Davan­tage de vérité des coûts dans les trans­ports fer­ro­viaires

​Les CFF ont pré­senté mer­credi leurs résul­tats semes­triels. C’est avant tout la dimi­nu­tion du nombre de pas­sa­gers qui a retenu l’at­ten­tion. Cer­tains milieux poli­tiques l’ex­pliquent par les hausses de prix des billets ces der­nières années et pré­disent déjà le début de la fin des trans­ports publics. Or une par­ti­ci­pa­tion accrue aux coûts de la part des usa­gers consti­tue jus­te­ment un pre­mier pas vers un finan­ce­ment durable du rail. À moyen terme, il fau­dra ins­tau­rer une tari­fi­ca­tion de la mobi­lité englo­bant tous les moyens de trans­port.
​Pour la pre­mière fois depuis Rail 2000, les CFF affichent un nombre de voya­geurs stable et une baisse des pres­ta­tions de trans­port. Le nombre de pas­sa­gers a pra­ti­que­ment stagné au niveau de 2011 (-0,2 %) et les pres­ta­tions ont reculé de 1,7 % à 8,5 mil­liards de per­sonnes-kilo­mètres. D’après leur com­mu­ni­qué de presse, les CFF attri­buent cette évo­lu­tion à la baisse des dépla­ce­ments à des fins de loi­sir et de tou­risme.

Paral­lè­le­ment, les trans­ports régio­nal et inter­na­tio­nal ont pris de l’am­pleur. L’aug­men­ta­tion obser­vée du nombre d’abon­ne­ments demi-tarif et géné­raux montre que les pen­du­laires conti­nuent de se rendre au tra­vail en train. Il ne sau­rait donc être ques­tion d’un trans­fert du trans­port de voya­geurs du rail à la route à la suite des aug­men­ta­tions tari­faires.

Cette évo­lu­tion (plus de pen­du­laires, moins de dépla­ce­ments de loi­sir) fait réflé­chir. Mal­gré le flux crois­sant de pen­du­laires, le taux d’oc­cu­pa­tion moyen des trains CFF pour le trans­port supra­ré­gio­nal dépasse tout juste 30 %. Si l’on sou­haite accroître l’ef­fi­ca­cité du trans­port de per­sonnes, il faut amé­lio­rer le taux d’oc­cu­pa­tion des trains pen­dant les heures creuses. Les efforts déployés par les CFF afin de réduire l’af­fluence aux heures de pointe via des offres de loi­sir attrayantes, méritent d’être salués. Pour cela, les CFF ont besoin d’une plus grande marge de manœuvre pour fixer leurs prix.

Au-delà de la flexi­bi­li­sa­tion des prix en fonc­tion de l’heure, une par­ti­ci­pa­tion accrue des usa­gers du rail aux coûts est un bon moyen d’op­ti­mi­ser l’ef­fi­ca­cité de l’ex­ploi­ta­tion. Le Conseil fédé­ral a donc rai­son de vou­loir accroître la par­ti­ci­pa­tion aux coûts dans le pro­jet rela­tif au finan­ce­ment et à l’amé­na­ge­ment de l’in­fra­struc­ture fer­ro­viaire (FAIF), via une aug­men­ta­tion du prix des sillons. À l’heure actuelle, le prix des billets ache­tés par les clients ne couvre que la moi­tié envi­ron des coûts occa­sion­nés. Le reste est financé par le contri­buable. Cela est contraire au prin­cipe de cau­sa­lité qui veut que les usa­gers paient les coûts qu’ils occa­sionnent.

Une par­ti­ci­pa­tion aux coûts res­pec­tant ce prin­cipe est essen­tielle pour accroître la trans­pa­rence et ins­tau­rer la vérité des coûts. Les clients du rail doivent prendre conscience de ce que coûte réel­le­ment un tra­jet en train. Une aug­men­ta­tion du prix des billets est un pre­mier pas dans cette direc­tion. À moyen terme, le meilleur moyen d’éta­blir la vérité des coûts dans le domaine des trans­ports sera d’in­tro­duire une tari­fi­ca­tion de la mobi­lité englo­bant tous les moyens de trans­port, soit une rede­vance pour l’uti­li­sa­tion des infra­struc­tures. Dans un tel sys­tème, toute forme de mobi­lité, que ce soit par le rail ou la route, serait fac­tu­rée de manière uni­forme dans le but de reflé­ter dans le prix les coûts effec­tifs en fonc­tion du tra­jet, de l’heure et de la fré­quence d’uti­li­sa­tion. Les pos­si­bi­li­tés tech­niques existent depuis long­temps. Il manque seule­ment la volonté poli­tique de mettre en place un tel sys­tème.