Le Conseil natio­nal rend un mau­vais ser­vice aux pay­sans

La Chambre du peuple a décidé de reve­nir en arrière et a accepté la réin­tro­duc­tion des contri­bu­tions à l’ex­por­ta­tion de bétail. Ce fai­sant, elle invite les éle­veurs à pro­duire sans tenir compte du mar­ché. Aux yeux de l’éco­no­mie, l’aug­men­ta­tion de 122 mil­lions de francs de l’en­ve­loppe en faveur de l’agri­cul­ture est éga­le­ment incom­pré­hen­sible.
Les contri­bu­tions à l’ex­por­ta­tion de bétail ont été très jus­te­ment sup­pri­mées fin 2009, au motif qu’elles indui­saient des dis­tor­sions de concur­rence et qu’elles étaient éco­no­mi­que­ment inef­fi­caces. Presque simul­ta­né­ment, le conseiller natio­nal Elmar Big­ger a demandé leur réin­tro­duc­tion (Ini­tia­tive par­le­men­taire Big­ger « Main­tien des expor­ta­tions suisses de bétail »).

En fin de ses­sion spé­ciale, le Conseil natio­nal a adopté le pro­jet de loi cor­res­pon­dant par 96 voix contre 63. Avant qu’elles soient effec­ti­ve­ment réin­tro­duites, il fau­dra encore que le Conseil des Etats adopte le pro­jet et que les Chambres lèvent le frein à l’en­det­te­ment, car en l’oc­cur­rence, le seuil de 101 voix de la majo­rité qua­li­fiée néces­saire n’a pas été atteint (98-65).

Les milieux éco­no­miques s’op­posent fer­me­ment à ce retour à l’éco­no­mie pla­ni­fiée. De telles sub­ven­tions aux expor­ta­tions induisent des dis­tor­sions de concur­rence et sont inef­fi­caces. A cela s’ajoute qu’elles ont été sup­pri­mées sans cau­ser de grands dom­mages. L’agri­cul­ture serait bien ins­pi­rée d’axer davan­tage sa pro­duc­tion sur le mar­ché. Si les prix des pro­duits sont trop éle­vés pour l’ex­por­ta­tion, il ne faut pas les main­te­nir arti­fi­ciel­le­ment via des sub­ven­tions. L’agri­cul­ture doit se confron­ter aux prix effec­tifs  et que les agri­cul­teurs pro­duisent en fonc­tion de la demande du mar­ché. Dans le cas contraire, les prix éle­vés les inci­te­ront à pro­duire davan­tage et de nou­velle sub­ven­tions seront néces­saires. Il convient d’évi­ter abso­lu­ment ce cercle vicieux.

L’aug­men­ta­tion de 122 mil­lions de francs de l’en­ve­loppe en faveur de l’agri­cul­ture pour 2012-2013 est éga­le­ment incom­pré­hen­sible. Elle avait été pro­po­sée afin de com­pen­ser la dimi­nu­tion, de 122 mil­lions de francs, en lien avec le pro­gramme de conso­li­da­tion (PCO). Cepen­dant, comme le Conseil des Etats n’est pas entré en matière sur le PCO au cours de la ses­sion de prin­temps, les déci­sions prises abou­tissent à un relè­ve­ment net des res­sources en faveur de l’agri­cul­ture. Les Chambres manquent ainsi une occa­sion d’épu­rer les struc­tures dans ce sec­teur, une mesure pour­tant indis­pen­sable. Au vu du poten­tiel d’éco­no­mies qu’il recèle et des inef­fi­ciences évi­dentes qui per­durent, il convien­drait de réduire – et non d’aug­men­ter – les enve­loppes finan­cières !