Marché du travail: qui pour prendre la relève?
L’essentiel en bref:
- Il manquera 460 000 équivalents plein temps sur le marché du travail suisse d’ici 2035 pour compenser les départs à la retraite des baby-boomers et maintenir l’évolution du niveau de vie de ces dernières années.
- Des mesures comme l’imposition individuelle des couples mariés permettraient de mieux exploiter le potentiel de main d’œuvre locale.
- La Suisse ne pourra cependant pas se passer de main d’œuvre étrangère.
Ce n’est pas un scoop, la population suisse vieillit. Ce qui pose une question toute simple: qui va «faire le job» lorsque les baby-boomers auront quitté le marché du travail pour une retraite bien méritée?
Bien moins nombreux, les jeunes qui prendront la relève n’arriveront pas à combler à eux seuls ces départs. Il manquera ainsi l’équivalent de 297 000 personnes à plein temps d’ici 2035, si l’on se base sur le scénario moyen de l’évolution démographique de l’Office fédéral de la statistique. À quoi s’ajoute le besoin de 163 000 équivalents plein temps supplémentaires si l’on entend maintenir l’évolution du niveau de vie de ces dernières années. Ce qui fait un total de 460 000 équivalents plein temps qui manqueront sur le marché du travail suisse d’ici 2035. Bien sûr, il s’agit d’une projection et au final, ce chiffre pourra être plus ou moins élevé. Reste que le défi est de taille et que nous devons le relever.
Un cadre qui n’incite pas au travail
En Suisse, il existe un potentiel de main d’œuvre locale inexploité. On pense bien sûr aux femmes, qui travailleraient souvent volontiers davantage, pour peu que cela en vaille la peine. Introduire enfin l’imposition individuelle des couples mariés serait un premier pas. Et il y en a d’autres. Idem du côté des travailleurs âgés qui souhaiteraient garder une activité lucrative une fois l’âge de la retraite atteint – ce que le cadre actuel ne les incite pas à faire. En passant, précisions que contrairement à une idée assez répandue, les 55-64 ans sont très bien intégrés dans le marché du travail suisse (77,5% en 2023), et que leur probabilité d’être licencié est plus faible que dans les autres tranches d’âge.
Nous aurons toujours besoin de main d’œuvre étrangère
La Suisse dispose d’un potentiel de main d’œuvre locale que nous devons utiliser. Mais soyons clairs: nous aurons toujours besoin de main d’œuvre étrangère. Aujourd’hui déjà, alors que le pic de départs à la retraite des baby-boomers n’a pas encore été atteint, on voit mal comment nos hôpitaux, notre logistique ou nos chantiers pourraient «tourner» sans les travailleurs étrangers issus notamment de l’UE. Le vieillissement de la population – et la pénurie de main d’œuvre qui en découle – est une réalité. Le défi est de taille, et c’est avec des mesures réalistes et pragmatiques que nous le résoudrons, sans quoi, c’est le fonctionnement même de notre société qui s’en verra pénalisé.
Cet article est paru le 19 novembre 2024 dans le journal La Région.