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Argen­tine, entre réformes éco­no­miques néces­saires et pré­oc­cu­pa­tions élec­to­rales

Cloi­son­née pen­dant plus de dix ans, l’éco­no­mie argen­tine réin­tègre l’éco­no­mie mon­diale. L’Ar­gen­tine attache une grande impor­tance à l’ac­cord de libre-échange entre les États membres de l’AELE et le Mer­co­sur, qui s’ins­crit dans un cadre plus vaste: des réformes en pro­fon­deur sont néces­saires dans tous les domaines éta­tiques et l’éco­no­mie dans son ensemble doit être moder­ni­sée. C’est ce qui res­sort de la mis­sion éco­no­mico-scien­ti­fique du conseiller fédé­ral Johann N. Schnei­der-Ammann.

Poli­tique éco­no­mique en Argen­tine: mieux vaut un tango har­mo­nieux que des mou­ve­ments aléa­toires

Comme dans de nom­breux pays d’Amé­rique latine, la poli­tique éco­no­mique argen­tine a sou­vent connu des revi­re­ments majeurs et abrupts. Au cours des 20 der­nières années, les chan­ge­ments étaient extrêmes, même aux yeux des Argen­tins. Après des mesures d’ou­ver­ture et de libé­ra­li­sa­tion dans les années 1990, les gou­ver­ne­ments Kirch­ner ont cloi­sonné des pans impor­tants de l’éco­no­mie indi­gène et mené une poli­tique d’en­det­te­ment sans com­mune mesure. Le gou­ver­ne­ment du pré­sident Mau­ri­zio Macri a donc dû ramas­ser les débris d’illu­sions bri­sées. La tâche était colos­sale quand ce libé­ral a accédé à la tête du gou­ver­ne­ment en 2016: des finances publiques en piteux état, une infla­tion de plus de 40%, un quart de la popu­la­tion au-des­sous du seuil de pau­vreté, une éva­sion fis­cale sys­té­mique et une pro­duc­ti­vité insuf­fi­sante dans presque tous les sec­teurs éco­no­miques. Le pré­sident n’a pas ordonné un nou­veau chan­ge­ment de cap abrupt, mais pri­vi­lé­gié une évo­lu­tion gra­duelle. Plu­tôt que de mettre en œuvre une poli­tique dia­mé­tra­le­ment oppo­sée, le gou­ver­ne­ment a ainsi démarré une poli­tique de réformes par petits pas. Et cha­cun de ces pas est fondé sur un consen­sus aussi large que pos­sible. Or, comme pour le tango, il est judi­cieux que les par­te­naires soient d’ac­cord sur les pro­chains pas. Mais, contrai­re­ment à la danse natio­nale, ce tango poli­tique n'est pas tota­le­ment volon­taire: Mau­ri­zio Macri ne pos­sède pas de majo­rité par­le­men­taire.

Un bilan inter­mé­diaire posi­tif après les pre­mières réformes

L’in­fla­tion a pu être rame­née à 22% et le défi­cit public à 4% du PIB. En 2017, l’éco­no­mie a enre­gis­tré une crois­sance de 2,9%. Les inves­tis­se­ments aussi ont aug­menté de plus de 11% l’an der­nier. Ceux-ci ont été réa­lisé prin­ci­pa­le­ment dans les infra­struc­tures et dans le renou­vel­le­ment de l’in­dus­trie. Les pers­pec­tives sont bonnes. Le gou­ver­ne­ment espère pou­voir réduire l’in­fla­tion à moins de 20% d’ici à la fin de l’an­née. Les défi­cits publics dimi­nuent éga­le­ment. Mal­gré ces pro­grès, de nom­breuses réformes urgentes doivent encore être lan­cées.

Les esprits cri­tiques craignent que les réformes s’ar­rêtent d’ici aux pro­chaines élec­tions. Pour­tant, Mau­ri­zio Macri est pro­ba­ble­ment le seul chef de gou­ver­ne­ment à faire pas­ser des réformes sans majo­rité par­le­men­taire. Une accé­lé­ra­tion des réformes, sou­hai­table en soi, n’est pro­ba­ble­ment pas réa­liste, car elle rédui­rait ses chances d’être réélu.

L’ac­cord de libre-échange avec l’AELE est en phase avec la réorien­ta­tion poli­tique

Réin­té­grer la créa­tion de valeur mon­diale est le cœur de la réorien­ta­tion de la poli­tique éco­no­mique. L’ac­cord de libre-échange avec l’AELE y contri­bue consi­dé­ra­ble­ment. En ouvrant le mar­ché indi­gène, le pays encou­rage une amé­lio­ra­tion des condi­tions-cadre et sur­tout une aug­men­ta­tion des inves­tis­se­ments directs. En tant que sep­tième inves­tis­seur direct en Argen­tine, la Suisse est consi­dé­rée comme un par­te­naire impor­tant. Ces inves­tis­se­ments sont indis­pen­sables, car l’éco­no­mie argen­tine a besoin de tech­no­lo­gies étran­gères pour accroître sa pro­duc­ti­vité. La situa­tion est favo­rable, avec le niveau élevé de for­ma­tion des tra­vailleurs. Ainsi, les expor­ta­tions de ser­vices sont déjà très dyna­miques et leur volume équi­vaut à celui des expor­ta­tions de vin argen­tin.

L’Ar­gen­tine sou­haite amé­lio­rer l’ac­cès aux mar­chés de l’AELE éga­le­ment pour ses pro­duits agri­coles, c’est évident. Cepen­dant, comme pour les autres pays visi­tés, l’ac­cent est placé sur des pro­duits de niche dans le seg­ment des prix éle­vés. Il faut gar­der à l’es­prit les volumes concer­nés: la pro­duc­tion agri­cole argen­tine per­met actuel­le­ment de cou­vrir les besoins ali­men­taires de plus de 400 mil­lions de per­sonnes. Avec ses 13 mil­lions de consom­ma­teurs, l’AELE est un mar­ché certes inté­res­sant mais pas déter­mi­nant pour les expor­ta­tions agri­coles argen­tines. «Il est impor­tant que des amé­lio­ra­tions de l'ac­cès aux mar­chés ne soient pas vues comme une menace, car l’ac­cord de libre-échange doit être rati­fié par les Par­le­ments», a déclaré Vico­trio Car­pin­tieri, chef des négo­cia­teurs argen­tins.


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