Ses­sion de prin­temps 2021

Au cours de la ses­sion de prin­temps 2021, les Chambres fédé­rales ont pris des déci­sions impor­tantes: har­mo­ni­sa­tion de l’âge de la retraite des hommes et des femmes à 65 ans, 10 mil­liards de plus pour les cas de rigueur en lien avec le covid, révi­sion de la loi sur le blan­chi­ment d’ar­gent et plu­sieurs recom­man­da­tions en vue du rejet d’ini­tia­tives popu­laires.

Vue d'en­semble de la ses­sion

Le der­nier jour de la ses­sion, de nou­velles mesures covid ont été accep­tées dans le cadre du vote final des Chambres fédé­rales (loi covid-19 et sup­plé­ment au bud­get). La loi covid-19 sera sou­mise au réfé­ren­dum dès le mois de juin. À défaut, ses dis­po­si­tions expi­re­ront vers fin sep­tembre. Peut-être, est-ce ce calen­drier qui a per­mis à la solu­tion la plus modé­rée de l’em­por­ter en confé­rence de conci­lia­tion du Conseil des États. eco­no­mie­suisse a sou­tenu l’orien­ta­tion des mesures selon la Chambre haute. Les mesures pour cas de rigueur sont des fonds d’ur­gence et doivent en tant que tels être uti­li­sés de manière ciblée.

AVS 21: une solu­tion pra­ti­cable au Conseil des États

Le Conseil des États a pré­senté une solu­tion équi­table et durable en vue de la révi­sion de l’AVS. Non seule­ment il s’est clai­re­ment pro­noncé en faveur de l’har­mo­ni­sa­tion de l’âge de la retraite des hommes et des femmes, mais il a éga­le­ment opté pour un modèle atté­nuant les consé­quences finan­cières pour les neuf pre­mières cohortes concer­nées. Ainsi, l’har­mo­ni­sa­tion de l’âge de réfé­rence allè­gera les dépenses de l’AVS à hau­teur d’un mil­liard de francs envi­ron. Le relè­ve­ment de la TVA prévu se situe dans le même ordre de gran­deur: la hausse de 0,3 point repré­sente un finan­ce­ment sup­plé­men­taire d’un bon mil­liard de francs par an. eco­no­mie­suisse s’est enga­gée à trou­ver une solu­tion viable en col­la­bo­ra­tion avec l’Union patro­nale suisse et l’Union suisse des arts et métiers.

Un pro­jet impor­tant est sous toit

Les Chambres ont mis sous toit la révi­sion de la loi sur le blan­chi­ment d’ar­gent. Ce fai­sant, elles ont ren­forcé le dis­po­si­tif suisse de lutte contre le blan­chi­ment d’ar­gent et la place éco­no­mique. Le conseiller fédé­ral Ueli Mau­rer a néan­moins déjà annoncé une nou­velle révi­sion, car seules les ques­tions les plus urgentes ont été réso­lues.

Pour ce qui concerne l’im­pôt anti­cipé, le Conseil natio­nal a pro­longé de cinq ans les dis­po­si­tions concer­nant l’exo­né­ra­tion d’ins­tru­ments émis par des éta­blis­se­ments «too big to fail», sans oppo­si­tion. eco­no­mie­suisse se féli­cite de cette déci­sion claire, qui contri­bue à la sta­bi­lité de la place finan­cière suisse. Une réforme glo­bale de l’im­pôt anti­cipé reste néan­moins urgente.

La révi­sion de la loi sur les EPF a éga­le­ment été accep­tée lors du vote final. Une confé­rence de conci­lia­tion a été néces­saire pour éli­mi­ner les der­nières diver­gences. Dans le cadre de cette révi­sion, eco­no­mie­suisse s’est notam­ment oppo­sée à ce que le Conseil des EFP soit habi­lité à émettre des direc­tives sans devoir consul­ter ni audi­tion­ner les ins­ti­tu­tions concer­nées ainsi qu’à la sup­pres­sion du droit de recours à l’en­contre de déci­sions du Conseil des EPF. eco­no­mie­suisse est satis­faite de l’is­sue des déli­bé­ra­tions par­le­men­taires.

Le Par­le­ment a très jus­te­ment rejeté plu­sieurs ini­tia­tives popu­laires

Les Chambres ont balayé l’ini­tia­tive 99% et ainsi lancé un signal impor­tant. Cette ini­tia­tive radi­cale plan­te­rait une épine dans le pied des PME, des start-up, des petits épar­gnants, des pro­prié­taires immo­bi­liers et des exploi­ta­tions agri­coles.

L’ini­tia­tive popu­laire «Oui à l’in­ter­dic­tion de l’ex­pé­ri­men­ta­tion ani­male et humaine – Oui aux approches de recherche qui favo­risent la sécu­rité et le pro­grès» n’avait aucune chance de pas­ser la rampe au Conseil natio­nal. En cas d’ac­cep­ta­tion, elle affai­bli­rait la recherche suisse, ce qui semble absurde en période de pan­dé­mie.

Le Par­le­ment recom­mande très jus­te­ment au peuple et aux can­tons de reje­ter l’ini­tia­tive pour des prix équi­tables. Il a tou­te­fois aussi adopté un contre-pro­jet indi­rect qui reprend lar­ge­ment les pré­oc­cu­pa­tions des ini­tiants. Du point de vue d’eco­no­mie­suisse, des attentes irréa­listes sont liées à ce contre-pro­jet qui intro­duit le concept de pou­voir de mar­ché rela­tif, un corps étran­ger dans le droit des car­tels. L’in­ter­dic­tion du blo­cage géo­gra­phique pré­vue dans la loi sur la concur­rence déloyale posera éga­le­ment des pro­blèmes de mise en œuvre. Le Par­le­ment a refusé d’in­tro­duire une clause de réim­por­ta­tion. Les auteurs de l’ini­tia­tive ont annoncé le retrait de leur pro­jet.

La Chambre basse recom­mande à la popu­la­tion de reje­ter, sans contre-pro­jet, l’ini­tia­tive popu­laire radi­cale visant à inter­dire publi­cité pour le tabac. eco­no­mie­suisse sou­tient une pro­tec­tion ciblée des enfants et des jeunes contre la publi­cité pour les pro­duits du tabac et la ciga­rette élec­tro­nique. Celle-ci doit cepen­dant être réglée dans la loi sur les pro­duits du tabac, comme le demandent le Conseil natio­nal et le Conseil fédé­ral.

En encou­ra­geant la for­ma­tion dans le domaine des soins infir­miers et en don­nant davan­tage de res­pon­sa­bi­li­tés aux soi­gnants, le Par­le­ment a doté les soins infir­miers d’un sta­tut par­ti­cu­lier. Il le fait en oppo­sant un contre-pro­jet indi­rect à l’ini­tia­tive popu­laire Pour des soins forts (ini­tia­tive sur les soins). L’im­pact du contre-pro­jet n’est pas clair. L’at­trait du métier d’in­fir­mier aurait pu être amé­lioré éga­le­ment sans cette enve­loppe de quelque 500 mil­lions de francs. eco­no­mies­suisse rejette tant l’ini­tia­tive popu­laire que le contre-pro­jet. Le Conseil natio­nal pré­co­nise éga­le­ment de reje­ter l’ini­tia­tive popu­laire. Le Conseil des États n’a pas encore for­mulé de recom­man­da­tion.

Parmi les grands dos­siers dis­cu­tés au cours de la ses­sion de prin­temps 2021, nous avons les pro­jets rela­tifs au finan­ce­ment des cas de rigueur, de l’as­su­rance chô­mage et du chô­mage par­tiel ainsi que d’autres mesures de sou­tien, dont la modi­fi­ca­tion de la loi Covid 19 et le sup­plé­ment au bud­get 2021. eco­no­mie­suisse sou­tient le pro­jet du Conseil fédé­ral sur le prin­cipe – mais les pro­jets des com­mis­sions dont les détails ne sont pas encore connus seront déter­mi­nants. eco­no­mie­suisse les éva­luera donc ulté­rieu­re­ment.

Des pro­jets Covid ainsi que d’autres objets impor­tants pour les milieux éco­no­miques figurent à l’ordre du jour de la ses­sion. L’amé­lio­ra­tion des condi­tions d’ac­ti­vité des entre­prises – emplois et place éco­no­mique com­prise – doit être la prio­rité dans tous les dos­siers de poli­tique éco­no­mique. Aujour­d’hui, un an après le début de la pan­dé­mie, c’est encore plus vrai.

Le Par­le­ment débat­tra ainsi de la loi sur le blan­chi­ment d’ar­gent, que la Suisse doit mettre sous toit afin de pré­ser­ver l’at­trac­ti­vité de la place éco­no­mique et se doter d’un dis­po­si­tif de lutte contre le blan­chi­ment reconnu au niveau inter­na­tio­nal. Le pro­jet se trouve au stade de l’éli­mi­na­tion des diver­gences.

En aucun cas, le peuple et les can­tons ne doivent accep­ter l’ini­tia­tive pour des prix équi­tables. Elle ne chan­ge­rait rien au niveau élevé des prix en Suisse. Le contre-pro­jet du Par­le­ment n’est pas meilleur – les deux Chambres s’ef­for­ce­ront d’en éli­mi­ner les diver­gences. Ni l’ini­tia­tive ni le contre-pro­jet ne ferait bais­ser les prix ou per­met­trait d’abou­tir à des prix équi­tables. Leurs pres­crip­tions rigides entra­ve­raient la libre concur­rence et iraient à l’en­contre de toute une série d’ac­cords inter­na­tio­naux. Sup­pri­mer les droits de douane sur les pro­duits indus­triels serait plus avisé et plus avan­ta­geux pour les consom­ma­teurs, mais le Conseil natio­nal n’y est pas favo­rable. Le pro­jet est retardé inuti­le­ment. Il vau­drait mieux agir avec fer­meté et allé­ger les droits de douane et les charges admi­nis­tra­tives des entre­prises.

L’ini­tia­tive 99% de la gauche est éga­le­ment une mau­vaise idée: son titre sug­gère que seul 1% de la popu­la­tion serait tou­chée. En réa­lité, ses auteurs, la Jeu­nesse socia­liste, comptent aussi faire pas­ser à la caisse les start-up, les petits épar­gnants, les pro­prié­taires immo­bi­liers et les familles pay­sannes. Ce sont tou­te­fois les PME qui paie­raient le plus lourd tri­but. L’ini­tia­tive entraî­ne­rait une sor­tie mas­sive de capi­taux qui feraient défaut pour les affaires cou­rantes et lors de la trans­mis­sion de la société. La reprise «après la pan­dé­mie» serait com­pro­mise. L’ave­nir des PME suisses, déjà gra­ve­ment tou­chées, serait mis en jeu. Accor­der aujour­d’hui des mil­liards afin de main­te­nir des PME et accep­ter demain une ini­tia­tive qui les pri­ver de leur sub­stance semble absurde. À l’ins­tar du Conseil des États, le Conseil natio­nal devrait éga­le­ment reje­ter net­te­ment cette ini­tia­tive radi­cale de la Jeu­nesse socia­liste.

Nous recom­man­dons par ailleurs de refu­ser l’ini­tia­tive popu­laire inter­di­sant l’ex­pé­ri­men­ta­tion ani­male. Son accep­ta­tion affai­bli­rait la recherche suisse, soit pré­ci­sé­ment le sec­teur qui sou­tient la Suisse pen­dant la crise actuelle. Des emplois et des labo­ra­toires devraient être délo­ca­li­sés à l’étran­ger. De plus, son texte va à l’en­contre d’en­ga­ge­ments inter­na­tio­naux. Il y a plus grave: l’ini­tia­tive mena­ce­rait l’ap­pro­vi­sion­ne­ment de la popu­la­tion suisse en médi­ca­ments. Son titre pro­met­teur «Oui à l’in­ter­dic­tion de l’ex­pé­ri­men­ta­tion ani­male et humaine – Oui aux approches de recherche qui favo­risent la sécu­rité et le pro­grès» ne change rien au contenu. L’ini­tia­tive est à l’ordre du jour du Conseil natio­nal.

La réforme de l’AVS sus­ci­tera d’abon­dantes dis­cus­sions au Conseil des États. eco­no­mie­suisse sou­tient la déci­sion, atten­due de longue date, de sta­bi­li­ser l’AVS. Cela dit, le pro­jet du Conseil fédé­ral mise exces­si­ve­ment sur des mesures axées sur les recettes (finan­ce­ment addi­tion­nel). Les déci­sions prises par la com­mis­sion du Conseil des États, pre­mier conseil, ont encore dés­équi­li­bré davan­tage le pro­jet. Des cor­rec­tions impor­tantes s’im­posent aux yeux d’eco­no­mie­suisse afin d’équi­li­brer la réforme, d’en amé­lio­rer la dura­bi­lité et de lui per­mettre d’ob­te­nir une majo­rité de voix. Pour plus d’in­for­ma­tions, nous vous invi­tons à lire un récent article.

En ce qui concerne les déli­bé­ra­tions rela­tives à la loi sur les EPF, les Chambres sont au deuxième tour de l’éli­mi­na­tion des diver­gences, autant dire qu’elles sont sur la der­nière ligne droite. eco­no­mie­suisse sou­tient le com­pro­mis du Conseil des États concer­nant le droit de recours pour les déci­sions du Conseil des EPF ainsi que l’élec­tion des membres de la com­mis­sion de recours par le Conseil fédé­ral. Il est juste d’ache­ver les déli­bé­ra­tions.

Des inter­dic­tions publi­ci­taires indif­fé­ren­ciées pour des pro­duits légaux, comme celles deman­dées par l’ini­tia­tive popu­laire «Oui à la pro­tec­tion des enfants et des jeunes contre la publi­cité pour le tabac», ne méritent pas d’être sou­te­nues. L’éco­no­mie sou­tient des mesures de pré­ven­tion et la pro­tec­tion des enfants et des jeunes, mais pas de la façon pro­po­sée: inter­dire la publi­cité pour des pro­duits légaux entra­ve­rait l’in­no­va­tion - pour des pro­duits moins nocifs par exemple -, serait contraire à la liberté éco­no­mique et crée­rait un dan­ge­reux pré­cé­dent pour d’autres pro­duits, pour ne men­tion­ner que quelques pro­blèmes.

Le Conseil natio­nal serait bien ins­piré d’adop­ter les modi­fi­ca­tions pré­vues dans la loi sur l’im­pôt anti­cipé. Celles-ci visent à pro­lon­ger les excep­tions pour les ins­tru­ments dits «too big to fail». Sans cette pro­lon­ga­tion, les ins­tru­ments TBTF per­draient de leur attrait pour les inves­tis­seurs étran­gers et les banques d’im­por­tance sys­té­mique auraient plus de dif­fi­cul­tés à consti­tuer des fonds propres. Cela dit, cette révi­sion par­tielle ne doit pas faire oublier que la vaste réforme de l’im­pôt anti­cipé est deve­nue urgente en rai­son des exi­gences inter­na­tio­nales intro­duites dans le sillage du pro­jet BEPS de l’OCDE et des dis­cus­sions sur l’im­po­si­tion de l’éco­no­mie numé­rique. Il est temps de sup­pri­mer les obs­tacles au finan­ce­ment des entre­prises et au déve­lop­pe­ment du mar­ché suisse des capi­taux.

Au cours de la ses­sion de prin­temps, les Chambres ont débattu vive­ment des aides pour atté­nuer les consé­quences de la pan­dé­mie de coro­na­vi­rus. Le pro­jet a passé, net­te­ment, le vote final. eco­no­mie­suisse juge posi­tives les modi­fi­ca­tions de la loi covid. Le Conseil natio­nal et le Conseil des États ont fait preuve de modé­ra­tion: ils ont voté des fonds pour les cas de rigueur qui ne seront pas être ver­sés selon le prin­cipe de l’ar­ro­soir mais uti­li­sés de manière ciblée.

En ce qui concerne les assou­plis­se­ments déci­dés par le Conseil fédé­ral, une approche axée sur les risques et ciblée aurait éga­le­ment été jus­ti­fiée: notam­ment eu égard à ses déci­sions de lever l’obli­ga­tion du télé­tra­vail et de ne pas ouvrir les ter­rasses des res­tau­rants. Nous vous invi­tons à lire l’ap­pré­cia­tion détaillée des der­nières déci­sions du Conseil fédé­ral dans le com­mu­ni­qué de presse

De plus amples détails sont dis­po­nibles dans le plan de décon­fi­ne­ment qu’eco­no­mie­suisse a pro­posé il y a quelque temps déjà.

Nous avons éga­le­ment ras­sem­blé des infor­ma­tions dans la page dédiée au covid sur notre site inter­net: page thé­ma­tique sur la pan­dé­mie de covid

Les deux Chambres

Le cloi­son­ne­ment du mar­ché ne ferait pas bais­ser les prix - au contraire

L’ini­tia­tive popu­laire sou­haite garan­tir l’achat non dis­cri­mi­na­toire de biens et de ser­vices à l’étran­ger et empê­cher les res­tric­tions de concur­rence cau­sées par des pra­tiques d’en­tre­prises puis­santes sur le mar­ché. Selon ses auteurs, les entre­prises puis­santes et celles ayant une posi­tion domi­nante rela­tive pour­raient notam­ment se voir obli­gées de four­nir ou d’ache­ter des biens et des ser­vices à des condi­tions spé­ci­fiques aux entre­prises qui dépendent d’elles. L’ini­tia­tive demande en outre une inter­dic­tion du blo­cage de conte­nus inter­net par les four­nis­seurs en fonc­tion de la loca­li­sa­tion (blo­cage géo­gra­phique privé)..

Le contre-pro­jet indi­rect du Conseil fédé­ral reprend le concept de pou­voir de mar­ché rela­tif pro­posé dans l’ini­tia­tive. Son appli­ca­tion se limi­te­rait tou­te­fois aux mesures visant à cloi­son­ner le mar­ché suisse. La régle­men­ta­tion du Conseil fédé­ral ne s’ap­pli­que­rait pas aux situa­tions concer­nant stric­te­ment le mar­ché indi­gène. Le Conseil fédé­ral rejette une inter­dic­tion du blo­cage géo­gra­phique privé en rai­son de dif­fi­cul­tés de mise en œuvre.

Le pro­jet du Conseil fédé­ral a été rema­nié par le Conseil natio­nal au cours de la ses­sion de prin­temps 2020 et reprend désor­mais les pré­oc­cu­pa­tions de l’ini­tia­tive sans conces­sions: en vertu du pro­jet, le droit des car­tels doit cou­vrir non seule­ment les entre­prises qui dominent le mar­ché, mais aussi celles qui ont un pou­voir de mar­ché rela­tif. Contrai­re­ment au Conseil fédé­ral, le Conseil natio­nal entend pro­té­ger non seule­ment les ache­teurs mais aussi les four­nis­seurs s’ils dépendent d’ache­teurs occu­pant une posi­tion domi­nante. Enfin, le contre-pro­jet couvre aussi les rela­tions d’af­faires en Suisse. Le Conseil natio­nal sou­tient une inter­dic­tion géné­rale du blo­cage géo­gra­phique.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse rejette tant l’ini­tia­tive popu­laire que les contre-pro­jets indi­rects du Conseil fédé­ral et du Par­le­ment.

Le cloi­son­ne­ment du mar­ché ne ferait pas bais­ser les prix

Les dif­fé­rences de prix ne sont pas néces­sai­re­ment le résul­tat de prix exces­sifs, mais peuvent s’ex­pli­quer par des coûts sala­riaux plus éle­vés, des risques de change, des régle­men­ta­tions natio­nales diver­gentes ou des dépenses supé­rieures pour l’ac­qui­si­tion de res­sources par exemple. Les dif­fé­rences de prix les plus impor­tantes par rap­port à l’étran­ger concernent des mar­chés indi­gènes fer­més, comme les sec­teurs de la santé ou de l’éner­gie. L’ou­ver­ture des mar­chés, l’ap­pli­ca­tion du prin­cipe du Cas­sis de Dijon, la réduc­tion des droits de douane ainsi que la sup­pres­sion d’obs­tacles (tech­niques) au com­merce et de régle­men­ta­tions seraient des moyens beau­coup plus effi­caces et directs d’agir contre les prix éle­vés en Suisse. Indé­pen­dam­ment de cela, ni l’ini­tia­tive ni les contre-pro­jets indi­rects du Conseil fédé­ral et du Conseil natio­nal ne pré­voit d’obli­ga­tion ou de garan­tie pour que les entre­prises implan­tées en Suisse soient tenues de réper­cu­ter sur leurs clients les avan­tages obte­nus en vertu de la loi sur les car­tels.

Le pou­voir de mar­ché rela­tif, un corps étran­ger dans le droit des car­tels

Une com­pa­rai­son de l’ini­tia­tive avec le contre-pro­jet indi­rect du Par­le­ment montre que les méca­nismes pro­po­sés sont lar­ge­ment iden­tiques. Les deux demandent, entre autres, l’in­tro­duc­tion du concept de pou­voir de mar­ché rela­tif dans le droit des car­tels suisse. Une entre­prise est consi­dé­rée comme dis­po­sant d’un pou­voir de mar­ché rela­tif lorsque d’autres entre­prises indi­vi­duelles en dépendent de telle manière qu’elles n’ont pas de pos­si­bi­li­tés suf­fi­santes et rai­son­nables de pas­ser à d’autres par­te­naires. Il n'existe pas de défi­ni­tion géné­ra­le­ment accep­tée de ce qu'il faut entendre par des pos­si­bi­li­tés «suf­fi­santes et rai­son­nables». Il est pos­sible d’in­ter­ve­nir dans la rela­tion bila­té­rale entre deux entre­prises, même s’il n’y a pas de posi­tion domi­nante sur le mar­ché ou que la concur­rence fonc­tionne glo­ba­le­ment sur le mar­ché concerné.

Pas de concur­rence par les prix en rai­son de la clause de réim­por­ta­tion

Tant l’ini­tia­tive que le contre-pro­jet indi­rect du Par­le­ment sou­tiennent une clause de réim­por­ta­tion qui per­met­trait aux entre­prises suisses de res­treindre l’achat à l’étran­ger des mar­chan­dises qu’elles exportent, à condi­tion que celles-ci soient sim­ple­ment réim­por­tées en Suisse et ven­dues sans autre trans­for­ma­tion. Cela per­met­trait de facto aux entre­prises suisses rela­ti­ve­ment puis­santes sur le mar­ché de conti­nuer à cloi­son­ner le mar­ché suisse. Les entre­prises domi­nant le mar­ché seraient même auto­ri­sées à le faire. Dès lors, les entre­prises et les consom­ma­teurs suisses ne béné­fi­cient fré­quem­ment pas de prix infé­rieurs pour des pro­duits suisses.

Les rai­sons de com­man­der des mar­chan­dises à l’étran­ger plu­tôt qu’en Suisse sont nom­breuses: les entre­prises suisses peuvent par exemple être obli­gées d’ef­fec­tuer de tels achats en rai­son d’en­ga­ge­ments contrac­tuels pris avec des par­te­naires com­mer­ciaux étran­gers. En outre, le franc fort contraint les firmes hel­vé­tiques à impor­ter à des prix plus avan­ta­geux. Or les petites entre­prises sont jus­te­ment tri­bu­taires de prix plus bas pour pou­voir faire face à la concur­rence. La clause de réim­por­ta­tion accorde plus d’im­por­tance aux inté­rêts des entre­prises expor­ta­trices suisses (rela­ti­ve­ment) puis­santes sur le mar­ché qu’aux effets de prix à atteindre pour les consom­ma­teurs.

La clause de réim­por­ta­tion est en outre en conflit avec dif­fé­rents enga­ge­ments inter­na­tio­naux: avec l’ac­cord de libre-échange de la Suisse avec l’UE et l’obli­ga­tion de non-dis­cri­mi­na­tion en vertu du droit de l’OMC, par exemple. Enfin, un pri­vi­lège fac­tuel uni­la­té­ral accordé aux entre­prises suisses pour­rait aller à l’en­contre du prin­cipe du trai­te­ment natio­nal (confor­mé­ment aux dis­po­si­tions per­ti­nentes de l’OMC et de l’ac­cord de libre-échange) et enver­rait un signal néga­tif aux pays voi­sins et à l’UE. Cette rup­ture avec les prin­cipes de base du droit des car­tels pour­rait par consé­quent sus­ci­ter de vio­lentes réac­tions de la part des pays voi­sins et de l’OCDE.

Blo­cage géo­gra­phique: sou­vent une néces­sité et non un outil pour cloi­son­ner un mar­ché

Une inter­dic­tion géné­rale du blo­cage géo­gra­phique consti­tue éga­le­ment un obs­tacle à la libre concur­rence. Elle peut être néces­saire pour des rai­sons de pro­tec­tion des consom­ma­teurs (dif­fé­rences en matière de devoirs d’in­for­ma­tion, de garan­ties) ou en rai­son d’as­pects régle­men­taires (pro­duits des mar­chés finan­ciers, pro­duits phar­ma­ceu­tiques, etc.) par exemple. Le Conseil fédé­ral sou­ligne à juste titre qu’une inter­dic­tion sans accord inter­na­tio­nal cor­res­pon­dant sus­ci­te­rait de grandes dif­fi­cul­tés d’ap­pli­ca­tion et serait donc sans effet.

État des déli­bé­ra­tions

Une inter­dic­tion géné­rale du blo­cage géo­gra­phique consti­tue éga­le­ment un obs­tacle à la libre concur­rence. Elle peut être néces­saire pour des rai­sons de pro­tec­tion des consom­ma­teurs (dif­fé­rences en matière de devoirs d’in­for­ma­tion, de garan­ties) ou en rai­son d’as­pects régle­men­taires (pro­duits des mar­chés finan­ciers, pro­duits phar­ma­ceu­tiques, etc.) par exemple. Le Conseil fédé­ral sou­ligne à juste titre qu’une inter­dic­tion sans accord inter­na­tio­nal cor­res­pon­dant sus­ci­te­rait de grandes dif­fi­cul­tés d’ap­pli­ca­tion et serait donc sans effet.

État des déli­bé­ra­tions

Le Par­le­ment a accepté un contre-pro­jet indi­rect à l’ini­tia­tive Pour des prix équi­tables et met de facto en œuvre l’ini­tia­tive popu­laire sans réfé­ren­dum. Les ini­tiants ont annoncé le retrait de leur pro­jet.

On peut se deman­der si les nou­veaux ins­tru­ments créés dans le cadre du droit des car­tels et de la loi contre la concur­rence déloyale per­met­tront effec­ti­ve­ment de réduire les prix. À l’ins­tar du Conseil fédé­ral, eco­no­no­mie­suisse avait signalé que l’in­tro­duc­tion du concept de «pou­voir de mar­ché rela­tif» (une nou­veauté dans notre sys­tème juri­dique) ne ferait pas bais­ser signi­fi­ca­ti­ve­ment les prix. Cela vaut aussi pour l’in­ter­dic­tion, nou­velle, du blo­cage géo­gra­phique. Les inter­dic­tions frap­pant actuel­le­ment les entre­prises ayant une posi­tion domi­nante s’ap­pli­que­ront désor­mais aussi aux entre­prises ayant un «pou­voir de mar­ché rela­tif». Une entre­prise est dans cette posi­tion lors­qu’un par­te­naire com­mer­cial dépend d’elle en tant que four­nis­seur ou en tant que client. Il faut éva­luer les situa­tions au cas par cas. Les nou­veaux ins­tru­ments créent donc une insé­cu­rité juri­dique pour les entre­prises locales.

On peut saluer la déci­sion du Par­le­ment de ne pas intro­duire une clause de réim­por­ta­tion pro­blé­ma­tique. Enfin, il est impor­tant de gar­der à l’es­prit que les nou­veaux ins­tru­ments ne s’at­taquent pas aux véri­tables causes des prix éle­vés en Suisse. Dès lors, il s’agit de pour­suivre la lutte exi­geante et impor­tante contre les obs­tacles non tari­faires au com­merce et les régle­men­ta­tions ren­ché­ris­sant les pro­duits.

L’au­to­no­mie des ins­ti­tu­tions des EPF doit être pré­ser­vée

Les adap­ta­tions pro­po­sées pour la loi sur les EPF du 4 octobre 1991 tiennent compte en par­ti­cu­lier des recom­man­da­tions du Contrôle fédé­ral des finances (CDF) rela­tives aux com­pé­tences géné­rales de sur­veillance du Conseil des EPF et de deux prin­cipes direc­teurs de la gou­ver­nance d’en­tre­prise (limi­ta­tion du droit de vote et récu­sa­tion pour les membres ins­ti­tu­tion­nels du Conseil des EPF). D’autres adap­ta­tions concernent la poli­tique du per­son­nel (notam­ment la pos­si­bi­lité d’em­ployer un pro­fes­seur au-delà de l’âge ordi­naire de la retraite et celle de pro­lon­ger les contrats à durée déter­mi­née) et la créa­tion d’une base légale pour la vente de l’éner­gie excé­den­taire pro­duite ou ache­tée par les ins­ti­tu­tions pour leur propre consom­ma­tion, les mesures dis­ci­pli­naires ainsi que les ser­vices de sécu­rité et la vidéo­sur­veillance.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

Afin de main­te­nir une auto­no­mie maxi­male pour les ins­ti­tu­tions des EPF, eco­no­mie­suisse recom­mande d’ap­prou­ver le pro­jet et de prendre les déci­sions ci-après pour ce qui concerne les ultimes diver­gences:

– Au cours de la ses­sion d’hi­ver 2020, le Conseil des États a pro­posé un com­pro­mis au sujet du droit de recours. Il est posi­tif pour l’éco­no­mie suisse. La révi­sion de la loi sur les EPF doit être ache­vée afin que le Conseil des EPF et les dif­fé­rentes ins­ti­tu­tions dis­posent de sécu­rité juri­dique. L’éco­no­mie recom­mande donc d’ac­cep­ter le com­pro­mis (sou­te­nir la mino­rité à l’art. 37, al. 2bis). Le droit de recours des ins­ti­tu­tions des EPF par rap­port au Conseil des EPF est à main­te­nir.

– C’est une bonne chose que le Conseil fédé­ral élise les membres de la com­mis­sion de recours (art. 37a).

Pas de sup­pres­sion du droit de recours

Le pro­jet de révi­sion pro­posé ini­tia­le­ment modi­fiait sen­si­ble­ment la col­la­bo­ra­tion entre le Conseil des EPF et les dif­fé­rentes ins­ti­tu­tions du domaine des EPF sur deux points. Pre­miè­re­ment, le Conseil des EPF devait être habi­lité à émettre des direc­tives et aurait donc pu inter­fé­rer de manière inad­mis­sible avec l’au­to­no­mie des ins­ti­tu­tions. Deuxiè­me­ment, le droit de recours des dif­fé­rentes ins­ti­tu­tions doit être res­treint. Ainsi, les ins­ti­tu­tions auraient été à la merci des direc­tives du Conseil des EPF, et ce même lorsque celles-ci vont à l’en­contre de la loi sur les EPF..

Lors de l’éli­mi­na­tion des diver­gences, le Conseil des États a for­mulé une pro­po­si­tion qui pré­voit une pos­si­bi­lité de recours dans cer­tains domaines, mais pas dans d’autres, celui du per­son­nel par exemple. Du point de vue de l’éco­no­mie, il pour­rait être judi­cieux que le Conseil des EPF et les ins­ti­tu­tions par­viennent à un accord sur l’al­lo­ca­tion des fonds et le per­son­nel, plu­tôt que de lan­cer une longue pro­cé­dure de recours. Dans tous les autres domaines, il est impé­ra­tif que le droit de recours soit main­tenu pour les déci­sions impor­tantes du Conseil des EPF: sinon les ins­ti­tu­tions concer­nées n’au­raient aucune voie de droit ordi­naire face à une déci­sion du Conseil des EPF empié­tant de manière inad­mis­sible sur leur auto­no­mie. Le seul moyen qu’au­raient alors les ins­ti­tu­tions d’agir serait de dénon­cer le Conseil des EPF au Conseil fédé­ral. Cela condui­rait à une épreuve de force poli­tique qui ne peut être dans l’in­té­rêt des ins­ti­tu­tions des EPF. En effet, une que­relle poli­tique sur des dif­fé­rences de point de vue por­te­rait pré­ju­dice à la répu­ta­tion du domaine des EPF dans son ensemble. Pour l’éco­no­mie, la pro­po­si­tion du Conseil des États repré­sente un bon com­pro­mis.

La nomi­na­tion des membres de la com­mis­sion de recours par le Conseil fédé­ral est sen­sée

eco­no­mie­suisse recom­mande que ce soit le Conseil fédé­ral qui élise les membres de la com­mis­sion de recours et adopte son règle­ment inté­rieur, et non le Conseil des EPF comme c’est le cas actuel­le­ment. Cela peut être tout à fait judi­cieux au vu de consi­dé­ra­tions rela­tives à la gou­ver­nance. Sur ce point, la Chambre basse ferait bien de se ral­lier à la Chambre haute.

État des déli­bé­ra­tions

Au cours de la ses­sion de prin­temps 2021, le pro­jet sera sou­mis au deuxième tour de l’éli­mi­na­tion des diver­gences. Il figure à l’ordre du jour des deux Chambres - à com­men­cer par le Conseil natio­nal.

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

eco­no­mie­suisse salue la déci­sion claire du Par­le­ment de main­te­nir le droit de recours des ins­ti­tu­tions du domaine des EPF à l’en­contre du Conseil des EPF. Le Par­le­ment sup­prime tou­te­fois le droit de recours pour les déci­sions rela­tives au per­son­nel et à l’al­lo­ca­tion des fonds. Ce com­pro­mis est accep­table pour les milieux éco­no­miques; il garan­tit l’au­to­no­mie des ins­ti­tu­tions concer­nées et leur offre la sécu­rité juri­dique néces­saire. Il est déci­sif pour la place éco­no­mique que les ins­ti­tu­tions du domaine des EPF aient une indé­pen­dance maxi­male. C’est le seul moyen de pré­ser­ver la répu­ta­tion et la qua­lité des Écoles poly­tech­niques fédé­rales. Tout le monde en béné­fi­cie.

La for­ma­tion et la for­ma­tion conti­nue du per­son­nel soi­gnant doit res­ter une tâche can­to­nale

Il s’agit d’un contre-pro­jet indi­rect de la Com­mis­sion de la sécu­rité sociale et de la santé publique du Conseil natio­nal (CSSS-N) à l’ini­tia­tive popu­laire «Pour des soins infir­miers forts» (ini­tia­tive sur les soins infir­miers, 18.079). Il pro­pose de mener une cam­pagne de for­ma­tion cofi­nan­cée par la Confé­dé­ra­tion pour atté­nuer la pénu­rie de per­son­nel soi­gnant et ren­for­cer l’at­trait de la pro­fes­sion d’in­fir­mier grâce à des com­pé­tences addi­tion­nelles.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse rejette l’ini­tia­tive popu­laire ainsi que le contre-pro­jet. Sur le prin­cipe, l’éco­no­mie sou­tient la volonté for­mu­lée dans le contre-pro­jet et l’ini­tia­tive de garan­tir un per­son­nel soi­gnant infir­mier en nombre suf­fi­sant et une affec­ta­tion conforme à ses com­pé­tences. Cepen­dant, les deux pro­jets ratent leur cible et sapent, entre autres, le prin­cipe éprouvé de la sub­si­dia­rité de notre sys­tème poli­tique et la gou­ver­nance finan­cière.

Les tâches de la Confé­dé­ra­tion et des can­tons doivent être sépa­rées et non enche­vê­trées davan­tage

Il résul­te­rait du contre-pro­jet indi­rect un enche­vê­tre­ment accru des tâches fédé­rales et can­to­nales («com­pé­tences com­munes»). Or la répar­ti­tion des tâches était un pilier majeur de la grande réforme de la péréqua­tion et de la répar­ti­tion des tâches entre la Confé­dé­ra­tion et les can­tons (RPT) de 2008. De nom­breuses tâches rele­vant de la com­pé­tence conjointe de la Confé­dé­ra­tion et des can­tons («tâches com­munes») ont ainsi été désen­che­vê­trées à cette occa­sion et pla­cées sous la res­pon­sa­bi­lité exclu­sive de la Confé­dé­ra­tion ou des can­tons.

Quan­tité de tâches com­munes per­durent tou­te­fois. Cette évo­lu­tion est donc en contra­dic­tion avec les prin­cipes fon­da­men­taux du fédé­ra­lisme suisse. La sub­si­dia­rité demande la plus grande proxi­mité pos­sible avec les citoyens, et l’équi­va­lence fis­cale implique que celui qui paie com­mande. Ces prin­cipes ins­crits dans la Consti­tu­tion fédé­rale doivent être appli­qués. L’éco­no­mie sou­tient par consé­quent depuis des années un réexa­men de la répar­ti­tion des tâches et la pour­suite de ce pro­ces­sus. L’ini­tia­tive popu­laire ainsi que le contre-pro­jet indi­rect actuel vont à l’en­contre de ces efforts et doivent être reje­tés. Au vu de ce qui pré­cède, les deux pro­jets doivent être reje­tés.

État des déli­bé­ra­tions

Au cours de la ses­sion de prin­temps 2021, le Conseil natio­nal se pen­chera pour la deuxième fois sur les diver­gences du contre-pro­jet indi­rect (19.401). Sa com­mis­sion lui pro­pose de main­te­nir ses déci­sions sur les points encore en sus­pens.

Le Conseil fédé­ral et le Conseil natio­nal rejettent l’ini­tia­tive popu­laire (18.079). Le Conseil des États n’a pas encore for­mulé de recom­man­da­tion.

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

Le Par­le­ment a accepté un contre-pro­jet indi­rect à l’ini­tia­tive pour les soins infir­miers, une déci­sion qu’eco­no­mie­suisse déplore. Il est posi­tif que les pres­ta­taires (orga­ni­sa­tions de soins à domi­cile, mai­sons de retraite, soi­gnants) puissent four­nir cer­taines pres­ta­tions sans ordon­nance médi­cale. Cela accroî­tra les com­pé­tences des infir­miers et l’at­trait de leur pro­fes­sion. Cepen­dant, les dépenses du sys­tème de santé risquent de s’alour­dir si davan­tage de pres­ta­taires sont en mesure de fac­tu­rer. Afin d’évi­ter cela, les asso­cia­tions pro­fes­sion­nelles et les assu­reurs doivent conclure des conven­tions natio­nales per­met­tant de sur­veiller l’évo­lu­tion quan­ti­ta­tive des soins four­nis sans ordon­nance médi­cale. Il serait pré­fé­rable que les assu­reurs et les pres­ta­taires puissent conclure direc­te­ment des contrats de ser­vices.

L’ini­tia­tive et le contre-pro­jet entraî­ne­raient des coûts sup­plé­men­taires consi­dé­rables, notam­ment pour les can­tons, aux­quels le Par­le­ment a imposé des coûts sup­plé­men­taires à hau­teur de 469 mil­lions de francs. Ils ont l’obli­ga­tion de sou­te­nir les futurs infir­miers afin de les aides à sub­ve­nir à leurs besoins. Le Par­le­ment a créé une nou­velle tâche com­mune, qui enche­vêtre les res­pon­sa­bi­li­tés et affai­blit notre sys­tème fédé­ral.

Natio­nal­rat

REN­FOR­CER LE DIS­PO­SI­TIF SUISSE DE LUTTE CONTRE LE BLAN­CHI­MENT D’AR­GENT

Le Groupe d’ac­tion finan­cière (GAFI) a éla­boré des recom­man­da­tions qui consti­tuent la norme inter­na­tio­nale pour lut­ter contre le blan­chi­ment d’ar­gent, le finan­ce­ment du ter­ro­risme et la pro­li­fé­ra­tion des armes de des­truc­tion mas­sive. Dans le cadre de l’exa­men par les pairs, il exa­mine régu­liè­re­ment si la légis­la­tion natio­nale de ses États membres cor­res­pond à ses recom­man­da­tions. L’ob­jec­tif du pré­sent pro­jet est de mettre en œuvre les prin­ci­pales recom­man­da­tions du rap­port sur la Suisse.

Le GAFI y recon­naît la bonne qua­lité du dis­po­si­tif suisse visant à lut­ter contre le blan­chi­ment d’ar­gent et le finan­ce­ment du ter­ro­risme. Il a tou­te­fois éga­le­ment iden­ti­fié des fai­blesses dans cer­tains domaines et for­mulé des recom­man­da­tions y rela­tives. Sur la base des mesures prises et de la pré­sente révi­sion, la Suisse est consi­dé­rée comme pro­gres­sant de manière satis­fai­sante.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse sou­tient l’adap­ta­tion de la loi sur le blan­chi­ment d’ar­gent aux stan­dards du GAFI. Les chan­ge­ments pro­po­sés ren­for­ce­ront encore l’ex­cellent dis­po­si­tif de la Suisse. Ils repré­sentent un pas sup­plé­men­taire impor­tant vers la coor­di­na­tion inter­na­tio­nale.

Pré­ci­ser le «soup­çon fondé»

eco­no­mie­suisse salue le fait que la Suisse s’en tienne au sys­tème éprouvé de «l’obli­ga­tion et du droit de com­mu­ni­quer». Cer­tains points devraient encore être adap­tés dans la pers­pec­tive d’un nou­vel exa­men du GAFI. Concrè­te­ment, il faut pré­ci­ser le «soup­çon fondé» et quand il y a obli­ga­tion de com­mu­ni­quer. Une déli­mi­ta­tion plus pré­cise de cette obli­ga­tion par rap­port au droit de com­mu­ni­quer aurait le mérite de cla­ri­fier la notion de «simple doute» uti­li­sée par le Tri­bu­nal fédé­ral, une pra­tique vive­ment cri­ti­quée par la branche. Sachant qu’ef­fec­tuer à tort ou à rai­son une com­mu­ni­ca­tion rela­tive au blan­chi­ment d’ar­gent peut avoir des consé­quences graves (amende de 500 000 francs ou chô­mage, par exemple) pour les col­la­bo­ra­teurs concer­nés d’un inter­mé­diaire finan­cier, il est indis­pen­sable de pré­ci­ser dans la loi les condi­tions dans les­quelles le soup­çon est fondé (et non uni­que­ment dans l’or­don­nance, comme prévu actuel­le­ment). Le droit de com­mu­ni­quer devrait éga­le­ment être réglé dans la loi et déli­mité par rap­port à l’obli­ga­tion de com­mu­ni­quer.

Prise en compte des déve­lop­pe­ments inter­na­tio­naux

En même temps, il est essen­tiel que le seuil à par­tir duquel une com­mu­ni­ca­tion est obli­ga­toire ne soit pas fixé trop haut, afin que la Suisse envoie les bons signaux à l’échelle inter­na­tio­nale et que la défi­ni­tion n’aille pas à l’en­contre des efforts déployés pour enre­gis­trer les com­mu­ni­ca­tions en matière de blan­chi­ment d’ar­gent. La for­mu­la­tion rete­nue par le Conseil des États com­porte un risque que la Suisse reçoive une note insa­tis­fai­sante lors du pro­chain exa­men par les pairs du GAFI. Le Conseil des États lui-même l’avait admis lors des déli­bé­ra­tions de l’au­tomne 2020 et avait enjoint le Conseil natio­nal de «trou­ver une meilleure for­mu­la­tion».

État des déli­bé­ra­tions

Le pro­jet se trouve au stade de l’éli­mi­na­tion des diver­gences et sera exa­miné par le Conseil natio­nal lors de la ses­sion de prin­temps 2021. Sa Com­mis­sion des affaires juri­diques (CAJ-N) avait décidé de suivre le Conseil des États et de sup­pri­mer, entre autres, les dis­po­si­tions rela­tives aux conseillers ainsi que celles concer­nant l’abais­se­ment du seuil pour les paie­ments en espèces dans le com­merce des métaux pré­cieux et des pierres pré­cieuses.

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

Au cours de la ses­sion, le Par­le­ment a éli­miné les der­nières diver­gences dans le pro­jet de révi­sion de la loi sur le blan­chi­ment d’ar­gent (LBA). Il a notam­ment dis­cuté du seuil à par­tir duquel une com­mu­ni­ca­tion est obli­ga­toire en pré­sence de sus­pi­cions. Le Par­le­ment a accepté le pro­jet lors du vote final. La for­mu­la­tion rete­nue fixe dans la loi la pra­tique actuelle, qui est conforme aux normes inter­na­tio­nales. La révi­sion ren­force l’ex­cellent dis­po­si­tif suisse de lutte contre le blan­chi­ment d’ar­gent et donc la place éco­no­mique suisse. Vous pou­vez lire du pro­jet ici une éva­lua­tion détaillée de l'évo­lu­tion du pro­jet.

L’ini­tia­tive d’in­ter­dic­tion de la recherche menace la recherche suisse et la santé de la popu­la­tion

L’ini­tia­tive popu­laire «Oui à l’in­ter­dic­tion de l’ex­pé­ri­men­ta­tion ani­male et humaine - Oui aux approches de recherche qui favo­risent la sécu­rité et le pro­grès» exige une inter­dic­tion totale de l’ex­pé­ri­men­ta­tion ani­male et humaine. La réa­li­sa­tion d’ex­pé­riences sur les ani­maux doit être consi­dé­rée comme de la cruauté envers les ani­maux et sanc­tion­née à ce titre. De plus, l’ini­tia­tive ban­nit l’im­por­ta­tion et le com­merce de tous les pro­duits (pro­duits médi­caux comme des vac­cins) issus de l’ex­pé­ri­men­ta­tion ani­male.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse rejette fer­me­ment l’ini­tia­tive popu­laire pour les rai­sons ci-après. L’éco­no­mie s’op­pose éga­le­ment à l’éla­bo­ra­tion d’un contre-pro­jet.

Affai­blis­se­ment de la recherche suisse

L’at­trac­ti­vité et la force de la Suisse en tant que haut lieu de la recherche sont l’une des clés de son suc­cès. Les trois quarts des dépenses de recherche de notre pays sont le fait du sec­teur privé. L’in­dus­trie chi­mique et phar­ma­ceu­tique joue à cet égard un rôle émi­nent. Elle est aussi un pilier de l’éco­no­mie suisse, dont elle a été par son excel­lence, toutes ces der­nières années, un moteur de crois­sance et d’ex­por­ta­tion. L’ini­tia­tive popu­laire obli­ge­rait les entre­prises actives dans ces branches impor­tantes à délo­ca­li­ser une par­tie de leurs acti­vi­tés à l’étran­ger. En consé­quence, des emplois dis­pa­raî­traient. Ses sévères res­tric­tions rédui­raient aussi consi­dé­ra­ble­ment l’at­trait des hautes écoles hel­vé­tiques, ris­quant même de pro­vo­quer la fer­me­ture de cer­tains éta­blis­se­ments de recherche.

Incom­pa­ti­bi­lité avec les enga­ge­ments inter­na­tio­naux

Comme le sou­ligne le Conseil fédé­ral, l’in­ter­dic­tion d’im­por­ta­tion et de com­merce pré­vue par l’ini­tia­tive n’est pas com­pa­tible avec les enga­ge­ments inter­na­tio­naux de la Suisse. Une telle mesure serait en contra­dic­tion avec la poli­tique com­mer­ciale natio­nale et inter­na­tio­nale de notre pays. La Suisse vio­le­rait notam­ment ses obli­ga­tions envers l’OMC, l’UE et d’autres par­te­naires com­mer­ciaux. Des dif­fé­rends com­mer­ciaux et des mesures de rétor­sion pour­raient en résul­ter. Des fonc­tion­naires suisses devraient pou­voir contrô­ler dans quelles condi­tions des pro­duits impor­tés ont été fabri­qués, ce qui occa­sion­ne­rait des charges dis­pro­por­tion­nées.

Mise en dan­ger de l’ap­pro­vi­sion­ne­ment de la popu­la­tion suisse en médi­ca­ments

Enfin et sur­tout, l’ini­tia­tive aurait de graves consé­quences sur le sys­tème de santé en Suisse. Puisque les pro­duits déve­lop­pés grâce à l’ex­pé­ri­men­ta­tion ani­male et aux études cli­niques ne pour­raient être ni fabri­qués ni impor­tés, l’ap­pro­vi­sion­ne­ment de la popu­la­tion en médi­ca­ments, vac­cins et autres pro­duits médi­caux ne serait donc pas garanti. La popu­la­tion suisse ne pour­rait pas non plus béné­fi­cier des médi­ca­ments et des méthodes de trai­te­ment les plus récents dans le déve­lop­pe­ment des­quels l’ex­pé­ri­men­ta­tion ani­male a joué un rôle.

Il n’y a pas d’al­ter­na­tive

Du point de vue scien­ti­fique, il n’existe tou­jours pas d’al­ter­na­tive pour de nom­breuses expé­riences sur les ani­maux. Le moment est mal choisi pour éta­blir le plan de sor­tie exigé par la mino­rité de la CSEC-N et mettre en péril l’ave­nir de la recherche en Suisse dans des domaines vitaux. Des cri­tères et des inter­dic­tions sup­plé­men­taires pour l’ex­pé­ri­men­ta­tion ani­male, tels que ceux envi­sa­gés par les mino­ri­tés, ren­draient les tra­vaux de recherche beau­coup plus dif­fi­ciles, pour lut­ter contre une pan­dé­mie par exemple. Le Conseil natio­nal s’est récem­ment pro­noncé très clai­re­ment contre des inter­dic­tions sup­plé­men­taires (rejet de l’ini­tia­tive par­le­men­taire 18.491). Il n’y a aucune rai­son, sur­tout dans la situa­tion actuelle, de modi­fier cette déci­sion claire du Conseil natio­nal.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil natio­nal, pre­mier conseil, trai­tera cette ini­tia­tive au cours de la ses­sion de prin­temps 2021. Sa com­mis­sion de la science, de l’édu­ca­tion et de la culture (CSEC-N) a rejeté l’ini­tia­tive à l’una­ni­mité. Une mino­rité pro­pose de lui oppo­ser un contre-pro­jet direct ou indi­rect.

Le Conseil fédé­ral recom­mande au peuple et aux can­tons de reje­ter l’ini­tia­tive popu­laire.

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

La popu­la­tion suisse doit conti­nuer à avoir accès aux médi­ca­ments, vac­cins et méthodes de trai­te­ment les plus modernes. À l’ins­tar du Conseil fédé­ral, le Conseil natio­nal recom­mande éga­le­ment au peuple de reje­ter cette ini­tia­tive popu­laire radi­cale sans contre-pro­jet. eco­no­mie­suisse se féli­cite de la déci­sion claire du Conseil natio­nal; tous les groupes par­le­men­taires rejettent l’ini­tia­tive popu­laire. Cela n’est pas sur­pre­nant dans le contexte de la pan­dé­mie de covid, car accep­ter l’ini­tia­tive équi­vau­drait à inter­dire de facto la recherche - avec des consé­quences néga­tives pour la recherche suisse et la santé de la popu­la­tion suisse.

Une inter­dic­tion stricte de la publi­cité pour les pro­duits du tabac va à l’en­contre de droits consti­tu­tion­nels

L’ini­tia­tive popu­laire demande que soit inter­dite toute forme de publi­cité et de spon­so­ring pour les pro­duits du tabac qui les atteint. Selon ses auteurs, elle doit être inter­pré­tée au sens large. L’in­ter­dic­tion de la publi­cité devrait ainsi éga­le­ment s’ap­pli­quer aux pro­duits de sub­sti­tu­tion tels que la ciga­rette élec­tro­nique. Seule la publi­cité des­ti­née exclu­si­ve­ment aux adultes et n’at­tei­gnant pas les mineurs res­te­rait admise.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse rejette cette ini­tia­tive. En cas d’ac­cep­ta­tion, des pro­duits légaux ne pour­raient plus faire l’ob­jet de publi­cité en Suisse. Même dans les kiosques à jour­naux, la publi­cité serait de facto inter­dite. Cela repré­sente une intru­sion de grande ampleur à la liberté éco­no­mique (art. 27 Cst.). Les res­tric­tions deman­dées, qui impliquent une inter­dic­tion totale de la publi­cité pour le tabac et les pro­duits de sub­sti­tu­tion, sont exces­sives et dis­pro­por­tion­nées, et doivent donc être balayées. Une inter­dic­tion totale et indif­fé­ren­ciée de la publi­cité consti­tue­rait une inter­ven­tion radi­cale et une res­tric­tion injus­ti­fiable de droits consti­tu­tion­nels éta­blis. La pro­tec­tion de la jeu­nesse, aussi impor­tante et jus­ti­fiée soit-elle, ne doit pas ser­vir de pré­texte pour inter­dire lar­ge­ment la com­mu­ni­ca­tion et la publi­cité. De plus, inter­dire la publi­cité revien­drait à inter­dire l’in­no­va­tion. Enfin, inter­dire la publi­cité crée­rait un dan­ge­reux pré­cé­dent pour d’autres pro­duits, tels que l’al­cool ou les ali­ments gras et sucrés.

À cela s’ajoute qu’il existe un lien étroit avec les déli­bé­ra­tions actuelles sur la loi sur les pro­duits du tabac. Eu égard aux res­tric­tions publi­ci­taires, le Conseil natio­nal a opté, en décembre 2020, pour une approche stricte mais plus équi­li­brée par rap­port à la ver­sion de sep­tembre 2019 du Conseil des États. Pour eco­no­mie­suisse, c’est un pas impor­tant dans la bonne direc­tion. La ver­sion du Conseil des États et la pré­sente ini­tia­tive visent toutes deux une inter­dic­tion totale et indif­fé­ren­ciée de la publi­cité et vont donc indé­nia­ble­ment trop loin.

État des déli­bé­ra­tions

Au cours de la ses­sion de prin­temps 2021, le Conseil natio­nal, pre­mier conseil, exa­mi­nera le pro­jet. À l’ins­tar du Conseil fédé­ral, sa com­mis­sion (CSSS-N) recom­mande au peuple et aux can­tons de reje­ter le pro­jet.

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

Le Conseil natio­nal a suivi le Conseil fédé­ral et recom­mande à la popu­la­tion de reje­ter l’ini­tia­tive popu­laire sans contre-pro­jet. Une inter­dic­tion de la publi­cité aussi radi­cale et indif­fé­ren­ciée allait trop loin pour la Chambre basse. eco­no­mie­suisse sou­tient éga­le­ment cette recom­man­da­tion. Accep­ter l’ini­tia­tive popu­laire, c’est approu­ver une intru­sion dans la liberté éco­no­mique garan­tie par la Consti­tu­tion et - comme l’ont très jus­te­ment relevé plu­sieurs conseillers natio­naux - donc créer un dan­ge­reux pré­cé­dent pour d’autres pro­duits tels que les ali­ments gras et sucrés, l’al­cool ou la viande. Pour les pro­duits alter­na­tifs, poten­tiel­le­ment moins nocifs, comme les pro­duits du tabac à chauf­fer et les e-ciga­rettes, une inter­dic­tion totale de la publi­cité équi­vau­drait en outre à une inter­dic­tion de l’in­no­va­tion. Il ne serait dès lors pas pos­sible de mener une poli­tique visant à atté­nuer les risques. Il est juste et impor­tant de pro­té­ger les enfants et les jeunes contre la publi­cité pour les pro­duits du tabac et les e-ciga­rettes. Il y a lieu de le faire en intro­dui­sant des mesures ciblées et pro­por­tion­nées dans la loi sur les pro­duits du tabac en dis­cus­sion. La voie choi­sie par le Conseil natio­nal lors de la ses­sion d’hi­ver repré­sente un pre­mier pas dans la bonne direc­tion.

Pré­ser­ver la sta­bi­lité finan­cière grâce à des dis­po­si­tions tran­si­toires essen­tielles

Les ins­tru­ments «too big to fail» (TBTF), tels que les bail-in bonds, sont un outil impor­tant pour per­mettre aux banques de satis­faire aux exi­gences régle­men­taires en matière de fonds propres. Les dis­po­si­tions actuelles concer­nant l’exo­né­ra­tion des inté­rêts (de l’im­pôt anti­cipé) arrivent à échéance à la fin de 2021. Dans l’in­té­rêt de la sta­bi­lité finan­cière, le Conseil fédé­ral pro­pose de pro­lon­ger de cinq ans, c’est-à-dire jus­qu’à fin 2026, les exo­né­ra­tions. Du fait que l’exo­né­ra­tion figure déjà dans le droit en vigueur, la mesure n’en­traî­nera pas de consé­quences par­ti­cu­lières.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse sou­tient la pro­lon­ga­tion de l’exo­né­ra­tion de l’im­pôt anti­cipé gre­vant les inté­rêts sur les ins­tru­ments TBTF et recom­mande d’ac­cep­ter le pro­jet. Sinon, les ins­tru­ments TBTF concer­nés per­draient de leur attrait pour les inves­tis­seurs étran­gers, les banques d’im­por­tance sys­té­mique auraient plus de dif­fi­culté à consti­tuer des fonds propres et par consé­quent, la place finan­cière suisse ver­rait sa résis­tance aux crises d’af­fai­blir.

Néces­sité fon­da­men­tale d’une réforme de l’im­pôt anti­cipé

En pra­tique, les inves­tis­seurs inter­na­tio­naux ne peuvent géné­ra­le­ment pas, ou alors très dif­fi­ci­le­ment, récu­pé­rer l’im­pôt anti­cipé sur les pla­ce­ments suisses. Et même s’ils peuvent deman­der son rem­bour­se­ment, sur la base d’une conven­tion de double impo­si­tion, les charges admi­nis­tra­tives et le retard sont trop impor­tants. Les condi­tions-cadre de l’im­pôt anti­cipé sont dépas­sées dans le sec­teur finan­cier et indus­triel, rai­son pour laquelle il est néces­saire de réfor­mer cet impôt. Même si l’éco­no­mie sou­tient la nou­velle pro­lon­ga­tion de l’exo­né­ra­tion, l’ob­jec­tif doit être d’éli­mi­ner le pro­blème de l’im­pôt anti­cipé sur les obli­ga­tions et de garan­tir des condi­tions-cadre iden­tiques pour tous les acteurs du mar­ché finan­cier.

Les déve­lop­pe­ments inter­na­tio­naux rendent la réforme de l’im­pôt anti­cipé urgente

L’exo­né­ra­tion intro­duite en 2013 était ini­tia­le­ment limi­tée à quatre ans, dans l’at­tente d’une réforme fon­da­men­tale de l’im­pôt anti­cipé. La révi­sion n’ayant pas été mise sous toit dans ce délai, l’exo­né­ra­tion a dû être pro­lon­gée de cinq ans à par­tir de 2017. La réforme de l’im­pôt anti­cipé 2021 se fait tou­jours attendre. C’est pour­quoi il est prévu de pro­lon­ger encore une fois de cinq ans les dis­po­si­tions d’exo­né­ra­tion. L’éco­no­mie a besoin d’une réforme bien avant l’ex­pi­ra­tion de la mesure dis­cu­tée ici. Le dur­cis­se­ment des exi­gences inter­na­tio­nales dans le sillage du pro­jet BEPS (Base ero­sion and pro­fit shif­ting) de l’OCDE et les dis­cus­sions sur la numé­ri­sa­tion en cours au sein de l’OCDE/G20 rendent d’au­tant plus urgente une réforme de l’im­pôt anti­cipé déjà atten­due de longue date.

Sup­pri­mer des obs­tacles au finan­ce­ment des entre­prises

Le mes­sage du Conseil fédé­ral sur la réforme de l’im­pôt anti­cipé est annoncé pour le deuxième tri­mestre 2021. Ses pierres angu­laires ont d’ores été fixées. Les milieux éco­no­miques sou­tiennent les axes défi­nis par le Conseil fédé­ral et recom­man­de­ront au Par­le­ment de les mettre en œuvre dans la loi. La réforme ne doit pas conduire à un nou­vel échec, en par­ti­cu­lier à un moment où l’éco­no­mie suisse a plus que jamais besoin de condi­tions-cadre favo­rables. Il est temps de lever ces obs­tacles au finan­ce­ment des entre­prises et au déve­lop­pe­ment du mar­ché suisse des capi­taux.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil natio­nal, pre­mier conseil, a exa­miné ce pro­jet au cours de la ses­sion de prin­temps 2021. Sa Com­mis­sion de l’éco­no­mie et des rede­vances (CER-N) lui pro­pose de l’ac­cep­ter (22 voix contre 0 et 3 abs­ten­tions).

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

Le Conseil natio­nal a voté sans oppo­si­tion en faveur de l’exo­né­ra­tion des inté­rêts sur les ins­tru­ments TBTF pour une nou­velle période de 5 ans (jus­qu’en 2026). eco­no­mie­suisse se féli­cite de cette déci­sion claire, qui contri­bue à la sta­bi­lité de la place finan­cière suisse. La vaste réforme de l’im­pôt anti­cipé reste néan­moins une prio­rité et doit être mise sur le métier au plus vite.

Conseil des États

AVS21: cor­ri­ger une solu­tion trom­peuse et dés­équi­li­brée

Il est urgent d’as­sai­nir l’AVS. Depuis 2014, les recettes et les dépenses ne sont plus équi­li­brées. Et les pers­pec­tives vont encore se dégra­der avec le départ à la retraite des baby-boo­mers à par­tir de 2020. Toutes les ten­ta­tives d’ajus­ter la pré­voyance vieillesse ces vingt der­nières années ont échoué parce qu’elles étaient jugées dés­équi­li­brées ou trop com­plexes. La réforme AVS21 doit donc se limi­ter aux élé­ments essen­tiels pour main­te­nir le niveau des pres­ta­tions et garan­tir la situa­tion finan­cière.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

La Com­mis­sion de la sécu­rité sociale et de la santé publique du Conseil des États (CSSS-E) a achevé ses déli­bé­ra­tions sur la réforme AVS21. Mal­heu­reu­se­ment, elle a man­qué une occa­sion d’équi­li­brer le pro­jet du Conseil fédé­ral. En rele­vant le pla­fond pour les couples et en aug­men­tant le finan­ce­ment addi­tion­nel, elle a adopté une réforme trom­peuse et dés­équi­li­brée. Au vu des énormes défis finan­ciers actuels, eco­no­mie­suisse sou­tien­dra uni­que­ment une réforme qui sou­lage l’AVS éga­le­ment sur le plan struc­tu­rel et à hau­teur du finan­ce­ment addi­tion­nel.

Pour de plus amples infor­ma­tions, veuillez consul­ter l'ar­ticle AVS21: une solu­tion trom­peuse et dés­équi­li­brée.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil des États, pre­mier conseil, exa­mi­nera cette réforme au cours de la ses­sion de prin­temps 2021.

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

Au cours de la ses­sion de prin­temps, le Conseil des États a pris des déci­sions déci­sives pour une réforme équi­li­brée de l’AVS. Dans sa ver­sion actuelle, le pro­jet de réforme garan­tit les pres­ta­tions du 1er pilier à moyen terme. Au vu de l’évo­lu­tion démo­gra­phique, il importe de trou­ver une solu­tion durable pour sta­bi­li­ser l’AVS; en effet, le défi­cit de finan­ce­ment ne se résor­bera pas de lui-même. Dans cette pers­pec­tive, eco­no­mie­suisse sou­tient le man­dat donné par le Conseil des États au Conseil fédé­ral en vue de l’éla­bo­ra­tion d’un nou­veau pro­jet de réforme d’ici à fin 2026. Vous pou­vez lire ici une éva­lua­tion détaillée de l’évo­lu­tion du pro­jet.

L’ini­tia­tive 99% achè­vera les PME qui ont résisté à la crise du coro­na­vi­rus

L’ini­tia­tive popu­laire «Allé­ger les impôts sur les salaires, impo­ser équi­ta­ble­ment le capi­tal» (dite ini­tia­tive 99%) impo­ser les reve­nus du capi­tal (inté­rêts, divi­dendes, etc.) dépas­sant un seuil à fixer par le légis­la­teur à 150%, soit 50% de plus que les autres types de reve­nus. Les recettes sup­plé­men­taires ainsi géné­rées doivent être uti­li­sées pour des mesures de redis­tri­bu­tion.

Le texte de l’ini­tia­tive laisse beau­coup de ques­tions ouvertes pour la mise en œuvre: qu’en­tend-on exac­te­ment par «reve­nus du capi­tal», à par­tir de quel mon­tant l’im­po­si­tion est-elle rele­vée et com­ment les recettes sup­plé­men­taires sont-ils redis­tri­bués?

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse lehnt die Volk­si­ni­tia­tive dezi­diert ab.

L’ini­tia­tive attaque la sub­stance même de PME et de start-up tou­chées par la crise

Accroître mas­si­ve­ment l’im­po­si­tion de reve­nus du capi­tal, comme le demande l’ini­tia­tive popu­laire, entraî­ne­rait une sor­tie de fonds consi­dé­rable chez des PME déjà for­te­ment mises à mal par les mesures Covid (dans le sec­teur de la res­tau­ra­tion ou dans l’in­dus­trie des machines, des équi­pe­ments élec­triques et des métaux orien­tées vers l’ex­por­ta­tion, par exemple). Ainsi, les entre­pre­neurs devraient se ver­ser des divi­dendes net­te­ment plus éle­vés pour pou­voir s’ac­quit­ter de l’im­pôt sur la for­tune après déduc­tion de l’im­pôt sur les divi­dendes, qui est désor­mais beau­coup plus élevé.

L’ini­tia­tive repré­sente une menace exis­ten­tielle en cas de trans­mis­sion de l’en­tre­prise à la géné­ra­tion sui­vante (quatre entre­prises sur cinq sont fami­liales en Suisse). En règle géné­rale, il est néces­saire de réa­li­ser un gain en capi­tal lors d’une suc­ces­sion pour garan­tir les reve­nus de la géné­ra­tion qui se retire et ver­ser une com­pen­sa­tion aux frères et sœurs. Même dans des cas modestes, un seuil de 100 000 CHF est dépassé. L’im­po­si­tion à 150% ferait dis­pa­raître une par­tie impor­tante des recettes. Pour garan­tir les reve­nus de la géné­ra­tion qui se retire, ce serait à la nou­velle géné­ra­tion de s’ac­quit­ter de cet impôt. Cela prive l’en­tre­prise d’une sub­stance impor­tante pour les inves­tis­se­ments futurs et affai­blit les entre­prises fami­liales dans une phase déjà cri­tique.

L’ini­tia­tive affec­te­rait aussi sévè­re­ment les start-up. Celles-ci n’ont le plus sou­vent pas les moyens de payer des salaires éle­vés. Pour les membres fon­da­teurs et les spé­cia­listes qu’elles embauchent, elles com­pensent ce manque d’at­trait par la dis­tri­bu­tion de par­ti­ci­pa­tions, qui pren­dront de la valeur une fois que l’en­tre­prise aura pros­péré. Si les gains en capi­tal pri­vés étaient impo­sés en Suisse (de sur­croît à 150%), les start-up seraient pri­vées de leurs bases éco­no­miques et la Suisse devien­drait inin­té­res­sante pour elles.

Cela pose la ques­tion de savoir pour­quoi les contri­buables dépensent des mil­liards pour sou­te­nir et main­te­nir des entre­prises dans la situa­tion actuelle, alors que des pro­jets comme l’ini­tia­tive 99% com­pro­mettent leur ave­nir. Oui, l’ini­tia­tive met en dan­ger des entre­prises éco­no­mi­que­ment impor­tantes et solides qui tra­versent la crise actuelle avec peu ou pas de sou­tien éta­tique. En cas d’adop­tion de l’ini­tia­tive, les entre­prises seraient «déles­tées» de leurs capi­taux, ce qui rédui­rait consi­dé­ra­ble­ment leur résis­tance aux crises futures.

Affir­mer que seul 1% des contri­buables est concerné est une trom­pe­rie

Les auteurs de l’ini­tia­tive affirment que seul 1% envi­ron des contri­buables - à savoir ceux qui ont une for­tune de plus de 3 mil­lions - sont concer­nés par l'ini­tia­tive. Cette affir­ma­tion est une trom­pe­rie. Pre­miè­re­ment, selon l’in­ter­pré­ta­tion des ini­tiants, l’im­po­si­tion des divi­dendes aug­men­te­rait aussi en des­sous de ce seuil. Deuxiè­me­ment, le seuil de «100 000 francs par exemple» serait rapi­de­ment dépassé en cas de trans­mis­sion d’une société, car la sub­stance de l’en­tre­prise consti­tuée au fil de nom­breuses années repré­sente géné­ra­le­ment plu­sieurs fois la valeur ini­tiale des fonds. Cette plus-value serait impo­sée à 150%, avec des consé­quences dra­ma­tiques pour l’en­tre­prise et ses emplois.

Une impo­si­tion de la for­tune déjà supé­rieure à la moyenne

En com­pa­rai­son avec les pays de l’OCDE, l’im­po­si­tion de la for­tune en Suisse est supé­rieure à la moyenne. Les impôts can­to­naux sur la for­tune génèrent des reve­nus stables de plus de sept mil­liards de francs. En revanche, contrai­re­ment à l’im­pôt sur le revenu du capi­tal, qui est influencé par la conjonc­ture et l’évo­lu­tion des mar­chés, l’im­pôt sur la for­tune dégage des recettes régu­lières, car il frappe un élé­ment stable. Les direc­teurs can­to­naux des Finances rejettent l’ini­tia­tive notam­ment parce qu’elle pour­rait faire pres­sion sur l’im­pôt sur la for­tune, qui taxe déjà indi­rec­te­ment les mêmes gains en capi­tal (cf. com­mu­ni­qué de presse de la CDF du 2 juin 2020).

L’am­bi­guïté du texte empêche la libre for­ma­tion de l’opi­nion des citoyens

L’ini­tia­tive de la Jeu­nesse socia­liste n’est pas claire sur des ques­tions abso­lu­ment cru­ciales. la défi­ni­tion des reve­nus du capi­tal (pou­vant aussi inclure les gains pro­ve­nant de la vente de par­ti­ci­pa­tions dans des socié­tés ou de biens immo­bi­liers), le mon­tant du seuil non sou­mis à sur­im­po­si­tion, les inci­dences fis­cales annon­cées en-deçà de ce seuil, le mon­tant des recettes sup­plé­men­taires, l’al­lé­ge­ment fis­cal des reve­nus du tra­vail et les moda­li­tés de la redis­tri­bu­tion via des trans­ferts sociaux.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil des États, deuxième conseil, a exa­miné cette ini­tia­tive popu­laire le 2 mars. À l’ins­tar du Conseil fédé­ral et du Conseil natio­nal, sa com­mis­sion lui pro­pose de recom­man­der le refus de l’ini­tia­tive.

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

Le Conseil des États recom­mande aux citoyens de refu­ser l’ini­tia­tive 99% des Jeunes socia­listes sans contre-pro­jet. Ce fai­sant, il a suivi la Chambre basse et le gou­ver­ne­ment. eco­no­mie­suisse se féli­cite de ce vote clair ; l’ac­cep­ta­tion de l’ini­tia­tive rédui­rait les capi­taux des entre­prises fami­liales, des PME et des start-up déjà affai­blies par la pan­dé­mie de coro­na­vi­rus. En outre, la Suisse dis­pose déjà de diverses mesures de redis­tri­bu­tion (AVS, réduc­tion des primes d’as­su­rance mala­die, etc.). Cette ini­tia­tive est non seule­ment inutile, mais elle est éga­le­ment des plus dan­ge­reuses pour la place éco­no­mique suisse.