Ener­gie : prêts pour
les pro­chaines étapes ?

Cham­pagne ! Les par­ti­sans de la loi sur l’élec­tri­cité ont fêté comme il se doit leur large vic­toire en vota­tion. La pro­chaine étape, c’est de se retrous­ser les manches au plus vite afin de concré­ti­ser les objec­tifs fixés. Pour faire court, il s’agit d’ici 2035 d’ajou­ter chaque année l’équi­valent de la pro­duc­tion du bar­rage de la Grande-Dixence, qui est le plus grand de Suisse. Tout cela pour répondre à deux besoins : rem­pla­cer les cen­trales nucléaires vieillis­santes et faire face à une hausse de la consom­ma­tion. Cela fait très long­temps que notre pays n’a pas relevé un défi pareil, qui se concré­ti­sera à condi­tion que tout le monde y mette du sien.

Mais concrè­te­ment, qu’est-ce que cela implique ? Pour se faire une idée, il est néces­saire d’avoir quelques points de repères. Tout d’abord la bonne nou­velle : en 2023, les pan­neaux solaires ins­tal­lés cor­res­pondent à un peu plus de la moi­tié de ce qu’il faut pour atteindre l’ob­jec­tif annuel. Ce rythme devrait se main­te­nir ces pro­chaines années, voire s’ac­cé­lé­rer un peu. Les toits encore libres et bien orien­tés ne manquent pas, tout comme les pro­prié­taires prêts à inves­tir. Les éoliennes en revanche ne suivent pas du tout le bon tempo. Les six ins­tal­lées à Sainte-Croix sont encore bien seules. Il fau­drait ins­tal­ler annuel­le­ment 50 parcs comme celui-ci pour atteindre la moi­tié du but visé. Quant aux bar­rages, aucun des 16 pré­vus n’a encore avancé. Et mal­gré l’ac­cord conclu entre les élec­tri­ciens et les pro­tec­teurs de la nature, un fait déjà l’ob­jet d’une oppo­si­tion et un autre sera lui aussi atta­qué. C’est pré­oc­cu­pant, car comme les éoliennes, ils four­nissent l’es­sen­tiel de leur cou­rant en hiver, au moment où les besoins sont les plus éle­vés et où le solaire pro­duit le moins. 

Le pari est donc encore loin d’être gagné et les incer­ti­tudes res­tent éle­vées. Que faire si les renou­ve­lables ne se déve­lop­paient pas au rythme voulu ? Si tel était le cas, nous pour­rions impor­ter du cou­rant, pour autant que nos voi­sins en aient assez et qu’il y ait un accord avec eux. Les risques dimi­nue­raient aussi en lais­sant fonc­tion­ner les cen­trales nucléaires exis­tantes le plus long­temps pos­sible. En revanche, le point faible actuel de la Suisse, c’est de ne pas se pré­pa­rer à bâtir de grandes cen­trales élec­triques si néces­saire, nucléaires ou autres. Ce sera l’autre pro­chaine étape à fran­chir pour mettre en place un appro­vi­sion­ne­ment sûr, à des prix avan­ta­geux.

Cet article est paru dans "La Région", 18.6.2024