L'economie mondiale surfe sur une vague de croissance Pour combien de temps encore?
Le FMI a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour l’économie mondiale. Il estime qu’elle sera 0,2 point inférieure en 2018 et en 2019. Étonnamment, cette nouvelle a été abondamment relayée dans les médias. Un ajustement était pourtant attendu et il est modeste. Que s’est-il donc passé?
Personne n’ignorait que les incertitudes économiques ont fortement augmenté ces derniers temps. Les États-Unis et la Chine pourraient bien laisser le conflit commercial s’envenimer définitivement. En Italie, les populistes jouent avec le feu en ce qui concerne le conflit budgétaire avec l’UE. Des pays comme la Turquie ou l’Argentine sont aux prises avec l’inflation et la dépréciation de leur monnaie et on ignore, pour l’instant, comment ils réagiront. En Europe, on se demande quand la Banque centrale commencera à sortir de la politique monétaire ultra-expansive et quels changements cela amènera. Et, enfin, le fil qui tient l’épée de Damoclès d’un Brexit dur est devenu dangereusement fin.
Au vu du contexte, on peut, en simplifiant, interpréter l’annonce du FMI de la manière suivante: l’économie mondiale surfe sur une vague de croissance relativement solide, qui se poursuit depuis 2016. À moins d’un tournant radical, les incertitudes économiques n’ont pas encore de conséquences graves à court terme. Les droits de douane sont mauvais et pèsent sur l’économie mondiale. Mais des stimuli à court terme, tels que la réforme fiscale aux États-Unis ou la politique persistante de l’argent bon marché, masquent toutefois certains problèmes.
Si les États ne mettent pas de l’ordre dans leurs affaires, la situation deviendra critique à partir de 2020
Si les États ne mettent pas de l’ordre dans leurs affaires, la situation deviendra critique à partir de 2020. Le fait est que, premièrement, l’endettement mondial a augmenté de plus de 50% depuis le début de la crise des marchés financiers. Deuxièmement, la période de l’argent bon marché arrive à son terme. La sortie effective de la politique monétaire ultra-expansive sera achevée en 2020. Et, troisièmement, l’évolution démographique commencera alors, à avoir des effets négatifs à l’échelle mondiale. En comparaison avec l’augmentation modeste de la productivité ces dernières années, ce ne sont pas des nouvelles réjouissantes.
La politique économique devrait rester axée sur le long terme. Les dommages occasionnés par les droits de douane, les barrières au commerce, des dépenses publiques excessives et autres, ne sont pas très visibles pendant une phase de croissance. Cependant, lorsque cette dernière se tarira, les erreurs du passé paraîtront d’autant plus criantes. Espérons que les États entendront l’appel du FMI les enjoignant de s'atteler résolument aux problèmes dès aujourd’hui.