La concur­rence sous la cloche à fro­mage ?

​Cette semaine, le Conseil natio­nal a mal­heu­reu­se­ment accepté une ini­tia­tive par­le­men­taire qui exclut toutes les den­rées ali­men­taires du prin­cipe du Cas­sis de Dijon. Cette ini­tia­tive a des visées pro­tec­tion­nistes – mal dis­si­mu­lées sous le nom de « stra­té­gie qua­lité ». La déci­sion du Natio­nal est le signe d’un repli crois­sant, plus large que ce cas pré­cis. Elle reflète une volonté de pré­ser­ver le statu quo et rend dif­fi­cile toute adap­ta­tion, alors même que nous évo­luons dans un contexte dyna­mique. Cela vaut aussi pour d’autres ini­tia­tives annon­cées. Au lieu d’avoir confiance en la force de la concur­rence et en un déve­lop­pe­ment natu­rel, on cherche à se ras­su­rer par le cloi­son­ne­ment du mar­ché. Pen­dant ce temps, les Suisses achètent les mêmes den­rées ali­men­taires de l’autre côté de la fron­tière sans subir de dom­mages.

​L’ou­ver­ture et le prin­cipe du Cas­sis de Dijon sont une oppor­tu­nité. En inci­tant les acteurs à se pro­fi­ler, on ins­taure une concur­rence axée sur des pro­duits de niche ayant de bonnes chances d’ex­por­ta­tion. Les pro­duits bio et les pro­duits régio­naux sont en plein boom. Cela ren­force la concur­rence et les consom­ma­teurs ont un choix plus vaste. Il est vrai que l’ef­fet posi­tif du prin­cipe du Cas­sis de Dijon n’a pas pro­duit tous ses effets jus­qu’ici en rai­son de la ges­tion conser­va­trice et bureau­cra­tique des auto­ri­sa­tions. C’est là qu’il faut agir. Exclure toutes les den­rées ali­men­taires sous pré­texte que l’ef­fet est modeste et la qua­lité mena­cée va dans la mau­vaise direc­tion. Les par­ti­sans d’une éco­no­mie suisse forte doivent s’op­po­ser à ce que la concur­rence soit mise sous une cloche à fro­mage sous laquelle elle étouf­fera.