Guerres com­mer­ciales: com­ment navi­guer en eaux troubles ?

L’orage gronde à nou­veau sur l’éco­no­mie mon­diale. Donald Trump fait de son retour un bras de fer com­mer­cial. Son arme ? Les droits de douane. Sa cible ? Tous les par­te­naires qui exportent aux États-Unis. Pour un pays aussi ouvert que la Suisse, c’est une menace que nous ne pou­vons pas nous per­mettre d’igno­rer.

Contrai­re­ment au pays de l’Oncle Sam, où l’éco­no­mie repose avant tout sur la consom­ma­tion inté­rieure, la Suisse vit du com­merce inter­na­tio­nal. De nom­breux emplois dépendent des expor­ta­tions, notam­ment dans des sec­teurs comme la pharma, les machines ou l’hor­lo­ge­rie, qui vendent prin­ci­pa­le­ment à l’étran­ger. Cette ouver­ture est une force, mais elle devient un risque quand les grandes puis­sances imposent de nou­velles bar­rières.

Peu avant de quit­ter ses fonc­tions, Joe Biden a décidé de res­treindre les expor­ta­tions de tech­no­lo­gies d'in­tel­li­gence arti­fi­cielle, y com­pris vers la Suisse, ce qui limi­te­rait notre accès à ces outils d'ave­nir et, à terme, com­pro­met­trait notre com­pé­ti­ti­vité. De même, les nou­velles taxes doua­nières sur l’acier déci­dées récem­ment par le nou­veau loca­taire de la Mai­son Blanche montrent la vul­né­ra­bi­lité de l’éco­no­mie hel­vète à de telles déci­sions uni­la­té­rales. L’in­dus­trie de l’acier, bien qu'ex­por­tant une part limi­tée vers Washing­ton, pour­rait être indi­rec­te­ment tou­chée par les taxes amé­ri­caines sur l’Eu­rope, en par­ti­cu­lier les four­nis­seurs suisses de l’in­dus­trie auto­mo­bile du conti­nent.

Les 27 ne sont pas seule­ment notre pre­mier client, mais aussi un espace de coopé­ra­tion et d’in­no­va­tion. La voie bila­té­rale est le pilier de ce par­te­na­riat avec Bruxelles. Elle contri­bue de manière indis­cu­table à la sta­bi­lité et au suc­cès de notre éco­no­mie.

En paral­lèle, la Suisse doit élar­gir ses hori­zons com­mer­ciaux. L’Inde, en pleine expan­sion éco­no­mique, offre de grandes oppor­tu­ni­tés. L’ac­cord de libre-échange signé avec ce pays pré­voit une réduc­tion des bar­rières doua­nières et faci­lite l’ac­cès aux inves­tis­se­ments. La demande crois­sante du sous-conti­nent en pro­duits de haute qua­lité, en ser­vices finan­ciers et en infra­struc­tures ouvrira de nou­velles pers­pec­tives. Un point de contact a d’ailleurs été créé pour accom­pa­gner l’im­plan­ta­tion des entre­prises suisses. Il y a quelques semaines, la Thaï­lande et le Kosovo ont signé à leur tour des accords avec Berne, ren­for­çant davan­tage les pos­si­bi­li­tés de notre com­merce exté­rieur.

Alors que le monde devient un champ de bataille com­mer­cial, il est plus que jamais cru­cial de diver­si­fier nos débou­chés et de sta­bi­li­ser les rela­tions avec nos voi­sins euro­péens.

Article paru le 27 février 2025 dans la ver­sion en ligne du Geneva Home Infor­ma­tions.