Expor­ta­tions suisses, quelles sont les pers­pec­tives ?

Les expor­ta­tions suisses sont au plus haut depuis vingt ans. Ces bons résul­tats ne sau­raient néan­moins dis­si­mu­ler les nuages qui s’amon­cellent au-des­sus de l’in­dus­trie expor­ta­trice hel­vé­tique.

Les expor­ta­tions suisses sont au plus haut depuis vingt ans. C’est ce que révèlent les der­niers chiffres publiés fin octobre par l’ad­mi­nis­tra­tion fédé­rale des douanes. Ces bons résul­tats ne sau­raient néan­moins dis­si­mu­ler les nuages qui s’amon­cellent au-des­sus de l’in­dus­trie expor­ta­trice hel­vé­tique.

Les rai­sons de ces pers­pec­tives moins réjouis­santes sont mul­tiples et on ne pourra mal­heu­reu­se­ment pas faire l’éco­no­mie d’évo­quer la ques­tion de la sécu­rité d’ap­pro­vi­sion­ne­ment éner­gé­tique cet hiver. Selon une enquête menée en sep­tembre par eco­no­mie­suisse, une entre­prise sur trois serait confron­tée à des pro­blèmes d’ap­pro­vi­sion­ne­ment. Il y à la fois un risque de pénu­rie et une flam­bée des coûts. Un appro­vi­sion­ne­ment insuf­fi­sant ou inter­rompu, auraient des effets très graves pour l’in­dus­trie d’ex­por­ta­tion. C’est la rai­son pour laquelle, les entre­prises expor­ta­trices ont impé­ra­ti­ve­ment besoin que tout soit mis en œuvre pour dis­po­ser de suf­fi­sam­ment d’éner­gie l’hi­ver pro­chain. De leur côté, elles peuvent appor­ter une contri­bu­tion impor­tante en dimi­nuant la consom­ma­tion de gaz et d’élec­tri­cité.

En ces temps mar­qués par une résur­gence des ten­sions géo­po­li­tiques et du pro­tec­tion­nisme, les accords de libre-échange repré­sentent un ins­tru­ment très pré­cieux pour assu­rer des débou­chés aux expor­ta­tions suisses. La Suisse a cepen­dant besoin d’une plus grande marge de manœuvre poli­tique. Les limi­ta­tions dans ce domaine, notam­ment par des dis­po­si­tions par­le­men­taires, seraient contre-pro­duc­tives.

Au cha­pitre euro­péen, la non mise à jour de l’ac­cord sur la recon­nais­sance mutuelle en matière d’éva­lua­tion de la confor­mité (ARM) affecte déjà l’in­dus­trie expor­ta­trice. C’est le cas pour cer­taines caté­go­ries de dis­po­si­tifs médi­caux. Cela pour­rait être pro­chai­ne­ment le tour des machines, des équi­pe­ments élec­triques et des métaux. Dans le sec­teur des machines, qui exporte pour plus de 7 mil­liards de francs vers l’UE, les coûts annuels d’adap­ta­tion à la régle­men­ta­tion UE s’élè­ve­raient en cen­taines de mil­lions de francs !

Infla­tion, franc fort, guerre, pénu­ries, manque de per­son­nel qua­li­fié, crise de l’éner­gie : l’éco­no­mie d’ex­por­ta­tion suisse dépend comme rare­ment aupa­ra­vant de meilleures condi­tions-cadre. Plus vite nous réus­si­rons à les amé­lio­rer, plus aisée en sera la capa­cité des entre­prises suisses à tra­ver­ser cette période de tur­bu­lences.

Article paru dans l'édi­tion de décembre de ECHO, la maga­zine de l'éco­no­mie fri­bour­geoise