Capacité d’innovation: les sept piliers pour que la Suisse reste performante
- Introduction L’essentiel en bref | Position d’economiesuisse
- Chapter 1 Introduction
- Chapter 2 Pilier 1: Une compétitivité élevée grâce à d'excellentes conditions-cadre
- Chapter 3 Pilier 2: Un système éducatif d’excellence avec un apprentissage dual fort
- Chapter 4 Pilier 3: Promotion des disciplines MINT et de l'entrepreneuriat
- Chapter 5 Pilier 4: Financement prioritaire de la recherche et du développement
- Chapter 6 Pilier 5: Un accès à des professionnels qualifiés du monde entier
- Chapter 7 Pilier 6: Réseau international et coopération
- Chapter 8 Pilier 7: Des écosystèmes d’innovation vivants
- Chapter 9 Conclusion
Pilier 4: Financement prioritaire de la recherche et du développement
Les investissements publics dans l'éducation, la recherche et le développement sont essentiels à la capacité d'innovation. Ces dernières années, de nombreux pays ont pris l’orientation stratégique de renforcer leur soutien à la recherche et au développement dans une perspective d’innovation. L'Union européenne, la Chine et de nombreux pays émergents ont mis en place des programmes visant à accroître la capacité d'innovation et la compétitivité de leurs pays. Des sommes importantes sont investies dans des programmes de recherche et de nombreuses mesures sont prises pour attirer les meilleurs chercheurs du monde entier. Cette évolution se reflète également dans les statistiques. Elles font craindre que la position forte de la Suisse en matière d'innovation et de recherche ne s'érode à long terme.
Figure 2:
Source: DPE - base de données MSTI, division STI / EAS, Paris, mars 2022; OFS - Recherche et développement (R-D) Synthèse Suisse (FE Suisse)
Avec une part de 3,1% de R-D au produit intérieur brut (PIB), la Suisse est globalement bien placée. En comparaison internationale, elle se situe au neuvième rang et nettement au-dessus de la moyenne de 2,5% de l'OCDE. Israël arrive en tête, suivie de la Corée du Sud et de Taïwan. Malgré le bon positionnement de la Suisse, le graphique 2 montre que la croissance des dépenses R-D y est restée comparativement faible ces dernières années. Entre 2015 et 2019, la part des dépenses de R-D dans le PIB a augmenté de 3,4 % en Suisse. Ce chiffre est inférieur à la moyenne en comparaison internationale. Sur la même période, les pays de l'OCDE ont augmenté cette part de 8%. Les pays qui dépensent nettement moins que la Suisse en chiffres absolus et qui sont en train de rattraper leur retard ne sont pas les seuls à avoir augmenté leurs dépenses. Des pays comme Israël, la Corée du Sud, la Suède, la Belgique ou les États-Unis ont augmenté leurs dépenses par rapport à leur PIB de manière nettement plus importante que la Suisse. Ce sont tous des pays qui, en 2015 déjà, avaient une part de R-D au PIB plus élevée que la Suisse.
Et même les entreprises suisses investissent de plus en plus en dehors du pays, profitant de l'attractivité croissante des sites étrangers. Les dépenses en matière de recherche et développement que les entreprises suisses ont effectuées en Suisse (intramuros) ont certes augmenté de 20% entre 2012 et 2019. Mais les investissements réalisés à l'étranger (extramuros) ont presque triplé pendant la même période.
Il est donc urgent d’inverser cette tendance. L'État doit donner la priorité à la formation et à la recherche par rapport à d'autres dépenses. Pour autant, cela ne doit pas reporter le poids de l'économie privée vers l'État. Au contraire : l'une des grandes forces de la Suisse par rapport à d'autres économies nationales est que la plus grande partie des investissements dans la recherche et le développement provient du secteur privé. La contribution de l'État (en particulier dans la recherche fondamentale) constitue la base sur laquelle l'économie privée peut s'appuyer. En raison de la longue période d'incubation entre les dépenses publiques dans l'éducation et la recherche et l’émergence concrète de l'innovation, une «politique de longue haleine» est nécessaire. Les résultats de la recherche étant toujours ouverts, il n'est toutefois jamais garanti que les dépenses publiques débouchent un jour sur des innovations réussies. Néanmoins, des dépenses publiques plus élevées dans la formation et la recherche augmentent la probabilité que l'économie privée puisse continuer d’être porteuse de performances élevées en matière d’innovation à l’avenir également.
Au-delà d’un traitement prioritaire des dépenses de R-D, il est important que les bailleurs de fonds posent le moins d'exigences possible quant à l’organisation des contenus de recherche. Car le principe bottom-up doit s'appliquer à la recherche et au développement. Jusqu'à présent, la Suisse a accordé une grande autonomie aux hautes écoles, ce qui s'est traduit par de bonnes performances en matière de recherche et d'innovation. Il faut absolument maintenir cette situation.
Résumé du pilier 4: Pour augmenter la capacité d'innovation, il faut donner la priorité aux dépenses publiques dans la formation, la recherche et le développement. Comme elles ne déboucheront sur des innovations qu'après un certain temps, il faut ici une politique axée sur le long terme.