La Suisse « au top » du Glo­bal Bench­mark Report – pour com­bien de temps ?

​Notre pays occupe de nou­veau une enviable pre­mière place dans cette impor­tante étude com­pa­ra­tive inter­na­tio­nale. Pour­tant cer­taines clés de son suc­cès, en par­ti­cu­lier l’im­mi­gra­tion et son mar­ché du tra­vail libé­ral, sont mena­cées.
Depuis neuf ans, le Glo­bal Bench­mark Report de la fédé­ra­tion de l’in­dus­trie danoise mesure la com­pé­ti­ti­vité des 33 pays de l’OCDE. Ce clas­se­ment des éco­no­mies les plus com­pé­ti­tives repose sur un large éven­tail de cri­tères: 86 aspects regrou­pés dans cinq caté­go­ries (degré de mon­dia­li­sa­tion, pro­duc­ti­vité et inno­va­tion, per­son­nel qua­li­fié, sec­teur public et coûts) ren­seignent sur les atouts et les fai­blesses d’un pays et le situent dans l’in­dice.

Comme en 2011, la Suisse rem­porte ce concours de beauté éco­no­mique, en l’oc­cur­rence loin devant la Corée du sud et le Canada. Elle se dis­tingue tout par­ti­cu­liè­re­ment par l’équi­libre de ses per­for­mances, se clas­sant pre­mière dans deux cri­tères sur cinq et deuxième dans les trois autres.

Judi­cieuses inci­ta­tions fis­cales
Il est inté­res­sant de noter que le rap­port inter­na­tio­nal place la Suisse sur la pre­mière marche du podium au titre des coûts de pro­duc­tion éga­le­ment - mal­gré le haut niveau de nos salaires en com­pa­rai­son inter­na­tio­nale (la Nor­vège est le seul des 33 pays étu­diés qui a des salaires horaires supé­rieurs à ceux de la Suisse). Mais grâce à une fis­ca­lité attrayante, à la faci­lité du cré­dit aux entre­prises et à une infla­tion très modeste, notre pays fait plus que com­pen­ser ce désa­van­tage des coûts. Le rap­port salue très posi­ti­ve­ment le carac­tère modéré de la fis­ca­lité mar­gi­nale appli­quée à la classe moyenne. Des taux mar­gi­naux rai­son­nables consti­tuent en effet une inci­ta­tion à tra­vailler plus. Et dans les pays euro­péens, cette inci­ta­tion est net­te­ment moins sen­sible qu’en Suisse.

L’in­ten­sité de ses échanges et l’im­por­tance de ses inves­tis­se­ments directs se tra­duisent par une forte inter­con­nexion de l’éco­no­mie suisse avec l’éco­no­mie mon­diale. Comme le sou­lignent les auteurs du rap­port, l’ou­ver­ture inter­na­tio­nale d’une éco­no­mie lui offre de futures oppor­tu­ni­tés de crois­sance. Au-delà des chiffres de notre com­merce exté­rieur, le rap­port relève aussi parmi nos points forts la grande expé­rience inter­na­tio­nale des cadres diri­geants suisses et l’image posi­tive dont béné­fi­cie notre pays.

Qui n’avance pas recule
A côté de la sta­bi­lité de ses finances publiques et d’un haut degré de pro­duc­ti­vité, un autre avan­tage de la Suisse mérite une men­tion par­ti­cu­lière: ses res­sources en per­son­nel qua­li­fié. Bien que la pénu­rie de per­son­nel soit aussi un pro­blème dans notre pays, notre posi­tion sous cet angle est rela­ti­ve­ment avan­ta­geuse en com­pa­rai­son inter­na­tio­nale. Elle est cepen­dant mena­cée. En Suisse, le régime libé­ral du mar­ché du tra­vail est actuel­le­ment remis en cause, à l’ins­tar de la libre cir­cu­la­tion des per­sonnes avec l’UE. Or, notre place éco­no­mique ne pourra pas conser­ver la situa­tion enviable qui est aujour­d’hui la sienne si on la prive de ces atouts com­pa­ra­tifs majeurs.

Les conclu­sions du Glo­bal Bench­mark Report 2013 peuvent se résu­mer comme suit: la Suisse jouit dans de nom­breux domaines d’une posi­tion excel­lente; les salaires et le degré de pros­pé­rité de la popu­la­tion hel­vé­tique sont éle­vés. Pour­tant, rien n’est plus facile que de perdre son « maillot jaune ». Il suf­fit d’at­tendre sans réagir que les autres nous rat­trapent et nous dépassent. Nous disons, au contraire, qu’il faut à tout prix pré­ser­ver nos condi­tions géné­rales avan­ta­geuses et évi­ter les erreurs de poli­tique éco­no­mique. Tel est la tâche à laquelle s’em­ploie eco­no­mie­suisse. 

Lien : Glo­bal Bench­mark Report 2013