Mul­ti­na­tio­nales : indis­pen­sables pour les finances publiques

Des nou­velles sta­tis­tiques publiées par le Conseil fédé­ral confirment la grande impor­tance des mul­ti­na­tio­nales sur le plan bud­gé­taire. Réus­sir la 3e réforme de l’im­po­si­tion des entre­prises sera déci­sive pour que nos finances publiques puissent conti­nuer de pro­fi­ter de cette manne.

Les chiffres pré­sen­tés par le Conseil fédé­ral sont par­lants. La presque tota­lité des recettes fis­cales au titre de l’im­pôt fédé­ral direct sur le béné­fice - quelque 8 mil­liards de francs - sont ver­sées par les 25 % d’en­tre­prises les plus pros­pères. Les firmes inter­na­tio­nales au béné­fice d’un sta­tut fis­cal spé­cial au niveau can­to­nal sont par­ti­cu­liè­re­ment inté­res­santes pour la Confé­dé­ra­tion. Bien qu’elles ne repré­sentent envi­ron que 7 % des entre­prises, elles versent 50 % envi­ron des recettes fis­cales. Parmi les entre­prises qui paient le plus d’im­pôts (plus de 10 mil­lions de francs), pas moins de 62 % béné­fi­cient d’un sta­tut fis­cal spé­cial. 

Les mul­ti­na­tio­nales ont déjà contri­bué de manière déci­sive à la forte crois­sance des recettes de l’im­pôt sur le béné­fice par le passé. Selon des esti­ma­tions du Dépar­te­ment fédé­ral des finances, elles étaient res­pon­sables, par­fois à hau­teur de plus de 70 %, de la dyna­mique des recettes au titre de l’im­pôt sur les béné­fices entre 2004 et 2012. Un petit nombre de can­tons éco­no­mi­que­ment forts jouent un rôle impor­tant sur le plan fis­cal. Si l’on consi­dère les recettes fis­cales ver­sées par les per­sonnes morales, 61% de celles-ci sont ver­sées par seule­ment cinq can­tons (ZH, GE, ZG, VD et BS). En ce qui concerne les socié­tés à sta­tut fis­cal spé­cial, les mêmes cinq can­tons dominent avec 76 % des recettes fis­cales. 

Les chiffres sont clairs. Du point de vue bud­gé­taire, il est abso­lu­ment indis­pen­sable de pré­ser­ver la com­pé­ti­ti­vité fis­cale des entre­prises à voca­tion inter­na­tio­nale. C’est à cette condi­tion que l’on garan­tira les contri­bu­tions sub­stan­tielles de ces socié­tés au finan­ce­ment des bud­gets publics. Pour qu’il en soit ainsi, un sys­tème fis­cal fiable et juri­di­que­ment sûr, ainsi qu’une charge fis­cale modé­rée, sont néces­saires. Le pro­jet du Conseil fédé­ral rela­tif à la réforme de l’im­po­si­tion des entre­prises III (RIE III) pré­voit des mesures foca­li­sées sur cet objec­tif.

Comme l’a confirmé le Centre de recherches conjonc­tu­relles (KOF) de l’EPFZ, les can­tons sont conscients des enjeux bud­gé­taires depuis quelque temps déjà. Au vu de l’im­por­tance finan­cière incon­tes­tée des mul­ti­na­tio­nales, il est très irri­tant de voir la RIE III com­bat­tue avec l’ar­gu­ment des pertes fis­cales. Les nou­velles sta­tis­tiques avaient été récla­mées dans le cadre d’un pos­tu­lat de la conseillère natio­nale Hil­de­gard Fässler-Oster­wal­der (PS, SG). Il faut espé­rer que le Par­le­ment en tirera les bonnes conclu­sions.