Ses­sion d'hi­ver 2020

La ses­sion d’hi­ver 2020 du Par­le­ment fédé­ral s’ouvre le 30 novembre à Berne. Au-delà de pro­jets Covid-19 urgents, les deux Chambres exa­mi­ne­ront le bud­get 2021 de la Confé­dé­ra­tion. La ques­tion de la sup­pres­sion des droits de douane sur les pro­duits indus­triels et l’abo­li­tion des droits de timbre est impor­tante et urgente pour l’éco­no­mie. De plus, le Conseil natio­nal devrait entrer en matière sur la modi­fi­ca­tion de la loi sur le blan­chi­ment d’ar­gent. L’éco­no­mie pré­co­nise par contre de reje­ter l’ini­tia­tive «Prix équi­tables», sans contre-pro­jet.

Vue d'en­semble de la ses­sion

L’an­née poli­tique 2020 du Par­le­ment fédé­ral res­tera dans les annales ne serait-ce qu’en termes d’or­ga­ni­sa­tion: après l’in­ter­rup­tion de la ses­sion de prin­temps en rai­son de la pan­dé­mie de coro­na­vi­rus, les Chambres se sont réunies «extra muros» à Ber­nexpo d’abord pour la ses­sion extra­or­di­naire puis pour la ses­sion d’été. Depuis la ses­sion d’au­tomne, ils se réunissent à nou­veau dans le Palais fédé­ral - mais avec des sépa­ra­tions en plexi­glas et des mesures de pro­tec­tion. Une autre nou­veauté est appa­rue la der­nière semaine de la ses­sion d’hi­ver: les membres de la Chambre basse pou­vaient voter à dis­tance, par voie élec­tro­nique, s’ils étaient contraints de res­ter chez eux pour cause de mala­die ou de qua­ran­taine. Le Conseil des États a tou­te­fois refusé d’ap­pli­quer cette règle.

Sur le plan du contenu, 2020 a été mar­quée, entre autres, par les nom­breuses inter­ven­tions liées au Covid-19: d'abord par des aides à hau­teur de plu­sieurs mil­liards pour atté­nuer les consé­quences éco­no­miques et sociales de la pan­dé­mie. Celles-ci sont régies par la loi Covid-19 et celle sur les cau­tion­ne­ments soli­daires, par exemple. Bien que la pre­mière ait en fait déjà été adop­tée lors de la ses­sion d’au­tomne, elle a été retra­vaillée à plu­sieurs reprises à la ses­sion d’hi­ver, prin­ci­pa­le­ment sur la ques­tion des cas de rigueur et pour aug­men­ter les fonds. En ce qui concerne les entre­prises, 2,5 mil­liards de francs sont désor­mais à la dis­po­si­tion pour les cas de rigueur. Les condi­tions d’ob­ten­tion ont été revues à la baisse. Les mises en garde du ministre des Finances deman­dant de res­pec­ter des prin­cipes fon­da­men­taux au moins pour le rem­bour­se­ment des prêts n’ont pas eu d’ef­fet. Le délai de rem­bour­se­ment a été porté à huit ans, contre cinq jus­qu’à pré­sent. Les deux pro­jets ont été éla­bo­rés sous pres­sion et entre­ront en vigueur pro­chai­ne­ment.

En par­tie en rai­son des impor­tantes dépenses liées au coro­na­vi­rus, les Chambres ont adopté le bud­get 2021 en grande par­tie selon le pro­jet du Conseil fédé­ral, ce qu’avait pré­co­nisé eco­no­mie­suisse. Les dépenses de la Confé­dé­ra­tion ont été esti­mées à 82 mil­liards de francs et devraient entraî­ner un défi­cit de 6,1 mil­liards de francs.

Les deux Chambres ont éga­le­ment voté en faveur de la par­ti­ci­pa­tion de la Suisse à la pro­chaine géné­ra­tion du pro­gramme de recherche de l’UE Hori­zon et approuvé une enve­loppe de 6,15 mil­liards de francs. La pour­suite de la par­ti­ci­pa­tion suisse au plus grand pro­gramme de recherche du monde est essen­tielle pour la qua­lité et la com­pé­ti­ti­vité inter­na­tio­nale de la recherche suisse.

Un autre point posi­tif est l’en­ga­ge­ment clair des deux Chambres à conti­nuer de pro­mou­voir avec force la for­ma­tion, la recherche et l’in­no­va­tion (mes­sage FRI). Grâce aux déci­sions des Chambres, la for­ma­tion suisse peut res­ter de qua­lité éle­vée et la recherche com­pé­ti­tive au niveau inter­na­tio­nal.

Le Par­le­ment a décidé que la Suisse repren­dra les bases juri­diques pour l’éta­blis­se­ment, le fonc­tion­ne­ment et l’uti­li­sa­tion du sys­tème d’in­for­ma­tion Schen­gen (SIS) et pourra ainsi par­ti­ci­per à la base de don­nées Schen­gen élar­gie.

Déli­bé­ra­tions au sein du Conseil des États: pre­mière étape fran­chie pour abo­lir les droits de douane sur les pro­duits indus­triels

La déci­sion du Conseil des États de sup­pri­mer enfin les obs­tacles admi­nis­tra­tifs entou­rant les droits de douane sur les pro­duits indus­triels et leur abo­li­tion consti­tue une très bonne nou­velle pour les entre­prises et la place éco­no­mique suisse. Le Conseil natio­nal doit abso­lu­ment suivre ce bon exemple. Toute autre déci­sion serait incom­pré­hen­sible.

À l’ins­tar du Conseil natio­nal, le Conseil des États sou­haite pour­suivre la numé­ri­sa­tion dans le domaine fis­cal et renon­cer à la signa­ture des décla­ra­tions fis­cales sou­mises par voie élec­tro­nique, par exemple. Un autre point posi­tif est que le Conseil des États, deuxième conseil, recom­mande clai­re­ment au peuple et aux can­tons de reje­ter l’ini­tia­tive «Pour des prix équi­tables». Il a aussi «amé­lioré» quelque peu le contre-pro­jet indi­rect du Conseil natio­nal, mais celui-ci ne fera pas non plus bais­ser le niveau des prix comme sou­haité. Aux yeux des milieux éco­no­miques, le pro­jet doit être adapté sur des points essen­tiels.

Déli­bé­ra­tions au sein du Conseil natio­nal: la porte reste ouverte pour la loi sur le blan­chi­ment d’ar­gent et la sup­pres­sion des droits de timbre

Le Conseil natio­nal a envoyé un signal impor­tant en se pro­non­çant en faveur du pro­jet de loi visant à abo­lir l’im­pôt sur les droits de timbre d’émis­sion sur les fonds propres. L’éco­no­mie réclame leur abo­li­tion depuis des années - mais le pro­jet est gelé depuis 2014. Il faut espé­rer que le Conseil des États sui­vra le Conseil natio­nal. Ce der­nier sou­haite que le débat sur l’abo­li­tion des der­niers droits de timbre - de négo­cia­tion et sur les primes d’as­su­rance - sera mené en même temps que la réforme de la loi sur l’im­pôt à la source. Le mes­sage est attendu au prin­temps 2021. eco­no­mie­suisse conti­nuera de sou­te­nir cette idée, pour le bien de la place éco­no­mique.

Le Conseil natio­nal a ren­voyé le pro­jet en com­mis­sion avec pour man­dat de trou­ver un com­pro­mis. Ce fai­sant, il laisse la porte ouverte pour que la Suisse se dote d’une loi sur le blan­chi­ment d'ar­gent conforme aux stan­dards inter­na­tio­naux.

Enfin, la Chambre basse a éga­le­ment pris des déci­sions impor­tantes en ce qui concerne la loi sur les pro­duits du tabac, en ren­for­çant la pro­tec­tion des jeunes, par exemple. Ce point est le prin­ci­pal objec­tif de la révi­sion, un objec­tif clai­re­ment sou­tenu par eco­no­mie­suisse. Sa mise en œuvre passe tou­te­fois par des res­tric­tions par­fois très ou trop strictes en matière de publi­cité. Sur ce point, le Conseil natio­nal a opté pour une approche plus équi­li­brée que le Conseil des États pen­dant la ses­sion d’hi­ver. Pour eco­no­mie­suisse, cela consti­tue un pas impor­tant dans la bonne direc­tion. D’autres adap­ta­tions s’im­posent encore.

Veuillez trou­ver ci-des­sous de plus amples infor­ma­tions sur les pro­jets men­tion­nés.

Les com­mis­sions par­le­men­taires n’achèvent que le ven­dredi 27 novembre les déli­bé­ra­tions sur cer­tains objets impor­tants de la ses­sion d’hi­ver 2020, qui débute le 30 novembre. C’est le cas de la loi Covid-19. Le pro­jet éla­boré (dépliant) paraît peu de temps avant le début des déli­bé­ra­tions au sein des Chambres. Ce pro­jet pré­voit des aides finan­cières pour les cas de rigueur. Celles-ci seront por­tées à 1 mil­liard de francs. En outre, un nou­vel article inséré dans la loi sur les cau­tion­ne­ments soli­daires Covid-19 pro­pose une norme de délé­ga­tion, qui devrait per­mettre au Conseil fédé­ral de réagir rapi­de­ment en cas de raré­fac­tion des cré­dits dans les mois à venir. eco­no­mie­suisse sou­tient le pro­jet de loi, mais recom­mande d’en adap­ter cer­tains points.

((D’autres dis­po­si­tions et infor­ma­tions sur la crise du coro­na­vi­rus inté­res­santes pour les entre­prises sont acces­sibles ici.)

Comme d’ha­bi­tude à la ses­sion d’hi­ver, les Chambres débat­tront du bud­get (2021), un des points forts de la ses­sion. eco­no­mie­suisse recom­mande d’ac­cep­ter le pro­jet du Conseil fédé­ral. Le main­tien du frein à l'en­det­te­ment reste une pré­oc­cu­pa­tion majeure. Nous recom­man­dons aux lec­teurs qui sou­hai­te­raient appro­fon­dir le sujet de lire notre dos­sier­po­li­tique «En 2021 les finances fédé­rales résistent à la crise grâce au frein à l’en­det­te­ment».

Le pro­jet rela­tif à l’encou­ra­ge­ment de la for­ma­tion, de la recherche et de l'in­no­va­tion dans les années 2021 à 2024 sera éga­le­ment traité par les deux Chambres. Trois diver­gences sub­sistent. eco­no­mie­suisse plaide pour l’ac­cep­ta­tion du pro­jet tel que pro­posé par le Conseil fédé­ral. Il est éga­le­ment impor­tant pour la recherche que le Conseil natio­nal, second conseil, adopte le paquet Hori­zon 2021-2027. Si le Par­le­ment approuve les moyens finan­ciers, la Suisse conser­vera l’ac­cès aux pro­grammes-cadre de recherche euro­péens.

Déli­bé­ra­tions au Conseil des États

L’abo­li­tion des droits de douane sur les pro­duits indus­triels est deve­nue encore plus impor­tante en rai­son de la crise actuelle. Le Conseil des États ferait bien de prendre cette déci­sion afin que le Conseil natio­nal puisse lui emboî­ter le pas rapi­de­ment. Cela rédui­rait les charges admi­nis­tra­tives et finan­cières des entre­prises, en par­ti­cu­lier des PME.

Il faut espé­rer éga­le­ment que la Chambre haute reprenne dans le droit suisse les bases légales de l’UE sur le sys­tème d’in­for­ma­tion Schen­gen (SIS) (déve­lop­pe­ment de l’ac­cord bila­té­ral). C'est en par­tie grâce à cet accord que la Suisse peut par­ti­ci­per au visa Schen­gen. La liberté de voya­ger et le visa sont très impor­tants non seule­ment pour l’in­dus­trie suisse du tou­risme, for­te­ment ébran­lée, mais aussi pour les entre­prises.

Il serait sou­hai­table par ailleurs que le Conseil des États adopte les bases légales (pro­cé­dures élec­tro­niques dans le domaine fis­cal) per­met­tant aux admi­nis­tra­tions fis­cales de la Confé­dé­ra­tion et des can­tons d’en­voyer et de rece­voir toutes les don­nées qu’elles traitent par inter­net.

Le Conseil des États ferait bien de refu­ser d’en­trer en matière sur le contre-pro­jet à l’ini­tia­tive «Prix équi­tables». À l’ins­tar du Conseil natio­nal, il devrait clai­re­ment reje­ter l’ini­tia­tive. Aucun des deux pro­jets ne fera bais­ser le niveau des prix en Suisse. Ils entraî­ne­raient au contraire une sur­charge des auto­ri­tés de concur­rence et res­trein­drait de manière dis­pro­por­tion­née la liberté éco­no­mique des entre­prises. Il faut évi­ter l’un et l’autre.

Déli­bé­ra­tions au Conseil natio­nal

Il serait judi­cieux que le Conseil natio­nal ne tarde pas à sup­pri­mer pro­gres­si­ve­ment les droits de timbre (pro­jets 1 à 3). Main­te­nir le pro­jet 1 sus­pendu serait insensé, sur­tout compte tenu de la crise actuelle. En termes de contenu, le Conseil natio­nal a déjà décidé de sup­pri­mer les droits de timbre en 2013. Il s’agit aujour­d’hui d’en­trer en matière sur le pro­jet 2 et de l’ac­cep­ter: cette réforme est une oppor­tu­nité pour la place finan­cière suisse qu’il faut sai­sir. Le pro­jet 3 sera traité dans le cadre de la réforme de l’im­pôt anti­cipé.

La Chambre basse exa­mi­nera éga­le­ment la loi sur les pro­duits du tabac. Si l’amé­lio­ra­tion de la pro­tec­tion de la jeu­nesse est à saluer, les inter­dic­tions abso­lues en matière de publi­cité pour des pro­duits auto­ri­sés, telles que pro­po­sées par le Conseil des États et, dans une cer­taine mesure, par la Com­mis­sion du Conseil natio­nal, ne sont pas com­pa­tibles avec la liberté éco­no­mique garan­tie par la Consti­tu­tion et sont donc inac­cep­tables. Le pro­jet du Conseil fédé­ral consti­tue un com­pro­mis que les Chambres seraient bien ins­pi­rées d’ap­prou­ver.

Enfin, le Conseil natio­nal doit abso­lu­ment entrer en matière sur le pro­jet de loi sur le blan­chi­ment d’ar­gent (LBA) et l’ac­cep­ter. Cette révi­sion est impor­tante, car la Suisse a besoin de règles modernes pour lut­ter contre le blan­chi­ment d'ar­gent.

Vous trou­ve­rez ci-après des infor­ma­tions plus détaillées sur une sélec­tion d’ob­jets.

Les deux Chambres

LE MES­SAGE FRI DU CONSEIL FÉDÉ­RAL REN­FORCE LA FOR­MA­TION ET LA RE-CHERCHE SUISSES

Le Conseil fédé­ral pro­pose de consa­crer 27,899 mil­liards de francs à la pro­mo­tion de la forma-tion, de la recherche et de l’in­no­va­tion (FRI) pen­dant les années 2021-2024. La Suisse doit res­ter un lea­der dans ce domaine fon­da­men­tal pour sa pros­pé­rité et rele­ver les nom­breux dé-fis actuels tels que la tran­si­tion numé­rique de l’éco­no­mie et de la société. Au-delà des moyens finan­ciers pour les quatre pro­chaines années, le Conseil fédé­ral pro­pose éga­le­ment d’adap­ter ponc­tuel­le­ment les bases légales.

Le Conseil fédé­ral pré­voit une enve­loppe de près de 28 mil­liards de francs, soit 2 mil­liards de plus envi­ron que pour la période FRI actuelle (2017-2020). Sur la base des hypo­thèses ac-tuelles rela­tives à l’évo­lu­tion de l’in­fla­tion, cela cor­res­pond à une crois­sance annuelle moyenne de 2,2% (nomi­nale) ou à une crois­sance réelle de 1,5% par an en moyenne. Cette enve­loppe ne tient tou­te­fois pas compte des par­ti­ci­pa­tions éven­tuelles aux pro­grammes de recherche de l’UE, car on ignore aujour­d’hui si la Suisse pourra y par­ti­ci­per et dans quelle mesure.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande d’ac­cep­ter le pro­jet selon la ver­sion du Conseil fédé­ral, avec quelques modi­fi­ca­tions ponc­tuelles, et donc de reje­ter la plu­part des pro­po­si­tions de la majo­rité de la CSEC-N.

Le mes­sage FRI du Conseil fédé­ral ren­force la for­ma­tion et la recherche suisses. Il est équi­li­bré et bien argu­menté. eco­no­mie­suisse salue le fait que le domaine FRI conti­nue d’être prio­ri­taire lors de l’al­lo­ca­tion des fonds et que des taux de crois­sance modé­rés soient pro­po­sés pour l’en­semble des domaines. Le mes­sage évoque expli­ci­te­ment l’ac­crois­se­ment de l’ef­fi­ca­cité et pré­voit que les thèmes trans­ver­saux soient trai­tés dans le cadre des ins­tru­ments de pro­mo­tion exis­tants, deux élé­ments qui vont dans l’in­té­rêt de l’éco­no­mie.

Le Conseil des États a approuvé une aug­men­ta­tion des moyens, notam­ment pour le Fonds natio­nal suisse de la recherche scien­ti­fique (FNS) et Inno­suisse, ce qui est aussi dans l’in­té­rêt de l’éco­no­mie, dans la mesure où un encou­ra­ge­ment com­pé­ti­tif de la recherche au niveau natio­nal est un moteur essen­tiel de la qua­lité de la recherche. Cela dit, eco­no­mie­suisse rejette toute nou­velle hausse bud­gé­taire, telle que pro­po­sée par la CSEC-N, à une excep­tion près tou­te­fois. Celle-ci concerne le domaine des EPF, plus sévè­re­ment tou­ché par le gel des cré­dits que d’autres domaines. Si le Conseil natio­nal approuve le gel des cré­dits pro­posé par le Conseil fédé­ral, 15 mil­lions de francs sup­plé­men­taires seraient adé­quats pour le domaine des EPF. Cepen­dant, s’il refuse de geler les cré­dits, il faut éga­le­ment refu­ser les 15 mil­lions sup­plé­men­taires (et toutes les autres hausses deman­dées).

État des déli­bé­ra­tions

Au cours de la ses­sion d’hi­ver 2020, les deux Chambres exa­mi­ne­ront ce pro­jet en vue de l’éli­mi­na­tion des diver­gences.

En ce qui concerne les ultimes diver­gences, la Com­mis­sion de la science, de l’édu­ca­tion et de la culture du Conseil natio­nal (CSEC-N) sou­met les pro­po­si­tions sui­vantes à son plé­num:

  • Arrêté fédé­ral rela­tif au finan­ce­ment de la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle pen­dant les années 2021 à 2024 (n°1): La com­mis­sion main­tient la ver­sion du Conseil natio­nal (par 17 voix contre 7) et pro­pose d’aug­men­ter le cré­dit d’en­ga­ge­ment de 20 mil­lions (pour la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle); une mino­rité sou­haite suivre le Conseil des États. 
  • Arrêté fédé­ral rela­tif au pla­fond de dépenses des­tiné au domaine des EPF pour les années 2021 à 2024 (n° 4): La com­mis­sion suit le Conseil des États par 14 voix contre 8 et 2 abs­ten­tions; une mino­rité sou­haite main­te­nir la ver­sion du Conseil natio­nal (hausse de 15 mil­lions).
  • Arrêté fédé­ral ouvrant des cré­dits en faveur d’éta­blis­se­ments de recherche d’im­por­tance natio­nale pour les années 2021 à 2024 (n° 10): La com­mis­sion main­tient la ver­sion du Conseil natio­nal par 14 voix contre 10 (hausse de 12 mil­lions pour 3R), une mino­rité la rejette.

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

Aux yeux de l’éco­no­mie, la volonté claire du Par­le­ment de sou­te­nir davan­tage la for­ma­tion, la recherche et l’in­no­va­tion est très posi­tive. Les res­sources néces­saires pour garan­tir que la for­ma­tion reste de la plus haute qua­lité et que la recherche reste com­pé­ti­tive au niveau inter­na­tio­nal seront dis­po­nibles. C’est une condi­tion préa­lable impor­tante pour que l’éco­no­mie suisse puisse conti­nuer à réa­li­ser de grandes inno­va­tions à l’ave­nir.

L’éco­no­mie sou­tient le pro­jet équi­li­bré du Conseil fédé­ral

Le Par­le­ment exa­mine et adopte le bud­get 2021 et le plan finan­cier pour les trois années sui­vantes (2022-2024). En rai­son de la pan­dé­mie de coro­na­vi­rus, les déci­sions reflètent beau­coup plus des évé­ne­ments ponc­tuels que les autres années, en par­ti­cu­lier en ce qui concerne le plan finan­cier.

Le Conseil fédé­ral pro­pose au Par­le­ment un bud­get 2021 affi­chant un défi­cit de 1,1 mil­liard de francs dans le compte de finan­ce­ment ordi­naire. En tenant compte des annonces com­plé­men­taires liées au coro­na­vi­rus, le défi­cit s'élève à 2,0 mil­liards de francs. Le frein à l’en­det­te­ment auto­rise un défi­cit de 3,3 mil­liards, en rai­son de l’im­por­tante sous-uti­li­sa­tion des capa­ci­tés de l’éco­no­mie.

Pour 2021, le Conseil fédé­ral pré­voit des recettes ordi­naires de 75,8 mil­liards de francs. Les recettes stag­ne­raient donc au niveau du bud­get 2020. Compte tenu des annonces com­plé­men­taires, le bud­get 2021 pré­voit des dépenses de 77,8 mil­liards de francs suisses. La crois­sance des dépenses est presque entiè­re­ment impu­table aux mesures liées au coro­na­vi­rus. En plus des dépenses ordi­naires, le Conseil fédé­ral pré­voit des dépenses extra­or­di­naires de 2,2 mil­liards de francs. Les dépenses totales s’élè­ve­raient donc à 80 mil­liards de francs.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande d’ac­cep­ter le pro­jet selon la ver­sion du Conseil fédé­ral, y com­pris les annonces sup­plé­men­taires.

La crise pro­vo­quée par la pan­dé­mie de coro­na­vi­rus a éga­le­ment de graves consé­quences sur les finances fédé­rales. Compte tenu des incer­ti­tudes majeures qui pré­valent, les milieux éco­no­miques estiment que la pru­dence bud­gé­taire s’im­pose. Pour l’heure, la Confé­dé­ra­tion devrait se concen­trer sur des aides ciblées et tem­po­raires dans le cadre des ins­tru­ments exi­sants. Il importe d’évi­ter des charges sup­plé­men­taires, à moins que les avan­tages des mesures spé­ci­fiques ne se révèlent posi­tifs pour l’éco­no­mie natio­nale.

Le bud­get 2021 peut être mis en œuvre selon le pro­jet du Conseil fédé­ral

eco­no­mie­suisse recom­mande au Par­le­ment d’ap­prou­ver le bud­get 2021 dans la forme pro­po­sée par le Conseil fédé­ral, y com­pris les annonces com­plé­men­taires. Le Conseil fédé­ral a pré­senté un bud­get pru­dent qui n’uti­lise pas toute la marge de manœuvre en ce qui concerne le défi­cit auto­risé. Lorsque des dépenses sup­plé­men­taires supé­rieures aux varia­tions habi­tuelles sont déci­dées, elles doivent être com­pen­sées.

À moyen terme, le Conseil fédé­ral ne pré­voit ni hausses d’im­pôts ni plans d’éco­no­mies. C’est une bonne nou­velle. Les hausses des impôts et des taxes entravent en effet la reprise éco­no­mique. Les pro­grammes d’éco­no­mie ne sont pas non plus sou­hai­tables. Pour ce faire, la poli­tique bud­gé­taire doit évi­ter tout dépas­se­ment inac­cep­table des dépenses.

Mesures d’ur­gence ciblées et tem­po­raires dans le cadre des ins­tru­ments exis­tants

Compte tenu des impor­tantes incer­ti­tudes quant à l’évo­lu­tion de la pan­dé­mie et à ses consé­quences pour l’éco­no­mie et la popu­la­tion, la pru­dence bud­gé­taire est par­ti­cu­liè­re­ment impor­tante. Cela vaut pour le bud­get ordi­naire, mais aussi pour les mesures d’ur­gence et le bud­get extra­or­di­naire.

Le Par­le­ment a adopté des mesures d’ur­gence et des aides spé­ci­fiques dans la loi Covid-19. Il s’agit désor­mais d’ap­pli­quer les mesures de manière aussi spé­ci­fique que pos­sible. La crise ne doit pas entraî­ner des charges sup­plé­men­taires durables ni créer de nou­velles tâches per­ma­nentes pour l’État.

Sou­tien durable à l'éco­no­mie et à la conjonc­ture plu­tôt que des pro­grammes de relance

L’ap­pel à la modé­ra­tion concerne éga­le­ment les pro­grammes de relance éta­tiques. Dans une petite éco­no­mie ouverte, qui vit à hau­teur de 40% des expor­ta­tions, de tels pro­grammes res­tent sans effet. Il est judi­cieux en revanche de prendre des mesures dont l’im­pact sur l’éco­no­mie était déjà connu et envi­sagé avant la crise. Il s’agit notam­ment de la sup­pres­sion des droits de douane sur les pro­duits indus­triels, débat­tue au Par­le­ment pen­dant la ses­sion d’hi­ver, de la réforme de l’im­pôt anti­cipé, de la sup­pres­sion des droits de timbre d’émis­sion et de l’abo­li­tion pro­gres­sive des droits de timbre.

Res­pect et sou­tien rigou­reux du frein à l’en­det­te­ment

Même si la pan­dé­mie de coro­na­vi­rus n’est pas ter­mi­née, il est déjà clair que le frein à l’en­det­te­ment a passé avec suc­cès son pre­mier grand test. L’ins­tru­ment finan­cier le plus impor­tant de la Suisse conti­nue de fonc­tion­ner pen­dant la crise. Les défi­cits auto­ri­sés par le frein à l’en­det­te­ment per­mettent de bou­cler le bud­get ordi­naire sans res­tric­tion. De plus, il est pos­sible de consa­crer des sommes impor­tantes à des mesures d’ur­gence. Le frein à l’en­det­te­ment est un ins­tru­ment pour beau comme pour mau­vais temps. Il est inutile de l’adap­ter ou de le contour­ner.

Pour de plus amples infor­ma­tions et l’éva­lua­tion du bud­get ainsi que du plan finan­cier, veuillez vous réfé­rer au dos­sier­po­li­tique «En 2021 les finances fédé­rales résis­te­ront à la crise grâce au frein à l’en­det­te­ment».

État des déli­bé­ra­tions

Le bud­get 2021 et le plan finan­cier 2022-2024 seront exa­mi­nés par les deux Chambres lors de la ses­sion d’hi­ver 2020.

En ce qui concerne le bud­get 2021, la CdF-N pro­pose à son plé­num de rele­ver les dépenses de 231 mil­lions de francs par rap­port au Conseil fédé­ral. La CdF-E suit le Conseil fédé­ral.

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

Le Par­le­ment a suivi dans les grandes lignes le bud­get pro­posé par le Conseil fédé­ral et repris les recom­man­da­tions d’eco­no­mie­suisse. Les dépenses tota­lisent 82 mil­liards de francs et les recettes sont esti­mées à 75,9 mil­liards de francs.

Il en résulte un défi­cit de 6,1 mil­liards de francs en 2021, dont 2 mil­liards de francs dans le bud­get ordi­naire et 4,1 mil­liards dans le bud­get extra­or­di­naire. Le frein à l’en­det­te­ment est res­pecté mal­gré l’im­por­tant manque à gagner prévu et les dépenses sup­plé­men­taires liées à la pan­dé­mie de coro­na­vi­rus.

Contrai­re­ment à ces der­nières années, il n’y a pas eu de grandes dis­cus­sions sur les dépenses ordi­naires. Les moyens n’ont été rele­vés que ponc­tuel­le­ment. C’est le cas pour la pro­tec­tion de l’en­fance et les droits de l’en­fant, l’agri­cul­ture et la pro­tec­tion de l’en­vi­ron­ne­ment, par exemple. Dans le domaine de la culture et de la for­ma­tion, les déci­sions prises à l’au­tomne en lien avec le mes­sage sur la culture et celui sur le domaine FRI ont été exé­cu­tées.

Le bud­get extra­or­di­naire com­prend notam­ment les dépenses pour les mesures can­to­nales de lutte contre la pau­vreté (1,932 mil­liard) et les allo­ca­tions pour pertes de gain (2,1 mil­liards). Un total de 6,6 mil­liards de francs a été prévu pour les dépenses liées à la pan­dé­mie de coro­na­vi­rus en 2021.

L’ÉCO­NO­MIE JUGE LA RÉGLE­MEN­TA­TION DU CONSEIL FEDE­RAL SUR LES CAS DE RIGUEUR GLO­BA­LE­MENT CIBLÉE

Le Conseil fédé­ral pro­pose au Par­le­ment d’exa­mi­ner en urgence, lors de la ses­sion d’hi­ver, des adap­ta­tions ponc­tuelles de la loi Covid-19 (pro­jet 1) et de la loi sur les cau­tion­ne­ments soli­daires liés au Covid-19 (LCaS-Covid-19, pro­jet 2). Ces modi­fi­ca­tions per­met­traient de mieux réagir aux évo­lu­tions pen­dant la deuxième vague de la pan­dé­mie de coro­na­vi­rus. Outre les contri­bu­tions à fonds per­dus pour les clubs spor­tifs pro­fes­sion­nels et semi-pro­fes­sion­nels (art. 13 et nou­vel art. 12b loi Covid-19) et l’ex­ten­sion de l’in­dem­nité pour chô­mage par­tiel (art. 17 loi Covid-19), le Conseil fédé­ral pro­pose notam­ment des adap­ta­tions dans les domaines sui­vants:

  • Cas de rigueur (art. 12 loi Covid-19, pro­jet 1): Le Conseil fédé­ral pro­pose de por­ter à 1 mil­liard de francs le mon­tant total des aides fédé­rales et can­to­nales. En vertu du pro­jet, la part de la Confé­dé­ra­tion se monte à 50 % jus­qu’à concur­rence de 400 mil­lions de francs (soit 200 mil­lions), puis à 80 % (soit 480 mil­lions). Cela signi­fie que la Confé­dé­ra­tion prend en charge les deux tiers des frais et les can­tons un tiers.
  • Réac­ti­va­tion du pro­gramme de cré­dits Covid-19 (art. 25a loi sur les cau­tion­ne­ments soli­daires liés au Covid-19, LCaS, pro­jet 2): En plus des aides pour cas de rigueur, le Conseil fédé­ral demande au Par­le­ment d’ins­tau­rer une norme de délé­ga­tion pour le lan­ce­ment d’un nou­veau pro­gramme de cré­dits pour pou­voir réagir rapi­de­ment en cas de res­ser­re­ment du cré­dit. Celle-ci per­met­trait au gou­ver­ne­ment de mettre en place un nou­veau sys­tème de cau­tion­ne­ments soli­daires (au niveau de l’or­don­nance) pour le cas où la situa­tion se dété­rio­re­rait de manière signi­fi­ca­tive et que l’offre de cré­dit ne fonc­tion­ne­rait pas de manière satis­fai­sante..

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande d’ac­cep­ter le pro­jet 1 pour l’es­sen­tiel selon la majo­rité de la CER-N.

Pré­ci­ser les condi­tions du sou­tien à la hausse des res­sources pour les cas de rigueur

Confor­mé­ment à la déci­sion du Conseil fédé­ral du 25 novembre 2020, les milieux éco­no­miques consi­dèrent que la régle­men­ta­tion des cas de rigueur pro­po­sée est glo­ba­le­ment ciblée (art. 12 loi Covid-19). eco­no­mie­suisse sou­tient l’aug­men­ta­tion du mon­tant total des aides fédé­rales et can­to­nales pour les cas de rigueur à 1 mil­liard de francs, car les moyens pré­vus ini­tia­le­ment (400 mil­lions) ne suf­fi­ront mal­heu­reu­se­ment pas.

Sou­tien aux cas de rigueur: évi­ter des dis­tor­sions de concur­rence

Offrir un sou­tien à un grand nombre d’en­tre­prises risque tou­te­fois de pro­duire des effets secon­daires indé­si­rables. D’une part, les contri­bu­tions non rem­bour­sables créent des dis­tor­sions de concur­rence majeures, d’au­tant plus que les cas de rigueur béné­fi­ciant d’un sou­tien tra­ver­se­ront peut-être mieux la crise que des entre­prises n’ayant pas reçu de sou­tien mais qui, par ailleurs, sont mieux posi­tion­nées. D’autre part, la concur­rence inter­can­to­nale pour­rait être faus­sée si les can­tons appliquent des cri­tères dif­fé­rents pour la répar­ti­tion des contri­bu­tions. Afin d'évi­ter une dis­tor­sion de concur­rence exces­sive, les can­tons devraient donc mettre à dis­po­si­tion des res­sources pour les cas de rigueur prin­ci­pa­le­ment sous la forme de prêts rem­bour­sables et de cau­tion­ne­ments ou garan­ties. Des contri­bu­tions non rem­bour­sables ne doivent être accor­dées qu’à titre sub­si­diaire pour des cas de rigueur avé­rés.

Pro­jet 2: L’éco­no­mie salue la norme de délé­ga­tion pour la réac­ti­va­tion du pro­gramme de cré­dits Covid-19

L’éco­no­mie salue la norme de délé­ga­tion pré­vue à l’art. 25a de la loi sur les cau­tion­ne­ments soli­daires (LCaS). Le Conseil fédé­ral est ainsi habi­lité à inter­ve­nir si la situa­tion se dété­riore sen­si­ble­ment et, si néces­saire, à mettre rapi­de­ment des liqui­di­tés à la dis­po­si­tion des entre­prises. L’éco­no­mie est convain­cue qu’il est juste que le Conseil fédé­ral inter­vienne seule­ment si les cré­dits se raré­fient effec­ti­ve­ment. La situa­tion actuelle est dif­fé­rente de celle en mars 2020: les entre­prises ont eu le temps de s’adap­ter à la nou­velle situa­tion et diverses autres formes de sou­tien sont désor­mais dis­po­nibles.

Le nou­veau pro­gramme de cré­dits Covid-19 doit éga­le­ment être consi­déré dans le contexte de la régle­men­ta­tion des cas de rigueur envi­sa­gée par le Conseil fédé­ral et le Par­le­ment. Celle-ci pré­voit éga­le­ment des contri­bu­tions à fonds perdu, ce qui peut créer une dis­tor­sion de concur­rence signi­fi­ca­tive.

La baisse du chiffre d’af­faires n’est pas un bon cri­tère pour déter­mi­ner les besoins de liqui­di­tés

L’éco­no­mie rejette l’art. 25a, al. 3 LCaS pro­posé. Cette dis­po­si­tion sti­pule que le chiffre d’af­faires réa­lisé en 2020 doit être infé­rieur à 60% du chiffre d’af­faires moyen au cours des exer­cices déter­mi­nants. S’il est judi­cieux de fixer des condi­tions claires pour éta­blir quelles entre­prises peuvent sol­li­ci­ter un cré­dit Covid-19, cette dis­po­si­tion n’est pas en accord avec l’ins­tru­ment pro­posé, car elle a été reprise des condi­tions fixées pour deman­der une aide pour cas de rigueur en vertu de l’art. 12 de la loi Covid-19. La régle­men­ta­tion pour les cas de rigueur entend évi­ter les faillites inutiles d’en­tre­prises qui sont en soi saines, tan­dis que les prêts Covid-19 visent à sur­mon­ter les pro­blèmes de liqui­di­tés. La baisse du chiffre d’af­faires n’est pas le seul élé­ment pour iden­ti­fier le besoin de liqui­di­tés d’une entre­prise. Même si les ventes ne chutent pas de manière spec­ta­cu­laire, il suf­fit que des clients aient d’im­por­tants retards de paie­ment pour que des gou­lets d’étran­gle­ment se pro­duisent.

État des déli­bé­ra­tions

Lors de la ses­sion d’hi­ver 2020, les deux Chambres trai­te­ront les pro­jets de loi décla­rés urgents du Conseil fédé­ral. Les Com­mis­sions de l’éco­no­mie et des rede­vances des deux Chambres recom­mandent de les accep­ter. Pour de nom­breux articles, les pro­po­si­tions majo­ri­taires se trouvent au côté de pro­po­si­tions mino­ri­taires, dont cer­taines s’éloignent du pro­jet du Conseil fédé­ral.

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

Le Par­le­ment a approuvé le mon­tant sup­plé­men­taire de 1,5 mil­liard de francs que le Conseil fédé­ral sou­haite mettre à dis­po­si­tion pour les cas de rigueur dans le cadre de la lutte contre la crise du coro­na­vi­rus. Les Chambres ont éga­le­ment décidé de réduire les condi­tions pour obte­nir une aide. Jus­qu’à pré­sent, une entre­prise devait subir une baisse des ventes de 40% pour avoir droit à des aides. Le Conseil fédé­ral a sou­haité pou­voir régler lui-même les condi­tions ouvrant droit aux aides pour cas de rigueur et ne pas être lié à un taux rigide de 40%. Enfin, en lien avec le chô­mage par­tiel, les Chambres ont décidé d’in­dem­ni­ser à hau­teur de 100% du revenu les per­sonnes ayant les reve­nus les plus faibles pen­dant une durée limi­tée.

Du point de vue des milieux éco­no­miques, la hausse des fonds des­ti­nés aux cas de rigueur est juste, car le Conseil fédé­ral a décidé, le 11 décembre 2020, de nou­velles res­tric­tions de l’ac­ti­vité éco­no­mique et d’autres devraient suivre. Cela entraî­nera une aug­men­ta­tion du nombre de cas de rigueur. Cela dit, il est impor­tant que le Conseil fédé­ral uti­lise avec pru­dence et de manière ciblée sa nou­velle marge de manœuvre pour la dis­tri­bu­tion des fonds.

Les Chambres doivent encore se mettre d’ac­cord sur la date de réfé­rence pour la baisse des reve­nus dans les clubs spor­tifs qui demandent une aide finan­cière. Cette ques­tion sera cla­ri­fiée en confé­rence de conci­lia­tion.

Conseil natio­nal

LA SUS­PEN­SION DU PRO­JET N’EST PLUS TENABLE DANS LA SITUA­TION DIF­FI­CILE ACTUELLE

L’ini­tia­tive par­le­men­taire vise à sup­pri­mer par étapes les droits de timbre. Le pro­jet 1 met en œuvre la pre­mière étape et abo­lit le droit de timbre d’émis­sion sur le capi­tal propre. Le droit de timbre d’émis­sion sur les capi­taux étran­gers a pour sa part été abrogé dans le cadre du pro­jet «too big to fail» en 2011.

Le Conseil fédé­ral avait déjà pro­posé de sup­pri­mer le droit de timbre sur le capi­tal propre dans le cadre de la réforme de l’im­po­si­tion des entre­prises III (RIE III). Tou­te­fois, afin de recen­trer la réforme sur les mesures prio­ri­taires, le Par­le­ment avait décidé de trai­ter la ques­tion sépa­ré­ment, dans le pro­jet 2 de la RIE III (15.049). Le pro­jet 1 (09.503) sou­mis à dis­cus­sion est iden­tique à ce pro­jet qui est tou­jours sus­pendu.

Le droit de timbre d’émis­sion est pré­levé sur les droits de par­ti­ci­pa­tion en Suisse. La taxe de 1,0% concerne l’émis­sion et l’aug­men­ta­tion de la valeur nomi­nale des droits de par­ti­ci­pa­tion (sous la forme d’ac­tions de socié­tés ano­nymes suisses et de socié­tés en com­man­dite, d’ap­ports de fonds ini­tiaux pour des socié­tés à res­pon­sa­bi­lité limi­tée natio­nales, etc.), et ce indé­pen­dam­ment du fait qu’ils dégagent un béné­fice.

Les avant-pro­jets 2 et 3, qui consti­tuent la deuxième étape de la mise en œuvre, pré­voient l’abro­ga­tion des droits de timbre de négo­cia­tion et sur les primes d’as­su­rance. La Com­mis­sion de l’éco­no­mie et des rede­vances du Conseil natio­nal (CER-N), qui les a éla­bo­rés, les a sou­mis à consul­ta­tion.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande de reje­ter la sus­pen­sion du pro­jet.

La crise du coro­na­vi­rus entame les réserves de fonds propres

Dans la situa­tion éco­no­mique excep­tion­nelle qui est la nôtre, la ques­tion de l’abo­li­tion du droit de timbre d’émis­sion revêt une impor­tance capi­tale et doit être trai­tée sans tar­der. Les pertes éle­vées occa­sion­nées par la crise mettent à mal les réserves de nom­breuses entre­prises. Les res­sources mises à dis­po­si­tion par le Conseil fédé­ral sous la forme de cré­dits per­met­tront de sur­mon­ter les pro­blèmes de liqui­di­tés mais elles ne résor­be­ront pas les pertes. Or celles-ci pèsent tou­jours sur les fonds propres.

Le droit de timbre d’émis­sion est contre-pro­duc­tif en temps de crise

Les capi­taux propres por­teurs de risque sont néces­saires pour absor­ber les pertes. Ils repré­sentent un capi­tal de sécu­rité qui per­met aux entre­prises de résis­ter et, au final, de pré­ser­ver les emplois. Le droit de timbre sur l’émis­sion de fonds propres est géné­ra­le­ment dom­ma­geable sous l’angle éco­no­mique et sur­tout contre-pro­duc­tif en cas de crise éco­no­mique. Il pèse d’au­tant plus sur les entre­prises lorsque l’éco­no­mie est en réces­sion et que les entre­prises ont besoin de fonds propres pour sur­vivre. Les recettes du droit de timbre d’émis­sion sont donc le plus élevé en temps de crise.

Une excep­tion, même tem­po­raire, en rai­son de la situa­tion extra­or­di­naire

Si, pour des rai­sons bud­gé­taires, on ne sou­haite pas abo­lir la taxe, il fau­drait au moins pré­voir une excep­tion tem­po­raire. Concrè­te­ment, l’idée serait de renon­cer au droit de timbre d’émis­sion lorsque les entre­prises lèvent des capi­taux pour com­pen­ser des pertes dues à la pan­dé­mie de coro­na­vi­rus. Les bases juri­diques actuelles pré­voient certes une excep­tion, mais seule­ment en cas d’as­sai­nis­se­ment, de sorte que de nom­breuses entre­prises ne peuvent pas l’in­vo­quer. Pour­tant, c’est pré­ci­sé­ment en injec­tant des capi­taux propres que l’on peut évi­ter une restruc­tu­ra­tion. La sus­pen­sion de cet objet n’est plus tenable dans la situa­tion actuelle. L’éco­no­mie recom­mande que cette ques­tion soit débat­tue et qu’au moins une de ces mesures urgentes tem­po­raires soit adop­tée au terme des déli­bé­ra­tions de détail.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil natio­nal a accepté le pro­jet 1 (09.503) tel quel lors de la ses­sion de prin­temps 2013 et approuvé ainsi l’abo­li­tion du droit de timbre d’émis­sion sur les fonds propres. Le Conseil des États, pour sa part, main­tient le pro­jet sus­pendu depuis 2014. Il sou­haite attendre la déci­sion du Conseil natio­nal sur les avant-pro­jets 2 et 3 (sup­pres­sion des droits de timbre de négo­cia­tion et sur les primes d’as­su­rance) avant de trai­ter le pro­jet 1.

Lors de la ses­sion d’hi­ver 2020, le Conseil natio­nal se pro­non­cera à nou­veau sur la sus­pen­sion du pro­jet 1. Sa Com­mis­sion de l’éco­no­mie et des rede­vances (CER-N) lui pro­pose, par 13 voix contre 10 et une abs­ten­tion, de sou­te­nir la sus­pen­sion. Une forte mino­rité estime tou­te­fois que l’abo­li­tion des droits de timbre d’émis­sion per­met­trait aux entre­prises d’ac­croître leurs fonds propres à moindre coût, ce qui serait bien­venu au vu de la crise éco­no­mique qui se pro­file. La CER-N pré­co­nise éga­le­ment, par 12 voix contre 12, une abs­ten­tion et la voix pré­pon­dé­rante du pré­sident, d’ac­cep­ter l’avant-pro­jet 2 et, par 15 voix contre 10, de sus­pendre l’avant-pro­jet 3. La majo­rité de la Com­mis­sion consi­dère le pro­jet 1 actuel comme une prio­rité par rap­port aux avant-pro­jets 2 et 3.

Sup­pri­mer le droit de timbre de négo­cia­tion et celui sur les primes d’as­su­rance accroît l’at­trac­ti­vité du mar­ché finan­cier suisse

L’ini­tia­tive par­le­men­taire vise à sup­pri­mer par étapes les droits de timbre. Le pro­jet 1 met en œuvre la pre­mière étape de l’ini­tia­tive par­le­men­taire et abo­lit le droit de timbre d’émis­sion sur le capi­tal propre.

Les pro­jets 2 et 3, qui consti­tuent la deuxième étape de la mise en œuvre, pré­voient l’abro­ga­tion des droits de timbre de négo­cia­tion et sur les primes d’as­su­rance. Cette abo­li­tion doit se faire en deux étapes. Le pro­jet 2 pré­voit la sup­pres­sion du droit de timbre de négo­cia­tion sur les titres suisses et sur les obli­ga­tions étran­gères avec une durée rési­duelle infé­rieure à une année ainsi que du droit de timbre sur les primes d’as­su­rance vie. Le pro­jet 3 pré­voit l’abo­li­tion du droit de timbre de négo­cia­tion sur les titres étran­gers et sur les primes d’as­su­rance de choses et de patri­moine. La Com­mis­sion de l’éco­no­mie et des rede­vances du Conseil natio­nal (CER-N), qui a éla­boré les avant-pro­jets, les a sou­mis à consul­ta­tion.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande, à l’ins­tar de la majo­rité de la CER-N, d’en­trer en matière sur le pro­jet et de l’ap­prou­ver.

Sou­te­nir la reprise éco­no­mique

La pan­dé­mie de Covid-19 a déclen­ché une crise éco­no­mique mon­diale. Dans cette situa­tion, la poli­tique fis­cale doit contri­buer à limi­ter les consé­quences éco­no­miques et à sou­te­nir la reprise après la crise. Il est clair que, les fonds étant limi­tés, ils doivent être uti­li­sés là où l’on peut s'at­tendre à un effet de levier éco­no­mique maxi­mal. De tels effets posi­tifs sont docu­men­tés pour les deux réformes fis­cales en attente depuis des années que sont la réforme de l’im­pôt anti­cipé et l’abo­li­tion des droits de timbre. À la demande de l’Ad­mi­nis­tra­tion fédé­rale des contri­bu­tions, BAK Eco­no­mics a démon­tré le poten­tiel éco­no­mique consi­dé­rable inhé­rent à la sup­pres­sion des droits de timbre.

Pre­mière étape impor­tante pour éli­mi­ner des obs­tacles entra­vant l’ac­cès au mar­ché

Les entre­prises sou­tiennent le pro­jet 2, consi­dé­rant qu’il s’agit d’une étape impor­tante. La sup­pres­sion du droit de timbre de négo­cia­tion sur les obli­ga­tions avec une durée rési­duelle de moins d’un an est appro­priée, car elle empêche la com­mer­cia­li­sa­tion des pro­duits concer­nés en Suisse. Le droit de timbre sur les primes d’as­su­rance vie doit éga­le­ment être aboli dans un ave­nir proche. Cet impôt a porté un gros pré­ju­dice au mar­ché de l’as­su­rance vie en Suisse, au point que les recettes fis­cales géné­rées ne jus­ti­fient plus les coûts de la per­cep­tion. Les mesures citées n’en­traî­ne­ront pas de baisse signi­fi­ca­tive des recettes fis­cales, mais une aug­men­ta­tion des acti­vi­tés sur les mar­chés finan­ciers et de la valeur créée par la place éco­no­mique suisse.

Pour une place finan­cière tech­no­lo­gi­que­ment viable et durable

L’amé­lio­ra­tion des condi­tions-cadre pour les solu­tions de blo­ck­chain/DLT(tech­no­lo­gie des registres dis­tri­bués) est un objec­tif déclaré du Conseil fédé­ral. Tou­te­fois, si les ques­tions fis­cales ne sont pas prises en compte, la place éco­no­mique suisse ne pourra pas déployer suf­fi­sam­ment son poten­tiel. Actuel­le­ment, le droit de timbre de négo­cia­tion sur les titres est dû lorsque des négo­ciants de valeurs mobi­lières suisses sont impli­qués. Ce n’est pas le cas sur des places finan­cières concur­rentes, car elles ne connaissent pas de droit de timbre de négo­cia­tion. Ainsi, les pla­te­formes numé­riques suisses accusent un désa­van­tage concur­ren­tiel mani­feste par rap­port à des pla­te­formes DLT étran­gères. L’abo­li­tion du droit de timbre de négo­cia­tion éli­mine une entrave à une place finan­cière tech­no­lo­gi­que­ment durable.

La sup­pres­sion du droit de timbre de négo­cia­tion sur les titres suisses incite aussi la place finan­cière à mettre sur le mar­ché des pro­duits finan­ciers durables. Ce droit de timbre consti­tue actuel­le­ment un obs­tacle à cet égard. Des pro­duits d’in­ves­tis­se­ment durables doivent être attrayants pour les inves­tis­seurs étran­gers et ins­ti­tu­tion­nels. Le droit de timbre de négo­cia­tion fait obs­tacle à cette évo­lu­tion. Il faut l'abo­lir éga­le­ment dans l’in­té­rêt des pro­duits finan­ciers durables.

D’autres mesures s’im­posent en lien avec le droit de timbre de négo­cia­tion

D’autres mesures sont néces­saires pour exploi­ter le poten­tiel éco­no­mique. Ainsi, le droit de timbre de négo­cia­tion devrait être sup­primé sur les titres suisses mais aussi sur les titres étran­gers, vu le rôle déter­mi­nant qu’il joue en matière de ges­tion inter­na­tio­nale d’ac­tifs. En Suisse, les titres étran­gers sont actuel­le­ment sou­mis à un taux d’im­po­si­tion élevé, alors que des places finan­cières concur­rentes tels que Sin­ga­pour, les États-Unis ou Hong Kong ne connaissent pas d’im­pôt com­pa­rable. Dans l’in­té­rêt d’une place finan­cière solide, cet obs­tacle doit aussi être levé dans une étape ulté­rieure.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil natio­nal, Chambre prio­ri­taire, se pen­chera sur cet objet au cours de la ses­sion d’hi­ver 2020. Sa Com­mis­sion de l’éco­no­mie et des rede­vances (CER-N) lui recom­mande, par 12 voix contre 12, une abs­ten­tion et la voix pré­pon­dé­rante du pré­sident, d’en­trer en matière et d’ac­cep­ter le pro­jet 2. Les par­ti­sans du pro­jet 2 font valoir qu’il repré­sente une chance pour la place finan­cière suisse. En outre, le Conseil des États n’a pas l’in­ten­tion de reprendre les déli­bé­ra­tions sur le pro­jet 1 avant que le Conseil natio­nal ait donné son avis sur les avant-pro­jets.

En ce qui concerne le pro­jet 3, la com­mis­sion recom­mande à son plé­num, par 15 voix contre 10, de le sus­pendre jus­qu’à ce que le Conseil fédé­ral ait publié son mes­sage sur la réforme de l'im­pôt anti­cipé.

Le Conseil natio­nal doit entrer en matière si nous vou­lons conser­ver une place éco­no­mique recon­nue à l'échelle inter­na­tio­nale

Le 7 décembre 2016, le Groupe d'ac­tion finan­cière (GAFI) a publié le qua­trième rap­port natio­nal sur la Suisse. Il y recon­naît la bonne qua­lité du dis­po­si­tif suisse visant à lut­ter contre le blan­chi­ment d’ar­gent et le finan­ce­ment du ter­ro­risme. Dans cer­tains domaines, il a tou­te­fois aussi iden­ti­fié des fai­blesses légis­la­tives et quant à l’ef­fi­ca­cité des pres­crip­tions et for­mulé des recom­man­da­tions. Le troi­sième rap­port de suivi appro­fondi, de jan­vier 2020, atteste les pro­grès réa­li­sés grâce aux mesures prises en Suisse, en par­ti­cu­lier au vu de la pré­sente révi­sion de la loi sur le blan­chi­ment d’ar­gent.

L’ob­jec­tif du pré­sent pro­jet est de mettre en œuvre les prin­ci­pales recom­man­da­tions du rap­port sur la Suisse.

Le pro­jet de loi pré­voit tout d’abord d’in­tro­duire des obli­ga­tions pour les per­sonnes qui four­nissent cer­taines pres­ta­tions en lien avec des socié­tés ou des trusts (conseillers). Il abaisse par ailleurs le seuil pour des paie­ments en espèces sou­mis à des obli­ga­tions de dili­gence dans le domaine du négoce des métaux pré­cieux et des pierres pré­cieuses. La loi pré­voira désor­mais expli­ci­te­ment la véri­fi­ca­tion de l’iden­tité de l’ayant droit éco­no­mique et une obli­ga­tion géné­rale d’ac­tua­li­ser les don­nées des clients.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

L’éco­no­mie se féli­cite de l’adap­ta­tion de la loi sur le blan­chi­ment d’ar­gent (LBA) aux normes du GAFI et recom­mande que le pro­jet de loi soit accepté avec peu de chan­ge­ments. Les chan­ge­ments pro­po­sés ren­for­ce­ront encore l’ex­cellent dis­po­si­tif de la Suisse. Les modi­fi­ca­tions consti­tuent un nou­veau pas impor­tant vers la coor­di­na­tion inter­na­tio­nale et contri­buent au retrait de la Suisse du pro­ces­sus de suivi inten­si­fié du GAFI et tiennent compte de manière appro­priée de la mise en œuvre ainsi que de l’ap­proche fon­dée sur les risques qui a fait ses preuves.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil natio­nal exa­mine à nou­veau le pro­jet pen­dant la ses­sion d’hi­ver 2020 afin d’en éli­mi­ner les diver­gences. La majo­rité de sa com­mis­sion des affaires juri­diques (CAJ-N) a adopté le pro­jet au vote d’en­semble par 13 voix contre 9 et 3 abs­ten­tions. Une mino­rité estime tou­te­fois qu’il est néces­saire que la Suisse moder­nise sa loi sur le blan­chi­ment d'ar­gent. Le refus de la CAJ-N équi­vaut à un refus d’en­trer en matière. La com­mis­sion a cepen­dant décidé de sou­mettre les pro­po­si­tions décou­lant des déli­bé­ra­tions détaillées à son plé­num à titre sub­si­diaire, au cas où il déci­de­rait d’en­trer en matière.

Le Conseil des États a approuvé le pro­jet au cours de la ses­sion d’au­tomne 2020. Il avait tou­te­fois sup­primé la pro­po­si­tion du Conseil fédé­ral visant à dur­cir les obli­ga­tions de dili­gence des conseillers.

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

Le Conseil natio­nal a heu­reu­se­ment décidé d’en­trer en matière sur le pro­jet de loi révisé. Cepen­dant il a ren­voyé le pro­jet à sa com­mis­sion en lui deman­dant de le retra­vailler. Les milieux éco­no­miques saluent cette déci­sion dans la mesure où les dis­po­si­tions rela­tives aux conseillers doivent être davan­tage adap­tées aux spé­ci­fi­ci­tés de ces pres­ta­taires de ser­vices. Dès lors, il y a tou­jours des chances pour que la Suisse dis­pose d’une loi sur le blan­chi­ment d’ar­gent conforme aux normes inter­na­tio­nales à moyen terme.

La prise de posi­tion détaillée des milieux éco­no­miques est dis­po­nible ici.

Des inter­con­nexions inter­na­tio­nales vitales pour la recherche suisse

La pro­chaine géné­ra­tion du pro­gramme-cadre de l’Union euro­péenne (UE) pour la recherche et l’in­no­va­tion, appe­lée «Hori­zon Europe», débu­tera comme prévu en 2021. Ce pro­gramme ainsi que trois autres ini­tia­tives euro­péennes forment le paquet Hori­zon 2021-2027. Afin de per­mettre la pour­suite de la par­ti­ci­pa­tion suisse à ces pro­grammes, le Conseil fédé­ral demande au Par­le­ment un total de 6154 mil­lions de francs.

Les cré­dits deman­dés couvrent les contri­bu­tions obli­ga­toires pré­su­mées (5423 mil­lions de francs suisses au total) pour une pleine par­ti­ci­pa­tion de la Suisse en tant qu’État asso­cié à «Hori­zon Europe», au pro­gramme asso­cié Eur­atom, au nou­veau pro­gramme «pour une Europe numé­rique» ainsi qu’à l’in­fra­struc­ture inter­na­tio­nale ITER (recherche sur la fusion) jus­qu’en 2027. En outre, une réserve est pré­vue au cas où les contri­bu­tions obli­ga­toires devraient se révé­ler plus éle­vées (614 mil­lions de francs).

Dès lors que le Par­le­ment approuve ces fonds, le Conseil fédé­ral pourra négo­cier un renou­vel­le­ment de l’ac­cord bila­té­ral avec l’UE sur la par­ti­ci­pa­tion au paquet «Hori­zon», conclure un accord y rela­tif et assu­rer ainsi une asso­cia­tion inin­ter­rom­pue de la Suisse.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande d’ac­cep­ter le pro­jet, comme le pro­pose la majo­rité de la CSEC-N.

L’ac­cès aux pro­grammes-cadre de recherche euro­péens est essen­tiel pour la recherche suisse. Hori­zon Europe est le plus grand pro­gramme d’en­cou­ra­ge­ment de la recherche au monde, dont l’ex­cel­lence est assu­rée par une concur­rence intense. La mise en réseau inter­na­tio­nale qui y est asso­ciée est de la plus haute impor­tance pour la qua­lité de la recherche – cela vaut tant pour les uni­ver­si­tés que pour l’in­dus­trie.

De nom­breux thèmes de recherche ne peuvent être déve­lop­pés avec suc­cès que dans le cadre d’un réseau; un cava­lier seul de la Suisse, en pho­to­nique ou en recherche éner­gé­tique par exemple, aurait peu de chances de suc­cès; une col­la­bo­ra­tion euro­péenne est, en effet, indis­pen­sable dans ce domaine. La Suisse ne pourra main­te­nir la qua­lité de sa recherche et donc celle de ses pôles de com­pé­ti­ti­vité qu’à condi­tion que les cher­cheurs soient inté­grés dans des réseaux inter­na­tio­naux et en concur­rence avec d’autres cher­cheurs.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil natio­nal, deuxième Chambre déli­bé­rante, trai­tera cet objet pen­dant la ses­sion d’hi­ver 2020. Sa Com­mis­sion de la science, de l'édu­ca­tion et de la culture (CSEC-N) lui recom­mande, par 18 voix contre 0 et 7 abs­ten­tions, d’ap­prou­ver le finan­ce­ment du paquet Hori­zon 2021-2027.

Lors de la ses­sion d’au­tomne 2020, le Conseil des États a adopté le pro­jet de loi, par 37 voix contre 2 et 2 abs­ten­tions, et a approuvé les fonds néces­saires, soit 6,15 mil­liards de francs.

ÉVI­TER DE CRÉER UN PRÉ­CÉ­DENT DOM­MA­GEABLE: IL NE FAUT PAS INTER­DIRE LA PUBLI­CITÉ POUR DES PRO­DUITS AUTO­RI­SÉS

L’or­don­nance sur les pro­duits du tabac se fonde actuel­le­ment prin­ci­pa­le­ment sur la loi sur les den­rées ali­men­taires. Il est ques­tion de la trans­po­ser au niveau de la loi afin de la doter de bases légales.

Le pro­jet de loi actuel consti­tue une deuxième mou­ture. Le Par­le­ment avait ren­voyé le pre­mier pro­jet au Conseil fédé­ral en 2016. Celui-ci avait été chargé d’ins­crire la pro­tec­tion des enfants et des jeunes dans la loi: en auto­ri­sant l'achat de pro­duits du tabac à par­tir de 18 ans seule­ment et en créant une base légale pour l’in­ter­dic­tion de la publi­cité ciblant les mineurs et les achats tests. Le Conseil fédé­ral était éga­le­ment prié de sup­pri­mer expli­ci­te­ment les res­tric­tions dans les domaines de la publi­cité, du par­rai­nage et de la pro­mo­tion ainsi que la décla­ra­tion des dépenses consa­crées à la publi­cité et au mar­ke­ting. Enfin, il devait édic­ter des règles dif­fé­ren­ciées pour les pro­duits alter­na­tifs comme l’e-ciga­rette, les pro­duits du tabac à chauf­fer et le snus.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande d’ac­cep­ter le pro­jet avec les modi­fi­ca­tions ci-après.

L’éco­no­mie salue l’amé­lio­ra­tion de la pro­tec­tion de la jeu­nesse

eco­no­mie­suisse sou­tient le pro­jet et l’amé­lio­ra­tion de la pro­tec­tion de la jeu­nesse pré­vue, moyen­nant l’in­ter­dic­tion de la remise de pro­duits du tabac aux moins de 18 ans et de la publi­cité ciblant les mineurs. Ces inter­ven­tions sont pro­por­tion­nées et effi­caces.

La publi­cité ne doit pas être inter­dite pour des pro­duits auto­ri­sés

D’un point de vue régle­men­taire, il faut s’as­su­rer que les pro­duits légaux puissent éga­le­ment faire l’ob­jet de publi­cité. Des res­tric­tions qui impliquent de facto une inter­dic­tion de la publi­cité pour les pro­duits du tabac à l’échelle natio­nale, sont exces­sives, dis­pro­por­tion­nées et donc à reje­ter. Une inter­dic­tion totale, et donc indif­fé­ren­ciée, de la publi­cité consti­tue­rait une inter­ven­tion radi­cale et une res­tric­tion des droits consti­tu­tion­nels injus­ti­fiable pour des pro­duits auto­ri­sés. La pro­tec­tion de la jeu­nesse, aussi impor­tante et jus­ti­fiée soit-elle, ne doit pas ser­vir de pré­texte pour inter­dire la com­mu­ni­ca­tion et la publi­cité sur des pro­duits légaux. De plus, inter­dire la publi­cité revien­drait à inter­dire l’in­no­va­tion.

Pas de solu­tion suisse pour les pro­duits du tabac

Le pro­jet inter­dit les ingré­dients qui «faci­litent l’in­ha­la­tion» dans les pro­duits du tabac et les nou­veaux pro­duits de sub­sti­tu­tion. Tou­te­fois, une telle inter­dic­tion n’em­pê­che­rait pas la consom­ma­tion des pro­duits men­tion­nés; elle ne ferait que dépla­cer la demande vers les pays voi­sins ou vers le com­merce illé­gal et repré­sente une atteinte à la liberté éco­no­mique des pro­duc­teurs garan­tie par la Consti­tu­tion. La direc­tive euro­péenne concer­née pré­voit une telle inter­dic­tion pour les pro­duits du tabac clas­siques des­ti­nés à être fumés (ciga­rettes), mais pas pour les pro­duits de sub­sti­tu­tion tels que les e-ciga­rettes et les pro­duits du tabac à chauf­fer. Il faut reje­ter un «Swiss finish» à cet égard. Il est pos­sible de garan­tir la pro­tec­tion de la jeu­nesse et d’as­su­rer le res­pect de normes de qua­lité à condi­tion que ces pro­duits puissent être ven­dus léga­le­ment en Suisse.

La pro­po­si­tion d’in­ter­dire les filtres de ciga­rettes conte­nant des pro­duits non bio­dé­gra­dables doit éga­le­ment être reje­tée. Les filtres uti­li­sés actuel­le­ment sont faits d’acé­tate de cel­lu­lose (un poly­mère renou­ve­lable d'ori­gine bio­lo­gique) qui se dégrade dans l’en­vi­ron­ne­ment en un mois à plu­sieurs années. Selon l’in­ter­pré­ta­tion du terme «bio­dé­gra­dable», une telle dis­po­si­tion équi­vau­drait en fait à une inter­dic­tion natio­nale de la vente de ciga­rettes, car il n’existe pas d’al­ter­na­tive satis­fai­sante. Aucun autre pays ne connaît une telle inter­dic­tion. En cas d’ac­cep­ta­tion, il fau­drait s’at­tendre à une aug­men­ta­tion mas­sive du tou­risme d’achat et du mar­ché noir.

Des com­pé­tences uni­formes au niveau fédé­ral

Une régle­men­ta­tion uni­forme à l’échelle natio­nale per­met d’éta­blir une norme uni­forme pour l’in­dus­trie, le com­merce et la publi­cité. Des régle­men­ta­tions can­to­nales occa­sionnent du tra­vail et des coûts sup­plé­men­taires impor­tants et doivent donc être reje­tées.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil natio­nal, second conseil, trai­tera le deuxième pro­jet de loi (loi fédé­rale sur les pro­duits du tabac et les ciga­rettes élec­tro­niques) pen­dant la ses­sion d’hi­ver 2020.

Lors de la ses­sion d’au­tomne 2019, le Conseil des États est allé encore plus loin que le Conseil fédé­ral: il a en par­ti­cu­lier inter­dit la publi­cité pour les ciga­rettes dans la presse et sur inter­net. Il pré­voyait d’in­ter­dire éga­le­ment le par­rai­nage de mani­fes­ta­tions inter­na­tio­nales par l’in­dus­trie du tabac.

La Com­mis­sion de la sécu­rité sociale et de la santé publique du Conseil natio­nal (CSSS-N) pro­pose à son plé­num, par 18 voix contre 7, d’ac­cep­ter le pro­jet. La com­mis­sion suit pour l’es­sen­tiel le Conseil des États, qui a durci le pro­jet du Conseil fédé­ral, par­fois for­te­ment, notam­ment en ce qui concerne les res­tric­tions en matière de publi­cité et de par­rai­nage.

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

L’ob­jec­tif prin­ci­pal de la nou­velle loi sur les pro­duits du tabac est de pro­té­ger les mineurs des effets nocifs de la consom­ma­tion de tabac et de nico­tine. eco­no­mie­suisse sou­tient clai­re­ment les mesures en ce sens. Pour les res­tric­tions de publi­cité, le Conseil natio­nal a main­te­nant choisi une approche plus équi­li­brée que le Conseil des États. Pour eco­no­mie­suisse, cela consti­tue un pas impor­tant dans la bonne direc­tion.
Concer­nant la consom­ma­tion à l’in­té­rieur d’e-ciga­rettes et de pro­duits du tabac à chauf­fer, le Conseil natio­nal a approuvé un com­pro­mis. Elle devrait être inter­dite par prin­cipe, sauf dans les espaces que l’ex­ploi­tant d’un hôtel ou d’un res­tau­rant pré­voit expres­sé­ment à cette fin. Il res­tera éga­le­ment pos­sible de tes­ter les pro­duits dans des zones dési­gnées de maga­sins spé­cia­li­sés. La voie du milieu choi­sie ici tient compte du fait, du moins en par­tie, que les nou­veaux pro­duits de sub­sti­tu­tion ne pro­duisent pas de fumée. Cepen­dant, les nou­velles inter­dic­tions impré­cises d’in­gré­dients intro­duites par le Conseil natio­nal sont pro­blé­ma­tiques, tout comme le «Swiss Finish» décidé à cet égard. Le pro­jet retourne à pré­sent au Conseil des États avec ces diver­gences.

Conseil des États

L’INI­TIA­TIVE ET SON CONTRE-PRO­JET MANQUENT LA CIBLE DES BAISSES DE PRIX

L’ini­tia­tive sou­haite garan­tir l’achat non dis­cri­mi­na­toire de biens et de ser­vices à l’étran­ger et empê­cher les res­tric­tions de concur­rence cau­sées par des pra­tiques d’en­tre­prises puis­santes sur le mar­ché. Elle néces­si­te­rait une adap­ta­tion de la loi sur les car­tels. Le contrôle des abus selon la loi sur les car­tels vise­rait tou­jours les entre­prises puis­santes sur le mar­ché, mais éga­le­ment celles ayant une posi­tion domi­nante rela­tive. L’ini­tia­tive sou­haite par ailleurs garan­tir un com­merce en ligne non dis­cri­mi­na­toire. Elle demande ainsi une inter­dic­tion du blo­cage de conte­nus inter­net par les four­nis­seurs en fonc­tion de la loca­li­sa­tion (blo­cage géo­gra­phique privé).

Le contre-pro­jet indi­rect du Conseil fédé­ral pré­voit une adap­ta­tion de la loi sur les car­tels et reprend le concept de pou­voir de mar­ché rela­tif pro­posé dans l’ini­tia­tive. Son appli­ca­tion se limi­te­rait tou­te­fois aux mesures visant à cloi­son­ner le mar­ché suisse. La régle­men­ta­tion du Conseil fédé­ral ne s’ap­pli­que­rait pas aux situa­tions concer­nant stric­te­ment le mar­ché domes­tique. Le contre-pro­jet indi­rect ne pré­voit pas le blo­cage géo­gra­phique privé en rai­son de dif­fi­cul­tés de mise en œuvre.

Au cours de la ses­sion de prin­temps 2020, le Conseil natio­nal a révisé le contre-pro­jet indi­rect du Conseil fédé­ral en repre­nant fidè­le­ment les pré­oc­cu­pa­tions de l’ini­tia­tive: le droit des car­tels doit cou­vrir non seule­ment les entre­prises qui dominent le mar­ché, mais aussi celles qui ont un pou­voir de mar­ché rela­tif. Contrai­re­ment au Conseil fédé­ral, le Conseil natio­nal entend pro­té­ger non seule­ment les ache­teurs mais aussi les four­nis­seurs s’ils dépendent d’ache­teurs occu­pant une posi­tion domi­nante. Enfin, le contre-pro­jet couvre aussi les rela­tions d’af­faires en Suisse. Le Conseil natio­nal sou­tient éga­le­ment une inter­dic­tion géné­rale du blo­cage géo­gra­phique.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande de reje­ter l’ini­tia­tive popu­laire et de ne pas entrer en matière sur le contre-pro­jet indi­rect du Conseil natio­nal.

Ni le contre-pro­jet indi­rect (du CF et du CN) ni l’ini­tia­tive n’en­traî­ne­rait une baisse signi­fi­ca­tive des prix en Suisse. Les dif­fé­rences de prix ne sont pas néces­sai­re­ment le résul­tat de prix exces­sifs, mais peuvent, par exemple, s’ex­pli­quer par des coûts sala­riaux plus éle­vés, des risques de change, des régle­men­ta­tions natio­nales diver­gentes ou des dépenses supé­rieures pour l’ac­qui­si­tion de res­sources. L’ou­ver­ture des mar­chés, l’ap­pli­ca­tion du prin­cipe du Cas­sis de Dijon, la réduc­tion des droits de douane ainsi que la sup­pres­sion de obs­tacles (tech­niques) au com­merce et des régle­men­ta­tions seraient des moyens beau­coup plus effi­caces et directs d’agir contre les prix éle­vés en Suisse. Il convient éga­le­ment de noter que ni l’ini­tia­tive ni le contre-pro­jet indi­rect du Conseil fédé­ral et du Conseil natio­nal ne pré­voit d’obli­ga­tion ou de garan­tie pour que les entre­prises implan­tées en Suisse soient tenues de réper­cu­ter sur leurs clients les avan­tages obte­nus en vertu de la loi sur les car­tels.

Le pou­voir de mar­ché rela­tif, un corps étran­ger dans le droit des car­tels

Une com­pa­rai­son de l’ini­tia­tive avec le contre-pro­jet indi­rect du Conseil natio­nal montre que les méca­nismes pro­po­sés sont lar­ge­ment iden­tiques. Les deux demandent, entre autres, l’in­tro­duc­tion du concept de pou­voir de mar­ché rela­tif dans le droit des car­tels suisse. On dit en effet qu’il y a domi­na­tion du mar­ché lors­qu’une entre­prise n’est pas suf­fi­sam­ment «dis­ci­pli­née» par la concur­rence, parce qu’elle a une posi­tion de mono­pole par exemple. À l’in­verse, une entre­prise est consi­dé­rée comme dis­po­sant d’un pou­voir de mar­ché rela­tif lorsque d’autres entre­prises indi­vi­duelles en dépendent de telle manière qu’elles n’ont pas de pos­si­bi­li­tés suf­fi­santes et rai­son­nables de pas­ser à d’autres par­te­naires. Il n'existe pas de défi­ni­tion géné­ra­le­ment accep­tée de ce qu'il faut entendre par des pos­si­bi­li­tés «suf­fi­santes et rai­son­nables».

Le pou­voir de mar­ché rela­tif ne concerne donc pas la concur­rence en tant que telle, mais la dépen­dance éco­no­mique des entre­prises indi­vi­duelles vis-à-vis de four­nis­seurs et de clients. Ainsi, il est pos­sible d’in­ter­ve­nir dans la rela­tion bila­té­rale entre deux entre­prises, même s’il n’y a pas de posi­tion domi­nante sur le mar­ché ou que la concur­rence fonc­tionne glo­ba­le­ment sur le mar­ché concerné. La tâche prin­ci­pale du droit des car­tels n’est cepen­dant pas de régler les dif­fé­rends contrac­tuels entre entre­prises, mais d’em­pê­cher les com­por­te­ments éco­no­mi­que­ment pré­ju­di­ciables.

L’ap­proche adé­quate des auto­ri­tés de concur­rence est mise à mal

La mise en œuvre du concept de pou­voir de mar­ché rela­tif pose des dif­fi­cul­tés consi­dé­rables. Il faut déter­mi­ner la dépen­dance pour chaque pro­duit et pour chaque rela­tion bila­té­rale ; il faut pro­cé­der à une pesée com­plète des inté­rêts, un exer­cice com­plexe. De longs conflits juri­diques seront inévi­tables.

Pas de concur­rence par les prix en rai­son de la clause de réim­por­ta­tion

Tant l’ini­tia­tive que le contre-pro­jet indi­rect selon la ver­sion du Conseil natio­nal sou­tiennent une clause de réim­por­ta­tion qui per­met­trait aux entre­prises suisses de res­treindre l’achat à l’étran­ger des mar­chan­dises qu’elles exportent, à condi­tion que celles-ci soient sim­ple­ment réim­por­tées en Suisse et ven­dues sans autre trans­for­ma­tion. En consé­quence, il arrive bien sou­vent que les entre­prises et les consom­ma­teurs suisses ne béné­fi­cient pas de prix plus bas pour des pro­duits suisses, car la réim­por­ta­tion des pro­duits par les fabri­cants suisses peut être entra­vée uni­la­té­ra­le­ment et léga­le­ment.

Blo­cage géo­gra­phique: sou­vent une néces­sité et non un outil pour cloi­son­ner un mar­ché

Une inter­dic­tion géné­rale du blo­cage géo­gra­phique consti­tue éga­le­ment un obs­tacle à la libre concur­rence. Elle peut être néces­saire pour des rai­sons de pro­tec­tion des consom­ma­teurs (dif­fé­rences en matière de devoirs d’in­for­ma­tion, de garan­ties) ou en rai­son d’as­pects régle­men­taires (pro­duits des mar­chés finan­ciers, pro­duits phar­ma­ceu­tiques, etc.) par exemple. Le Conseil fédé­ral sou­ligne à juste titre qu’une inter­dic­tion sans accord inter­na­tio­nal cor­res­pon­dant sus­ci­te­rait de grandes dif­fi­cul­tés d’ap­pli­ca­tion et serait donc sans effet.

État des déli­bé­ra­tions

Au cours de la ses­sion de prin­temps 2020, le Conseil natio­nal, pre­mier conseil, a rejeté l’ini­tia­tive par 102 voix contre 58 et 27 abs­ten­tions, mais adopté un contre-pro­jet indi­rect par 150 voix contre 27. Il a révisé en pro­fon­deur le contre-pro­jet du Conseil fédé­ral et repris pour ainsi dire telles quelles les exi­gences de l’ini­tia­tive.

Le Conseil des États, second conseil, exa­mi­nera cette ini­tia­tive popu­laire ainsi que le contre-pro­jet indi­rect revu par le Conseil natio­nal pen­dant la ses­sion d’hi­ver 2020. Sa Com­mis­sion de l’éco­no­mie et des rede­vances (CER-E) recom­mande au peuple et aux can­tons de reje­ter l’ini­tia­tive popu­laire et demande à son plé­num de sou­te­nir le contre-pro­jet indi­rect du Conseil natio­nal sur les points essen­tiels. Elle demande tou­te­fois de s’écar­ter de ce der­nier pro­jet sur trois points.

EN ADOP­TANT LE PRO­JET DU CONSEIL FEDE­RAL, LE CONSEIL DES ETATS POSE DES JALONS IMPOR­TANTS POUR L'ÉCO­NO­MIE SUISSE

Le pro­jet pro­pose de réduire à zéro les droits de douane sur les pro­duits indus­triels impor­tés à comp­ter du 1er jan­vier 2022. Le terme de pro­duits indus­triels couvre presque tous les biens à l’ex­cep­tion des pro­duits agri­coles (four­rages com­pris) et des pro­duits de la pêche. Au-delà de la sup­pres­sion uni­la­té­rale des droits de douane, le pro­jet sim­pli­fie la struc­ture des droits de douane appli­qués aux pro­duits indus­triels.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

La sup­pres­sion des droits de douane sur les pro­duits indus­triels est impor­tante et urgente aux yeux d’eco­no­mie­suisse. Les milieux éco­no­miques recom­mandent vive­ment d’ac­cep­ter le pro­jet de loi confor­mé­ment au pro­jet du Conseil fédé­ral.

Cette mesure sou­la­ge­rait les entre­prises suisses (en par­ti­cu­lier les PME) sur les plans finan­cier et admi­nis­tra­tif et allè­ge­rait leurs charges admi­nis­tra­tives, c’est impor­tant - sur­tout au vu des consé­quences éco­no­miques de la crise du coro­na­vi­rus. Cette mesure struc­tu­relle à long terme béné­fi­cie­rait non seule­ment aux indus­tries expor­ta­trices mais aussi à l’ad­mi­nis­tra­tion, aux consom­ma­teurs et aux entre­prises qui pro­duisent prin­ci­pa­le­ment pour le mar­ché inté­rieur. Ces allè­ge­ments per­met­traient de créer de nou­veaux modèles com­mer­ciaux pour le com­merce et l’in­dus­trie dans le cadre du com­merce trans­fron­ta­lier de mar­chan­dises. Le sec­teur agri­cole n’est pas concerné car le pro­jet porte exclu­si­ve­ment sur des biens indus­triels.

Du point de vue éco­no­mique, la sup­pres­sion des droits de douane sur les pro­duits indus­triels entraîne une aug­men­ta­tion de la pros­pé­rité. Le manque à gagner brut de la Confé­dé­ra­tion serait com­pensé par une per­for­mance éco­no­mique accrue, en hausse de 860 mil­lions de francs. De plus, à taux d’im­po­si­tion égaux, l’im­pul­sion don­née à la crois­sance par le pro­jet entraî­ne­rait une hausse des recettes fis­cales. En termes nets, c’est-à-dire après avoir pris en consi­dé­ra­tion les recettes fis­cales sup­plé­men­taires atten­dues et l’al­lé­ge­ment des charges admi­nis­tra­tives, le manque à gagner serait moindre (310 mil­lions de francs suisses pour 2016 selon l’étude d’Eco­plan). Il faut ajou­ter à cela que les trois quarts envi­ron des droits de douane sur les biens indus­triels ont en prin­cipe déjà été sup­pri­més dans le cadre des accords de libre-échange - sauf que ces accords ne peuvent être uti­li­sés dans leur inté­gra­lité pour diverses rai­sons.

Un affai­blis­se­ment du pro­jet du Conseil fédé­ral ne serait pas une solu­tion - ce serait même contre-pro­duc­tif d’un point de vue macroé­co­no­mique. L’étude men­tion­née montre éga­le­ment qu’une abo­li­tion totale et uni­la­té­rale des droits de douane sur les pro­duits indus­triels, en une seule étape, est la solu­tion la plus béné­fique pour l'éco­no­mie.

Vous trou­ve­rez des infor­ma­tions plus détaillées dans notre dos­sier­po­li­tique(09/2019 Lever les droits de douane sur les pro­duits indus­triels?Tout le monde en pro­fi­te­rait).

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil des États, pre­mier conseil, exa­mi­nera ce pro­jet au cours de la ses­sion d’hi­ver 2020.

Il est entré en matière avec une confor­table majo­rité (29 voix contre 14) au cours de la ses­sion d’au­tomne 2020. La Chambre basse a, elle, refusé d’en­trer en matière au cours de la ses­sion d’été (108 voix contre 83).

L’ÉCO­NO­MIE SUISSE A UN INTÉ­RÊT VITAL AU MAIN­TIEN DES DIS­PO­SI­TIONS DE SCHEN­GEN

Le Conseil fédé­ral pro­pose de trans­po­ser dans le droit suisse trois règle­ments de l’es­pace Schen­gen concer­nant le sys­tème d’in­for­ma­tion Schen­gen (SIS) dans les domaines de la police, du retour et des fron­tières (déve­lop­pe­ments de l’ac­quis de Schen­gen). Pour cela, diverses bases juri­diques doivent être adap­tées. Grâce au SIS, ces règle­ments sont des­ti­nés à garan­tir des pra­tiques com­munes et à assu­rer la sécu­rité et la lutte contre le séjour illé­gal dans les États Schen­gen.

Ce pro­jet de loi s’ac­com­pagne d’une modi­fi­ca­tion de la loi fédé­rale sur le sys­tème d’in­for­ma­tion com­mun aux domaines des étran­gers et de l’asile (LDEA), afin que le sys­tème d’in­for­ma­tion cen­tral sur la migra­tion (SYMIC) puisse enre­gis­trer des infor­ma­tions sur les mesures de ren­voi et de déten­tion et notam­ment sur l’ex­pul­sion de res­sor­tis­sants de pays tiers et de res­sor­tis­sants de l’UE/AELE.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande d’adop­ter le pro­jet selon la majo­rité de la CPS-E.

Un arrêt de la par­ti­ci­pa­tion au SIS mena­ce­rait la pour­suite de la par­ti­ci­pa­tion de la Suisse à l’ac­cord de Schen­gen. Et sans ce der­nier, la Suisse ne pour­rait plus uti­li­ser le visa Schen­gen. La dis­pa­ri­tion de l’ac­cord de Schen­gen aurait des consé­quences impor­tantes pour l’éco­no­mie suisse et sur­tout pour son sec­teur du tou­risme. À cela s’ajoute que l’ar­rêt de la par­ti­ci­pa­tion au SIS com­pro­met­trait la sécu­rité en Suisse.

Reprise de l’ac­quis Schen­gen pour déve­lop­per l’ac­cord de Schen­gen

Quant à la trans­po­si­tion dans le droit suisse des bases légales de l’UE pour le sys­tème d’in­for­ma­tion Schen­gen (SIS), il s’agit d’un déve­lop­pe­ment de l’ac­cord bila­té­ral d’as­so­cia­tion à Schen­gen. Sa mise en œuvre dans le cadre de la loi fédé­rale sur le sys­tème d’in­for­ma­tion com­mun aux domaines des étran­gers et de l’asile (LDEA) nous semble appro­priée et néces­saire. Les modi­fi­ca­tions pro­po­sées en ce qui concerne le SIS sont dans l’in­té­rêt de la Suisse et res­pectent plei­ne­ment les pres­crip­tions en vigueur en matière de pro­tec­tion de la per­son­na­lité et des don­nées.

Si la Suisse ne reprend pas l’ac­quis de Schen­gen – éla­boré avec la par­ti­ci­pa­tion de la Suisse – l’ac­cord perd auto­ma­ti­que­ment sa vali­dité au bout de six mois (art. 7). Seul le comité mixte pour­rait évi­ter la dis­pa­ri­tion de l’ac­cord en déci­dant, dans les trois mois, de le main­te­nir. L’ac­cord d’as­so­cia­tion à Dublin, qui est étroi­te­ment lié à Schen­gen et coor­donne la pro­cé­dure d’asile entre les États asso­ciés, dis­pa­raî­trait éga­le­ment.

L’éco­no­mie suisse pro­fite énor­mé­ment de l’ac­cord de Schen­gen

L’éco­no­mie a un très grand inté­rêt au main­tien de l’ac­cord de Schen­gen et, par consé­quent, à la reprise har­mo­nieuse de l’ac­quis concerné. La par­ti­ci­pa­tion à cet accord per­met à la Suisse d’uti­li­ser le visa Schen­gen, lequel béné­fi­cie for­te­ment au sec­teur suisse du tou­risme. Depuis l’as­so­cia­tion à Schen­gen, la Suisse accueille davan­tage d’hôtes et de voya­geurs d’af­faires en pro­ve­nance de pays néces­si­tant un visa comme la Chine, l’Inde et les pays arabes. La dis­pa­ri­tion du visa Schen­gen impli­que­rait un manque à gagner pour la branche suisse du tou­risme, de plu­sieurs cen­taines de mil­lions de francs par an.

Cela dit, la liberté de voya­ger dans l’es­pace Schen­gen pro­fite aussi énor­mé­ment aux entre­prises suisses. La pan­dé­mie de Covid-19 affecte dure­ment le tou­risme et l’avia­tion suisses. Cla­quer la porte de l’es­pace Schen­gen serait une com­pli­ca­tion sup­plé­men­taire inac­cep­table.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil des États, second conseil, trai­tera le pro­jet de loi lors de la ses­sion d’hi­ver 2020. S’il l’ap­prouve, le pro­jet sera ren­voyé au Conseil natio­nal pen­dant la même ses­sion.

La Com­mis­sion de poli­tique de sécu­rité du Conseil des États (CPS-E) est entrée en matière à l’una­ni­mité sur le pré­sent pro­jet de reprise défi­ni­tive des bases légales concer­nant l’éta­blis­se­ment, le fonc­tion­ne­ment et l’uti­li­sa­tion du sys­tème d’in­for­ma­tion Schen­gen. Au vote sur l’en­semble, elle a adopté, par 11 voix contre 2, l’ar­rêté fédé­ral concerné. Cepen­dant, la com­mis­sion a accepté trois amen­de­ments.

Lors de la ses­sion d’au­tomne 2020, le Conseil natio­nal a rejeté l’ar­rêté fédé­ral sur le déve­lop­pe­ment de l’ac­quis de Schen­gen par 79 voix contre 74 et 38 abs­ten­tions, ce qui équi­vaut à un refus d’en­trer en matière.

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

Le Conseil natio­nal a adopté le pro­jet par 148 voix contre 32 et 4 abs­ten­tions. Celui-ci peut donc être sou­mis au vote final. Le Conseil natio­nal a approuvé les res­tric­tions rela­tives à la base de don­nées élar­gie pré­vues par le Conseil des États.

Les milieux éco­no­miques saluent la fina­li­sa­tion du pro­jet, d’au­tant plus que la pour­suite de l’ac­cord de Schen­gen et la reprise har­mo­nieuse de l’ac­quis concerné sont cru­ciaux pour la Suisse. La liberté de voya­ger dans l’es­pace Schen­gen pro­fite énor­mé­ment au tou­risme et aux entre­prises suisses.

LES PRO­CÉ­DURES NUMÉ­RIQUES ENTRAINENT NATU­REL­LE­MENT DES SIM­PLI­FI­CA­TIONS ADMI­NIS­TRA­TIVES

Le pro­jet pro­pose de poser les bases pour déve­lop­per la numé­ri­sa­tion des pro­cé­dures dans le domaine fis­cal. Il s’agit d’au­to­ri­ser l’Ad­mi­nis­tra­tion fédé­rale des contri­bu­tions (AFC) et les auto­ri­tés can­to­nales à trans­mettre et à récep­tion­ner toutes les don­nées qu’elles traitent via inter­net. Le Conseil fédé­ral pro­pose, entre autres, de sup­pri­mer l’obli­ga­tion de signer la décla­ra­tion d’im­pôt sou­mise par voie élec­tro­nique et d’au­to­ri­ser l’in­tro­duc­tion d’une obli­ga­tion de sou­mettre cer­tains docu­ments par voie élec­tro­nique dans cer­tains domaines fis­caux.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande d’en­trer en matière sur le pro­jet et de l’ac­cep­ter avec une modi­fi­ca­tion.

Le pro­jet de loi crée les bases légales néces­saires pour la numé­ri­sa­tion de pro­cé­dures dans le domaine fis­cal, ce que l’éco­no­mie sou­tient. Il pré­voit la sup­pres­sion de l’exi­gence de la signa­ture per­son­nelle pour les per­sonnes phy­siques qui envoient leur décla­ra­tion fis­cale en for­mat élec­tro­nique.

Impo­ser une pro­cé­dure pure­ment élec­tro­nique n’est pas néces­saire

En ce qui concerne les impôts pré­le­vés par l’AFC et l’échange inter­na­tio­nal de ren­sei­gne­ments, le pro­jet pré­voit de confé­rer au Conseil fédé­ral la com­pé­tence d’obli­ger les assu­jet­tis et les per­sonnes sou­mises à l’obli­ga­tion de décla­rer à effec­tuer leurs démarches par voie élec­tro­nique uni­que­ment. Les milieux éco­no­miques ne sont pas convain­cus de la néces­sité d’une telle norme de délé­ga­tion. Au fur et à mesure de la numé­ri­sa­tion des pro­cé­dures, les entre­prises pré­fé­re­ront la voie élec­tro­nique. Si les pro­cé­dures élec­tro­niques sont mises en œuvre de manière que la réa­li­sa­tion des obli­ga­tions fis­cales par voie élec­tro­nique devienne avan­ta­geuse sous l’angle admi­nis­tra­tif, il n’est pas néces­saire de rendre leur uti­li­sa­tion obli­ga­toire.

Inver­se­ment, les dis­po­si­tions rela­tives à la nor­ma­li­sa­tion ne devraient pas être sup­pri­mées. Le Conseil fédé­ral pro­pose, dans la loi sur l’har­mo­ni­sa­tion des impôts, de sup­pri­mer la dis­po­si­tion rela­tive à l’uti­li­sa­tion de for­mu­laires uni­formes pour les décla­ra­tions fis­cales (art, 71, al. 3 LHID). Cela sup­pri­me­rait toute base juri­dique pour une future nor­ma­li­sa­tion. Dans le domaine des pro­cé­dures, cepen­dant, un tel sys­tème est dans l’in­té­rêt de l’éco­no­mie, car il peut per­mettre d’évi­ter du tra­vail et des coûts inutiles. eco­no­mie­suisse recom­mande donc au Conseil des États de suivre le Conseil natio­nal et de ne pas sup­pri­mer cette dis­po­si­tion.

Uti­li­ser les res­sources éco­no­mi­sées au pro­fit des contri­buables

L’au­to­ma­ti­sa­tion crois­sante des pro­ces­sus com­mer­ciaux per­met d’al­lé­ger cer­taines tâches admi­nis­tra­tives. Les capa­ci­tés ainsi libé­rées sont à docu­men­ter de manière trans­pa­rente. Dans la mesure où l’ad­mi­nis­tra­tion fis­cale libère des capa­ci­tés, l’éco­no­mie sou­haite que les res­sources soient uti­li­sées au pro­fit des contri­buables, pour amé­lio­rer la docu­men­ta­tion ou pro­po­ser un ser­vice clien­tèle télé­pho­nique afin de cla­ri­fier les ques­tions tech­niques, par exemple. De plus, les struc­tures visant à défendre le sub­strat fis­cal suisse doivent être ren­for­cées.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil des États, second conseil, exa­mi­nera cet objet pen­dant la ses­sion d’hi­ver 2020. Sa Com­mis­sion de l’éco­no­mie et des rede­vances (CER-E) lui pro­pose, par 12 voix contre une de l’ac­cep­ter. Sur trois points, la com­mis­sion pro­pose tou­te­fois de ne pas suivre les déci­sions du Conseil natio­nal prises lors de la ses­sion d’au­tomne et de reve­nir à la ver­sion du Conseil fédé­ral.

Le Conseil natio­nal a durci les pro­po­si­tions du Conseil fédé­ral au cours de la ses­sion d’au­tomne 2020. Il a décidé que les can­tons doivent pro­po­ser des pro­cé­dures fis­cales pure­ment élec­tro­niques en plus des décla­ra­tions fis­cales sur papier.

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

Les milieux éco­no­miques saluent la déci­sion du Conseil des États d’adop­ter le pro­jet de loi sans oppo­si­tion. Il est désor­mais pos­sible d’en­voyer une décla­ra­tion fis­cale par voie élec­tro­nique sans signa­ture per­son­nelle, ce qui évite de devoir pas­ser d’un sup­port à un autre. Le Conseil des États a rai­son de main­te­nir une base juri­dique pour la nor­ma­li­sa­tion des for­mats de don­nées élec­tro­niques dans toute la Suisse.

Contrai­re­ment au Conseil natio­nal, le Conseil des États sou­haite que le Conseil fédé­ral puisse rendre les échanges élec­tro­niques obli­ga­toires pour les entre­prises. Les milieux éco­no­miques ne sont pas convain­cus de la néces­sité d’une telle obli­ga­tion. Dès lors que les pro­cé­dures pré­sentent des avan­tages admi­nis­tra­tifs, les entre­prises pré­fé­re­ront clai­re­ment la voie élec­tro­nique.

L'ÉCO­NO­MIE SE FÉLI­CITE DU PRO­JET, MAIS PRO­POSE DES AJUS­TE­MENTS PONC­TUELS

Adop­tée le 25 mars 2020, au plus fort de la pan­dé­mie, l’or­don­nance de néces­sité – limi­tée dans le temps – sur les cau­tion­ne­ments soli­daires liés au Covid‑19 doit désor­mais être trans­po­sée dans le droit ordi­naire (légis­la­tion). L’or­don­nance de néces­sité du Conseil fédé­ral res­tera valable jus­qu’à l’en­trée en vigueur de la loi sur les cau­tion­ne­ments soli­daires liés au Covid‑19 (LCaS-Covid‑19) pro­po­sée.

Le pro­jet de loi règle les droits et les obli­ga­tions des quatre orga­ni­sa­tions de cau­tion­ne­ment recon­nues par l’État, en par­ti­cu­lier pour les cas où les banques ou Post­Fi­nance SA sol­li­citent les cau­tion­ne­ments et où les créances de cré­dit sont par consé­quent trans­fé­rées aux orga­ni­sa­tions de cau­tion­ne­ment. En même temps, la nou­velle loi règle toutes les ques­tions impor­tantes qui se posent pen­dant la durée des cré­dits et des cau­tion­ne­ments. Elle contient en outre des ins­tru­ments pour la lutte contre les abus et le trai­te­ment des cas de rigueur.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse sou­tient la trans­po­si­tion des dis­po­si­tions de l’or­don­nance d’ur­gence Covid-19 dans la loi sur les cau­tion­ne­ments soli­draires Covid-19 et des dis­po­si­tions tran­si­toires. L’éco­no­mie approuve aussi lar­ge­ment les adap­ta­tions appor­tées par rap­port à l’or­don­nance, dont l’as­sou­plis­se­ment de l’in­ter­dic­tion de nou­veaux inves­tis­se­ments, la pro­lon­ga­tion du délai d’amor­tis­se­ment et la lutte contre les abus même après l’oc­troi des prêts. Tout autre écart par rap­port à l’or­don­nance de néces­sité doit être fait avec dis­cer­ne­ment. Il faut sur­tout être conscient que chaque nou­velle «faci­lité» cause une inéga­lité de trai­te­ment entre les entre­prises béné­fi­ciant ou non d’un cré­dit Covid-19.

État des déli­bé­ra­tions

Le pro­jet de loi sera traité par le Conseil des États, second conseil, lors de la ses­sion d’hi­ver. Sa Com­mis­sion de l’éco­no­mie et des rede­vances (CER-E) lui pro­pose d’ac­cep­ter le pro­jet - avec tou­te­fois des modi­fi­ca­tions impor­tantes qu’il s’agit d’ajus­ter.

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

Mal­gré les objec­tions du ministre des Finances, le Par­le­ment a pro­longé le délai de rem­bour­se­ment des cré­dits Covid à huit ans, contre cinq ans actuel­le­ment. Les Chambres ont par ailleurs biffé une dis­po­si­tion pro­po­sée par le Conseil fédé­ral selon laquelle les entre­prises ne pou­vaient béné­fi­cier de cré­dits Covid que si leur chiffre d’af­faires en 2020 était infé­rieur à 60% du chiffre d’af­faires moyen des exer­cices concer­nés. Le Conseil natio­nal et le Conseil des États ont fini par déci­der que les entre­prises béné­fi­ciant de cré­dits Covid ne seront plus auto­ri­sées à déci­der et à ver­ser des divi­dendes à l’ave­nir.

À l’ins­tar du ministre des Finances, l’éco­no­mie objec­tait à l’al­lon­ge­ment du délai de rem­bour­se­ment. Les entre­prises qui ne sont pas sou­mises à la régle­men­ta­tion pour cas de rigueur doivent rem­bour­ser leurs prêts dans un délai de cinq ans. C’est ainsi seule­ment qu’elles recou­vre­ront leur auto­no­mie pleine et entière. Les taux d’in­té­rêt sur les prêts pour­ront être ajus­tés l’ave­nir. Cela confirme le dis­po­si­tif mis en place au prin­temps et garan­tit le refi­nan­ce­ment par les banques même en cas de hausse des taux d’in­té­rêt. Il est éga­le­ment réjouis­sant que le Conseil fédé­ral puisse réac­ti­ver le pro­gramme de cré­dits sans devoir recou­rir à une légis­la­tion de néces­sité. Cela lui per­met­tra de réagir rapi­de­ment dans l’éven­tua­lité d’un res­ser­re­ment du cré­dit pen­dant la suite de la pan­dé­mie. Quant à l’in­ter­dic­tion rela­tive aux divi­dendes votée par le Par­le­ment, elle va trop loin aux yeux de l’éco­no­mie. Cela crée des pro­blèmes majeurs pour cer­taines entre­prises (les entre­prises fami­liales, par exemple), car elles comptent sur des divi­dendes pour payer des impôts sur la for­tune éle­vés ou assu­rer le ser­vice de la dette.