Politique économique : une vision à long terme est plus importante que jamais

Les crises mettent en lumière les domaines dans lesquels la politique n’a pas su nous préparer à des évolutions prévisibles.

Le 24 février dernier a tristement marqué le premier anniversaire du début de la guerre en Ukraine. Depuis lors, l’année 2022 ne semble avoir été qu’une succession de mauvaises nouvelles : impact persistant du covid, inflation élevée et hausse des taux d’intérêt, ralentissement de l’économie, interruption de chaînes d’approvisionnement, pénurie de main-d’œuvre, crise énergétique et climatique… Le monde semble être passé en « mode crise ». A croire qu’il est même devenu fou.

Ne nous méprenons pas. Certaines évolutions ne sont pas totalement nouvelles. Et dans plusieurs domaines, la Suisse a une grande marge de progression. C’est ce que révèle une récente étude de PwC Suisse sur les principales préoccupations des entreprises.

Tout d’abord en matière de numérisation, notre pays est loin d’avoir progressé comme il aurait dû. Les crises du covid et aujourd’hui celle de l’énergie nous montrent que lorsqu’une pénurie se dessine à l’horizon, nous manquons de données en temps réel. Pour prendre des décisions efficaces dans ces secteurs vitaux, il est absolument essentiel de disposer rapidement de données.

L’évolution démographique va forcément avoir des conséquences sur le marché du travail, sur notre prospérité et nos assurances sociales. Cela était prévisible. On le sait depuis des années. Nous savons par exemple que toutes les régions du pays ont un cruel besoin de personnel qualifié. Recourir à l’immigration peut résoudre le problème ici et là, mais cela suscite aussi d’autres débats émotionnels.

Enfin, nous savons tous que la transition vers les énergies renouvelables est un passage obligé. En attendant que d’autres sources d’énergie durables soient disponibles, la décarbonation passe par une vaste électrification de notre économie. Alors que la menace d’une pénurie d’électricité n’est plus du ressort de l’impossible, nous tardons encore à développer rapidement et massivement la production d’électricité et les réseaux électriques.

Ces crises ne seront pas les dernières, et céder au catastrophisme ou au pessimisme ne se révèle d’aucun secours. Elles mettent en revanche en lumière les domaines dans lesquels la politique n’a pas su nous préparer à des évolutions prévisibles. La gestion de crise de la Confédération doit donc être remise au goût du jour de toute urgence. En matière de politique économique, la vision à long terme est plus que jamais nécessaire !

Article paru en avril 2023 dans ECHO, le magazine de l'économie fribourgeoise