Le courage de se lancer

Ici, dans le nord de l’Allemagne, un vent frais balaie l’horizon. Celui qui souffle entre les halles du CeBIT, le plus important salon mondial dédié à l’économie numérique, est même froid. À l’intérieur, c’est le vent de l’innovation qui souffle entre les stands des exposants. Il annonce le changement vers une nouvelle ère. La transformation digitale est une réalité. Les entreprises présentes dans le pavillon suisse, pays partenaire du salon en 2016, le montrent de façon éclatante. Plus de 70 exposants helvétiques, des sociétés établies et d’autres plus jeunes, présentent à un public international leurs innovations numériques: cela va de la solution fintech d’une start-up zougoise qui utilise des algorithmes sécurisés de manière cryptographique pour un trafic des paiements plus sûr, plus rapide et plus avantageux, au système informatique intelligent Watson d’IBM, objet de recherches à Rüschlikon, qui est utilisé avec succès comme assistant de diagnostic dans le domaine médical.

L’innovation fait pour ainsi dire partie de l’ADN de la Suisse. Nos entreprises et hautes écoles excellent dans la valorisation d’idées nouvelles. Pour rendre cela possible, il faut de la main-d’œuvre qualifiée et des chercheurs de pointe qui ont le courage de regarder plus loin que le bout de leur nez. Pour négocier judicieusement le tournant numérique, nous devons également acquérir d’autres qualités. Les participants au panel du Switzerland Summit qui s’est tenu dans le cadre du CeBIT étaient d’accord sur ce point.

L’innovation doit aller au-delà de l’amélioration progressive de produits existants. Ce dont nous avons besoin ce sont des innovations disruptives. Cela suppose notamment de décaler le regard de 90 degrés. Alain Roche, le pianiste suisse, en a fait l’expérience lors de l’ouverture du salon. Devant les yeux du président de la Confédération Johann N. Schneider-Ammann, il s’est élevé dans les airs au-dessus du public avec son piano. Le regard tourné vers le ciel, tel un astronaute attendant le décollage de sa fusée, il a accompagné musicalement la vidéo de présentation de la Suisse, pays partenaire.

Think big est la clé du succès à l’ère du numérique

Si la Suisse souhaite prendre le virage numérique, elle ne peut se contenter de ses valeurs traditionnelles de qualité et fiabilité, elle doit aussi focaliser l’innovation sur l’expérience du client. La peur du changement doit céder la place au courage d’oser de grandes choses: ‚think big‘ est la clé du succès à l’ère du numérique. À cet égard, les États-Unis devancent toujours l’Europe.

Nous ne pouvons stopper le vent du changement numérique. Il souffle sans discontinuer et défie l’économie comme la société. Érigeons des moulins à vent à la place de remparts et la Suisse sera dans le camp des gagnants de la numérisation. Notre pays à tout ce qu’il faut pour bien négocier le tournant que constitue la numérisation de l’économie et de la société.