Ses­sion d'hi­ver 2019

La nou­velle légis­la­ture débute en même temps que la ses­sion d'hi­ver le 2 décembre 2019.

Tour d'ho­ri­zon de la ses­sion

La pre­mière ses­sion par­le­men­taire de la nou­velle légis­la­ture s’est ache­vée. Au cours des trois der­nières semaines, le Par­le­ment nou­vel­le­ment com­posé a (ré)élu le Conseil fédé­ral, nommé les membres de ses com­mis­sions, fixé des jalons impor­tants en termes de contenu et bien plus encore.

À l’ins­tar du Conseil natio­nal, le Conseil des États a clai­re­ment rejeté l’ini­tia­tive contre les Bila­té­rales, qui vise à mettre un terme à la libre cir­cu­la­tion des per­sonnes avec l’UE. Cette ini­tia­tive sera sou­mise au peuple suisse au pre­mier semestre 2020. eco­no­mie­suisse, qui n’a pas attendu pour s’op­po­ser à cette ini­tia­tive, se féli­cite de cette déci­sion. (Pour de plus amples infor­ma­tions, lire notre dos­sier­po­li­tique «L'ini­tia­tive contre les Bila­téarles met­trait un terme à la voie bila­té­rale»).

Le Par­le­ment a fait un pas impor­tant vers la nor­ma­li­sa­tion des rela­tions bila­té­rales avec l’UE en adop­tant la deuxième contri­bu­tion à l’élar­gis­se­ment. Idem pour le Conseil fédé­ral qui a demandé de nou­velles négo­cia­tions en lien avec l'ac­cord ins­ti­tu­tion­nel sur trois points seule­ment (pro­tec­tion des salaires, aides d’État et direc­tive sur la citoyen­neté de l’UE) au lieu de six.

En pri­vi­lé­giant le contre-pro­jet indi­rect à l’ini­tia­tive «Entre­prises res­pon­sables», le Conseil des États choi­sit d’in­tro­duire les ins­tru­ments les plus stricts du monde. Contrai­re­ment au contre-pro­jet du Conseil natio­nal, cette pro­po­si­tion se fonde sur des ins­tru­ments recon­nus à l’échelle inter­na­tio­nale et renonce ainsi à une solu­tion par­ti­cu­lière dom­ma­geable.

La Chambre haute, de son côté, a net­te­ment durci les règles de la pro­tec­tion des don­nées, en ce qui concerne le pro­fi­lage par exemple. Dans le cadre de la révi­sion de la loi sur la pro­tec­tion des don­nées, elle a, sans rai­son appa­rente, dété­rioré inuti­le­ment la ver­sion du Conseil natio­nal. Il faut rec­ti­fier le tir car la Suisse et les entre­prises implan­tées dans notre pays ont besoin d'une loi admi­nis­tra­ti­ve­ment sup­por­table, adé­quate et coor­don­née à l’échelle inter­na­tio­nale.

Comme à l'ac­cou­tu­mée, le débat sur le bud­get de la Confé­dé­ra­tion a mar­qué la ses­sion d’hi­ver: les Chambres fédé­rales ont aug­menté sub­stan­tiel­le­ment le bud­get 2020 et ce sans jus­ti­fi­ca­tion maté­rielle. À noter tout de même qu’elles n’ont pas tota­le­ment épuisé la marge de manœuvre finan­cière. eco­no­mie­suisse avait plaidé pour l’adop­tion tel quel du pro­jet du Conseil fédé­ral (pour de plus amples infor­ma­tion, lire notre dos­sier­po­li­tique «Bud­get fédé­ral 2020: bases solides, même avec la mise en oeuvre du pro­jet AVS et fis­ca­lité»).

Le Conseil des États, second conseil, a approuvé l’im­por­tant accord éco­no­mique avec l’In­do­né­sie. Ce mar­ché ren­ferme un poten­tiel élevé pour les entre­prises expor­ta­trices suisses, rai­son pour laquelle eco­no­mie­suisse avait sou­tenu la conclu­sion de l’ac­cord.

L’éco­no­mie est satis­faite de la déci­sion du Conseil natio­nal de deman­der au Conseil fédé­ral un train de mesures pour revi­ta­li­ser l’éco­no­mie. Le Conseil des États avait trans­mis, dès la ses­sion d’au­tomne, la motion «Accroître le dyna­misme de la place éco­no­mique» – tout comme une inter­ven­tion visant à moder­ni­ser, reva­lo­ri­ser et adap­ter le bre­vet suisse aux exi­gences inter­na­tio­nales. Un exa­men exhaus­tif du contenu sera désor­mais effec­tué au moment de l’ins­crip­tion et la pro­cé­dure de dépôt sera sim­pli­fiée. La Chambre basse a suivi le pre­mier conseil.

La Chambre du peuple a aussi effec­tué des ajus­te­ments signi­fi­ca­tifs dans le pro­jet de révi­sion du droit de la société ano­nyme (pro­jet 1). L’éco­no­mie regrette tou­te­fois que le Conseil natio­nal ait suivi la Chambre des can­tons, à une courte majo­rité, et rejeté une sim­pli­fi­ca­tion des créa­tions d’en­tre­prises. Sur ce point, le Par­le­ment a man­qué une occa­sion d’al­lé­ger la bureau­cra­tie et de moder­ni­ser le droit des socié­tés.

En ce qui concerne la loi sur les forces hydrau­liques, il a été très jus­te­ment décidé que l’étude d’im­pact sur l’en­vi­ron­ne­ment réa­li­sée pour le renou­vel­le­ment d’une conces­sion ne se fon­dera plus sur l’état ini­tial avant l’exis­tence de la cen­trale. En lieu et place, elle se fon­dera sur l’état au moment du dépôt de la demande – la pra­tique actuelle. La déci­sion des Chambres fédé­rales ins­taure la sécu­rité juri­dique néces­saire.

La déci­sion du Conseil natio­nal en ce qui concerne le contre-pro­jet indi­rect à l’ini­tia­tive sur les soins infir­miers est quant à elle incom­pré­hen­sible. La Chambre basse a en effet modi­fié le contre-pro­jet indi­rect pour le rap­pro­cher de l’ini­tia­tive qu’elle rejette. Ce fai­sant, elle dote le domaine des soins infir­miers d’un sta­tut par­ti­cu­lier injus­ti­fié. Il faut espé­rer que le Conseil des États cor­ri­gera cette déci­sion.

Les Chambres ont éga­le­ment pris une déci­sion peu per­ti­nente dans le cadre de la loi sur l'ex­pro­pria­tion: elles ont décidé que les pro­prié­taires de ter­rains culti­vables tou­che­raient des indem­ni­tés plus géné­reuses que tous les autres pro­prié­taires. Le Conseil des États pro­pose de leur ver­ser une indem­nité cor­res­pon­dant à trois fois le prix déter­miné et le Conseil natio­nal à six fois ce prix. Le pro­jet retourne devant la Chambre du peuple.

Pour finir, le Conseil natio­nal a pris des déci­sions impor­tantes en lien avec la révi­sion de la loi sur le contrat d’as­su­rance: par ana­lo­gie avec le CO, il n’a pas étendu le droit de révo­ca­tion en cas de modi­fi­ca­tion majeure du contrat. De plus, il a intro­duit dans la loi l’in­ter­dic­tion de rési­lia­tion ordi­naire et en cas de ver­se­ment de pres­ta­tions pour l’as­su­rance mala­die com­plé­men­taire. À cet égard, il est impor­tant de pré­voir une excep­tion pour l’as­su­rance col­lec­tive d’in­dem­ni­tés jour­na­lières. Une diver­gence sub­siste entre les Chambres en ce qui concerne une pro­lon­ga­tion de cou­ver­ture, de cinq ans, pour l’as­su­rance mala­die com­plé­men­taire et un droit d'ac­tion direct géné­ral.

La 51e légis­la­ture du Par­le­ment fédé­ral débute le 2 décembre 2019. eco­no­mie­suisse adresse ses sin­cères féli­ci­ta­tions aux par­le­men­taires pour leur élec­tion et leur sou­haite beau­coup de joie et de satis­fac­tion dans l’exer­cice de leurs fonc­tions. Au cours des quatre pro­chaines années, des jalons impor­tants devront être posés pour la place éco­no­mique suisse, des réformes urgentes devront être lan­cées et mises en œuvre. La Suisse doit amé­lio­rer sa com­pé­ti­ti­vité si elle entend pré­ser­ver et ren­for­cer sa pros­pé­rité.

Il faut faire de pre­miers pas dans cette direc­tion au cours des trois semaines de la ses­sion d’hi­ver. Au Conseil des États notam­ment. Celui-ci se pen­chera encore une fois sur les contre-pro­jets à l’ini­tia­tive «Entre­prises res­pon­sables». Il a le choix entre deux concepts radi­ca­le­ment dif­fé­rents: L’un reprend la méca­nique nui­sible de l’ini­tia­tive et est rejeté par de larges pans de l’éco­no­mie. L’autre est coor­donné à l’échelle inter­na­tio­nale et peut être déve­loppé en accord avec les évo­lu­tions mon­diales. eco­no­mie­suisse salue, sur le prin­cipe, le second pro­jet. L’or­ga­ni­sa­tion rejette l’ini­tia­tive «Entre­prises res­pon­sables».

Bud­get 2020: pré­ser­ver la marge de manœuvre. L’adop­tion du bud­get de la Confé­dé­ra­tion est une étape impor­tante de toute ses­sion d’hi­ver. Les deux Chambres débu­te­ront leurs déli­bé­ra­tions la pre­mière semaine de la ses­sion. Glo­ba­le­ment, les finances fédé­rales sont solides, mais des risques se des­sinent à long terme pour l’im­pôt sur le béné­fice et l’im­pôt anti­cipé. À moyen et à long termes, des cor­rec­tions de plu­sieurs mil­liards de francs sont pos­sibles. La pru­dence est donc de mise, c’est pour­quoi il convient d’adop­ter le bud­get selon le pro­jet du Conseil fédé­ral. eco­no­mie­suisse a publié un dos­sier­po­li­tique Bud­get fédé­ral 2020: bases solides même avec la mise en œuvre du pro­jet AVS et fis­ca­lité qui offre une bonne base pour les dis­cus­sions au Par­le­ment.

Il faut espé­rer que le Conseil des États posera les bons jalons pour les rela­tions entre la Suisse et l’UE en lien avec l’ini­tia­tive contre les Bila­té­rales. Celle-ci demande la régle­men­ta­tion auto­nome de l’im­mi­gra­tion des étran­gères et étran­gers en Suisse, sans libre cir­cu­la­tion des per­sonnes. Or la rési­lia­tion de l’ac­cord sur la libre cir­cu­la­tion des per­sonnes ferait auto­ma­ti­que­ment dis­pa­raître tous les accords bila­té­raux I. Les milieux éco­no­miques rejettent fer­me­ment cette ini­tia­tive; le Conseil natio­nal l’a reje­tée avec deux tiers de non. La libre cir­cu­la­tion des per­sonnes est cru­ciale pour le mar­ché du tra­vail suisse. L’ac­cès avan­ta­geux au mar­ché inté­rieur de l’UE ne doit pas être mis en jeu – il est vital pour la nation expor­ta­trice qu’est la Suisse.

Les deux Chambres ont d’ores et déjà accepté trois exi­gences d’une motion deman­dant des négo­cia­tions com­plé­men­taires pour l’ac­cord ins­ti­tu­tion­nel avec l’UE. Pen­dant la ses­sion d’hi­ver, le Conseil natio­nal débat­tra d’autres points, sur les­quels le Conseil des États a déjà pris une déci­sion. eco­no­mie­suisse rejette les pro­po­si­tions concer­nées: Une des exi­gences est déjà satis­faite, la deuxième n'est pas réa­li­sable sur le plan juri­dique et la troi­sième – l’éta­blis­se­ment d’un lien entre l’ini­tia­tive de limi­ta­tion et l’ac­cord ins­ti­tu­tion­nel – entraî­ne­rait un report de la conclu­sion de l'ac­cord et donc une dété­rio­ra­tion durable des rela­tions bila­té­rales.

Afin d’évi­ter cela et indi­quer à l’UE que la Suisse est inté­res­sée par une nor­ma­li­sa­tion des rela­tions, il importe de rapi­de­ment éli­mi­ner les diver­gences pour la 2e contri­bu­tion de la Suisse à l’élar­gis­se­ment de l’UE – le mil­liard dit de cohé­sion. Il importe de refu­ser l’éta­blis­se­ment d’un lien entre les cré­dits et l’as­so­cia­tion de la Suisse à Eras­mus+ tout comme le trans­fert de moyens du cré­dit pour la cohé­sion en faveur de celui pour la migra­tion.

L’ac­cord éco­no­mique entre les pays de l’AELE et l’In­do­né­sie est impor­tant. Il faut espé­rer que, à l’ins­tar du Conseil natio­nal, le Conseil des États l’ap­prou­vera. Indé­pen­dam­ment du pré­cieux accès à un mar­ché affi­chant un gros poten­tiel pour les entre­prises expor­ta­trices suisses, c’est une réus­site en rai­son des dis­po­si­tions pous­sées qu’il contient en matière de dura­bi­lité.

La nou­velle loi sur la pro­tec­tion des don­nées est main­te­nant sou­mise au Conseil des États, second conseil. Les milieux éco­no­miques saluent la rapi­dité du trai­te­ment. C’est un signal impor­tant et posi­tif en lien avec l’exa­men de l’UE quant à l’équi­va­lence de notre légis­la­tion dans ce domaine. Des ques­tions impor­tantes sont tou­te­fois encore en sus­pens. Pour les milieux éco­no­miques, les objec­tifs prin­ci­paux sont le main­tien de l’équi­va­lence avec l’UE et, en même temps, une loi sup­por­table sous l’angle admi­nis­tra­tif sans «Swiss finish».

Non à l’ini­tia­tive rela­tive aux soins et à son contre-pro­jet indi­rect: Les Suisses sou­haitent bien entendu que le per­son­nel soi­gnant soit bien formé et suf­fi­sam­ment nom­breux. Ni l’ini­tia­tive «Pour un ren­for­ce­ment des soins» ni son contre-pro­jet indi­rect, qui met en œuvre la majo­rité des pré­oc­cu­pa­tions de l’ini­tia­tive, ne sont effi­caces. Elles mêle­raient des tâches de la Confé­dé­ra­tion et des can­tons alors que cela est inutile. Les deux pro­jets pas­se­ront devant le Conseil natio­nal.

Il exa­mi­nera éga­le­ment les diver­gences sub­sis­tant pour la loi sur le contrat d’as­su­rance. Le pro­jet est glo­ba­le­ment équi­li­bré. Quelques points devraient encore être cor­ri­gés car ils sont dif­fi­ciles à mettre en œuvre ou contraires à la soli­da­rité pré­va­lant dans la com­mu­nauté de la com­mu­nauté d’as­su­rance.

Nous recom­man­dons de ne pas sou­te­nir l’ini­tia­tive par­le­men­taire Jans, car elle ne fait qu’in­tro­duire des inter­dic­tions géné­ra­li­sées dans la loi sur la pro­tec­tion des eaux. Les milieux éco­no­miques sou­tiennent tou­te­fois une autre inter­ven­tion qui fixe des objec­tifs contrai­gnants pour réduire les risques liés à l’uti­li­sa­tion de pro­duits phy­to­sa­ni­taires, mais en sui­vant une approche judi­cieuse. Une loi est déjà en train d’être éla­bo­rée.

Accroître le dyna­misme de la place éco­no­mique: Tel est le nom d’une motion qui demande un train de mesures pour revi­ta­li­ser l’éco­no­mie. eco­no­mie­suisse salue cette inter­ven­tion que le Conseil des États a déjà accep­tée. La motion Noser, qui demande une Stra­té­gie offen­sive en matière d’im­pu­ta­tion des impôts à la source étran­gers ren­for­ce­rait éga­le­ment la com­pé­ti­ti­vité de la Suisse. Actuel­le­ment, les entre­prises ne peuvent pas sys­té­ma­ti­que­ment impu­ter les impôts à la source payés à l’étran­ger sur les impôts dus en Suisse, ce qui entraîne des doubles impo­si­tions. L’in­tro­duc­tion de contrôles des inves­tis­se­ments, d’ores et déjà accep­tée par le Conseil des États, ne pro­duira pas les effets escomp­tés. Les milieux éco­no­miques y sont fer­me­ment oppo­sés. Les inves­tis­se­ments directs sont impor­tants: Ils créent des emplois, génèrent des recettes fis­cales et des capi­taux dont les entre­prises ont besoin. Le Conseil natio­nal doit cor­ri­ger le tir.

Enfin, il convient de ren­for­cer la com­pé­ti­ti­vité de l’hy­drau­lique suisse, en sup­pri­mant l’in­sé­cu­rité juri­dique entou­rant l’étude d’im­pact sur l’en­vi­ron­ne­ment en lien avec le renou­vel­le­ment de conces­sions pour des cen­trales à accu­mu­la­tion et au fil de l’eau. Le Conseil natio­nal et le Conseil fédé­ral sou­tiennent le pro­jet concerné.

Les deux Chambres

Des règles claires pour une force hydrau­lique com­pé­ti­tive en Suisse

Lors­qu’il faut renou­ve­ler la conces­sion hydrau­lique d’une cen­trale d’ac­cu­mu­la­tion ou d’une cen­trale au fil de l’eau dont la puis­sance ins­tal­lée est supé­rieure à 3MW, le droit actuel impose une étude de l’im­pact sur l’en­vi­ron­ne­ment (EIE). La pra­tique a mon­tré que la notion d’«état ini­tial» selon l’art. 10b, al. 2, let. a de la loi sur la pro­tec­tion de l’en­vi­ron­ne­ment (LPE) n’était pas claire.

La pré­sente ini­tia­tive par­le­men­taire demande de cla­ri­fier la notion d’«état ini­tial». Concrète-ment, il est prévu qu’il cor­res­ponde à l’état au moment du dépôt de la demande (état de la cen­trale élec­trique dont la conces­sion remonte sou­vent à plu­sieurs décen­nies) et non à l’état ini­tial avant l’exis­tence de la cen­trale. Modi­fier l’art. 58a, al. 5 de la loi sur les forces hydrau­liques (LFH) apporte les cla­ri­fi­ca­tions néces­saires, crée la sécu­rité juri­dique et sim­pli­fie les pro­cé­dures.

Posi­tion d’eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande d’ac­cep­ter l’ini­tia­tive par­le­men­taire (en l’oc­cur­rence le nou­vel art. 58a) en tenant compte des pro­po­si­tions de la CEATE-E.

Res­tau­rer la sécu­rité juri­dique

L’éner­gie hydrau­lique est pri­mor­diale pour notre sécu­rité d’ap­pro­vi­sion­ne­ment natio­nale. Dès lors, il importe de pré­ve­nir toute insé­cu­rité juri­dique au moment d’éva­luer la com­pa­ti­bi­lité envi­ron­ne­men­tale des cen­trales d’ac­cu­mu­la­tion ou au fil de l’eau dont la conces­sion doit être renou­ve­lée. Une régle­men­ta­tion claire est néces­saire, notam­ment dans la pers­pec­tive des exten­sions pré­vues dans le cadre de la stra­té­gie éner­gé­tique 2050.

Tenir compte de la com­pé­ti­ti­vité

Il s’agit éga­le­ment de tenir compte de la com­pé­ti­ti­vité de l’hy­drau­lique suisse par rap­port à celui des pays voi­sins. La pro­duc­tion et le sto­ckage de l’élec­tri­cité hydrau­lique pro­duite en Suisse ne doivent pas être com­pli­qués inuti­le­ment ni ren­ché­ris. Le nou­vel art. 58a défi­nit clai­re­ment l’état ini­tial comme étant celui qui pré­vaut au moment du dépôt de la demande de renou­vel­le­ment d’une conces­sion (état actuel), ins­tau­rant ainsi la sécu­rité juri­dique néces­saire.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil des États a décidé que l’étude d’im­pact sur l’en­vi­ron­ne­ment réa­li­sée pour le renou­vel­le­ment d’une conces­sion hydrau­lique devra désor­mais se fon­der sur l’état au moment du dépôt de la demande et non sur l’état ini­tial avant l’exis­tence de la cen­trale.

eco­no­mie­suisse salue cette déci­sion, car elle ins­taure la sécu­rité juri­dique pour l’hy­drau­lique suisse et tient compte de leur com­pé­ti­ti­vité inter­na­tio­nale.

ÉLI­MI­NER LES DIVER­GENCES POUR RAPI­DE­MENT NOR­MA­LI­SER LES RELA­TIONS AVEC L’UE

Le Conseil fédé­ral recom­mande au Par­le­ment d’ap­prou­ver la 2e contri­bu­tion de la Suisse en faveur de cer­tains États membres de l’UE. Ce mon­tant vise à réduire les dis­pa­ri­tés sociales et éco­no­miques ainsi qu’à sou­te­nir, avec l’ex­per­tise suisse, des mesures pour mieux maî­tri­ser les mou­ve­ments migra­toires.

Le paie­ment de la deuxième contri­bu­tion de la Suisse, d’un total de 1302 mil­lions de francs, s’ef­fec­tuera sur une durée de dix ans et ser­vira à réa­li­ser dif­fé­rents pro­grammes. Il est prévu de répar­tir la contri­bu­tion entre un cré­dit-cadre pour la cohé­sion et un autre pour la migra­tion, d’où les deux arrê­tés fédé­raux. Voici les cinq objec­tifs du pro­gramme:

  • pro­mou­voir la crois­sance éco­no­mique et le par­te­na­riat social, réduire le chô­mage, notam­ment celui des jeunes;
  • gérer les mou­ve­ments migra­toires, encou­ra­ger l’in­té­gra­tion et accroître la sécu­rité publique;
  • pro­té­ger l’en­vi­ron­ne­ment et le cli­mat;
  • ren­for­cer les sys­tèmes de pro­tec­tion sociale et de santé;
  • pro­mou­voir la par­ti­ci­pa­tion citoyenne et favo­ri­ser la trans­pa­rence.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande d’ac­cep­ter le pro­jet en tenant compte des pro­po­si­tions de la majo­rité de la CPE-N et donc de main­te­nir la déci­sion du Conseil des États.

Les milieux éco­no­miques sou­tiennent une éli­mi­na­tion rapide des diver­gences dans le sens du Conseil des États et l’adop­tion du pro­jet. En ce qui concerne les ver­se­ments, on pour­rait attendre que le Conseil fédé­ral estime qu’il n’y a plus de mesures dis­cri­mi­na­toires de l’UE à l’en­contre de la Suisse. Ainsi, la Suisse signa­le­rait à l’UE qu’elle est inté­res­sée par une nor­ma­li­sa­tion rapide des rela­tions bila­té­rales.

Revoir la répar­ti­tion des moyens? Ce serait au détri­ment des nou­veaux États membres de l’UE et dom­ma­geable pour la Suisse

Notre faî­tière sou­tient la pour­suite des tra­vaux en lien avec la deuxième contri­bu­tion à l’élar­gis­se­ment de l’UE. Les milieux éco­no­miques saluent expli­ci­te­ment le fait que ces moyens soient des­ti­nés à la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle et à la migra­tion. Ils refusent tou­te­fois de réaf­fec­ter une par­tie du cré­dit pour la cohé­sion au cré­dit pour la migra­tion. Cela serait au détri­ment des nou­veaux États membres dans l’est de l’UE et ne serait pas com­pa­tible avec l’ob­jec­tif pre­mier du mil­liard de cohé­sion.

La modi­fi­ca­tion de la répar­ti­tion envi­sa­gée affai­bli­rait la contri­bu­tion de la Suisse, déjà jugée modeste, à la réduc­tion des dis­pa­ri­tés éco­no­miques et sociales au sein de l’UE. Elle sup­pose aussi d’ac­cep­ter un dur­cis­se­ment de la posi­tion des nou­veaux États membres de l’UE à l’égard de la Suisse. C'est pour­quoi nous pré­co­ni­sons d’ap­prou­ver les deux cré­dits tels que pro­po­sés par le Conseil fédé­ral.

Non à l’éta­blis­se­ment d’un lien entre les cré­dits et l’as­so­cia­tion de la Suisse à Eras­mus+

Il faut reje­ter l’éta­blis­se­ment d’un lien entre les cré­dits et la réin­té­gra­tion de la Suisse au pro­gramme euro­péen Eras­mus+. La deuxième contri­bu­tion de la Suisse à l’élar­gis­se­ment n’a aucun rap­port avec son asso­cia­tion au pro­gramme Eras­mus+.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil natio­nal a suivi les recom­man­da­tions de la Com­mis­sion de poli­tique exté­rieure et a adopté la deuxième contri­bu­tion de la Suisse à l’élar­gis­se­ment de l’UE par 110 voix contre 86. L’éco­no­mie, qui s’était expri­mée en faveur de cette contri­bu­tion, salue son adop­tion rapide.

Ce fai­sant, le Par­le­ment a fait un pre­mier pas vers la nor­ma­li­sa­tion des rela­tions bila­té­rales. C’est désor­mais à l’UE d'agir et de reve­nir à une poli­tique prag­ma­tique. La recon­nais­sance de l’équi­va­lence de la bourse suisse en fait par­tie. Du côté suisse, il importe main­te­nant que le Conseil fédé­ral cla­ri­fie rapi­de­ment les ques­tions rela­tives à l’ac­cord-cadre et le signe.

BUD­GET 2020: solide même avec la mise en œuvre du pro­jet AVS et fis­ca­lité

Le Conseil fédé­ral sou­met au Par­le­ment le bud­get 2020 assorti du plan inté­gré des tâches et des finances 2021-2023. Mal­gré des dépenses sup­plé­men­taires de 1,8 mil­liard en lien avec la mise en œuvre du pro­jet AVS et fis­ca­lité, il pré­voit un excé­dent ordi­naire de quelque 590 mil­lions de francs. En rai­son d’une nou­velle demande visant une hausse de la contri­bu­tion à la Société coopé­ra­tive natio­nale pour le sto­ckage des déchets radio­ac­tifs (NAGRA) de 154 mil­lions de francs, l’ex­cé­dent n'est plus que de 435 mil­lions de francs envi­ron.

Les recettes de la Confé­dé­ra­tion tota­lisent 75,7 mil­liards de francs. Par rap­port au bud­get pour 2019, cela repré­sente une pro­gres­sion de 2,9% ou 2,1 mil­liards de francs. Les recettes croissent ainsi davan­tage que l’éco­no­mie en termes nomi­naux (2,3%). La crois­sance sou­te­nue de l’im­pôt fédé­ral direct et de l’im­pôt anti­cipé contri­bue lar­ge­ment à l’évo­lu­tion posi­tive des recettes. Les recettes sont en regard de dépenses tota­li­sant 75,1 mil­liards de francs. En hausse de 3,8% par rap­port à l’an­née der­nière, les dépenses de la Confé­dé­ra­tion pro­gressent plus vite que l’éco­no­mie (PIB nomi­nal 2,3%) et même que les recettes totales (+2,9%). L’état des dépenses est for­te­ment mar­qué par la mise en œuvre du pro­jet AVS et fis­ca­lité. Les dépenses sup­plé­men­taires concernent avant tout les domaines de la pré­voyance sociale (+0,8 mil­liard) et des finances et impôts (+1 mil­liard). Ces deux groupes de tâches croissent sen­si­ble­ment plus vite que le bud­get total.

Selon le plan des finances, la situa­tion du bud­get res­tera posi­tive en 2021 et l’ex­cé­dent struc­tu­rel grim­pera à presque 850 mil­lions de francs. Les réformes pour sup­pri­mer la péna­li­sa­tion du mariage (1,2 mil­liard) et les droits de douane indus­triels (0,5 mil­liard) sont prises en compte dans le plan finan­cier à par­tir de 2022. Elles entraî­ne­ront une perte de recettes de 1,7 mil­liards de francs. Grâce aux excé­dents des années pré­cé­dentes, le défi­cit qui en résul­tera en 2022 sera cepen­dant faible. En 2023, le bud­get sera de nou­veau tout juste posi­tif.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande d’adop­ter le bud­get 2020 assorti du plan inté­gré des tâches et des finances 2021-2023 selon la pro­po­si­tion du Conseil fédé­ral. Afin de main­te­nir la marge de manœuvre, il convient de renon­cer à des dépenses sup­plé­men­taires. eco­no­mie­suisse a publié un dos­sier­po­li­tique «Bud­get 2020: bases solides, même avec la mise en œuvre du pro­jet AVS et fis­ca­lité» qui offre une bonne base pour les dis­cus­sions au Par­le­ment.

Risques sur le long terme

Les finances fédé­rales res­te­ront solides ces pro­chaines années en dépit de grandes réformes des impôts et rede­vances. Des risques assom­brissent tou­te­fois les pers­pec­tives à plus long terme. D’un côté, l’im­pôt sur le béné­fice affronte de vives incer­ti­tudes à cause du pro­jet fis­cal inter­na­tio­nal de l’OCDE et du G20. D’un autre, il faut s’at­tendre à une baisse des recettes de plu­sieurs mil­liards de francs du côté de l’im­pôt anti­cipé. Des fac­teurs ponc­tuels ont en effet for­te­ment poussé les recettes à la hausse. En même temps, de nou­veaux pro­jets sont en attente, pour les­quels le finan­ce­ment fait défaut selon la pla­ni­fi­ca­tion actuelle. Face à ces pers­pec­tives, il est pri­mor­dial de conser­ver la marge de manœuvre finan­cière au niveau fédé­ral, même si les chiffres actuels sont encore bons.

Toutes les tâches sont dotées de moyens suf­fi­sants: il faut mettre en œuvre le bud­get 2020 selon le pro­jet du Conseil fédé­ral

Le bud­get fédé­ral 2020 doit être approuvé par le Par­le­ment dans la forme pro­po­sée par le Conseil fédé­ral, en renon­çant à des dépenses addi­tion­nelles. Le bud­get fédé­ral dote toutes les tâches de moyens suf­fi­sants. Aucun groupe de tâches ne pré­sente un besoin avéré et impé­ra­tif d’ap­port com­plé­men­taire et les éven­tuelles ral­longes néces­saires peuvent être obte­nues par le biais des sup­plé­ments au bud­get. Dans tous les domaines (aussi la for­ma­tion, par exemple), le Conseil fédé­ral applique sys­té­ma­ti­que­ment la motion Dit­tli (16.3705) trans­mise par le Par­le­ment et com­pense le ren­ché­ris­se­ment uni­que­ment quand il sur­vient. Le Par­le­ment est appelé à en faire autant.

Une poli­tique finan­cière pré­voyante est le meilleur moyen pour per­mettre aux dépenses de pro­gres­ser demain éga­le­ment – sans pro­grammes d’aus­té­rité ni coupes bud­gé­taires à court terme – dans l’in­té­rêt de tous les groupes de tâches. Il faut donc conser­ver la marge de manœuvre actuelle dans toute son éten­due et renon­cer aux apports com­plé­men­taires ponc­tuels, tous domaines confon­dus.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil natio­nal a éli­miné les der­nières diver­gences et clos les déli­bé­ra­tions sur le bud­get 2020 de la Confé­dé­ra­tion. Alors que le Conseil fédé­ral avait prévu un excé­dent de 435 mil­lions de francs au total, le Par­le­ment a aug­menté les moyens consa­crés à la for­ma­tion et à la recherche (101,1 mil­lions de francs). L’agri­cul­ture reçoit aussi une ral­longe (6 mil­lions), tan­dis que le domaine de l’asile a subi des coupes de 40 mil­lions au vu de la dimi­nu­tion du nombre de demandes. L’ex­cé­dent de la Confé­dé­ra­tion tota­li­sera ainsi 344 mil­lions de francs.

eco­no­mie­suisse salue la déci­sion des deux Chambres de ne pas uti­li­ser com­plè­te­ment la marge de manœuvre finan­cière. Cela dit, l’aug­men­ta­tion du bud­get déci­dée est sub­stan­tielle et injus­ti­fiée sur le fond. Le Conseil fédé­ral avait accordé des moyens suf­fi­sants à tous les groupes de tâches. Le fait qu’une aug­men­ta­tion des dépenses soit pos­sible n’est pas une jus­ti­fi­ca­tion pour la réa­li­ser, à moins d'une rai­son impé­ra­tive. La Confé­dé­ra­tion aura besoin de marges de manœuvre finan­cières à moyen et à long termes. Créer des marges de manœuvre tôt et les pré­ser­ver est une poli­tique finan­cière avi­sée.

Conseil natio­nal

LA CIBLE A NOTRE POR­TEE: UNE BONNE BASE POUR MODER­NI­SER LE DROIT DE LA SOCIETE ANO­NYME

Avec son pro­jet de révi­sion, le Conseil fédé­ral entend entre autres moder­ni­ser le droit de la société ano­nyme, l’adap­ter aux besoins futurs des milieux éco­no­miques et trans­po­ser dans la loi l’or­don­nance contre les rému­né­ra­tions abu­sives (ORAb). Le pro­jet de loi s’ap­puie sur la révi­sion de 2013 qui avait été inter­rom­pue en rai­son du débat sur l’ini­tia­tive Min­der. Il sim­pli­fie les dis­po­si­tions rela­tives à la créa­tion d’en­tre­prise et au capi­tal. Dans les cas les plus simples, les socié­tés ano­nymes, les socié­tés à res­pon­sa­bi­lité limi­tée et les coopé­ra­tives doivent pou­voir être fon­dées et dis­soutes sans offi­cier public. De plus, la valeur nomi­nale mini­male des actions doit pou­voir être fixée de manière plus flexible.

Une des nou­veau­tés est la trans­po­si­tion dans la loi de l’or­don­nance contre les rému­né­ra­tions abu­sives dans les socié­tés ano­nymes (ORAb). Celle-ci met en œuvre l’ini­tia­tive Min­der, accep­tée par le peuple et les can­tons le 3 mars 2013. Après l’ac­cep­ta­tion de l’ini­tia­tive (art. 95, al. 3 Cst.), le Conseil fédé­ral avait dû édic­ter dans une ordon­nance les dis­po­si­tions d’exé­cu­tion néces­saires en l’es­pace d’un an.

La révi­sion entend aussi mieux har­mo­ni­ser les dis­po­si­tions rela­tives à l’as­sai­nis­se­ment des entre­prises avec la pro­cé­dure de sur­sis concor­da­taire. Un assai­nis­se­ment doit, si pos­sible, être lancé avant l’ou­ver­ture d’un sur­sis concor­da­taire for­mel. Le Conseil fédé­ral pro­pose d’ad­mettre que des litiges liés au droit de la société ano­nyme puissent être trai­tés par une cour arbi­trale. Le pro­jet pré­voit encore des dis­po­si­tions en matière de trans­pa­rence pour les entre­prises actives dans l’ex­trac­tion de matières pre­mières. Ces der­nières seront tenues de publier les ver­se­ments en faveur de gou­ver­ne­ments. Cela vise à tenir compte des évo­lu­tions juri­diques au niveau inter­na­tio­nal.

Le Conseil fédé­ral pro­pose, enfin, d’in­tro­duire des seuils de repré­sen­ta­tion de genre pour les entre­prises cotées en Bourse. En vertu de ceux-ci, 30% de femmes et d’hommes au moins devraient sié­ger dans les conseils d’ad­mi­nis­tra­tion et 20% au moins dans les direc­tions. Les entre­prises ne res­pec­tant pas ces valeurs indi­ca­tives devraient se jus­ti­fier dans le rap­port sur les rému­né­ra­tions et indi­quer les mesures prises pour pro­mou­voir le sexe le moins repré­senté .

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande d’ac­cep­ter le pro­jet avec des modi­fi­ca­tions.

Dans le cadre de l’éli­mi­na­tion des diver­gences, la CAJ-N pro­pose à son plé­num de main­te­nir ses déci­sions de la ses­sion d’été 2018 pour la majo­ri­tés des points encore en sus­pens, ce qui est posi­tif. Ces déci­sions consti­tuent en effet une bonne base pour une révi­sion adé­quate du droit de la SA.

Les pro­po­si­tions ci-après de la CAJ-N sont déci­sives pour eco­no­mie­suisse:

  • eco­no­mie­suisse sou­tient les déci­sions de la CAJ-N et les pro­po­si­tions de la majo­rité, qui visent à trans­po­ser l’or­don­nance contre les rému­né­ra­tions abu­sives dans la loi sans dur­cis­se­ments sup­plé­men­taires. En com­pa­rai­son inter­na­tio­nale, le sys­tème suisse pré­voit beau­coup de règles rela­tives aux rému­né­ra­tions du conseil d’ad­mi­nis­tra­tion et de la direc­tion. Le dur­cir davan­tage n’ap­por­te­rait rien et ren­fer­me­rait le risque d’un excès dom­ma­geable. La CAJ-N a très jus­te­ment refusé une dis­po­si­tion insé­rée par le Conseil des États concer­nant le secret sur la manière dont le repré­sen­tant indé­pen­dant a exercé son droit de vote (art. 689C, al. 4bis CO). Celle-ci aurait néces­sité une inter­ven­tion dans un sys­tème de vote coor­donné à l’échelle inter­na­tio­nale et modi­fié radi­ca­le­ment l’at­ti­tude envers les action­naires acti­vistes d’une manière qui n’est pas dans l’in­té­rêt des entre­prises ni dans celui des autres action­naires.
  • L’éco­no­mie sou­tient la déci­sion de la CAJ-N de refu­ser d’étendre aux négo­ciants les dis­po­si­tions en matière de trans­pa­rence dans le domaine des matières pre­mières (art. 964f CO). Aucun autre État n’a intro­duit une régle­men­ta­tion sur les négo­ciants de matières pre­mières via des dis­po­si­tions en matière de trans­pa­rence ; le Conseil fédé­ral l’a éga­le­ment relevé. Étendre ces dis­po­si­tions aux négo­ciants pose­rait des pro­blèmes de déli­mi­ta­tion et serait contraire aux évo­lu­tions inter­na­tio­nales. En même temps, cela occa­sion­ne­rait des charges admi­nis­tra­tives aussi impor­tantes qu’in­utiles.
  • Enfin, eco­no­mie­suisse salue la déci­sion de la CAJ-N de ne pas faire figu­rer de liste des «autres acti­vi­tés» des membres du conseil d’ad­mi­nis­tra­tion et de la direc­tion dans le rap­port sur les rému­né­ra­tions (art. 734e CO). Exi­ger l’aval de l’or­gane de révi­sion pour ces infor­ma­tions serait dis­pro­por­tionné. L’ORAb ne le pré­voit pas non plus.

État des déli­bé­ra­tions

Le pro­jet se trouve au stade de l’éli­mi­na­tion des diver­gences. Le Conseil natio­nal l’exa­mi­nera encore une fois pen­dant la ses­sion d’hi­ver 2019.

Sa Com­mis­sion des affaires juri­diques (CAJ-N) lui pro­pose de main­te­nir ses déci­sions sur la majo­rité des points encore en sus­pens. Elle main­tient ainsi sa posi­tion en ce qui concerne la pos­si­bi­lité pour les entre­prises de déte­nir du capi­tal-actions en devises. De même, elle sou­haite main­te­nir les faci­li­ta­tions pour créer une société. Enfin, la CAJ-N a décidé de réexa­mi­ner cer­tains points où il n’y avait pas de diver­gences entre les Chambres, comme les dis­po­si­tions sur la reprise de biens. Son homo­logue du Conseil des États lui a donné le feu vert pour ce nou­vel exa­men.

Au cours de la ses­sion d’été 2019, le Conseil des États, second conseil, a traité ce pro­jet et l’a accepté par 29 voix contre 9 et 2 abs­ten­tions.

Trai­te­ment spé­ci­fique des terres agri­coles: contraire à la consti­tu­tion et source de coût

Le Conseil fédé­ral pro­pose de révi­ser la loi sur l’ex­pro­pria­tion (LEx). La pièce maî­tresse du pro­jet est l’adap­ta­tion des dis­po­si­tions pro­cé­du­rales du droit de l’ex­pro­pria­tion (grâce à une meilleure coor­di­na­tion de la pro­cé­dure d’ap­pro­ba­tion des plans). Afin de pré­ser­ver le bon fonc­tion­ne­ment des pro­ces­sus, le pro­jet adapte et sim­pli­fie aussi des dis­po­si­tions rela­tives à l’or­ga­ni­sa­tion et à la struc­ture des Com­mis­sions fédé­rales d’es­ti­ma­tion (CFE). Le Conseil fédé­ral sai­sit encore cette occa­sion d’ajus­ter des régle­men­ta­tions détaillées aux besoins actuels.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande de sou­te­nir les pro­po­si­tions de la majo­rité de la CAJ-E et en par­ti­cu­lier de bif­fer l’art. 19, let. abis.

Le pro­jet du Conseil fédé­ral accroît la sécu­rité juri­dique et l’ef­fi­ca­cité

Le pro­jet du Conseil fédé­ral pré­voit des adap­ta­tions de pro­cé­dures appro­priées et sur­tout modernes. Les nou­velles dis­po­si­tions éli­minent des incer­ti­tudes, en dotant les pra­tiques actuelles et l’har­mo­ni­sa­tion des pro­cé­dures exis­tantes dans le domaine des pro­cé­dures d’ex­pro­pria­tion et d’ap­pro­ba­tion de la pla­ni­fi­ca­tion de bases légales. Cela accroît la sécu­rité juri­dique pour la construc­tion d’in­fra­struc­tures. Les adap­ta­tions struc­tu­relles et orga­ni­sa­tion­nelles pro­po­sées par le Conseil fédé­ral en ce qui concerne les Com­mis­sions fédé­rales d’es­ti­ma­tion (CFE) sont éga­le­ment judi­cieuses.

La déci­sion du Conseil natio­nal et la pro­po­si­tion de la mino­rité de la CAJ-E rela­tive au pro­jet d’art. 19, let. abis LEx sont anti­cons­ti­tu­tion­nelles

Dans son mes­sage sur ce pro­jet, le Conseil fédé­ral a rejeté, après un exa­men appro­fondi, la demande de trai­te­ment spé­cial des expro­pria­tions de terres culti­vables (éma­nant du Conseil natio­nal pour le pro­jet d'art. 19, let. abis). À juste titre, il fait remar­quer que cela n’est pas com­pa­tible avec le prin­cipe consti­tu­tion­nel s’ap­pli­quant en matière de droit d’ex­pro­pria­tion (inter­dic­tion de réa­li­ser des béné­fices sur de telles opé­ra­tions, prin­cipe de l’éga­lité devant la loi et inter­dic­tion de l’ar­bi­traire). Dès lors, le pro­jet d’art. 19, let. abis adopté par le Conseil natio­nal ne pos­sède pas de bases légales et doit être biffé. Cela vaut éga­le­ment pour la pro­po­si­tion de la mino­rité de la CAJ-E.

Sur­coûts impor­tants pour l’éco­no­mie et les pou­voirs publics

L’ali­néa concerné est non seule­ment contraire à la Consti­tu­tion, mais pour­rait éga­le­ment entraî­ner des sur­coûts consi­dé­rables dans le domaine des infra­struc­tures. Sont concer­nés en par­ti­cu­lier dans le sec­teur privé les pres­ta­taires de ser­vices de télé­com­mu­ni­ca­tion et les four­nis­seurs d’éner­gie. L’in­dem­ni­sa­tion de droits accor­dés pour le trans­port d’éner­gie élec­trique serait spé­cia­le­ment affec­tée, sus­ci­tant des sur­coûts consi­dé­rables pour les entre­prises concer­nées. Ce n'est pas cor­rect du point de vu maté­riel, car le tran­sit de l’élec­tri­cité n’em­pêche qua­si­ment jamais l’ex­ploi­ta­tion de terres culti­vables, contrai­re­ment à la construc­tion d’une route, par exemple. Les pou­voirs publics feraient sur­tout face à des sur­coûts lors de la construc­tion d’in­fra­struc­tures de trans­port, en rai­son de l’aug­men­ta­tion des indem­ni­tés, ce qui aurait un impact éco­no­mique néga­tif.

Pré­cé­dent de mau­vais aloi pour le droit d’ex­pro­pria­tion can­to­nal

Si l’ex­pro­pria­tion de terres culti­vables donne lieu à une indem­ni­sa­tion supé­rieure à celle ver­sée pour d’autres ter­rains (selon le pro­jet d’art. 19, let. abis LEx), cela crée­rait une dis­cré­pance entre les expro­pria­tions can­to­nales et fédé­rales, dans la mesure où la Confé­dé­ra­tion ver­se­rait des indem­ni­sa­tions plus éle­vées que les can­tons en cas d’ex­pro­pria­tion de terres culti­vables. Des inci­ta­tions inop­por­tunes seraient à la clé.

État des déli­bé­ra­tions

Pour rap­pel, le Conseil natio­nal avait mul­ti­plié par six l’in­dem­ni­sa­tion pour l’ex­pro­pria­tion de ter­rains culti­vables au cours de la ses­sion d’été 2019. Le Conseil des États a main­te­nant pris le contre-pied de la majo­rité de la com­mis­sion et du pro­jet du Conseil fédé­ral et adopté, par 23 voix contre 20, une pro­po­si­tion allant dans la même direc­tion. Cette der­nière exige que, en cas d'ex­pro­pria­tion de ter­rains culti­vables, l’in­dem­nité sera de trois fois le prix déter­miné.

Aux yeux d’eco­no­mie­suisse, cette déci­sion de la Chambre haute est non seule­ment contraire à la com­mis­sion mais éga­le­ment sus­cep­tible d’en­traî­ner des sur­coûts consi­dé­rables dans le domaine des infra­struc­tures. De plus, en rai­son d’une dif­fé­rence entre les expro­pria­tions can­to­nales et natio­nales, cette déci­sion crée­rait des inci­ta­tions inop­por­tunes ce qu’il faut évi­ter.

Les pro­jets enche­vêtrent inuti­le­ment des tâches de la Confé­dé­ra­tion et des can­tons

L’ini­tia­tive popu­laire «Pour des soins infir­miers forts (ini­tia­tive sur les soins infir­miers, 18.079)» vise à garan­tir à cha­cun l’ac­cès à des soins infir­miers de qua­lité et en quan­tité suf­fi­sante. À cet effet, la Confé­dé­ra­tion et les can­tons doivent veiller à ce qu’il y ait suf­fi­sam­ment d’in­fir­miers diplô­més, et que l’af­fec­ta­tion des per­sonnes exer­çant dans le domaine des soins infir­miers cor­res­ponde à leur for­ma­tion et à leurs com­pé­tences. En outre, l’ini­tia­tive pré­voit que la Confé­dé­ra­tion défi­nisse les pres­ta­tions prises en charge par les assu­rances sociales que les infir­miers sont auto­ri­sés à four­nir sous leur propre res­pon­sa­bi­lité.

La Com­mis­sion de la sécu­rité sociale et de la santé publique du Conseil natio­nal (CSSS-N) a opposé à l’ini­tia­tive sur les soins infir­miers un contre-pro­jet indi­rect (19.401, iv. pa. CSSS-N. Pour un ren­for­ce­ment des soins infir­miers, une sécu­rité des patients accrue et une meilleure qua­lité des soins). Celui-ci reprend les prin­ci­pales requêtes de l’ini­tia­tive popu­laire.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande de reje­ter l’ini­tia­tive sur les soins infir­miers et son contre-pro­jet indi­rect.

Sur le prin­cipe, l’éco­no­mie sou­tient la volonté for­mu­lée dans le contre-pro­jet de garan­tir un per­son­nel soi­gnant (infir­mier) en nombre suf­fi­sant et une affec­ta­tion conforme à leurs com­pé­tences. L’amé­lio­ra­tion de la règle de fac­tu­ra­tion en vigueur est elle aussi légi­time: les infir­miers doivent pou­voir four­nir cer­taines pres­ta­tions dési­gnées par le Conseil fédé­ral sans la pres­crip­tion d’un méde­cin, sur la base de conven­tions avec les assu­reurs (art. 25a, al. 3, LAMal). Cette mesure ren­force les com­pé­tences des infir­miers et assure la coor­di­na­tion entre ces der­niers et les méde­cins.

Tou­te­fois, les aides finan­cières pro­po­sées dans le cadre des trois arrê­tés fédé­raux et du pro­jet de loi sont inap­pro­priées et vont à l’en­contre des efforts actuels de la Confé­dé­ra­tion.

1. Arrêté fédé­ral visant à aug­men­ter le nombre de diplômes en soins infir­miers décer­nés dans les hautes écoles spé­cia­li­sées can­to­nales: eco­no­mie­suisse rejette ce pro­jet. La Confé­dé­ra­tion et les can­tons ont déjà pris les mesures ad hoc. Il n’y pas lieu pour la Confé­dé­ra­tion de déblo­quer des res­sources sup­plé­men­taires tant que l’ajus­te­ment struc­tu­rel au sein des éta­blis­se­ments médi­caux n’est pas achevé. Il y a encore des capa­ci­tés dis­po­nibles dans de nom­breux éta­blis­se­ments. Il faut tirer parti des syner­gies inter­can­to­nales et inter­ré­gio­nales.

2. Arrêté fédé­ral sur les aides finan­cières en vue de pro­mou­voir l’ef­fi­cience dans le domaine des soins médi­caux de base, en par­ti­cu­lier l’in­ter­pro­fes­sion­na­lité: eco­no­mie­suisse rejette ce pro­jet. Par cet arrêté, la com­mis­sion entend sou­te­nir des pro­jets ayant voca­tion à amé­lio­rer l’ef­fi­cience de l’or­ga­ni­sa­tion du tra­vail et sus­cep­tibles de contri­buer à ce que les membres des dif­fé­rents groupes pro­fes­sion­nels au sens de la LPSan et de la LPMéd puissent être affec­tés confor­mé­ment à leurs com­pé­tences (8 mil­lions de francs). Or cette tâche n’in­combe pas à la Confé­dé­ra­tion. L’ex­pé­rience montre que ce type de sou­tien ne pro­duit pas l’ef­fet escompté. Le meilleur moyen de pro­mou­voir une orga­ni­sa­tion effi­cace et une uti­li­sa­tion appro­priée des res­sources, c’est que le sys­tème y incite les éta­blis­se­ments concer­nés.

3. Arrêté fédé­ral sur les aides finan­cières visant à encou­ra­ger la for­ma­tion dans le domaine des soins infir­miers: eco­no­mie­suisse rejette ce pro­jet. Ainsi que le signale la pro­po­si­tion de mino­rité, il n’ap­par­tient pas à la Confé­dé­ra­tion d’ap­por­ter un tel sou­tien finan­cier (469 mil­lions au maxi­mum) à la for­ma­tion d’un groupe pro­fes­sion­nel par­ti­cu­lier. Ce chan­ge­ment de pra­tique n’est pas néces­saire et entraî­ne­rait un nou­vel enche­vê­tre­ment des tâches entre la Confé­dé­ra­tion et les can­tons.

4. Pro­jet de loi fédé­rale rela­tive à l’en­cou­ra­ge­ment de la for­ma­tion dans le domaine des soins infir­miers: eco­no­mie­suisse rejette ce pro­jet. Il condui­rait la Confé­dé­ra­tion à inter­ve­nir dans des domaines jus­qu’ici dévo­lus aux can­tons. En effet, outre leur com­pé­tence géné­rale en matière de soins de santé, ceux-ci règlent aujour­d’hui l’offre de for­ma­tion du per­son­nel de santé. À ce titre, le pré­sent pro­jet de loi marque une rup­ture inutile dans la pra­tique.

Il résul­te­rait du contre-pro­jet indi­rect un enche­vê­tre­ment accru des tâches fédé­rales et can­to­nales («com­pé­tences com­munes»). Cette évo­lu­tion est en contra­dic­tion avec les prin­cipes fon­da­men­taux du fédé­ra­lisme suisse. Il s’agit de la «sub­si­dia­rité» (proxi­mité maxi­male des citoyens) et de l’«équi­va­lence fis­cale» («celui qui paie décide»), ins­crits dans la Consti­tu­tion fédé­rale. L’éco­no­mie sou­tient par consé­quent depuis des années un réexa­men de la répar­ti­tion des tâches et la pour­suite de ce pro­ces­sus. Les pro­jets pro­po­sés vont à l’en­contre de ces efforts.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil natio­nal, pre­mier conseil, les trai­tera au cours de la ses­sion d’hi­ver 2019. Par 16 voix contre 6, sa Com­mis­sion de la sécu­rité sociale et de la santé publique (CSSS-N) lui recom­mande d’ap­prou­ver l’avant-pro­jet qu’elle a éla­boré. Par 13 voix contre 8, la CSSS-N recom­mande au peuple et aux can­tons de reje­ter l’ini­tia­tive sur les soins infir­miers (18.079). Une mino­rité recom­mande tou­te­fois d’ac­cep­ter l’ini­tia­tive.

Éva­lua­tion des déci­sions

Le Conseil natio­nal a certes rejeté l’ini­tia­tive sur les soins infir­miers (par 107 voix contre 82 et 6 abs­ten­tions), mais il a fait un grand pas en direc­tion de celle-ci dans le cadre du contre-pro­jet indi­rect, qu’il a adopté celui-ci par 124 voix contre 68 et 4 abs­ten­tions.

Bien que la Confé­dé­ra­tion et les can­tons prennent déjà en consi­dé­ra­tion des pré­oc­cu­pa­tions jus­ti­fiées du per­son­nel soi­gnant, le Conseil natio­nal a accordé 469 mil­lions de francs d’aides finan­cières pour encou­ra­ger la for­ma­tion dans le domaine des soins infir­miers. Cela est pro­blé­ma­tique aux yeux de l’éco­no­mie, dès lors que des flux finan­ciers de la Confé­dé­ra­tion et des can­tons sont enche­vê­trés. Or la réforme du fédé­ra­lisme visait pré­ci­sé­ment à désen­che­vê­trer des tâches et des flux finan­ciers. Sans comp­ter que la pro­mo­tion d'un groupe pro­fes­sion­nel par la Confé­dé­ra­tion est une nou­veauté. Il faut espé­rer que la Chambre des can­tons rec­ti­fiera la déci­sion du Conseil natio­nal.

Ren­for­cer les condi­tions-cadre au lieu d’éri­ger des bar­rièrs pro­tec­tion­nistes

La motion charge le Conseil fédé­ral de créer des bases légales pour un contrôle des inves­tis­se­ments directs étran­gers dans des entre­prises suisses. Concrè­te­ment, elle pro­pose, entre autres, que le Conseil fédé­ral mette en place une auto­rité d’ap­pro­ba­tion char­gée de contrô­ler les tran­sac­tions visées.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande de refu­ser cette motion.

Les inves­tis­se­ments étran­gers sont béné­fiques pour la Suisse

Les inves­tis­se­ments directs créent et garan­tissent des emplois, génèrent des recettes fis­cales et des capi­taux dont les entre­prises ont besoin. Depuis des années, les entre­prises suisses, grandes et petites, inves­tissent à l’étran­ger, rachètent des entre­prises étran­gères et vice versa. Les rap­ports de pro­priété sont secon­daires. Elle a entraîné un recul sub­stan­tiel des inves­tis­se­ments directs à l’échelle mon­diale – y com­pris en Suisse (-50% depuis 2015), pour des rai­sons pro­tec­tion­nistes et de poli­tique indus­trielle. De nou­veaux obs­tacles légaux affai­bli­raient par consé­quent la place éco­no­mique suisse dans un contexte dif­fi­cile.

Ana­lyse erro­née d’un faux pro­blème et vel­léi­tés pro­tec­tion­nistes

Les der­niers rachats d’en­tre­prises ayant eu lieu en Suisse ne consti­tuaient pas un dan­ger pour la sécu­rité et l’ordre publiques. Cela vaut éga­le­ment pour les inves­tis­se­ments chi­nois, qui ont repré­senté 3% seule­ment des rachats étran­gers de 2014 à 2017 et ont for­te­ment reculé depuis 2016 (-34% depuis 2016). Une inter­ven­tion aussi impor­tante dans la liberté éco­no­mique et la garan­tie de la pro­priété ne se jus­ti­fie pas sur le plan maté­riel. De plus, la Suisse dis­pose déjà d’ins­tru­ments légaux inci­sifs pour pro­té­ger de manière ciblée des infra­struc­tures d’im­por­tance sys­té­mique et des entre­prises impor­tantes pour l’éco­no­mie. Aux yeux de l’opi­nion publique, des mesures s’im­posent non pas pour les rachats légaux mais pour des actions situées en marge des dis­po­si­tions légales (cybe­rat­taques, vol de pro­priété intel­lec­tuelle, par exemple).

Plus de coûts, de bureau­cra­tie et de risques pour la Suisse et les entre­prises suisses

Un contrôle éta­tique des inves­tis­se­ments n’est pas effi­cace. Les charges admi­nis­tra­tives, énormes, entraînent des coûts sup­plé­men­taires impor­tants pour les entre­prises comme pour les auto­ri­tés. Sans comp­ter que l’in­tro­duc­tion d’un contrôle éta­tique des inves­tis­se­ments ne man­quera pas d’en­traî­ner des réac­tions: des par­te­naires com­mer­ciaux impor­tants pour­raient res­treindre les inves­tis­se­ment des entre­prises suisses sur leurs mar­chés. Ce sont avant tout les PME suisses qui en feraient les frais. Les éco­no­mies ouvertes avec un petit mar­ché renoncent pour la plu­part à contrô­ler les inves­tis­se­ments.

L’éga­lité de trai­te­ment des inves­tis­seurs indi­gènes à l’étran­ger est sou­hai­table. Un vent de libé­ra­li­sa­tion souffle actuel­le­ment sur la Chine, par exemple. Intro­duire des mesures de contrôle uni­la­té­rales n’abou­ti­rait pas à des condi­tions concur­ren­tielles iden­tiques – la Suisse n’a pas le poids poli­tique néces­saire pour ce faire. Pour obte­nir la réci­pro­cité, il vaut mieux déve­lop­per des ins­tru­ments bila­té­raux comme les accords de libre-échange. C’est le che­min qu’a emprunté l’UE. Elle n’in­tro­duit pas d’obli­ga­tion de contrô­ler les inves­tis­se­ments à son échelle.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil natio­nal, second conseil, exa­mi­nera cette motion pen­dant la ses­sion d’hi­ver 2019. Sa Com­mis­sion de l’éco­no­mie et des rede­vances pro­pose, par 15 contre 9, de reje­ter cette motion. Une mino­rité sou­haite dis­po­ser de moyens d’in­ter­ven­tion dans l’éven­tua­lité d’in­ves­tis­se­ments pro­blé­ma­tiques dans des entre­prises impor­tantes pour l’éco­no­mie ou sen­sibles sous l’angle de la sécu­rité.

Lors de la ses­sion d’été 2019, le Conseil des États a accepté cette motion par 22 voix contre 18 et 2 abs­ten­tions.

Besoin de rat­tra­page du côté des condi­tions-cadre pour l’éco­no­mie suisse

La motion charge le Conseil fédé­ral de pré­sen­ter à l’As­sem­blée fédé­rale un ensemble de pro­po­si­tions des­ti­nées à ren­for­cer la place éco­no­mique pour en aug­men­ter l’at­trait et diver­si­fier ses débou­chés.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande d’ac­cep­ter la motion. La Suisse est une place éco­no­mique pros­père et com­pé­ti­tive à l’échelle inter­na­tio­nale depuis de nom­breuses années. Tou­te­fois, dans un récent clas­se­ment du Forum éco­no­mique mon­dial, elle n’oc­cu­pait plus que le 4e rang, der­rière les États-Unis, Sin­ga­pour et l’Al­le­magne. Dans, l’in­dice de la faci­lité de faire des affaires ou «Ease of doing busi­ness index», un autre clas­se­ment inter­na­tio­nal, la Suisse est même reca­lée au 36e rang! Cela montre que la concur­rence ne reste pas les bras croi­sés et qu’elle est en passe de devan­cer la Suisse. Il faut donc amé­lio­rer les condi­tions-cadre offertes aux entre­prises suisses si nous sou­hai­tons que la Suisse reste attrayante. À défaut, elle chu­tera vrai­ment dans les clas­se­ments. C’est avant tout aux milieux poli­tiques d’agir, rai­son pour laquelle eco­no­mie­suisse salue la pré­sente motion.

La motion évoque des aspects impor­tants à prendre en compte notam­ment les condi­tions-cadre qui sont déci­sives pour per­mettre à l’éco­no­mie de s’épa­nouir. Elles doivent être libé­rales et encou­ra­ger l’es­prit d’en­tre­prise et l’in­no­va­tion. À cet égard, il est impor­tant de bais­ser les coûts liés à la régle­men­ta­tion en rédui­sant les charges admi­nis­tra­tives des entre­prises entre autres. Les milieux éco­no­miques béné­fi­cient aussi de mesures poli­tiques visant à opti­mi­ser l’ac­cès aux mar­chés étran­gers et à diver­si­fier les débou­chés.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil natio­nal, second conseil, exa­mi­nera cette motion pen­dant la ses­sion d’hi­ver 2019. Sa Com­mis­sion des affaires juri­diques (CAJ-N) lui pro­pose (sans oppo­si­tion) de l’ac­cep­ter.

Pen­dant la ses­sion d’été 2019, le Conseil des États a suivi la recom­man­da­tion du Conseil fédé­ral et a adopté la motion.

Éva­lua­tion des déci­sions

Le Conseil natio­nal a trans­mis la pré­sente motion taci­te­ment. Ce fai­sant, il a chargé le Conseil fédé­ral d’éla­bo­rer un pro­gramme de revi­ta­li­sa­tion pour accroître l'at­trac­ti­vité de la place éco­no­mique suisse. Aux yeux des milieux éco­no­miques, la déci­sion du Conseil natio­nal repré­sente un pre­mier pas pour amé­lio­rer l’en­vi­ron­ne­ment des entre­prises en Suisse et réduire les lour­deurs régle­men­taires. Ces mesures sont urgentes si la Suisse entend pré­ser­ver sa com­pé­ti­ti­vité inter­na­tio­nale.

Évi­ter un affai­blis­se­ment des rela­tions bila­té­rales en cas de nou­velles négo­cia­tions

La motion 19.3416 de la Com­mis­sion de l’éco­no­mie et des rede­vances du Conseil des États charge le Conseil fédé­ral de mener des négo­cia­tions com­plé­men­taires avec l’UE ou de prendre d’autres mesures appro­priées pour amé­lio­rer l’ac­cord ins­ti­tu­tion­nel avec l’UE dans les domaines de la pro­tec­tion des salaires, de la direc­tive sur la citoyen­neté, des aides éta­tiques et du règle­ment des dif­fé­rends. Il doit éga­le­ment s’as­su­rer que les citoyens conti­nuent d’avoir le der­nier mot mal­gré la reprise dyna­mique du droit euro­péen par la Suisse. De plus, il est invité à avan­cer dans le temps le trai­te­ment de l’ini­tia­tive popu­laire fédé­rale «Pour une immi­gra­tion modé­rée (ini­tia­tive de limi­ta­tion)».

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande de reje­ter les exi­gences de la motion 19.3416 qui sub­sistent.

La pro­po­si­tion actuelle d’ac­cord ins­ti­tu­tion­nel est le fruit de quatre années et demie de négo­cia­tions entre la Suisse et l’UE. En décembre 2018, l’UE a exclu d’autres négo­cia­tions sur cette pro­po­si­tion d’ac­cord. De même, il faut bien com­prendre que de nou­velles négo­cia­tions n’abou­ti­raient pas néces­sai­re­ment à une amé­lio­ra­tion de la pro­po­si­tion d'ac­cord. Char­ger le Conseil fédé­ral de mener des négo­cia­tions com­plé­men­taires, c’est prendre le risque d’une dégra­da­tion de la pro­po­si­tion d’ac­cord actuelle. Un nou­veau report de sa conclu­sion ren­ferme le risque consi­dé­rable d’une dété­rio­ra­tion durable des rela­tions bila­té­rales.

Concer­nant les exi­gences qui sub­sistent:

  • Légis­la­tion d’exé­cu­tion: Il est inutile de deman­der au Conseil fédé­ral de s’as­su­rer que les citoyens suisses conti­nuent d’avoir le der­nier mot mal­gré la reprise dyna­mique du droit euro­péen. L’art. 13 de l’ac­cord éta­blit que la reprise dyna­mique de légis­la­tions euro­péennes par la Suisse se fait dans le cadre du pro­ces­sus légis­la­tif ordi­naire en vigueur en Suisse. Lorsque le droit suisse pré­voit la pos­si­bi­lité d’un réfé­ren­dum, l’ac­cord ins­ti­tu­tion­nel lui laisse le temps néces­saire pour le tenir.
  • Règle­ment des dif­fé­rends: Il convient de refu­ser la mesure deman­dée, car elle n'est pas réa­li­sable. On ne peut déli­mi­ter pré­ci­sé­ment à l’avance les élé­ments du droit euro­péen actuel et futur qui pour­raient don­ner lieu à une consul­ta­tion de la Cour de jus­tice de l’UE (CJUE) par le tri­bu­nal arbi­tral. Il n’est pas non plus pos­sible d’in­ter­dire l’an­nu­la­tion indi­recte de déci­sions des tri­bu­naux suisses par la CJUE. Lorsque le droit euro­péen est uti­lisé pour inter­pré­ter les accords d’ac­cès au mar­ché, il y a lieu de tenir compte de la pra­tique judi­ciaire de la CJUE. Sans cette pos­si­bi­lité, il ne serait pas pos­sible d’ap­pli­quer et d’in­ter­pré­ter de façon homo­gène, en Suisse et au sein de l’UE, la légis­la­tion com­mune rela­tive au mar­ché inté­rieur.
  • Pas de lien entre l’ini­tia­tive de limi­ta­tion et l’ac­cord ins­ti­tu­tion­nel: eco­no­mie­suisse est fer­me­ment oppo­sée à l’éta­blis­se­ment d’un lien entre l’ac­cord ins­ti­tu­tion­nel et l’ini­tia­tive popu­laire «Pour une immi­gra­tion modé­rée (ini­tia­tive de limi­ta­tion)». Repor­ter la signa­ture de l’ac­cord ins­ti­tu­tion­nel entraî­ne­rait une dété­rio­ra­tion durable des rela­tions bila­té­rales.

État des déli­bé­ra­tions

eco­no­mie­suisse salue la déci­sion du Conseil des États de reje­ter les nou­velles négo­cia­tions avec l’UE deman­dées par la Chambre basse concer­nant la légis­la­tion d’exé­cu­tion et le règle­ment des dif­fé­rends en lien avec l’ac­cord ins­ti­tu­tion­nel. Outre le risque que la Suisse se retrouve avec un accord moins bon au terme des nou­velles négo­cia­tions, plus la conclu­sion de l’ac­cord est repor­tée plus les rela­tions bila­té­rales avec l’UE pour­raient se dété­rio­rer.

Conseil des États

OUI A UN CONTRE-PRO­JET COOR­DONNE A L’ECHELLE INTER­NA­TIO­NALE, NON A UNE REGLE­MEN­TA­TION SPE­CIALE POUR LA SUISSE

L’ini­tia­tive popu­laire 17.060 «Entre­prises res­pon­sables - pour pro­té­ger l’être humain et l’en­vi­ron­ne­ment» charge la Confé­dé­ra­tion de prendre des mesures légales contrai­gnant les entre­prises à faire preuve d’une dili­gence rai­son­nable éten­due fon­dée sur les risques afin que les droits humains inter­na­tio­na­le­ment recon­nus et les normes envi­ron­ne­men­tales inter­na­tio­nales soient res­pec­tés. Cette obli­ga­tion vau­drait pour toutes les rela­tions d’af­faires des entre­prises suisses et serait mise en œuvre au moyen d’une res­pon­sa­bi­lité indé­pen­dante de la faute avec ren­ver­se­ment du far­deau de la preuve pour les tiers contrô­lés juri­di­que­ment et éco­no­mi­que­ment.

Le pro­jet 2 de la révi­sion du droit de la société ano­nyme (16.077) est le contre-pro­jet indi­rect à cette ini­tia­tive. Celui-ci est proche des méca­nismes de l’ini­tia­tive, car il avait été sou­mis ini­tia­le­ment pour per­mettre à ses auteurs de la reti­rer. Le contre-pro­jet indi­rect à l’ini­tia­tive «Entre­prises res­pon­sables» se fonde sur les tra­vaux plé­li­mi­naires de la CAJ-N. Le Conseil natio­nal a suivi sa com­mis­sion qui lui pro­po­sait d’ajou­ter un al. 1bis à l’art. 55 CO sur la res­pon­sa­bi­lité de l’em­ployeur. Les entre­prises sont res­pon­sables des dom­mages occa­sion­nés par les socié­tés qu’elles contrôlent en cas d’at­teinte aux droits de l’homme et aux normes envi­ron­ne­men­tales dans l’exer­cice de leurs acti­vi­tés pro­fes­sion­nelles ou com­mer­ciales. La res­pon­sa­bi­lité porte sur des atteintes à l’in­té­grité cor­po­relle, à la vie et à la pro­priété.

Sont res­pon­sables les entre­prises qui, en vertu de l’art. 716a­bis CO (nou­veau), sont contraintes de res­pec­ter les dis­po­si­tions sur la pro­tec­tion des droits de l’homme et de l’en­vi­ron­ne­ment aussi à l’étran­ger. Ce sont notam­ment les entre­prises qui, pen­dant deux exer­cices consé­cu­tifs, affichent un total du bilan de 40 mil­lions de francs, un chiffre d’af­faires de 80 mil­lions de francs et comptent 500 postes équi­va­lents temps plein en moyenne annuelle. Les entre­prises ne sont pas tenues pour res­pon­sables si elles apportent la preuve qu’elles ont pris les mesures requises pour pro­té­ger les droits humains et l’en­vi­ron­ne­ment et évi­ter le dom­mage. Elles ne sont pas non plus tenues pour res­pon­sables lors­qu’elles n’ont pas pu influen­cer l’en­tre­prise contrô­lée impli­quée dans les atteintes à la légis­la­tion invo­quées.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande de n’en­trer en matière sur le pro­jet 2 que s’il est pos­sible d’ob­te­nir ensuite une déci­sion en faveur de la mino­rité Rie­der. Dans le cas contraire, nous recom­man­dons de ne pas entrer en matière. La pro­po­si­tion de la majo­rité de la CAJ-E doit abso­lu­ment être refu­sée.

Non au contre-pro­jet de la majo­rité de la CAJ-E

L’éco­no­mie reste fer­me­ment oppo­sée au pro­jet défendu par la majo­rité de la CAJ-E. Il reprend presque tous les méca­nismes de res­pon­sa­bi­lité pré­ju­di­ciables de l’ini­tia­tive «Entre­prises res­pon­sables», n’est pas coor­donné au niveau inter­na­tio­nal et met­trait notre pays hors-jeu. Un pro­blème par­ti­cu­lier est la créa­tion, en Suisse, d’une nou­velle com­pé­tence judi­ciaire dédiée au com­por­te­ment de filiales à l’étran­ger. Lors de plaintes dépo­sées contre elles, les entre­prises suisses devraient en prou­ver l’ab­sence de fon­de­ment sur la base d’obli­ga­tions de dili­gence floues.

Oui au contre-pro­jet de la mino­rité Rie­der (sous réserves)

En intro­dui­sant les obli­ga­tions de trans­pa­rence et de dili­gence exi­gées par la mino­rité Rie­der, la Suisse devien­drait pre­mière de classe au niveau mon­dial. Le pro­jet de la mino­rité Rie­der mise sur la trans­pa­rence et l’obli­ga­tion, et ce sans pour autant rendre les entre­prises vul­né­rables au chan­tage. Sur les points fon­da­men­taux, il est d’ailleurs coor­donné au niveau inter­na­tio­nal et ainsi axé sur l’ave­nir, car capable de suivre les évo­lu­tions inter­na­tio­nales. Et enfin, il adresse spé­ci­fi­que­ment les défis réels se posant sur les mar­chés inter­na­tio­naux en renon­çant notam­ment à intro­duire le nou­veau régime de res­pon­sa­bi­lité pré­ju­di­ciable contenu dans l’ini­tia­tive « Entre­prises res­pon­sables » (mais sans exclure la res­pon­sa­bi­lité) et en appli­quant des obli­ga­tions de dili­gence pré­cises, mais éten­dues.

En intro­dui­sant des obli­ga­tions de dili­gence contrai­gnantes pour des faits spé­ci­fiques, le pro­jet de la mino­rité Rie­der dépasse clai­re­ment la simple pré­sen­ta­tion de rap­ports. Indé­pen­dam­ment de cela, le pro­jet va très loin. Aucun autre pays ne connaît pour l’heure d’obli­ga­tion de dili­gence aussi com­plète dans le domaine du tra­vail d’en­fants. L’éco­no­mie estime donc que le concept de la mino­rité Rie­der devrait, sur ce point notam­ment, s’orien­ter davan­tage aux règles de l’UE.

La rigueur des pres­crip­tions appa­raît sur­tout en lien avec l’obli­ga­tion de dili­gence pour le tra­vail des enfants, exi­geant la tra­ça­bi­lité com­plète tout le long de la chaîne logis­tique – une com­plexité excep­tion­nelle qui pose d’énormes défis aux entre­prises suisses. Aucune entre­prise au monde ne connaît aujour­d’hui tous ses four­nis­seurs, dont les entre­prises d’une cer­taine taille comptent faci­le­ment des mil­liers, voire des dizaines de mil­liers, sans oublier leurs sous-trai­tants.

État des déli­bé­ra­tions

Le pro­jet se trouve au stade de l’éli­mi­na­tion des diver­gences. Le Conseil des États se pen­chera à nou­veau sur cet objet pen­dant la ses­sion d’hi­ver 2019. En mars déjà, il avait refusé le contre-pro­jet, tout comme l’ini­tia­tive. L’ob­jet figu­rait au pro­gramme de la ses­sion d’au­tomne pour un second exa­men, mais le Conseil des États l’avait biffé de l’ordre du jour par 24 voix contre 20 et 1 abs­ten­tion après que le Conseil fédé­ral soit, peu de temps avant les déli­bé­ra­tions, entré en matière en pro­po­sant une approche alter­na­tive. Cela a per­mis d’évi­ter que le débat sur le contre-pro­jet ne fasse nau­frage et a donné l’oc­ca­sion à la CAJ-E d’ap­pro­fon­dir le pro­jet du Conseil fédé­ral.

L’exa­men préa­lable de la CAJ-E a ainsi porté sur le contre-pro­jet indi­rect et, en plus, sur le pro­jet sug­géré par le Conseil fédé­ral dans le cadre des déli­bé­ra­tions au Conseil des États. Ce der­nier s’écarte sur plu­sieurs points fon­da­men­taux du contre-pro­jet indi­rect du Conseil natio­nal et il est coor­donné au niveau inter­na­tio­nal (voir plus bas). La CAJ-E recom­mande pour­tant à la Chambre haute, par un vote serré de 7 voix contre 6, de main­te­nir le contre-pro­jet indi­rect du Conseil natio­nal.

La pro­po­si­tion de la mino­rité Rie­der en revanche demande au Conseil des États d’ap­prou­ver un contre-pro­jet indi­rect basé sur les pro­po­si­tions du Conseil fédé­ral. Selon cette mino­rité, le pro­jet du Conseil natio­nal passe à côté du but et équi­vaut à mettre en œuvre l’ini­tia­tive « Entre­prises res­pon­sables ». Le nou­veau concept per­met­trait de confron­ter l’ini­tia­tive à un contre-pro­jet s’orien­tant dans la direc­tion du droit euro­péen. La pro­po­si­tion mino­ri­taire de la CAJ-E va net­te­ment plus loin que le pro­jet ini­tial du Conseil fédé­ral et com­plète l’obli­ga­tion de rendre des comptes sur la base des exi­gences euro­péennes, en pré­voyant notam­ment des obli­ga­tions de dili­gence éten­dues et contrai­gnantes en matière de miné­raux pro­ve­nant de zones de conflit et de tra­vail d’en­fants.

 

UVI

Si le Conseil des États devait déci­der d’en­trer en matière sur le pro­jet 2, il pour­rait ensuite choi­sir entre deux concepts tota­le­ment dif­fé­rents : celui, dom­ma­geable, de la majo­rité de la CAJ-E basé sur l’ini­tia­tive « Entre­prises res­pon­sables » et celui de la mino­rité Rie­der basé sur le pro­jet du Conseil fédé­ral, mais sen­si­ble­ment durci par des obli­ga­tions de dili­gence contrai­gnantes.

Éva­lua­tion des déci­sions

Le Conseil des États s’est exprimé en faveur de la mino­rité Rie­der et donc du contre-pro­jet indi­rect du Conseil fédé­ral. Il l’a accepté au vote d’en­semble par 39 voix contre 3 et une abs­ten­tion.

eco­no­mie­suisse salue la volonté des milieux poli­tiques d’op­po­ser un contre-pro­jet inci­sif à l’ini­tia­tive «Entre­prises res­pon­sables». Dans ces cir­cons­tances, l’éco­no­mie suisse s’ac­com­mo­dera de la solu­tion du Conseil des États, même si elle va extrê­me­ment loin. Contrai­re­ment à l’ini­tia­tive popu­laire et au contre-pro­jet pro­jet du Conseil natio­nal quasi simi­laire à l’ini­tia­tive, celle-ci se fonde sur des recom­man­da­tions inter­na­tio­nales, mais va très loin dans le domaine des obli­ga­tions de dili­gence pour lut­ter contre le tra­vail des enfants.

Il faut espé­rer que le Conseil natio­nal emboî­tera la pas au Conseil des États et recom­man­dera à une forte majo­rité aux élec­teurs de reje­ter l’ini­tia­tive «Entre­prises res­pon­sables».

(Com­mu­ni­qué de presse sur la déci­sion du Conseil des États)

REGLE­MEN­TA­TION EQUI­VA­LENTE SANS DUR­CIS­SE­MENTS INUTILES

Le Conseil fédé­ral sou­met au Par­le­ment la révi­sion totale de la loi fédé­rale sur la pro­tec­tion des don­nées (LPD) et la modi­fi­ca­tion d’autres lois fédé­rales. Ce fai­sant, il pour­suit prin­ci­pa­le­ment deux objec­tifs: pre­miè­re­ment, adap­ter la pro­tec­tion des don­nées aux déve­lop­pe­ments tech­no­lo­giques et, deuxiè­me­ment, tenir compte du déve­lop­pe­ment légis­la­tif à l’échelle inter­na­tio­nale. Le règle­ment géné­ral de l’UE sur la pro­tec­tion des don­nées (RGPD) est en vigueur depuis le 25 mai 2018.

Dans les faits, l’UE a ainsi créé une nou­velle norme inter­na­tio­nale en matière de pro­tec­tion des don­nées De par sa por­tée trans­na­tio­nale, cette norme touche aussi la Suisse. L’éco­no­mie a tout inté­rêt à ce que la Suisse soit per­çue comme un pays pos­sé­dant une régle­men­ta­tion en matière de pro­tec­tion des don­nées com­pa­rable avec cette nou­velle norme et adé­quate, afin de ne pas subir de désa­van­tages com­pé­ti­tifs. La cir­cu­la­tion des don­nées sans entraves entre la Suisse et l’UE dépend de l’équi­va­lence des niveaux de pro­tec­tion dans les deux ter­ri­toires.

De plus, le Conseil fédé­ral sou­tient ce pro­jet de révi­sion pour garan­tir la confor­mité de la LPD avec la conven­tion STE 108 du Conseil de l’Eu­rope pour la pro­tec­tion des per­sonnes à l’égard du trai­te­ment auto­ma­tisé des don­nées à carac­tère per­son­nel. Le Conseil fédé­ral a adopté le mes­sage en vue de la rati­fi­ca­tion le 6 décembre 2019. Cela consti­tue un cri­tère déci­sif pour le main­tien de l’équi­va­lence et per­met que la Suisse soit consi­dé­rée comme dotée d’une régle­men­ta­tion adap­tée éga­le­ment par rap­port à des pays hors de l’UE qui ont adhéré à la norme STE 108 .

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande d’en­trer en matière sur le pro­jet et de tenir compte des recom­man­da­tions de l’éco­no­mie.

Une loi à la fois admi­nis­tra­ti­ve­ment sou­te­nable et équi­va­lente avec éli­mi­na­tion du «Swiss finish»

Les recom­man­da­tions des milieux éco­no­miques visent une loi sup­por­table sous l’angle admi­nis­tra­tif dans le cadre des ten­dances inter­na­tio­nales. Elle ne doit conte­nir aucune pres­crip­tion qui ne soit pas néces­saire dans un souci d’adé­qua­tion et qui n’ap­porte pas de plus-value aux per­sonnes concer­nées. Elle ne doit pas non plus inclure de dis­po­si­tion qui aille au-delà des exi­gences de l’UE («Swiss finish»). Il convient en outre d’éli­mi­ner les inco­hé­rences dans le sys­tème. Sur la base des bons tra­vaux pré­pa­ra­toires du conseil prio­ri­taire, la CIP-E a dété­rioré le pro­jet sur plu­sieurs points sans néces­sité. Les tra­vaux pré­pa­ra­toires du Conseil natio­nal sont éga­le­ment per­fec­tibles. La marge de manœuvre n’est pas encore mise à pro­fit..

Afin de ne citer que quelques points, l’in­tro­duc­tion d'une dis­tinc­tion entre «pro­fi­lage» et «pro­fi­lage à risque élevé» crée une diver­gence par rap­port au RGPD et donc un «Swiss finish». De plus, la majo­rité consi­dère la trans­mis­sion de don­nées per­son­nelles à des tiers comme une atteinte à la per­son­na­lité et la sou­met à un consen­te­ment expli­cite. Cela est déduit du RGPD à l’en­contre de la logique du sys­tème et crée dans la LPD suisse des pro­blèmes sys­té­miques.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil des États, second conseil, exa­mi­nera cet objet pen­dant la ses­sion d’hi­ver 2019.

Au vote final, la CIP‑E, char­gée de l’exa­men préa­lable, a accepté le pro­jet à l’una­ni­mité, mais recom­mandé à la Chambre haute de s’écar­ter des déci­sions du Conseil natio­nal sur plu­sieurs points. La com­mis­sion a estimé d’une part que les­dites déci­sions repré­sen­taient une régres­sion par rap­port au droit en vigueur ou offraient une pro­tec­tion moindre que le droit euro­péen et s’en est d’autre part aussi dis­tan­ciée pour dur­cir les dis­po­si­tions.

Sur le thème du «pro­fi­lage», la com­mis­sion s’est pro­non­cée par 8 voix contre 2 et 1 abs­ten­tion en faveur d’une solu­tion inté­grant le nou­veau terme de «pro­fi­lage à risque élevé» dans la loi sur la pro­tec­tion des don­nées et impo­sant des règles plus strictes lorsque le trai­te­ment de don­nées tombe sous cette caté­go­rie. Une mino­rité sou­haite main­te­nir la ver­sion ini­tiale du Conseil fédé­ral, qui pré­voit une pro­tec­tion ren­for­cée lors du trai­te­ment de don­nées à des fins de pro­fi­lage et qui renonce à dif­fé­ren­cier la défi­ni­tion des risques dans la loi. Par ailleurs, une majo­rité de la com­mis­sion a décidé que toute com­mu­ni­ca­tion de don­nées per­son­nelles à des tiers consti­tue une atteinte à la per­son­na­lité, un fait limité jus­qu’ici – dans l’ap­proche du Conseil fédé­ral – à la trans­mis­sion sur­tout de don­nées per­son­nelles sen­sibles.

Le Conseil natio­nal a exa­miné cet objet lors de la ses­sion d’au­tomne 2019. À quelques excep­tions près, la Chambre basse a suivi sa com­mis­sion char­gée de l’exa­men préa­lable et apporté des modi­fi­ca­tions au pro­jet du Conseil fédé­ral. Au vote d’en­semble, le Conseil natio­nal a accepté le pro­jet par 98 voix contre 68 et 27 abs­ten­tions.

Éva­lua­tion des déci­sions

Le Conseil des États a accepté la révi­sion de la loi sur la pro­tec­tion des don­nées par 29 voix contre 4. Il l’a fait après en avoir sen­si­ble­ment durci cer­tains points, comme le pro­fi­lage. Aux yeux d’eco­no­mie­suisse, la Chambre haute a durci inuti­le­ment – et sans rai­son – le pro­jet par rap­port à la ver­sion du Conseil natio­nal. Il faut espé­rer que le Conseil natio­nal pro­cé­dera aux modi­fi­ca­tions néces­saires, car l’éco­no­mie a besoin d’une loi admi­nis­tra­ti­ve­ment sup­por­table, adé­quate et coor­don­née à l’échelle inter­na­tio­nale.

Libre cir­cu­la­tion des per­sonnes: ne pas mena­cer les acquis

L’ini­tia­tive de l’UDC contre les Bila­té­rales demande une régle­men­ta­tion auto­nome de l’im­mi­gra­tion des étran­gères et étran­gers en Suisse, sans libre cir­cu­la­tion des per­sonnes. En cas d’ac­cep­ta­tion, de futurs trai­tés inter­na­tio­naux ne pour­raient pas pré­voir de libre cir­cu­la­tion des per­sonnes.

L’ini­tia­tive pré­voit que le Conseil fédé­ral mène des négo­cia­tions afin que l’ac­cord sur la libre cir­cu­la­tion des per­sonnes conclu avec l’UE cesse d’être en vigueur. Il dis­pose pour cela d’un délai de douze mois à par­tir de l’ac­cep­ta­tion de l’ini­tia­tive. S’il n’at­teint pas l’ob­jec­tif, il doit dénon­cer l’ac­cord dans un délai sup­plé­men­taire de 30 jours. Or, en rai­son de la clause guillo­tine, la rési­lia­tion de l’ac­cord sur la libre cir­cu­la­tion des per­sonnes ferait tom­ber les six autres accords bila­té­raux I.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse rejette l’ini­tia­tive contre les Bila­té­rales.

La libre cir­cu­la­tion des per­sonnes est cru­ciale pour le mar­ché du tra­vail suisse

La libre cir­cu­la­tion des per­sonnes per­met aux employeurs d’em­bau­cher rapi­de­ment, de manière flexible et géné­ra­le­ment avec sans bureau­cra­tie de la main-d’œuvre spé­cia­li­sée venant de l’UE/AELE – dans le res­pect de la prio­rité des chô­meurs indi­gènes et de l’obli­ga­tion de com­mu­ni­quer les postes vacants. Cela ren­force la com­pé­ti­ti­vité de l’éco­no­mie suisse et garan­tit des emplois. Dans son mes­sage, le Conseil fédé­ral men­tionne, très jus­te­ment, des études mon­trant que l’ac­cord sur la libre cir­cu­la­tion des per­sonnes est, parmi les sept accords bila­té­raux I conclus avec l’UE, celui ayant l’im­pact éco­no­mique posi­tif le plus impor­tant. La dis­pa­ri­tion de la libre cir­cu­la­tion des per­sonnes aurait donc des consé­quences inci­sives sur la place éco­no­mique et le pôle de recherche. Elle mena­ce­rait direc­te­ment de nom­breux emplois en Suisse.

Pas d’aug­men­ta­tion des pres­ta­tions sociales ni de dété­rio­ra­tion des condi­tions de tra­vail

La libre cir­cu­la­tion des per­sonnes est d’ores et déjà assor­tie de condi­tions: toute per­sonne qui sou­haite séjour­ner en Suisse doit pos­sé­der un contrat de tra­vail valable, exer­cer une acti­vité lucra­tive indé­pen­dante ou, en l’ab­sence d’ac­ti­vité lucra­tive, dis­po­ser de moyens finan­ciers suf­fi­sants et d’une cou­ver­ture d’as­su­rance mala­die éten­due. Par le passé aussi, l’im­mi­gra­tion se fai­sait majo­ri­tai­re­ment par le biais du mar­ché du tra­vail. Les deux tiers envi­ron des res­sor­tis­sants d’États membres de l’UE qui immigrent en Suisse démarrent direc­te­ment une acti­vité lucra­tive. L’im­mi­gra­tion dans le cadre de l’ac­cord sur la libre cir­cu­la­tion des per­sonnes n’a, glo­ba­le­ment, pas entraîné de hausse des pres­ta­tions sociales ni une dété­rio­ra­tion des condi­tions de tra­vail. L’ac­cord garan­tit enfin que des citoyens suisses puissent vivre et tra­vailler au sein de l’UE.

Le déve­lop­pe­ment régu­lier des mesures d’ac­com­pa­gne­ment garan­tit une pro­tec­tion éle­vée

Le sys­tème des mesures d’ac­com­pa­gne­ment a été intro­duit afin de garan­tir le niveau élevé des salaires en Suisse. Depuis quinze ans, ce sys­tème est conti­nuel­le­ment adapté en réac­tion aux chan­ge­ments et aux nou­veaux défis appa­rus sur le mar­ché du tra­vail. Les diverses adap­ta­tions légales et nom­breuses amé­lio­ra­tions en matière d’exé­cu­tion ont per­mis de mettre en place un niveau de pro­tec­tion effi­cace, fondé sur les risques.

La clause guillo­tine menace la par­ti­ci­pa­tion au mar­ché inté­rieur de l’UE

Pour la Suisse et son éco­no­mie ouverte, l’ac­cès aux mar­chés étran­gers est vital. Quelque 55% des expor­ta­tions de mar­chan­dises suisses sont des­ti­nées à l’UE et 80% des impor­ta­tions suisses pro­viennent de l’UE. Grâce aux accords bila­té­raux, la Suisse peut par­ti­ci­per en grande par­tie au mar­ché inté­rieur de l’UE, qui compte 500 mil­lions de consom­ma­teurs. L’UE et ses 28 États membres sont de loin le pre­mier par­te­naire com­mer­cial de la Suisse. En cas de dénon­cia­tion uni­la­té­rale de l’ac­cord sur la libre cir­cu­la­tion des per­sonnes, les autres six accords bila­té­raux I dis­pa­raî­traient éga­le­ment en rai­son de la clause guillo­tine. Or ces accords assurent aux entre­prises suisses un accès lar­ge­ment non dis­cri­mi­na­toire au mar­ché inté­rieur de l’UE dans des sec­teurs éco­no­miques impor­tants.

État des déli­bé­ra­tions

Par 38 voix contre 4 et 3 abs­ten­tions, le Conseil des États rejette fer­me­ment l’ini­tia­tive contre les Bila­té­rales sans contre-pro­jet. Ce fai­sant, il a suivi les recom­man­da­tions du Conseil fédé­ral et du Conseil natio­nal. L’éco­no­mie, qui n’a pas attendu pour s’op­po­ser à l’ini­tia­tive, se féli­cite de cette déci­sion.

Dans l’éven­tua­lité de l’ac­cep­ta­tion de l’ini­tia­tive, les entre­prises suisses per­draient l'ac­cès pri­vi­lé­gié à leur prin­ci­pal mar­ché à fin 2021 en rai­son de l’ac­ti­va­tion de la clause guillo­tine. Les ini­tiants ne pro­posent pas de plan réa­liste sur la manière de rem­pla­cer les accords bila­té­raux avec l’UE. Il ne fait pas de doute que l’ini­tia­tive contre les Bila­té­rales serait très dom­ma­geable pour les entre­prises suisses sans appor­ter d’avan­tages en contre­par­tie. (Pour plus d’in­for­ma­tions, nous vous ren­voyons à notre dos­sier­po­li­tique «L’ini­tia­tive contre les Bila­té­rales met­trait un terme à la voie bila­té­rale»).

L’ac­cord garan­tit l’ac­cès pré­cieux au mar­ché et contient des dis­po­si­tions éten­dues en matière de dura­bi­lité

L’ac­cord de par­te­na­riat éco­no­mique de large por­tée (Com­pre­hen­sive eco­no­mic part­ner­ship agree­ment, CEPA) entre les États de l’AELE et l’In­do­né­sie (19.036) a été signé à Jakarta le 16 décembre 2018 et se trouve au Par­le­ment pour appro­ba­tion.

L’ini­tia­tive can­to­nale 18.325 demande d’ex­clure l’huile de palme des accords de libre-échange avec l’In­do­né­sie et la Malai­sie, tan­dis que les ini­tia­tives can­to­nales 18.320 et 18.317 demandent de l'ex­clure du libre-échange avec la Malai­sie.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande d’ap­prou­ver l’ac­cord de par­te­na­riat éco­no­mique entre les États de l’AELE et l’In­do­né­sie (19.036) et de reje­ter les trois ini­tia­tives can­to­nales (18.317, 18.320 et 18.325).

Un gros poten­tiel pour les entre­prises expor­ta­trices suisses sur un mar­ché de crois­sance

À une époque carac­té­ri­sée par une insé­cu­rité accrue, en rai­son de guerres com­mer­ciales, et par un pro­tec­tion­nisme crois­sant, il est indis­pen­sable pour les entre­prises expor­ta­trices suisses de dis­po­ser d’un accès sûr aux mar­chés mon­diaux. L’ac­cord avec l’In­do­né­sie ren­ferme un poten­tiel com­mer­cial énorme et sup­prime des bar­rières com­mer­ciales impor­tantes dans un pays qui, avec sa crois­sance et ses plus de 260 mil­lions d’ha­bi­tants, est l’une des éco­no­mies émer­gentes du monde. Dans la mesure où ni les États-Unis ni l’UE n’ont conclu pour l’ins­tant un tel accord avec l’In­do­né­sie, les entre­prises suisses béné­fi­cient d’avan­tages concur­ren­tiels par rap­port à la concur­rence. Cela entraî­nera une aug­men­ta­tion des inves­tis­se­ments et de la pros­pé­rité non seule­ment dans le pays en déve­lop­pe­ment qu’est l’In­do­né­sie, mais éga­le­ment en Suisse.

L’ac­cord de libre-échange contient des dis­po­si­tions pous­sées en matière de dura­bi­lité

Au-delà de l’ac­cès au mar­ché qu’il garan­tit, l’ac­cord de libre-échange consti­tue une réus­site en rai­son de ses dis­po­si­tions pous­sées en matière de déve­lop­pe­ment durable – en par­ti­cu­lier pour ce qui concerne la culture de plantes oléa­gi­neuses. La Suisse est le seul par­te­naire à l’égard duquel l’In­do­né­sie a accepté de prendre de tels enga­ge­ments. L’ac­cord veille à une pro­duc­tion durable d’huile de palme tout en tenant compte des réa­li­tés com­mer­ciales actuelles – les impor­ta­tions d’huile de palme des entre­prises suisses pro­viennent déjà presque exclu­si­ve­ment de plan­ta­tions cer­ti­fiées. À noter tou­te­fois que la Suisse importe des quan­ti­tés mar­gi­nales en com­pa­rai­son mon­diale. En 2018, les impor­ta­tions suisses depuis l’In­do­né­sie ont atteint 162 tonnes sur 25 000 tonnes au total. Cela repré­sente 0,03 % de la pro­duc­tion mon­diale.

Des mesures à visées pro­tec­tion­nistes sont dom­ma­geables pour la pros­pé­rité de la Suisse

La Suisse ne négo­cie pas des accords qui seraient exces­si­ve­ment dom­ma­geables pour son agri­cul­ture ou qui seraient contraires aux objec­tifs en matière de dura­bi­lité dans d’autres domaines. Les pres­crip­tions rigides et demandes pro­tec­tion­nistes des ini­tia­tives can­to­nales exclu­raient la négo­cia­tion d’un accord de libre-échange de qua­lité et de large por­tée avec des par­te­naires impor­tantes comme la Malai­sie.

Une poli­tique d’éco­no­mie exté­rieure construc­tive est de la plus haute impor­tance pour les entre­prises suisses, car 40% envi­ron de la valeur ajou­tée en Suisse est expor­tée à l’étran­ger. Dans la mesure où le com­merce inter­na­tio­nal est très dyna­mique, les condi­tions-cadre doivent pou­voir être amé­lio­rées conti­nuel­le­ment pour les expor­ta­teurs suisses. Si la poli­tique éco­no­mique exté­rieure de la Suisse voit sa marge de manœuvre dimi­nuer à la suite d’in­ter­ven­tions inutiles fon­dées sur des moti­va­tions de pure poli­tique interne et pro­tec­tion­niste, les dom­mages infli­gés à la pros­pé­rité en Suisse – et donc à l’en­vi­ron­ne­ment – seraient consi­dé­rables.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil des États, second conseil, exa­mi­nera le pro­jet 19.036 au cours de la ses­sion d’hi­ver 2019. Il exa­mi­nera éga­le­ment les trois ini­tia­tives can­to­nales 18.325, 18.320 et 18.317 en tant que pre­mier conseil. Sa Com­mis­sion de poli­tique exté­rieure (CPE-E) a accepté le pro­jet 19.036 par 10 voix contre 0 et une abs­ten­tion. Elle pro­pose par contre au plé­num de ne pas don­ner suite aux trois ini­tia­tives can­to­nales (par 7 voix contre 0 et 3 abs­ten­tions).