Les cybe­rat­taques se mul­ti­plient – com­bat­tons-les ensemble

La cyber­sé­cu­rité nous concerne tous, les milieux éco­no­miques tout comme la société. Elle n’est plus, depuis long­temps, un sujet abs­trait réservé à des spé­cia­listes de l’in­for­ma­tique. Au contraire, elle est deve­nue extrê­me­ment concrète et omni­pré­sente. Les médias se font régu­liè­re­ment l’écho de cybe­rat­taques ciblant des entre­prises et des admi­nis­tra­tions suisses. Cer­tains parmi vous ont peut-être aussi été vic­times de cri­mi­na­lité sur inter­net. Le nombre d’at­taques annon­cées dans les médias ne repré­sente qu’une frac­tion de celles per­pé­trées. Car elles sont nom­breuses et ne sont pas toutes connues ou iden­ti­fiées. Les experts aiment à dire qu’il existe désor­mais deux caté­go­ries d’en­tre­prises: celles qui ont déjà été hackées et celles qui ne le savent pas encore.

La numé­ri­sa­tion crois­sante a des consé­quences posi­tives pour l’es­sen­tiel. Elle s’ac­com­pagne mal­heu­reu­se­ment aussi d’une mul­ti­pli­ca­tion et d’une diver­si­fi­ca­tion des pos­si­bi­li­tés d’at­taque pour les cri­mi­nels de l’es­pace numé­rique. Beau­coup d’ob­jets sont désor­mais connec­tés et reliés à inter­net, que ce soit la voi­ture de fonc­tion, la sur­veillance vidéo ou la frai­seuse. Chaque nou­vel appa­reil que nous connec­tons à notre infra­struc­ture réseau aug­mente le risque que des cyber­cri­mi­nels trouvent une faille et l’ex­ploitent. Dans ce contexte, il est déci­sif que nous appre­nions par quels moyens nous pou­vons nous pro­té­ger effi­ca­ce­ment. Pour cela, il faut un mini­mum de dis­ci­pline: effec­tuer les mises à jour néces­saires, chan­ger régu­liè­re­ment de mot de passe et véri­fier le bon fonc­tion­ne­ment des sys­tèmes. Toute négli­gence accroît direc­te­ment les pos­si­bi­li­tés d’at­taque pour les cyber­cri­mi­nels. De nom­breuses entre­prises ont déjà pris des dis­po­si­tions impor­tantes à cet égard, mais ce n’est sou­vent pas le cas des par­ti­cu­liers. Ainsi, l’aug­men­ta­tion du télé­tra­vail a coïn­cidé avec une hausse consi­dé­rable des attaques. Au lieu de les lan­cer via le réseau de l’en­tre­prise, les auteurs ont exploité les failles de sécu­rité des réseaux pri­vés des employés.

Per­sonne n’est à l’abri d’une attaque dans le cybers­pace. Plus de 200 signa­le­ments sont effec­tués auprès du Centre natio­nal pour la cyber­sé­cu­rité toutes les semaines – les experts partent du prin­cipe que les inci­dents non signa­lés sont beau­coup plus nom­breux. En 2022, on déplore déjà des vic­times d’im­por­tance dans l’éco­no­mie et l’ad­mi­nis­tra­tion. Le ran­som­ware est très uti­lisé: un nombre crois­sant d’en­tre­prises suisses se voient sou­dain confron­tées à la ques­tion de savoir si elles doivent payer pour le déver­rouillage de leurs don­nées blo­quées par des logi­ciels mal­veillants.

Lorsque les vic­times faciles sont nom­breuses, c’est la pro­messe d’un butin rapide et cela encou­rage de nou­velles attaques. Mais qu’im­pliquent ces risques pour l’éco­no­mie suisse et que faut-il faire? Nous sommes nom­breux à avoir pris conscience du dan­ger de cybe­rat­taque, mais cela ne suf­fit pas. Il faut une ana­lyse détaillée des risques, la volonté de se confron­ter aux périls et de trou­ver des solu­tions adé­quates.

Cette ques­tion ne peut pas être sim­ple­ment délé­guée à un res­pon­sable infor­ma­tique. La direc­tion de l’en­tre­prise comme les col­la­bo­ra­teurs doivent être encore davan­tage sen­si­bi­li­sés aux risques, car on a beau numé­ri­ser, l’être humain reste le plus grand risque sous l’angle de la sécu­rité. C’est là que la culture d’en­tre­prise entre en jeu: elle doit s’em­pa­rer de cette ques­tion.

Il faut en outre dis­po­ser du savoir-faire néces­saire pour pré­ve­nir au mieux les attaques et trou­ver des solu­tions concrètes en cas de cybe­rat­taque. Pour toutes les entre­prises, pas seule­ment celles prises en compte dans l’étude, y com­pris les PME, de telles mesures repré­sentent sou­vent un défi. Pour­tant, la cyber­sé­cu­rité revêt une impor­tance fon­da­men­tale pour leur suc­cès voire leur sur­vie.

En tant qu’as­so­cia­tion, nous avons à cœur de contri­buer à sen­si­bi­li­ser tous les acteurs de l’éco­no­mie et de la société aux risques dans le cybe­res­pace. Nous devons adap­ter notre com­por­te­ment et déployer les moyens appro­priés pour nous pro­té­ger. Je tiens per­son­nel­le­ment à y contri­buer et à infor­mer les milieux éco­no­miques suisses sur la cyber­sé­cu­rité. La pré­sente étude doit contri­buer à accroître la visi­bi­lité de cette ques­tion, à mettre en évi­dence la néces­sité d'agir au sein des entre­prises et à nous aider tous à ren­for­cer notre défense par rap­port aux risques inhé­rents à l’éco­no­mie numé­rique.


Ce texte est la pré­face de l’étude «Cyber Risk Mana­ge­ment in grösse­ren Schwei­zer Unter­neh­men» réa­li­sée par la Haute école de Lucerne, en col­la­bo­ra­tion avec La Mobi­lière et eco­no­mie­suisse.