Ses­sion d'au­tomne 2021

La ses­sion d’au­tomne 2021 se ter­mine sur une note posi­tive aux yeux des milieux éco­no­miques, avec le déblo­cage de la contri­bu­tion à l’élar­gis­se­ment en faveur de cer­tains États membres de l’UE. Avant cela, les Chambres ont adopté des pro­jets favo­rables à l’éco­no­mie qui étaient en dis­cus­sion depuis long­temps. Les droits de douane sur les pro­duits indus­triels seront ainsi sup­pri­més et le Conseil natio­nal a approuvé la réforme de l’im­pôt anti­cipé. Dans l’en­semble, ces déci­sions ren­forcent la place éco­no­mique suisse.

Vue d'en­semble de la ses­sion

Aux yeux des milieux éco­no­miques, les déci­sions des Chambres sont par­ti­cu­liè­re­ment réjouis­santes dans le domaine de la fis­ca­lité. Le Conseil natio­nal a en effet accepté net­te­ment l’abo­li­tion de l’impôt anti­cipé sur les inté­rêts des obli­ga­tions et des papiers moné­taires. Cette réforme est impor­tante et atten­due depuis long­temps par les milieux éco­no­miques. À l’heure actuelle, les entre­prises suisses se financent en effet prin­ci­pa­le­ment à l’étran­ger. En effet, en rai­son de la per­cep­tion de l’im­pôt anti­cipé, l’émis­sion d’obli­ga­tions en Suisse est peu attrayante. Grâce à la réforme, les acti­vi­tés de finan­ce­ment peuvent être rapa­triées en Suisse. Cela crée des emplois et de la valeur. Dès lors, la réforme devrait se tra­duire par des recettes fis­cales sup­plé­men­taires après quelques années seule­ment. Tout le monde y gagne.

Le Par­le­ment a éga­le­ment sup­primé les droits de douane sur les pro­duits indus­triels. Les PME et les arti­sans ver­ront leurs charges finan­cières et admi­nis­tra­tives bais­ser net­te­ment, ce qui est plus impor­tant que jamais. En outre, les consom­ma­teurs béné­fi­cie­ront aussi de baisses de prix. eco­no­mie­suisse qui s’est enga­gée depuis long­temps en faveur de l’abo­li­tion des droits de douane sur les pro­duits indus­triels salue cette déci­sion.

Une autre ques­tion en dis­cus­sion depuis plu­sieurs années est l’abo­li­tion de la valeur loca­tive sur les biens immo­bi­liers des­ti­nés à l’usage per­son­nel. eco­no­mie­suisse com­prend que l’on demande la sup­pres­sion de la valeur loca­tive sur la rési­dence prin­ci­pale. Cette réor­ga­ni­sa­tion doit tou­te­fois res­pec­ter les prin­cipes de la sys­té­ma­tique fis­cale qui pré­voient notam­ment que les inté­rêts pas­sifs puissent être déduits pour autant que les gains en capi­tal concer­nés soient plei­ne­ment impo­sables. La Chambre haute a rec­ti­fié des élé­ments impor­tants du pro­jet. Le Conseil natio­nal serait bien ins­piré de la suivre.

Le Conseil des États n’a pas retenu une motion qui vou­lait uni­for­mi­ser et donc sim­pli­fier la TVA. Le pro­ces­sus de taxa­tion à la charge des entre­prises est déjà tech­ni­que­ment très com­plexe et donc très coû­teux. eco­no­mie­suisse regrette que le Conseil des États n’ait pas eu le cou­rage de deman­der au Conseil fédé­ral d’éla­bo­rer un pro­jet de loi dans ce sens. Il est éga­le­ment regret­table que les Chambres intro­duisent de nou­velles excep­tions et trai­te­ments par­ti­cu­liers.

La réforme de l’AVS est deve­nue plus urgente que jamais. Notre pre­mière assu­rance sociale doit être assai­nie rapi­de­ment. Les deux Chambres s’étant pro­non­cées en faveur de l’har­mo­ni­sa­tion de l’âge de réfé­rence à 65 ans en pre­mière lec­ture, le Conseil des États a débattu, au cours de la ses­sion d’au­tomne, de l’éten­due des mesures de com­pen­sa­tion pour les groupes de femmes concer­nés. La Chambre haute a aug­menté géné­reu­se­ment les dépenses: elle relève la TVA de 0,4 point, elle aug­mente mas­si­ve­ment les sup­plé­ments de rente et étend les groupes de femmes concer­nées ayant droit aux sup­plé­ments à un total de neuf années. Ce fai­sant, le Conseil des États a rompu l’équi­libre entre les mesures finan­cières et struc­tu­relles. Il faut espé­rer que le Conseil natio­nal réta­blisse l’ob­jec­tif ini­tial de la réforme: sta­bi­li­ser l’AVS à court terme. eco­no­mie­suisse conti­nue de plai­der avec force pour une réforme équi­li­brée.

Au vu de l’évo­lu­tion de la recherche, il est incom­pré­hen­sible que le Par­le­ment ait encore une fois pro­longé le mora­toire sur le génie géné­tique. Ce mora­toire qui équi­vaut à une inter­dic­tion tech­no­lo­gique géné­rale est pro­longé de quatre ans, jus­qu’en 2025. Cette déci­sion semble moti­vée par la peur et est dénuée de fon­de­ments scien­ti­fiques. Depuis l’in­tro­duc­tion du mora­toire en 2005, beau­coup de choses ont changé dans les sciences et la recherche et les bases juri­diques sont dépas­sées. La déci­sion du Conseil natio­nal d’in­ter­dire éga­le­ment de nou­velles tech­no­lo­gies pro­met­teuses comme l’édi­tion du génome (CRISPR / Cas) est étrange au vu de leurs avan­tages évi­dents pour la sécu­rité ali­men­taire et la réduc­tion de l’uti­li­sa­tion des pro­duits phy­to­sa­ni­taires. La recherche suisse risque de prendre du retard en com­pa­rai­son inter­na­tio­nale.

Les Chambres ont encore adopté la nou­velle loi sur les pro­duits du tabac, qui amé­liore for­te­ment la pro­tec­tion des mineurs dans toute la Suisse sans tou­te­fois inter­dire tota­le­ment la publi­cité. Cette loi pour­rait entrer en vigueur sous peu. Le Par­le­ment oppose la nou­velle loi sur les pro­duits du tabac à l’ini­tia­tive popu­laire «Oui à la pro­tec­tion des enfants et des ado­les­cents contre la publi­cité pour le tabac» en tant que contre-pro­jet indi­rect. Les deux Chambres recom­mandent au peuple et aux can­tons de reje­ter l’ini­tia­tive. Si ses auteurs ne la retirent pas, mal­gré l’adop­tion de la nou­velle loi, cela entraî­nera des retards. Alors, il revien­drait au peuple et aux can­tons de déci­der s’il est encore pos­sible de faire de la publi­cité en Suisse pour des pro­duits du tabac fabri­qués et com­mer­cia­li­sés léga­le­ment.

Presque à la der­nière minute, les Chambres ont dis­cuté du déblo­cage du mon­tant de cohé­sion en faveur de cer­tains États membres de l’UE et l’ont accepté. Cette déci­sion est de bon augure pour la recherche suisse, qui peut à nou­veau espé­rer être plei­ne­ment asso­ciée au pro­gramme-cadre de recherche de l’UE «Hori­zon Europe». eco­no­mie­suisse a tou­jours sou­tenu le déblo­cage du mon­tant de cohé­sion, sans condi­tion, et conti­nue de s’en­ga­ger en faveur de bonnes rela­tions avec l’UE qui est de loin le prin­ci­pal par­te­naire com­mer­cial de la Suisse.

 

Au pro­gramme de la ses­sion d’au­tomne 2021 figurent des pro­jets de réforme récla­més depuis des années par les milieux éco­no­miques, comme la révi­sion de la loi sur l’im­pôt anti­cipé, la sup­pres­sion des droits de douane sur les pro­duits indus­triels ainsi que l’in­tro­duc­tion du taux unique pour la TVA, sans oublier l’AVS, en attente de mesures à long terme.

Mettre en œuvre sans condi­tions des pro­jets urgents et avan­ta­geux pour la place éco­no­mique

La réforme de l’impôt anti­cipé est le pro­jet le plus urgent pour la place éco­no­mique et fis­cale. eco­no­mie­suisse sen­si­bi­lise à la néces­sité de revoir l’im­pôt anti­cipé depuis des années. Il faut espé­rer que le Conseil natio­nal met­tra en œuvre le pro­jet selon la majo­rité de la com­mis­sion concer­née. Ce fai­sant, il ren­for­cera non seule­ment la place éco­no­mique et fis­cale, mais aussi la créa­tion de valeur en Suisse. Le pro­jet aura éga­le­ment un impact finan­cier posi­tif pour l’État et sou­tien­dra la reprise éco­no­mique. Ce pro­jet ne sau­rait être reporté, pas plus que la sup­pres­sion des droits de douane sur les pro­duits indus­triels. Les PME suisses ont plus que jamais besoin de cet allè­ge­ment des charges finan­cières et admi­nis­tra­tives. La Chambre basse devrait accep­ter le pro­jet du Conseil fédé­ral sans condi­tions, afin qu’il entre en vigueur au plus vite

L’intro­duc­tion d’un taux unique pour la TVA sou­la­ge­rait aussi consi­dé­ra­ble­ment les entre­prises, sur­tout les PME. Bien qu’il s'agisse de la solu­tion la plus équi­table pour toutes les par­ties concer­nées, le Par­le­ment n’a pas pu se résoudre à faire le pas jus­qu’ici. Au contraire de nou­velles excep­tions sont déci­dées, ce qui a pour effet de com­pli­quer encore le sys­tème. La TVA est deve­nue un «monstre bureau­cra­tique»: son appli­ca­tion est si com­plexe sur le plan tech­nique et donc coû­teuse que la plu­part des entre­prises ne peuvent plus gérer la pro­cé­dure de taxa­tion elles-mêmes. On ne peut pas admettre cela. Le Conseil des États devrait approu­ver d’ur­gence l’in­tro­duc­tion du taux unique.

La Chambre des can­tons exa­mi­nera éga­le­ment le chan­ge­ment de sys­tème concer­nant la valeur loca­tive. eco­no­mie­suisse com­prend ce sou­hait, mais demande qu’il soit mis en œuvre dans le res­pect des prin­cipes de la sys­té­ma­tique fis­cale, qui pré­voient notam­ment que les inté­rêts pas­sifs puissent être déduits pour autant que les gains en capi­tal concer­nés sont plei­ne­ment impo­sables.

Nor­ma­li­ser les rela­tions bila­té­rales entre la Suisse et l’UE et sou­te­nir la recherche suisse

Bien que ce soit éga­le­ment urgent, seul le Conseil des États se pro­non­cera sur le déblo­cage de la contri­bu­tion à l’élar­gis­se­ment (contri­bu­tion de la Suisse à des pro­jets en faveur de cer­tains États membres de l’UE) au cours de la ses­sion d’au­tomne. eco­no­mie­suisse exige qu’il débloque cette contri­bu­tion sans condi­tions. En effet, le déblo­cage des 1,3 mil­liard de francs contri­buera non seule­ment à nor­ma­li­ser les rela­tions bila­té­rales, mais consti­tue éga­le­ment un préa­lable pour que les entre­prises et ins­ti­tu­tions de recherche suisses puissent par­ti­ci­per plei­ne­ment au pro­gramme-cadre de recherche «Hori­zon Europe».

Inter­dic­tions tech­no­lo­giques et en matière de publi­cité: elles partent d’une bonne inten­tion, mais le résul­tat laisse à dési­rer

Les milieux éco­no­miques n’ont aucune sym­pa­thie pour une inter­dic­tion tech­no­lo­gique, telle que celle qu’en­traî­ne­rait une pro­lon­ga­tion du mora­toire sur le génie géné­tique. Depuis son intro­duc­tion, la science a fait de gros pro­grès de sorte que le cadre juri­dique est dépassé. Il convient de l’ajus­ter de toute urgence. Le génie géné­tique ren­ferme de grandes oppor­tu­ni­tés, en ce qui concerne une uti­li­sa­tion moindre des pro­duits phy­to­sa­ni­taires par exemple, qu’il ne faut lais­ser inex­ploi­tées. Avec l’in­tro­duc­tion de telles inter­dic­tions, la recherche suisse, actuel­le­ment à la pointe, ris­que­rait de perdre du ter­rain.

Les inter­dic­tions géné­rales ne sont pas non plus une bonne idée quand il est ques­tion de publi­cité pour des pro­duits légaux. C’est pour­tant ce que demande l’ini­tia­tive popu­laire «Enfants et jeunes sans publi­cité pour le tabac». La com­mis­sion du Conseil des États l’a très jus­te­ment refu­sée, mais lui oppose, en tant que contre-pro­jet indi­rect, la nou­velle loi sur les pro­duits du tabac. Aux yeux des milieux éco­no­miques, celle-ci va aussi très loin et même trop loin sur cer­tains points. Le Conseil natio­nal doit encore rec­ti­fier le tir. eco­no­mie­suisse s’en­gage en faveur de l’amé­lio­ra­tion de la pro­tec­tion des mineurs, pour autant que la liberté éco­no­mique garan­tie par la Consti­tu­tion soit pré­ser­vée.

Âge de réfé­rence à 65 ans avec des mesures de com­pen­sa­tion modé­rées. Les milieux éco­no­miques sou­tiennent une réforme équi­li­brée de l’AVS

Ce n’est pas un secret: une réforme de l’AVS est urgente. Depuis 2014, les recettes et les dépenses sont dés­équi­li­brées. Après l’échec de la réforme dans les urnes en 2017, un nou­veau pro­jet est en dis­cus­sion pour sta­bi­li­ser le pre­mier pilier à court terme.

eco­no­mie­suisse, l’Union patro­nale suisse et l’Union suisse des arts et métiers sou­tiennent l’ob­jec­tif de sta­bi­li­ser l’AVS à court terme et de pro­cé­der ensuite à une réforme plus glo­bale. Dans cette pers­pec­tive, il convient dans un pre­mier temps de trou­ver un équi­libre rai­son­nable entre des mesures struc­tu­relles et finan­cières. Concrè­te­ment, le finan­ce­ment addi­tion­nel par le biais d’un relè­ve­ment de la TVA doit être com­pensé par un allè­ge­ment net des dépenses de l’AVS de même ampleur grâce à l’aug­men­ta­tion de l’âge de réfé­rence (mesures d’ac­com­pa­gne­ment com­prises). Les milieux éco­no­miques recom­mandent donc d’har­mo­ni­ser l’âge de réfé­rence à 65 ans et de rele­ver la TVA de 0,3 point au maxi­mum.

Les deux Chambres

Ren­for­cer la pro­tec­tion des mineurs, garan­tir la liberté éco­no­mique

L’ini­tia­tive popu­laire demande que soit inter­dite toute forme de publi­cité et de spon­so­ring pour les pro­duits du tabac qui atteint les enfants et les jeunes sous quelque forme que ce soit. Selon ses auteurs, elle doit être inter­pré­tée au sens large. L’in­ter­dic­tion de la publi­cité devrait ainsi éga­le­ment s’ap­pli­quer aux pro­duits de sub­sti­tu­tion tels que la ciga­rette élec­tro­nique. Seule la publi­cité des­ti­née exclu­si­ve­ment aux adultes et n’at­tei­gnant pas les mineurs res­te­rait admise. Ainsi, même la publi­cité dans les kiosques serait inter­dite. Si les ini­tiants ne retirent pas leur texte, le peuple devra déci­der si des pro­duits légaux peuvent encore faire l’ob­jet de publi­cité.

La nou­velle loi sur les pro­duits du tabac est une alter­na­tive rai­son­nable à cette ini­tia­tive popu­laire radi­cale. Elle dur­cit la régle­men­ta­tion de ces pro­duits et autres pro­duits conte­nant de la nico­tine et, sur­tout ren­force la pro­tec­tion des mineurs. Le Par­le­ment a éla­boré une pro­tec­tion rai­son­nable et effi­cace des mineurs tout en fai­sant preuve de modé­ra­tion et écarté le dan­ger d’une inter­dic­tion totale de la publi­cité, ce qui aurait créé un pré­cé­dent pour d’autres pro­duits léga­le­ment dis­po­nibles (les ali­ments sucrés, l'al­cool ou la viande, par exemple). La publi­cité pour le tabac dis­pa­raî­tra com­plè­te­ment des espaces publics, il sera inter­dit de cibler les jeunes et la vente de pro­duits du tabac et d’e-ciga­rettes aux mineurs sera inter­dite de manière uni­forme à l’échelle natio­nale pour la pre­mière fois. Les mesures deman­dées par les ini­tiants ont ainsi été lar­ge­ment mises en œuvre. La nou­velle loi sur les pro­duits du tabac doit être oppo­sée à l’ini­tia­tive popu­laire en tant que contre-pro­jet indi­rect.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse s’en­gage en faveur d’une amé­lio­ra­tion de la pro­tec­tion des mineurs qui pré­serve la liberté éco­no­mique garan­tie par la Consti­tu­tion. Dès lors, les milieux éco­no­miques recom­mandent de refu­ser l’ini­tia­tive popu­laire radi­cale, mais d’ac­cep­ter la nou­velle loi sur les pro­duits du tabac.

Une ini­tia­tive popu­laire radi­cale

La pro­tec­tion de la jeu­nesse, aussi impor­tante et jus­ti­fiée soit-elle, ne doit pas ser­vir de pré­texte pour inter­dire toute com­mu­ni­ca­tion et publi­cité. Une inter­dic­tion totale et indif­fé­ren­ciée de la publi­cité consti­tue­rait une inter­ven­tion radi­cale et injus­ti­fiable dans la liberté éco­no­mique garan­tie par la Consti­tu­tion. Pour les pro­duits alter­na­tifs, poten­tiel­le­ment moins nocifs, comme les pro­duits du tabac à chauf­fer et les e-ciga­rettes, une inter­dic­tion totale de la publi­cité équi­vau­drait en outre à inter­dire l’in­no­va­tion. En effet, on sup­pri­me­rait l’in­ci­ta­tion à déve­lop­per des pro­duits de sub­sti­tu­tion moins nocifs, comme les pro­duits du tabac à chauf­fer ou les e-ciga­rettes. Cela entra­ve­rait une poli­tique effi­cace de réduc­tion des risques et serait par­ti­cu­liè­re­ment désas­treux en termes de poli­tique de santé.

Alter­na­tive rai­son­nable

La nou­velle loi sur les pro­duits du tabac règle l’im­por­tante ques­tion de la pro­tec­tion des mineurs, sans les défauts de l’ini­tia­tive popu­laire. Elle sou­haite inter­dire la publi­cité pour le tabac et les autres pro­duits conte­nant de la nico­tine de manière ciblée dans la presse et sur les sites web lors­qu’elle s’adresse aux mineurs. Elle inter­dit tota­le­ment la publi­cité dans les espaces publics, tout comme le par­rai­nage de mani­fes­ta­tions à carac­tère inter­na­tio­nal ou ciblant un public mineur. Avec la nou­velle loi sur les pro­duits du tabac, nous avons pour la pre­mière fois une solu­tion uni­forme à l’échelle natio­nale pour l’âge mini­mum, les inter­dic­tions publi­ci­taires et les res­tric­tions de publi­cité. C’est ce que tout le monde sou­hai­tait. eco­no­mies­suisse craint cepen­dant que d’autres com­pé­tences dans ces domaines soient trans­fé­rées aux can­tons dans le cadre du débat sur la loi sur les pro­duits du tabac (éli­mi­na­tion des diver­gences). En matière de pro­tec­tion de la santé, seules des régle­men­ta­tions natio­nales sont effi­caces. Sans comp­ter qu’une régle­men­ta­tion frag­men­tée est dif­fi­cile à mettre en œuvre pour les entre­prises et doit être refu­sée. Par consé­quent, la Confé­dé­ra­tion doit avoir une com­pé­tence légis­la­tive glo­bale dans ces domaines.

Pas de mise sous tutelle des consom­ma­teurs adultes

Enfin, inter­dire la publi­cité comme le demandent les auteurs de l’ini­tia­tive crée­rait un dan­ge­reux pré­cé­dent pour d’autres pro­duits, tels que l’al­cool, la viande ou les ali­ments gras et sucrés. Il doit res­ter pos­sible de faire de la publi­cité pour des pro­duits légaux; les consom­ma­teurs adultes ne doivent pas être lésés.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil des États se pen­chera sur l’ini­tia­tive popu­laire au cours de la ses­sion d’au­tomne 2021. Sa Com­mis­sion de la sécu­rité sociale et de la santé publique (CSSS-E) lui pro­pose de recom­man­der au peuple et aux can­tons de refu­ser l’ini­tia­tive (9 voix contre 4). Le pro­jet de loi sur les pro­duits du tabac doit lui être opposé en tant que contre-pro­jet indi­rect. Au cours de la ses­sion de prin­temps 2021, le Conseil natio­nal a éga­le­ment recom­mandé le refus de l’ini­tia­tive popu­laire.

La nou­velle loi sur les pro­duits du tabac doit être mise sous toit au cours de cette ses­sion. Le Conseil natio­nal se pen­chera sur le pro­jet de loi en pre­mier, suivi du Conseil des États.

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

Les Chambres fédé­rales ont adopté la loi sur les pro­duits du tabac au cours de la pré­sente ses­sion d’au­tomne. Cela amé­lio­rera consi­dé­ra­ble­ment la pro­tec­tion des mineurs dans toute la Suisse. À l’ave­nir, les publi­ci­tés pour les pro­duits du tabac et les e-ciga­rettes visibles depuis le domaine public seront inter­dites, de même que la publi­cité dans les ciné­mas, dans les trans­ports et bâti­ments publics ainsi que sur les ter­rains de sport. Il en va de même pour le par­rai­nage de mani­fes­ta­tions à carac­tère inter­na­tio­nal. De plus, les jeunes de moins de 18 ans ne seront plus auto­ri­sés à ache­ter des ciga­rettes, et ce à l’échelle natio­nale. La nou­velle loi sur les pro­duits du tabac est donc un ins­tru­ment inci­sif pour ren­for­cer la pro­tec­tion des mineurs tout en pré­ser­vant la liberté éco­no­mique des pro­duc­teurs garan­tie par la Consti­tu­tion.

La nou­velle loi pour­rait entrer en vigueur sous peu. Logi­que­ment, le Par­le­ment a rejeté l’ini­tia­tive popu­laire radi­cale «Oui à la pro­tec­tion des enfants et des jeunes contre la publi­cité pour le tabac», qui pro­pose d’in­ter­dire tota­le­ment la publi­cité pour les pro­duits du tabac en Suisse. Si ses auteurs ne la retirent pas, mal­gré l’adop­tion de la nou­velle loi, cela entraî­nera des retards. Alors, il revien­drait au peuple et aux can­tons de déci­der s’il est encore pos­sible de faire de la publi­cité en Suisse pour des pro­duits légaux.

LA SUISSE SANS DROITS DE DOUANE SUR LES PRO­DUITS INDUS­TRIELS? TOUT LE MONDE EN PRO­FITE

Le pro­jet pro­pose de réduire à zéro les droits de douane sur les pro­duits indus­triels impor­tés. Le terme de pro­duits indus­triels couvre presque tous les biens à l’ex­cep­tion des pro­duits agri­coles (four­rages com­pris) et des pro­duits de la pêche. Au-delà de la sup­pres­sion uni­la­té­rale des droits de douane, le pro­jet sim­pli­fie la struc­ture des droits de douane appli­qués aux pro­duits indus­triels.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

La sup­pres­sion com­plète des droits de douane sur les pro­duits indus­triels est impor­tante et urgente aux yeux d’eco­no­mie­suisse. Les milieux éco­no­miques recom­mandent vive­ment d’en­trer en matière et d’ac­cep­ter le pro­jet de loi selon la ver­sion du Conseil fédé­ral.

Les milieux éco­no­miques sou­tiennent la sup­pres­sion des droits de douane sur les pro­duits indus­triels

L’abo­li­tion des droits de douane sur les pro­duits indus­triels repré­sente un allè­ge­ment des charges finan­cières et admi­nis­tra­tives impor­tant pour les entre­prises suisses (notam­ment pour les PME et les arti­sans), mais aussi pour les consom­ma­teurs et l’ad­mi­nis­tra­tion. Elle per­met­trait éga­le­ment de venir à bout d’un sys­tème peu satis­fai­sant qui met en regard des frais de dédoua­ne­ment éle­vés pour les entre­prises et des recettes fis­cales faibles pour les auto­ri­tés doua­nières. Le sec­teur agri­cole n’est pas concerné car le pro­jet porte exclu­si­ve­ment sur les biens indus­triels.

Une meilleure per­for­mance éco­no­mique pour un manque à gagner faible

Le manque à gagner brut de la Confé­dé­ra­tion serait com­pensé par une per­for­mance éco­no­mique accrue, en hausse de 860 mil­lions de francs. En termes nets, c’est-à-dire après avoir pris en consi­dé­ra­tion les recettes fis­cales sup­plé­men­taires atten­dues et l’al­lè­ge­ment des charges admi­nis­tra­tives, le manque à gagner serait moindre (quelque 310 mil­lions de francs suisses pour 2016 selon une étude d'Eco­plan)). Il faut ajou­ter à cela que les trois quarts envi­ron des droits de douane sur les biens indus­triels ont en prin­cipe déjà été sup­pri­més dans le cadre d’ac­cords de libre-échange – excepté que ces accords ne peuvent être uti­li­sés dans leur inté­gra­lité pour diverses rai­sons. Selon la pla­ni­fi­ca­tion finan­cière actuelle de la Confé­dé­ra­tion, ces défi­cits sont accep­tables, d’au­tant plus que la mesure a un effet de sti­mu­la­tion posi­tif avéré sur l’éco­no­mie natio­nale.

Seul une sup­pres­sion com­plète pro­duira l’ef­fet escompté

Une abo­li­tion par­tielle des droits de douane sur les pro­duits indus­triels rédui­rait les frais évi­tés et les gains éco­no­miques glo­baux, en alour­dis­sant tou­te­fois les charges admi­nis­tra­tives. Le fait d’éche­lon­ner la sup­pres­sion des droits de douane retar­de­rait les effets éco­no­miques béné­fiques pour les entre­prises et aurait des incon­vé­nients pour l’éco­no­mie dans son ensemble par rap­port à leur sup­pres­sion en une étape. La sup­pres­sion de tous les droits de douane indus­triels en une seule étape aurait les effets éco­no­miques les plus béné­fiques sans dis­cri­mi­ner l’une ou l’autre branche.

Appre­nez-en davan­tage sur les avan­tages d'un déman­tè­le­ment com­plet des droits de douane indus­triels en lisant notre dos­sier­po­li­tique: 09/2019; Lever les droits de douane sur les pro­duits indus­triels? Tout le monde en pro­fite.

État des déli­bé­ra­tions

Lors de la ses­sion d’au­tomne 2021, le Conseil natio­nal débat­tra de l’en­trée en matière sur ce pro­jet. Sa Com­mis­sion de l’éco­no­mie et des rede­vances (CER-N) lui pro­pose d’en­trer en matière et d’ac­cep­ter le pro­jet tel quel. La majo­rité de la com­mis­sion estime que les béné­fices du pro­jet pour l’éco­no­mie l’em­portent lar­ge­ment. Des pro­po­si­tions visant une dif­fé­ren­cia­tion sur la base des cri­tères de dura­bi­lité ou la sup­pres­sion pro­gres­sive des droits de douane sur les pro­duits indus­triels n’ont pas trouvé de majo­rité. Selon l’état des déli­bé­ra­tions, le Conseil des États l’exa­mi­nera éga­le­ment au cours de cette ses­sion.

Au cours de la ses­sion d’hi­ver 2020, le Conseil des États a achevé ses déli­bé­ra­tions détaillées et accepté le pro­jet au vote d’en­semble (28 voix contre 14 et une abs­ten­tion).

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

Les deux Chambres ont confirmé, au cours de la ses­sion d’au­tomne, leur sou­tien en faveur de l’abo­li­tion des droits de douane sur les pro­duits indus­triels et donc d’un pro­jet impor­tant pour l’éco­no­mie et les consom­ma­teurs. Le Par­le­ment ouvre ainsi la voie à la mise en œuvre d'une mesure struc­tu­relle atten­due depuis long­temps. Veuillez trou­ver ici une éva­lua­tion détaillée de la part d'eco­no­mie­suisse.

Conseil natio­nal

La Suisse sous pres­sion: il faut réfor­mer l’im­pôt anti­cipé main­te­nant

La réforme de l’im­pôt anti­cipé est un des prin­ci­paux pro­jets actuels pour la place éco­no­mique et fis­cale suisse. Cette der­nière est mise sous pres­sion par le pro­jet rela­tif à une impo­si­tion mini­male à l’échelle mon­diale. Afin de pré­ser­ver la sub­stance éco­no­mique et le sub­strat fis­cal, il convient de sup­pri­mer rigou­reu­se­ment les désa­van­tages exis­tants. Dans ce sens, l’im­pôt anti­cipé est clai­re­ment dans la ligne de mire: la Suisse a une grande marge de manœuvre de ce côté.

Aujour­d’hui, les groupes suisses mènent leurs acti­vi­tés de finan­ce­ment à l’étran­ger, car les inves­tis­seurs inter­na­tio­naux n’ac­ceptent pas l’im­pôt anti­cipé pré­levé sur les inté­rêts ver­sés. Avec la pré­sente réforme, le Conseil fédé­ral entend ren­for­cer la place éco­no­mique suisse dans le domaine du mar­ché des capi­taux d’em­prunt et pour les acti­vi­tés de finan­ce­ment des groupes en sup­pri­mant l’im­pôt anti­cipé sur les inté­rêts des obli­ga­tions et des papiers moné­taires. L’ob­jec­tif est de per­mettre à toutes les entre­prises d’ob­te­nir un finan­ce­ment en Suisse, ce que les milieux éco­no­miques sou­tiennent expli­ci­te­ment.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande d’ac­cep­ter le pro­jet.

L’im­pôt anti­cipé oblige les entre­prises à se finan­cer à l’étran­ger

En ce qui concerne le mar­ché des capi­taux d’em­prunt, le sys­tème fis­cal actuel est insa­tis­fai­sant pour la Suisse en tant que site d’im­plan­ta­tion et place fis­cale. Les inté­rêts ver­sés sur des obli­ga­tions suisses sont sou­mis à un impôt anti­cipé de 35%. Les obli­ga­tions suisses sont donc peu attrayantes, sur­tout pour les inves­tis­seurs étran­gers. Les groupes suisses évitent donc l’im­pôt anti­cipé en émet­tant leurs obli­ga­tions via des socié­tés étran­gères. Cela a un impact néga­tif sur la place éco­no­mique dans son ensemble, car la valeur créée sur le mar­ché des capi­taux d’em­prunt ne l’est pas en Suisse.

Ren­for­cer la créa­tion de valeur en Suisse

Si on veut ren­for­cer la créa­tion de valeur en Suisse, il faut agir sans tar­der. Dans l’éven­tua­lité où la réforme de l’im­pôt anti­cipé abou­tit, les entre­prises suisses se finan­ce­ront à nou­veau en Suisse. Des prêts intra­groupes seront accor­dés. De même, les pla­ce­ments visant à lever des fonds seront davan­tage émis sur notre ter­ri­toire. Cela sti­mu­lera le mar­ché natio­nal des capi­taux et ouvrira éga­le­ment de nou­velles pos­si­bi­li­tés de finan­ce­ment inté­res­santes pour les grandes PME suisses.

Une réforme béné­fique pour l’éco­no­mie dans son ensemble

Les consé­quences finan­cières de la réforme sont béné­fiques à moyen terme déjà. Le Conseil fédé­ral chiffre le manque à gagner du pro­jet à 200 mil­lions de francs au total. Celui-ci est à mettre en regard d’une amé­lio­ra­tion durable des condi­tions d’ac­ti­vité et d’im­pul­sions éco­no­miques aux consé­quences posi­tives sur l’em­ploi et les recettes fis­cales. Le Conseil fédé­ral estime que l’im­pul­sion éco­no­mique don­née par la réforme repré­sente à 0,5% du PIB sur cinq ans. Les impul­sions don­nées à la créa­tion de valeur et à l’em­ploi com­pen­se­raient ainsi le manque à gagner de la Confé­dé­ra­tion en cinq ans seule­ment et entraî­ne­raient des recettes sup­plé­men­taires consi­dé­rables pour les can­tons et les com­munes dans un délai encore plus court. Du point de vue macroé­co­no­mique, le Conseil fédé­ral estime donc que la réforme est réso­lu­ment avan­ta­geuse. Les milieux éco­no­miques par­tagent entiè­re­ment son point de vue.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil natio­nal, pre­mier conseil, exa­mi­nera ce pro­jet au cours de la ses­sion d’au­tomne 2021. Sa Com­mis­sion de l’éco­no­mie et des rede­vances (CER-N) lui pro­pose d’en­trer en matière et d’ac­cep­ter le pro­jet (17 voix contre 8). Dans son co-rap­port, la Com­mis­sion des finances du Conseil natio­nal (CdF-N) pro­pose éga­le­ment au plé­num d’en­trer en matière (15 voix contre 6 et 3 abs­ten­tions).

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

Le Conseil natio­nal a accepté net­te­ment, par 122 voix contre 68, le pro­jet de réforme de l’im­pôt anti­cipé. Le pro­jet fis­cal actuel­le­ment le plus impor­tant pour la place éco­no­mique est donc en bonne voie et pour­rait être sous toit d’ici à la fin de l’an­née. Avec cette réforme, les acti­vi­tés de finan­ce­ment des entre­prises revien­draient en Suisse, ce qui entraî­ne­rait des recettes sup­plé­men­taires après quelques années seule­ment. Veuillez trou­ver ici une éva­lua­tion détaillée du pro­jet.

Les inter­dic­tions tech­no­lo­giques ne sont bonnes pour per­sonne: le génie géné­tique offre de grandes oppor­tu­ni­tés

Depuis 2005, il existe en Suisse un mora­toire sur la mise en cir­cu­la­tion d’or­ga­nismes géné­ti­que­ment modi­fiés (OGM) à des fins agri­coles, hor­ti­coles et fores­tières. Celui-ci a été intro­duit à la suite de l’adop­tion de l’ini­tia­tive popu­laire «pour des ali­ments pro­duits sans mani­pu­la­tions géné­tiques». Depuis, le mora­toire a été pro­longé à trois reprises, la der­nière fois de 2017 à 2021. Le Conseil fédé­ral pro­pose aujour­d’hui de modi­fier la loi sur le génie géné­tique non humain (LGG) pour pro­lon­ger le mora­toire jus­qu’au 31 décembre 2025.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse s’op­pose fer­me­ment à des inter­dic­tions tech­no­lo­giques dénuées de fon­de­ments scien­ti­fiques et recom­mande donc de reje­ter le pro­jet. À titre sub­si­diaire, l’or­ga­ni­sa­tion pro­pose que les nou­velles méthodes de génie géné­tique échappent à la loi sur le génie géné­tique à comp­ter de l’ex­pi­ra­tion du mora­toire actuel (c’est-à-dire à par­tir du 1er jan­vier 2022).

Le génie géné­tique per­met de réduire l’uti­li­sa­tion de pro­duits phy­to­sa­ni­taires

Les pro­grès du génie géné­tique vert accroissent la sécu­rité ali­men­taire et l’uti­li­sa­tion effi­cace des res­sources dans le monde entier. Les méthodes modernes de sélec­tion végé­tale rendent les plantes utiles plus résis­tantes aux mala­dies para­si­taires et fon­giques ainsi qu’aux influences envi­ron­ne­men­tales comme la cha­leur, l’hu­mi­dité et la séche­resse. Les pro­duits géné­ti­que­ment modi­fiés tels que les pommes de terre résis­tantes au mil­diou ou au feu bac­té­rien, qui n’ont plus besoin de trai­te­ments anti­bio­tiques sont éga­le­ment dans l’in­té­rêt de l’agri­cul­ture suisse. Pour tous ceux qui veulent moins de pro­duits phy­to­sa­ni­taires, les méthodes de sélec­tion modernes sont incon­tour­nables. L’édi­tion du génome ren­ferme un grand poten­tiel selon les sélec­tion­neurs de plantes du monde entier (CRISPR / Cas). Il convient donc de sai­sir cette oppor­tu­nité.

Le cadre juri­dique est dépassé par rap­port aux pro­grès scien­ti­fiques

Les tech­no­lo­gies doivent tou­jours être éva­luées en fonc­tion de leur uti­lité et de leurs risques. Si les risques peuvent être maî­tri­sés selon des cri­tères scien­ti­fiques et en res­pec­tant le prin­cipe de pro­por­tion­na­lité, il convient d’au­to­ri­ser les tech­no­lo­gies. Dans le cas des cultures d’OGM, ces condi­tions sont rem­plies. Le mora­toire est en place depuis 2005. Depuis, beau­coup de choses ont changé dans le domaine scien­ti­fique et la recherche. La régle­men­ta­tion doit être adap­tée sans tar­der aux pro­grès scien­ti­fiques et per­mettre une approche pros­pec­tive des nou­velles tech­no­lo­gies dans ce domaine.

Inter­dire la culture de cer­taines plantes affai­blit l’at­trac­ti­vité de la place éco­no­mique

Le main­tien de l’in­ter­dic­tion de culti­ver des OGM enver­rait un signal néga­tif pour une place éco­no­mique suisse qui met régu­liè­re­ment en avant sa bonne posi­tion dans les clas­se­ments en matière d’in­no­va­tion. L’ac­cep­ta­tion des tech­no­lo­gies et la proxi­mité des mar­chés sont déci­sives dans la déci­sion d’une entre­prise ou d’une ins­ti­tu­tion de recherche quant au choix d’un site d’im­plan­ta­tion. Elles favo­risent l’em­bauche de la relève scien­ti­fique et la recherche appli­quée. S’il y a une inter­dic­tion tech­no­lo­gique, des entre­prises se détournent de la Suisse en tant que site de recherche et des inves­tis­se­ments vont ailleurs.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil natio­nal, pre­mier conseil, exa­mi­nera ce pro­jet au cours de la ses­sion d’au­tomne 2021.

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

Le Conseil natio­nal sou­haite pro­lon­ger le mora­toire sur le génie géné­tique de quatre années sup­plé­men­taires et donc jus­qu’en 2025. Des pro­po­si­tions visant à exclure du mora­toire les tech­no­lo­gies nou­velles et pro­met­teuses, telles que l’édi­tion du génome (CRISPS/Cas), ont échoué. eco­no­mie­suisse rejette réso­lu­ment la pro­lon­ga­tion de cette inter­dic­tion tech­no­lo­gique – elle est dénuée de fon­de­ments scien­ti­fiques et nuit à la recherche et à l’in­no­va­tion suisses. Le génie géné­tique vert a le poten­tiel de réduire l’uti­li­sa­tion de pro­duits phy­to­sa­ni­taires dans l’agri­cul­ture et de ren­for­cer la sécu­rité ali­men­taire dans le monde. Le pro­jet passe main­te­nant au Conseil des États. Il faut espé­rer qu’il ne se lais­sera pas gui­der par des consi­dé­ra­tions dénuées de fon­de­ments scien­ti­fiques. Ce qui compte ce sont les avan­tages du génie géné­tique vert pour les indi­vi­dus, l’éco­no­mie et l’en­vi­ron­ne­ment.

Conseil des États

Les inté­rêts pas­sifs pour des acti­vi­tés éco­no­miques doivent res­ter déduc­tibles

Aujour­d’hui, la valeur loca­tive d’une pro­priété ou d’un loge­ment des­tiné à l’usage per­son­nel est addi­tion­née au revenu impo­sable du pro­prié­taire. Les frais d'en­tre­tien et les inté­rêts pas­sifs, pour un emprunt hypo­thé­caire par exemple, sont déduc­tibles du revenu impo­sable. Ce sys­tème garan­tit l’éga­lité de trai­te­ment entre les loca­taires et les pro­prié­taires, ainsi qu’entre les pro­prié­taires occu­pant leur bien immo­bi­lier, que celui-ci soit financé par des fonds propres ou des fonds étran­gers. Cela dit, l’im­po­si­tion de la valeur loca­tive sus­cite régu­liè­re­ment la contro­verse et est de plus en plus remise en ques­tion. Les ten­ta­tives visant un chan­ge­ment de sys­tème ont toutes échoué jus­qu’à pré­sent.

La pré­sente ini­tia­tive par­le­men­taire demande que la valeur loca­tive du domi­cile prin­ci­pal soit sup­pri­mée. Par égard pour les inté­rêts finan­ciers des can­tons tou­ris­tiques, la valeur loca­tive des rési­dences secon­daires occu­pées par leur pro­prié­taire res­te­rait impo­sable. Le pro­jet met en outre un terme à la déduc­ti­bi­lité des inté­rêts pas­sifs, non seule­ment pour les hypo­thèques du domi­cile prin­ci­pal, mais aussi pour le finan­ce­ment de rési­dences secon­daires, de biens immo­bi­liers loués et affer­més ainsi que pour d’autres acti­vi­tés éco­no­miques telles que le finan­ce­ment de par­ti­ci­pa­tions dans des socié­tés.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande d’en­trer en matière sur le pro­jet. Dans la mesure où les ren­de­ments de la for­tune res­tent impo­sables, la déduc­ti­bi­lité des inté­rêts pas­sifs concer­nés ne peut pas être sup­pri­mée.

Res­pec­ter les prin­cipes de la sys­té­ma­tique fis­cale

eco­no­mie­suisse com­prend la volonté de repen­ser l’im­po­si­tion de la pro­priété du loge­ment au niveau légal, car celle-ci est consi­dé­rée comme pro­blé­ma­tique dans sa forme actuelle par de larges pans de la popu­la­tion. Les milieux éco­no­miques demandent tou­te­fois que cette réor­ga­ni­sa­tion res­pecte les prin­cipes de la sys­té­ma­tique fis­cale. Ces prin­cipes pré­voient notam­ment que les inté­rêts pas­sifs peuvent être déduits pour autant que les ren­de­ments de la for­tune concer­nés soient plei­ne­ment impo­sables.

Déduc­tion des inté­rêts pas­sifs impor­tante pour l’éco­no­mie

Dans la mesure où des inté­rêts pas­sifs sur­viennent éga­le­ment dans le cadre d’ac­ti­vi­tés éco­no­miques autres que le finan­ce­ment de biens immo­bi­liers, leur déduc­ti­bi­lité est impor­tante pour l’éco­no­mie. eco­no­mie­suisse admet la res­tric­tion de la déduc­tion des inté­rêts pas­sifs lorsque le ren­de­ment de la for­tune n’est plus imposé. Mais, si on sup­prime l’im­po­si­tion de la valeur loca­tive sur les biens immo­bi­liers occu­pés par leur pro­prié­taire par exemple, il est cor­rect du point de vue maté­riel de limi­ter en par­tie la déduc­ti­bi­lité des inté­rêts hypo­thé­caires. La déduc­tion des inté­rêts pas­sifs ne peut pas être limi­tée.

Ne pas sur­taxer des acti­vi­tés éco­no­miques

Selon le pro­jet de loi, tous les autres ren­de­ments de la for­tune, hors la valeur loca­tive du domi­cile prin­ci­pal, res­tent impo­sables sans res­tric­tion. Ces ren­de­ments com­prennent les reve­nus issus de la loca­tion et de l’af­fer­mage de biens immo­bi­liers ainsi que de par­ti­ci­pa­tions. Les inté­rêts payés en lien avec ces acti­vi­tés doivent res­ter déduc­tibles. Si ces frais ne sont pas déduc­tibles alors que le revenu asso­cié est impo­sable, cela va à l’en­contre du prin­cipe consti­tu­tion­nel de l’im­po­si­tion selon la capa­cité éco­no­mique. Les acti­vi­tés éco­no­miques concer­nées seraient clai­re­ment sur­taxées et le sys­tème fis­cal entra­ve­rait des acti­vi­tés entre­pre­neu­riales créa­trices de valeur.

La pro­po­si­tion de la Com­mis­sion de l’éco­no­mie et des rede­vances du Conseil des États (CER-E) de sup­pri­mer la déduc­tion des inté­rêts pas­sifs doit donc être refu­sée pour des rai­sons consti­tu­tion­nelles et éco­no­miques.

État des déli­bé­ra­tions

L’ini­tia­tive par­le­men­taire se trouve dans la phase de mise en œuvre. Le Conseil des États, pre­mier conseil, l’exa­mi­nera au cours de la ses­sion d’au­tomne. Sa Com­mis­sion de l’éco­no­mie et des rede­vances (CER-E) pro­pose à son plé­num d’adop­ter le pro­jet de loi éla­boré par ses soins.

Le Conseil fédé­ral recom­mande au Par­le­ment d’en­trer en matière et pro­pose de modi­fier des points fon­da­men­taux. À l’ins­tar de la com­mis­sion, le Conseil fédé­ral est favo­rable à une limi­ta­tion de la déduc­tion des inté­rêts pas­sifs, tout en sou­te­nant que ceux qui consti­tuent des frais d’ac­qui­si­tion pour des acti­vi­tés éco­no­miques devraient être déduc­tibles. À l’ins­tar de la mino­rité de la com­mis­sion, il pro­pose donc d’au­to­ri­ser une déduc­tion des inté­rêts pas­sifs à hau­teur de 70% du ren­de­ment impo­sable de la for­tune.

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

Le Conseil des États est favo­rable à la sup­pres­sion de la valeur loca­tive pour la rési­dence prin­ci­pale. Pour les rési­dences secon­daires, par contre, il la main­tient. De même, les reve­nus tirés de biens immo­bi­liers loués ou affer­més et les gains en capi­tal sur des par­ti­ci­pa­tions conti­nue­ront d’être taxés. La com­mis­sion concer­née sou­hai­tait néan­moins sup­pri­mer com­plè­te­ment la déduc­tion des inté­rêts pas­sifs. Le Conseil des États a très jus­te­ment rec­ti­fié le tir. En cas d’ac­cep­ta­tion du pro­jet, les inté­rêts pas­sifs res­te­raient déduc­tibles à hau­teur de 70% des reve­nus de la for­tune impo­sables. eco­no­mie­suisse salue la déci­sion du Conseil des États: les inté­rêts pas­sifs doivent être déduc­tibles dès lors que les reve­nus de la for­tune sont plei­ne­ment impo­sables. Le pro­jet passe main­te­nant devant le Conseil natio­nal.

LES ORGA­NI­SA­TIONS ECO­NO­MIQUES SOU­TIENNENT UNE REFORME EQUI­LI­BREE DE L’AVS

Une réforme de l’AVS est urgente. Depuis 2014, les recettes et les dépenses ne sont plus équi­li­brées. Et les pers­pec­tives vont encore se péjo­rer avec le départ à la retraite des baby-boo­mers à par­tir de 2020. La réforme AVS21 se limite aux élé­ments essen­tiels pour main­te­nir le niveau des pres­ta­tions et garan­tir la situa­tion finan­cière jus­qu’en 2030: elle har­mo­nise l’âge de réfé­rence des hommes et des femmes et relève modé­ré­ment la TVA.

Posi­tion des milieux éco­no­miques

eco­no­mie­suisse, l’Union patro­nale suisse et l’Union suisse des arts et métiers sou­tiennent l’ob­jec­tif de sta­bi­li­ser l’AVS à court terme et de pro­cé­der ensuite à une réforme plus glo­bale. Dans cette pers­pec­tive, il convient dans un pre­mier temps de trou­ver un équi­libre rai­son­nable entre des mesures struc­tu­relles et finan­cières. Concrè­te­ment, le finan­ce­ment addi­tion­nel par le biais d’un relè­ve­ment de la TVA doit être com­pensé par un allè­ge­ment net des dépenses de l’AVS de même ampleur grâce à l’aug­men­ta­tion de l’âge de réfé­rence (mesures d’ac­com­pa­gne­ment com­prises).

Les orga­ni­sa­tions éco­no­miques recom­mandent d'ac­cep­ter le pro­jet de loi selon les déci­sions du Conseil des États. Celui-ci a pro­posé un train de mesures équi­li­bré, mais le Conseil natio­nal s’en est à nou­veau éloi­gné lors de la der­nière ses­sion. En se réfé­rant aux recettes géné­rées par les taux d’in­té­rêt néga­tifs de la Banque natio­nale suisse, il a inséré dans le pro­jet un élé­ment qui n’a pas de lien maté­riel avec celui-ci, ce à quoi les milieux éco­no­miques s’op­posent réso­lu­ment.

Les mesures de com­pen­sa­tion sont jus­ti­fiées, mais ne doivent pas com­pro­mettre l’équi­libre de la réforme

L’har­mo­ni­sa­tion de l’âge de réfé­rence des hommes et des femmes consti­tue une mesure impor­tante pour sta­bi­li­ser l’AVS à court terme. Elle réduira les dépenses de l’AVS de 1,4 mil­liard de francs au moins. Les mesures de com­pen­sa­tion pour les groupes de femmes concer­nées ne doivent en aucun cas mettre en péril l’équi­libre de la réforme et ne doivent donc pas dépas­ser quelque 400 mil­lions de francs par an.

Les milieux éco­no­miques sou­tiennent une hausse modé­rée de la TVA

Si on suit la logique vou­lant que les mesures struc­tu­relles et finan­cières doivent s’équi­li­brer, l’aug­men­ta­tion de la TVA de 0,3 point au maxi­mum déci­dée par le Conseil des États peut être sou­te­nue.

Pas une bonne idée: poli­ti­ser la Banque natio­nale

Les orga­ni­sa­tions éco­no­miques rejettent fer­me­ment la pro­po­si­tion du Conseil natio­nal de finan­cer l’AVS avec les béné­fices de la BNS. Tout d'abord, l’AVS a besoin d’un finan­ce­ment régu­lier et fiable. Or les taux d’in­té­rêt néga­tifs sont une mesure de poli­tique moné­taire tem­po­raire prise par la BNS pour garan­tir la sta­bi­lité du franc suisse. Aus­si­tôt que les cir­cons­tances le per­met­tront, ils seront levés. Les recettes géné­rées par les taux d’in­té­rêt néga­tifs ne per­mettent donc pas de finan­cer l’AVS sur la durée. Ensuite, uti­li­ser ces recettes en faveur de l’AVS revien­drait à inter­ve­nir dans l’in­dé­pen­dance de la BNS. Ce serait dan­ge­reux pour notre pays – car nous béné­fi­cions tous de la sta­bi­lité du franc suisse.

État des déli­bé­ra­tions

Le pro­jet se trouve au stade de l’éli­mi­na­tion des diver­gences et sera exa­miné par le Conseil des États lors de la ses­sion d’au­tomne 2021.

Le Conseil natio­nal, second conseil, a exa­miné ce pro­jet pen­dant la ses­sion d’été 2021. Il était d’ac­cord avec le Conseil des États pour ce qui est de l’har­mo­ni­sa­tion de l’âge de réfé­rence à 65 ans. Des diver­gences per­durent tou­te­fois entre les deux Chambres en ce qui concerne les mesures de com­pen­sa­tion pour les femmes concer­nées et l’éten­due du finan­ce­ment addi­tion­nel via la TVA. Sur ces deux points, le Conseil natio­nal a étendu la por­tée des déci­sions du Conseil des États.

Au cours de la ses­sion de prin­temps 2021, le Conseil des États a adopté le pro­jet au vote d’en­semble. Il s’est exprimé en faveur de l’har­mo­ni­sa­tion de l’âge de réfé­rence avec des mesures de com­pen­sa­tion modé­rées et d’un relè­ve­ment de la TVA de 0,3 point.

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

Après que les deux Chambres se sont pro­non­cées en faveur de l’har­mo­ni­sa­tion de l’âge de réfé­rence à 65 ans en pre­mière lec­ture, le Conseil des États a débattu de l’éten­due des mesures de com­pen­sa­tion pour les groupes de femmes concer­nés. Il sou­haite rele­ver mas­si­ve­ment les sup­plé­ments de rente, élar­gir les groupes de femmes concer­nées ayant droit aux sup­plé­ments et aug­men­ter la TVA de 0,4 point. Ce fai­sant, la Chambre haute s’éloigne de sa posi­tion modé­rée et rai­son­nable et crée un dés­équi­libre entre les mesures struc­tu­relles et finan­cières pré­vues par la réforme de l’AVS. Heu­reu­se­ment, la pro­po­si­tion d’uti­li­ser les fonds de la Banque natio­nale pour l’AVS n’a pas réuni de majo­rité. Le pro­jet retourne devant le Conseil natio­nal, Il faut espé­rer que la Chambre basse rec­ti­fiera le pro­jet afin de ne pas mettre en péril son objec­tif  à savoir sta­bi­li­ser l’AVS à court terme  en rai­son de dépenses exces­sives.

Nor­ma­li­ser les rela­tions bila­té­rales entre la Suisse et l’UE

Après l’échec de l’ac­cord-cadre ins­ti­tu­tion­nel, les pre­mières consé­quences de l’éro­sion des accords bila­té­raux se font déjà sen­tir: en juin, la Com­mis­sion euro­péenne a retiré à la branche des Med­Tech son accès sans dis­cri­mi­na­tion au mar­ché inté­rieur de l’UE, et la Suisse a récem­ment été rétro­gra­dée au rang de pays tiers non asso­cié dans le pro­gramme-cadre de recherche «Hori­zon Europe». Ces déve­lop­pe­ments ne sont pas de bon augure pour la recherche et la place éco­no­mique suisses. Une rela­tion stable à long terme avec l’UE (de loin le pre­mier mar­ché d'ex­por­ta­tion de l’éco­no­mie suisse) est de la plus haute impor­tance pour la pros­pé­rité de la Suisse.

Déblo­quer la deuxième contri­bu­tion suisse à l’élar­gis­se­ment en faveur de cer­tains États membres de l’UE doit per­mettre de détendre les rela­tions entre la Suisse et l’UE. Le Par­le­ment avait approuvé la contri­bu­tion à l’élar­gis­se­ment en décembre 2019, mais l’a blo­quée par la suite.

Le Conseil fédé­ral demande aujour­d’hui au Par­le­ment de déblo­quer cette contri­bu­tion.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse emp­fiehlt, die Vor­lage anzu­neh­men.

Déblo­quer rapi­de­ment la contri­bu­tion à l’élar­gis­se­ment sans éta­blir de lien avec d’autres dos­siers

Fin 2019, le Conseil des États accep­tait de déblo­quer la contri­bu­tion à l’élar­gis­se­ment à la seule condi­tion que l’UE n’ap­plique aucune mesure dis­cri­mi­na­toire à l’en­contre de la Suisse. L'aban­don des négo­cia­tions avec l’UE sur un accord-cadre ins­ti­tu­tion­nel a radi­ca­le­ment changé la situa­tion. La Com­mis­sion de poli­tique exté­rieure du Conseil des États sou­tient désor­mais un déblo­cage rapide de cette contri­bu­tion sans éta­blir de lien poli­tique. La com­mis­sion sœur du Conseil natio­nal est d’ac­cord, mais demande tou­cheau Conseil fédé­ral d’at­tendre la pré­sen­ta­tion du mes­sage rela­tif au finan­ce­ment de la par­ti­ci­pa­tion hel­vé­tique à Eras­mus+ pour prendre des enga­ge­ments en lien avec la contri­bu­tion à l’élar­gis­se­ment. Les milieux éco­no­miques ne peuvent pas sou­te­nir cela. Il faut renon­cer à de tels liens, notam­ment pour évi­ter de com­pro­mettre une asso­cia­tion pleine et entière de la Suisse à «Hori­zon Europe» dans les meilleurs délais.

Sou­te­nir la recherche

Déblo­quer ce dos­sier est de la plus haute impor­tance pour les milieux scien­ti­fiques et éco­no­miques suisses. Plus l’as­so­cia­tion pleine et entière à «Hori­zon Europe» tarde, plus les désa­van­tages pour la recherche suisse seront impor­tants. Tant que la Suisse se trouve au rang de pays tiers, les cher­cheurs suisses ne peuvent ni prendre en charge la coor­di­na­tion de pro­jets col­la­bo­ra­tifs ni par­ti­ci­per à tous les volets du pro­gramme. Et l’UE n’en­ta­mera pas de négo­cia­tions en vue de l’ac­cès inté­gral des ins­ti­tu­tions de recherche et entre­prises suisses au pro­gramme-cadre de recherche «Hori­zon Europe» avant que la Suisse ait déblo­qué sa contri­bu­tion à l’élar­gis­se­ment. Celle-ci devrait per­mettre de nor­ma­li­ser les rela­tions bila­té­rales avec l’UE.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil des États, pre­mier conseil, exa­mi­nera ce pro­jet au cours de la ses­sion d’au­tomne 2021. Sa Com­mis­sion de poli­tique exté­rieure lui pro­pose de déblo­quer la contri­bu­tion (11 voix contre 2).

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

Les milieux éco­no­miques se féli­citent de la déci­sion prise par les Chambres fédé­rales, le der­nier jour de la ses­sion d’au­tomne, de déblo­quer la deuxième contri­bu­tion à l’élar­gis­se­ment. Celle-ci avait été adop­tée en 2019 et se monte à 1,3 mil­liard de francs. Veuillez trou­ver ici une éva­lua­tion détaillée d'eco­no­mie­suisse.

TAUX DE TVA UNIQUE: QUAND, SI CE N’EST MAIN­TE­NANT?

Au cours de la ses­sion d’au­tomne, le Conseil des États se pen­chera sur la motion Caroni en faveur d’un taux de TVA unique avec le moins d’ex­cep­tions pos­sible. Le Conseil fédé­ral sou­tient l’orien­ta­tion de la motion, de même qu’il recon­naît l’im­por­tance d’al­lé­ger les charges des entre­prises et les impul­sions éco­no­miques qui en décou­le­raient; il recom­mande tou­te­fois de reje­ter la motion en rai­son de l’échec de pro­jets pré­cé­dents et de la proxi­mité de la crise du coro­na­vi­rus. La posi­tion des milieux éco­no­miques est quelque peu dif­fé­rente. Un allè­ge­ment sub­stan­tiel des charges admi­nis­tra­tives des entre­prises est plus que jamais néces­saire. La réforme, dont l’im­por­tance est incon­tes­tée parmi les experts, ne doit plus être repor­tée.

Posi­tion d'eco­no­mie­suisse

eco­no­mie­suisse recom­mande d'ac­cep­ter la motion.

Coûts énormes pour les entre­prises

La TVA est consi­dé­rée comme l’un des plus gros fac­teurs de coûts admi­nis­tra­tifs pour les entre­prises suisses (selon le Moni­to­ring de la bureau­cra­tie 2018) du SECO, une situa­tion lar­ge­ment due aux nom­breuses rup­tures de la chaîne TVA. Une sim­pli­fi­ca­tion de la TVA déchar­ge­rait beau­coup les entre­prises, tan­dis qu’une mul­ti­pli­ca­tion et exten­sion des rup­tures de sys­tème ferait aug­men­ter les coûts. Mal­heu­reu­se­ment, plu­sieurs inter­ven­tions récentes ren­forcent la deuxième ten­dance, néga­tive. Amé­na­ger des excep­tions et des pri­vi­lèges tou­jours plus nom­breux dans des domaines de consom­ma­tion, des seg­ments d’en­tre­prises et des indus­tries ne résout pas le pro­blème des entre­prises suisses. Chaque pri­vi­lège pour les uns cause un désa­van­tage et des charges sup­plé­men­taires pour les autres.

L’auto-taxa­tion touche à ses limites

La com­plexité tech­nique de la TVA a atteint un tel point que la majo­rité des entre­prises n’ar­rivent plus à gérer la pro­cé­dure de taxa­tion. Dans la plu­part des cas, un sou­tien externe est néces­saire pour appli­quer cor­rec­te­ment la TVA confor­mé­ment à la loi et à la pra­tique offi­cielle. C’est grave pour un impôt perçu selon le prin­cipe de l’auto-taxa­tion. Ce sont en effet les assu­jet­tis (entre­prises pri­vées et publiques) qui per­çoivent la TVA pour l’État. S’ils arrivent de moins en moins à le faire, cela devient un pro­blème. Éco­no­mi­que­ment par­lant, il n’est pas accep­table non plus que – juste pour rem­plir leurs obli­ga­tions légales – les entre­prises doivent enga­ger des coûts qui, à pré­sent, dépassent sans doute le mil­liard de francs par an. Lorsque des assu­jet­tis sont obli­gés d’in­ves­tir des moyens signi­fi­ca­tifs à l’échelle de l’éco­no­mie natio­nale pour rem­plir leurs obli­ga­tions fis­cales – des fonds dont ils pour­raient faire un meilleur usage pour se déve­lop­per, inno­ver ou main­te­nir des emplois – cela reflète une énorme inef­fi­ca­cité dis­pen­dieuse qui est révol­tante.

Un taux unique, la seule solu­tion équi­table

La TVA est un impôt géné­ral sur la consom­ma­tion. Selon la loi, elle doit être per­çue dans le res­pect du prin­cipe de neu­tra­lité concur­ren­tielle. Aujour­d’hui tou­te­fois, cette neu­tra­lité est rela­ti­vi­sée par l’exis­tence d’ex­cep­tions, d’un taux réduit (2,5 %) et d’un taux spé­cial (3,7 %). Les che­mins menant à une TVA (plus) facile à gérer sont connus et passent en prio­rité par l’uni­for­mi­sa­tion des taux et par l’éli­mi­na­tion d’un maxi­mum d’ex­cep­tions. Une légis­la­tion en ce sens allè­ge­rait les charges admi­nis­tra­tives non seule­ment des entre­prises et de l’ad­mi­nis­tra­tion publique, mais aussi pour d’autres assu­jet­tis comme les asso­cia­tions ou orga­ni­sa­tions d’uti­lité publique. Le Conseil fédé­ral et les milieux éco­no­miques ont tou­jours sou­tenu une telle réforme.

Une TVA équi­table et sans dis­tor­sions fait peser la même charge sur chaque entre­prise et chaque pres­ta­tion. Cette approche est aussi la seule qui soit équi­table du point de vue des consom­ma­teurs. Un sys­tème appli­quant dif­fé­rents taux et de mul­tiples excep­tions ne peut pas rendre jus­tice à l’am­pleur et à la diver­sité de la consom­ma­tion d’au­jour­d’hui. Il est par défi­ni­tion aléa­toire, contra­dic­toire et, au bout du compte, incom­pré­hen­sible. Com­ment peut-on sinon jus­ti­fier que l’eau arri­vant dans une mai­son soit taxée au taux réduit, mais que les eaux usées sor­tant d’une mai­son soient taxées au taux nor­mal? Pour­quoi les frais d’ins­crip­tion à une course en mon­tagne sont-ils exo­né­rés d’im­pôt, alors que 7,7% de TVA figurent sur la fac­ture d’un guide de mon­tagne? Pour­quoi applique-t-on le taux élevé à l’élec­tri­cité et aux casques à vélo et le taux bas au caviar et à la viande?

La motion Caroni mérite aussi d’être saluée parce qu’elle laisse au Conseil fédé­ral la marge de manœuvre dont il a besoin pour arrê­ter les moda­li­tés concrètes (excep­tions néces­saires, taux neutre sur le plan bud­gé­taire, le cas échéant cor­rec­tif social) afin de trou­ver une solu­tion poli­ti­que­ment équi­li­brée. Enfin, une réforme en pro­fon­deur per­met­trait aussi de résoudre le pro­blème des béné­fi­ciaires de sub­ven­tions – tels que les can­tons et les com­munes, mais aussi des orga­ni­sa­tions pri­vées et à but non lucra­tif – qui perdent actuel­le­ment des sub­ven­tions pour plus d’un mil­liard de francs pré­ci­sé­ment en rai­son de la TVA.

État des déli­bé­ra­tions

Le Conseil des États, pre­mier conseil, exa­mi­nera la motion au cours de la ses­sion d’au­tomne. Au cours de la ses­sion d’été 2021, il avait trans­mis la motion à sa com­mis­sion de l’éco­no­mie et des rede­vances en vue de son exa­men pré­li­mi­naire. La com­mis­sion pro­pose à son plé­num de la refu­ser.

Éva­lua­tion des déli­bé­ra­tions

Le Conseil des États a mal­heu­reu­se­ment rejeté la motion. La ques­tion est donc momen­ta­né­ment balayée, ce que les milieux éco­no­miques regrettent vive­ment. Les effets posi­tifs d’une TVA sim­pli­fiée sur la place éco­no­mique suisse sont si impor­tants que cette déci­sion est incom­pré­hen­sible. Sim­pli­fier la TVA est un exer­cice poli­tique exi­geant, mais la motion aurait laissé au Conseil fédé­ral la marge de manœuvre néces­saire pour éla­bo­rer une solu­tion équi­li­brée.