents, cela n’est pas judi­cieux.

DES AME­LIO­RA­TIONS RAPIDES SONT POS­SIBLES

Le Conseil des États dis­cute actuel­le­ment de mesures sus­cep­tibles d’amé­lio­rer la situa­tion. Aux yeux d’eco­no­mie­suisse, il y a urgence et des mesures simples sont pos­sibles. Pour com­men­cer, les diplô­més étran­gers ne devraient plus être sou­mis aux contin­gents pré­vus pour l’im­mi­gra­tion de res­sor­tis­sants d’États tiers. Il faut éga­le­ment abo­lir la demande d’un enga­ge­ment écrit à quit­ter le pays. eco­no­mie­suisse estime par ailleurs que les étu­diants et diplô­més d’États tiers doivent pou­voir effec­tuer un stage et pro­lon­ger, une fois, leur per­mis de séjour pour cher­cher un tra­vail.

En rai­son des chan­ge­ments démo­gra­phiques et de la numé­ri­sa­tion, la Suisse aura besoin, ces pro­chaines années, d’une main-d’œuvre spé­cia­li­sée au béné­fice d’une bonne for­ma­tion, en par­ti­cu­lier dans les filières MINT. Aux yeux des milieux éco­no­miques, mettre à la porte les talents étran­gers qui ont déjà pu s’in­té­grer en Suisse pen­dant leurs études est une erreur. 

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